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MessagePosté: 06 Jan 2009, 21:13 
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c'est ric-rac, fion


:twisted:


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MessagePosté: 17 Juil 2009, 11:10 
Cela fait maintenant dix ans.

Dix ans que "Eyes Wide Shut" est sorti aux USA.


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MessagePosté: 17 Juil 2009, 11:19 
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Jericho Cane a écrit:
Cela fait maintenant dix ans.

Dix ans que "Eyes Wide Shut" est sorti aux USA.


C'est pas croyable.


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MessagePosté: 07 Juin 2010, 01:19 
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Baptiste a écrit:
Et par contre, ce qui restait comme une des meilleures sequences que j'ai jamais vues est restee comme telle. Je veux bien sur parler de la scene-cle, centrale, monumentale, l'orgie sexuelle (et avant le rite de commencement Shocked Shocked ). C'est vraiment une scene hallucinee, cauchemardesque, renforcee par un defile de masques lugubres et par une musique envoutante et infernale.


En le revoyant, j'ai remarqué que rien ne prouve que les invités se livrent à de réels rapports sexuels. C'est très loin des partouzes, des gang bang ou de l'échangisme tels qu'ils existent, peu importe dans quelle classe sociale. Avec le recul (et l'excellente définition du BR), je pense que ce n'est qu'une mise en scène, une célébration. Les corps dénudés gardent leurs masques, les cunnilingus et les fellations se font avec... les masques, c'est à dire qu'ils sont simulés... alors pourquoi la baise ne le serait-elle pas non plus ? Ce côté théâtral n'est pas flagrant au premier abord, et pourtant il est fondamental. Et ça colle bien mieux avec l'univers. C'est très intriguant.

Ensuite, je n'avais jamais clairement compris comment il se fait griller dans cette séquence. Et finalement, outre le fait qu'il est le seul pékin à débarquer en taxi, je pense que le mot de passe "Fidelio" est le bon mot de passe, mais réservé au personnel, et non aux invités. C'est son pote le pianiste qui le lui file. Bref.

Après, y a volontairement des trucs impossibles à expliquer, et je trouve ça génial, comme le fait que la fille le reconnaisse avec son masque pour l'avertir du danger.

Un film fabuleux, où mon seul bémol va pour la scène entre Cruise et Kidman, lorsqu'il rentre, il la surprend en train de rire pendant son sommeil, puis elle lui raconte son rêve. Ça prend des plombes pour de la merdouille. En revanche, la scène du bédo est génialissime, Kidman y est prodigieuse.

L'intrigue est noueuse à souhait, avec des accents Lynchéens, Kafkaïens, et un soupçon d'After Hours. Complètement intemporel.

6/6

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MessagePosté: 07 Juin 2010, 08:01 
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Et la BO est une tuerie, que tous ceux qui ont aimé le film doivent se procurer d'urgence. La valse de Schostakovitch et le Chris Isaak bien sûr, mais surtout les morceaux splendides de Jocelyn Pook, les nots enivrantes de Ligeti, les standards de Jazz... Une délicieuse tambouille qui replonge dansle bain du film en deux temps trois mouvements.

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MessagePosté: 07 Juin 2010, 11:44 
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Z a écrit:
Baptiste a écrit:
Et par contre, ce qui restait comme une des meilleures sequences que j'ai jamais vues est restee comme telle. Je veux bien sur parler de la scene-cle, centrale, monumentale, l'orgie sexuelle (et avant le rite de commencement Shocked Shocked ). C'est vraiment une scene hallucinee, cauchemardesque, renforcee par un defile de masques lugubres et par une musique envoutante et infernale.


En le revoyant, j'ai remarqué que rien ne prouve que les invités se livrent à de réels rapports sexuels. C'est très loin des partouzes, des gang bang ou de l'échangisme tels qu'ils existent, peu importe dans quelle classe sociale. Avec le recul (et l'excellente définition du BR), je pense que ce n'est qu'une mise en scène, une célébration. Les corps dénudés gardent leurs masques, les cunnilingus et les fellations se font avec... les masques, c'est à dire qu'ils sont simulés... alors pourquoi la baise ne le serait-elle pas non plus ? Ce côté théâtral n'est pas flagrant au premier abord, et pourtant il est fondamental. Et ça colle bien mieux avec l'univers. C'est très intriguant.


