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MessagePosté: 10 Aoû 2020, 09:41 
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Pour faire un film post apocalyptique en 2020 aussi minimaliste que celui-là (un père et sa fille tentent de survivre dans un monde violent et dangereux) il faut pour moi proposer un truc en plus, avoir une vraie valeur ajoutée tellement ce genre d'histoires on en a bouffé ces dernières années. Et ben non, il n'y a rien d'original dans ce film, rien de nouveau, de rafraîchissant, aucun concept. C'est un père et sa fille qui tentent de survivre dans un monde violent. En fait le film rappelle énormément La route de John Hillcoat, comme une version low-fi sans le même soin pour les décors et l'ambiance, sans complaisance dans la noirceur.

C'est finalement peut-être là que le film tire un peu son épingle du jeu. Dans cette manière de ne jamais chercher le spectacle, d'être simplement au plus près des personnages. D'ailleurs le film est très bavard, sans doute trop, comme cette première scène où Affleck raconte une histoire réinventée de l'Arche de Noé pendant au moins 10 minutes. On sent une volonté de construire une vraie relation père/fille où il va devoir élever une préadolescente dans un monde dévasté, notamment il y a cette scène assez malaise (et là encore bien trop longue) où il tente de lui
expliquer comment sont faits les bébés et la puberté.


C'est là le coeur du film parce que le reste est très sommaire. Ce que l'on apprend de la tragédie qui a frappé le monde est très parcellaire (avec l'omniprésente Elisabeth Moss dans les flash-backs), il y a des villes qui semblent fonctionner (c'est assez bizarre ça d'ailleurs) et on comprend qu'il doit protéger sa fille à tout prix. Et le film avance cahin-caha jusqu'à une fin qui enfin se lâche un peu sur la tension et la noirceur.

Le film est donc plutôt précieux par son humilité, par cette manière de vouloir désosser le genre pour se concentrer sur une relation père/fille rendue si particulière par les circonstances qui l'entourent. Mais c'est aussi sa limite, qui fait qu'à mon sens il reste quand même très anecdotique et n'a pas vraiment d'ampleur même si encore une fois j'ai pris du plaisir à le voir, c'est très carré, dans son esthétique indé amérique rural, ça fonctionne très bien. Mais c'est tout petit et pas transcendant. Il y avait quelque chose à traiter dans le film à côté Affleck passe totalement c'est
la masculinité toxique. Les femmes ont disparu du monde et les hommes s'entretuent pour en retrouver les dernières survivantes. Je pensais vraiment qu'à un moment le film oserait aller dans la misandrie, d'autant que ça aurait été pour Affleck l'occasion de se rachter lui a qui a été accusé d'agressions sexuelles. Mais non on reste totalement en surface du sujet. Dommage.


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MessagePosté: 10 Aoû 2020, 09:53 
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Je n'ai pas énormément de souvenirs du film (vu il y a deux ans à Berlin), mais je me souviens avoir été touché par la relation père-fille, d'une manière très personnelle et que le film, si petit soit-il, parvenait à distiller une profonde mélancolie.

4/6


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MessagePosté: 10 Aoû 2020, 10:06 
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Ils ont attendu deux ans avant de sortir le film et le font maintenant qu'il y a la pandémie et une baisse drastique de la fréquentation des cinés? Génies.


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MessagePosté: 10 Aoû 2020, 14:34 
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au contraire, devant l'absence de blockbusters, les films d'auteur ne marchent pas si mal.


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MessagePosté: 10 Aoû 2020, 15:46 
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Oui surtout là dans son positionnement film de genre indé, il a un coup à jouer.

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MessagePosté: 10 Aoû 2020, 16:02 
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De ce que j'ai lu ça et là, ce genre de film s'en sort correctement compte tenu des circonstances, mais dans l'absolu les chiffres restent faibles. Pour être allé voir plusieurs films d'auteur ces dernières semaines, je confirme que les cinémas sont tristounets.


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MessagePosté: 20 Aoû 2020, 09:43 
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Art Core a écrit:
Il y avait quelque chose à traiter dans le film à côté Affleck passe totalement c'est
la masculinité toxique. Les femmes ont disparu du monde et les hommes s'entretuent pour en retrouver les dernières survivantes. Je pensais vraiment qu'à un moment le film oserait aller dans la misandrie, d'autant que ça aurait été pour Affleck l'occasion de se racheter lui a qui a été accusé d'agressions sexuelles. Mais non on reste totalement en surface du sujet. Dommage.

Ah, je trouve que c'est pourtant déjà très présent, le film n'est qu'une fuite en avant pour échapper aux hommes qui voudraient lui chiper sa fille, il aurait fallu quoi de plus pour assombrir encore un peu plus le tableau? Perso j'ai déjà trouvé la charge suffisamment lourde, avec ce moment "petit manuel du wokisme" ou il explique à sa fille que les hommes utilisent le terme "poupée" pour parler des femmes de manière condescendante, "jaune" pour asiatique avec un fond de racisme, pour aboutir à la scène finale qui entérine la supériorité de la femme sur l'homme, comme une ultime et nécessaire flagellation. Qu'on ne se méprenne pas je n'ai rien contre l'idée, mais Affleck nous sert ce discours avec la finesse d'un pachyderme, sur un ton faussement didactique et empreint d'une telle contrition que ça en annule totalement la portée.