Oui, mais j'ai toujours trouvé que le côté théâtral rendait la scène encore plus cauchemardesque que si elle était authentique. Si c'était une vraie partouze, on aurait simplement le côté décadent des classes dominantes, thème déjà présent dans Barry Lyndon mais parce que dans ce dernier, les classes dominantes, les aristocrates, déclinent véritablement, dans un monde qui va s'ouvrir peu à peu à la démocratie. Dans EWS, Kubrick propose une lecture du monde contemporain: la force des dominants (pas vraiment déclinants dans le film) passe par leur faculté à mettre en scène, et rendre opaque des mécanismes de domination finalement assez simples et illégitimes. A la fin, sur nombre d'élements de l'intrigue, le spectateur ne sait juste pas ce qui s'est réellement passé, et s'il s'est vraiment passé quelque chose (la thèse du rêve/cauchemard est tout aussi pertinente que les autres).

Citation:
Ensuite, je n'avais jamais clairement compris comment il se fait griller dans cette séquence. Et finalement, outre le fait qu'il est le seul pékin à débarquer en taxi, je pense que le mot de passe "Fidelio" est le bon mot de passe, mais réservé au personnel, et non aux invités. C'est son pote le pianiste qui le lui file. Bref.


Je pense que ça fait encore une fois partie de ces codes que seuls les dominants savent manier, on ne sait comment. Sur le détail, j'ai eu une discussion avec un pote où l'on pensait qu'il y avait une incohérence dans la façon dont le chef comprend que Cruise est un intrus: il lui dit "avez-vous le second mot de passe", Cruise répond qu'il l'a oublié et le chef en déduit qu'il est un intrus puisqu'il n'y a pas de second mot de passe, mais en fait un autre invité aurait pu dire la même chose que Cruise sous la pression et le doute, c'est très humain.

Autre exemple de doute pour ma part: j'ai longtemps cru que la fille qui le sauve est la pute qui l'accueille dans son petit appart. Et je pensais que la mort liée au Sida était du coup maquillée. J'aurais voulu que ça soit ça vu que je trouve la relation entre Cruise et la pute très très belle. Même physiquement parlant, il y a ambiguité. Alors qu'en fait la fille qui le sauve c'est vraisemblablement celle du début.


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MessagePosté: 07 Juin 2010, 12:08 
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Baptiste a écrit:
Oui, mais j'ai toujours trouvé que le côté théâtral rendait la scène encore plus cauchemardesque que si elle était authentique. Si c'était une vraie partouze, on aurait simplement le côté décadent des classes dominantes, thème déjà présent dans Barry Lyndon mais parce que dans ce dernier, les classes dominantes, les aristocrates, déclinent véritablement, dans un monde qui va s'ouvrir peu à peu à la démocratie. Dans EWS, Kubrick propose une lecture du monde contemporain: la force des dominants (pas vraiment déclinants dans le film) passe par leur faculté à mettre en scène, et rendre opaque des mécanismes de domination finalement assez simples et illégitimes. A la fin, sur nombre d'élements de l'intrigue, le spectateur ne sait juste pas ce qui s'est réellement passé, et s'il s'est vraiment passé quelque chose (la thèse du rêve/cauchemard est tout aussi pertinente que les autres).


Le thème du rêve ne tient pas deux secondes lorsque l'on connait un peu Kubrick, quand même. Et puis Frédéric Raphael propose de nombreux indices aussi dans son bouquin qui réfutent cette optique.

Citation:
Autre exemple de doute pour ma part: j'ai longtemps cru que la fille qui le sauve est la pute qui l'accueille dans son petit appart. Et je pensais que la mort liée au Sida était du coup maquillée. J'aurais voulu que ça soit ça vu que je trouve la relation entre Cruise et la pute très très belle. Même physiquement parlant, il y a ambiguité. Alors qu'en fait la fille qui le sauve c'est vraisemblablement celle du début.


Oui, sans aucun doute. Je trouve l'arc parfait sur ce point, et j'aime l'ambiguïté qui persiste, malgré que Pollack soit explicite lors de la scène du billard, et que l'on reconnaisse quand même parfaitement la fille même avec son masque (ses grains de beauté sur la poitrine ne trompent pas).

Plus généralement, le film dit des choses très rares et très difficiles à mettre en évidence sur le couple et la différence hommes / femmes. Sur la quête de l'identité sexuelle, sur la jalousie, sur la domination. Au-delà de l'excellente cinématographie d'ensemble, je suis sur le cul que la thématique ressorte aussi bien et qu'elle soit si bien exploitée.