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MessagePosté: 20 Aoû 2020, 11:49 
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A un moment elle lui pose la question sur ces hommes qui les poursuivent et sur l'état du monde et j'aurais aimé qu'Affleck assume le truc et dise schématiquement "men are trash". Là il lui fait une réponse ménageant la chèvre et le chou, "il y a des gens méchants mais pas tous" etc... Alors que l'univers tel que proposé par le film est un univers où la femme est complètement assujettie (l'évocation de ces bunkers où sont les quelques femmes survivantes etc...). Après je suis d'accord qu'à d'autres moments c'est plus grossier notamment dans des dialogues que j'ai trouvé un peu trop lourds. Mais dans l'idée j'ai l'impression que finalement le film reste trop "gentil". Ceci dit il vieillit assez bien, je garde en souvenir l'excellente dernière partie et j'ai une vraie sympathie pour Affleck.

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MessagePosté: 20 Aoû 2020, 17:28 
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Art core a écrit:
il y a des villes qui semblent fonctionner (c'est assez bizarre ça d'ailleurs)


L'univers et l'angle moral (voire même l'affiche) ont l'air de ressembler un peu à la BD franco-belge Jeremiah en fait...

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman


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MessagePosté: 23 Aoû 2020, 19:40 
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Dans un monde où les fem-- les personnes avec un utérus ont été éradiquées, un père et sa fille essaient de survivre...

LA ROUTE, LE DERNIER COMBAT, LES FILS DE L'HOMME, THE ROVER, SANS UN BRUIT... A cause de cette profusion de récits post-apocalyptiques, je me disais que ce nouvel effort de "Cazè" Affleck était condamné à la redite. Pourtant, le film m'a séduit par son minimalisme narratif et son esthétique simple et tenue, avec ce joli 1.66 arty. C'est de la survie mais dans un monde pas si différent du nôtre, avec des personnages normaux. On n'est pas face au Casey-ours qui grogne "Our only hope of survival is blah blah", non c'est juste un gars normal qui faisait de la guitare avant et qui veut rester tranquille. Quand il parle, il est normal. Le film, c'est OLD JOY quoi. C'est un foruméen dans les bois. C'est pas le gars le plus fort mais il est malin (alternate title: "Je met une chaise contre une porte: le film"), et quand il doit se battre (dans le plus avare des finals), il le fait comme David Dunn. D'ailleurs la gestion de "l'action" dans le film est très cool, entre ce premier home invasion génialement anémique, ou ce carjacking sans arme ni haine ni violence.

Malgré cette absence d'action, la violence semble planer partout dans le film. On ne voit rien au final mais on n'a de cesse d'imaginer ce qui arriverait à Rag si elle était prise. Déjà que les mecs sont relous dans le monde normal, imagine un monde où y a plus que 4 filles... De ce point de vue-là, je suis d'accord avec Lohmann, la violence et l'agressivité des hommes est bien présente, sans pourtant que le film insiste dessus (pas de scène dans un repaire de méchant transformé en harem ou que sais-je). Il en résulte néanmoins une frustration car il y aurait eu quelque chose en plus à explorer dans ce monde où la misère sexuelle est désormais reine. On a une impression comme dit Art Core d'un truc qui reste un poil trop gentil, à l'image de son (magnifique - mais malheureusement non prononcé à l'oral dans le film) titre.

Sur le plan sociétal, le film est quand même fécond. De par l'aspect voulu ou non "Je me rachète" de la part d'Affleck, mais aussi dans cette injonction permanente du père à sa fille à ne pas se conformer aux stéréotypes de genre. On a l'impression de voir une version ++ du papa bobo-woke qui veut à tout prix élever son enfant loin de toute préconception. Dans le rapport aux hommes, on a droit à une phrase du style "It's a man, you always have to be careful", mais également à un très couillu et forcément provocateur "Not all men" lâché texto à l'oral. Mais bon, peut-être que c'est aussi ce côté "Je coupe la poire en deux" qui enlève du tranchant au film.

Enfin, en ce qui concerne l'émotion, je trouve qu'il y a des moments touchants, mais bizarrement ça ne m'a pas remué autant que ça aurait pu. On n'est pas chez Shyamalan. Le récit de l'échographie par exemple aurait dû me liquéfier, et ça m'a pas fait grand chose. Par contre, le jeu est excellent. Casey Affleck génial, et la fille superbement castée. L'ambigüité est parfaite, elle alterne entre tomboyisme et féminité, en plus de ressembler de plus en plus à Elisabeth Moss, jusqu'au dernier plan.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 23 Aoû 2020, 19:45 
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Antichrist
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Tout cela est très juste. A priori le film est écrit et greenlighté avant le scandale Affleck.

Sinon le film marche bien en France.


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MessagePosté: 23 Aoû 2020, 21:57 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
et quand il doit se battre (dans le plus avare des finals), il le fait comme David Dunn

Me chauffe pas comme ça !


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MessagePosté: 17 Juil 2023, 22:10 
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C'est tout petit comme film. Très minimaliste. Rien de neuf à se mettre sous la dent. un mixte de Sur la route et de Dans la forêt de Jean Hegland. Sans la réussite de ces derniers. Le film ne propose pas grands choses. ce n'est ni percutant ni sensationnel. L'univers est à peine esquissé. Par contre, on se paie des dialogues interminables ( 8 minutes parfois. celui de début). Le tout est donc bien trop long. La jeune actrice est bonne actrice et j'apprécie Casey Affleck. Ce n'est pas assez pour rendre le film intéressant et mémorable.


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MessagePosté: 18 Juil 2023, 20:32 
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De mon côté c'est un film qui vieillit particulièrement bien et je me suis fait cette réflexion récemment Light of my life > The last of us (la série).

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MessagePosté: 18 Juil 2023, 21:03 
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cela a l'avantage d'être plus court mais c'est tout aussi inutilement bavard et il n'y a pas les bons moments rares de last of us.


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