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MessagePosté: 07 Juin 2010, 12:15 
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Z a écrit:
Plus généralement, le film dit des choses très rares et très difficiles à mettre en évidence sur le couple et la différence hommes / femmes. Sur la quête de l'identité sexuelle, sur la jalousie, sur la domination. Au-delà de l'excellente cinématographie d'ensemble, je suis sur le cul que la thématique ressorte aussi bien et qu'elle soit si bien exploitée.

Moi c'est ça qui me touche le plus dans le film...ou comment tes certitudes peuvent être retournées.

Faudrait que je me le refasse.

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MessagePosté: 07 Juin 2010, 12:18 
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Z a écrit:
Baptiste a écrit:
Oui, mais j'ai toujours trouvé que le côté théâtral rendait la scène encore plus cauchemardesque que si elle était authentique. Si c'était une vraie partouze, on aurait simplement le côté décadent des classes dominantes, thème déjà présent dans Barry Lyndon mais parce que dans ce dernier, les classes dominantes, les aristocrates, déclinent véritablement, dans un monde qui va s'ouvrir peu à peu à la démocratie. Dans EWS, Kubrick propose une lecture du monde contemporain: la force des dominants (pas vraiment déclinants dans le film) passe par leur faculté à mettre en scène, et rendre opaque des mécanismes de domination finalement assez simples et illégitimes. A la fin, sur nombre d'élements de l'intrigue, le spectateur ne sait juste pas ce qui s'est réellement passé, et s'il s'est vraiment passé quelque chose (la thèse du rêve/cauchemard est tout aussi pertinente que les autres).


Le thème du rêve ne tient pas deux secondes lorsque l'on connait un peu Kubrick, quand même.


Ah oui pardon, c'est tellement évident.

La conclusion de Kidman dresse au détour d'une phrase un parrallèle entre "les aventures rêvées (les siennes) et celles réellement vécues (celles de son mari)", montrant bien que l'on aurait pu inverser les positions, ça aura été la même chose car dans les deux cas, c'est bien après leurs fantasmes que les deux personnages courent.

Mais c'est effectivement énorme la façon dont le film décrit en filligrane les infinies variations entre hommes et femmes dans la relation de couple.


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MessagePosté: 07 Juin 2010, 12:28 
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Film Freak a écrit:
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Plus généralement, le film dit des choses très rares et très difficiles à mettre en évidence sur le couple et la différence hommes / femmes. Sur la quête de l'identité sexuelle, sur la jalousie, sur la domination. Au-delà de l'excellente cinématographie d'ensemble, je suis sur le cul que la thématique ressorte aussi bien et qu'elle soit si bien exploitée.

Moi c'est ça qui me touche le plus dans le film...ou comment tes certitudes peuvent être retournées.

Faudrait que je me le refasse.


C'est génial... on sent le couple qui s'aime sincèrement, mais qui est enfermé sans le savoir dans cette relation rance que l'on nous vend un peu partout dans la société... or dès qu'elle évoque son fantasme, c'est trop lourd à entendre, la révélation est trop horrible, lui qui semble-t-il n'a jamais eu la moindre inquiétude du début du commencement d'un doute à l'égard de sa femme. Lui qui n'a jamais eu d'imagination. Plutôt que de partager ça avec elle, d'être reconnaissant justement qu'elle lui fasse confiance au point de l'éduquer sur le désir féminin, au moins aussi intense et fondamentalement polygame dans l'absolu que le désir masculin, il se laisse gangréner par le doute et la jalousie. On sent ce malaise chez lui, impossible à évacuer. Alors on lui met plusieurs tentations dans les pattes, cette folle nuit afterhoursienne où il a plusieurs fois l'occasion de conjurer cette jalousie en se réappropriant la domination sexuelle de l'homme, souverain sur le sujet, maître de ses émotions et de ses désirs. Le parcours est fascinant. Et à la fin, il ne souhaite qu'une chose : retomber dans son ignorance insouciante, tout oublier, et vivre pour toujours avec elle sur une nouvelle promesse qui rappelle le mariage (forever ?). Mais elle est bien plus pragmatique, ne souhaite plus lui mentir ni se mentir à elle-même, sait à quel point un couple est fragile s'il s'enferme dans le déni ou le diktat sociétaire, et lui propose d'évacuer au moins tous ces maux de façon provisoire en baisant. Putain mais c'est fondamental comme enchaînement !! Et pourtant trèèèèès difficile à évoquer, et faire tout un film sur ça !!!!

Vraiment, je suis sur le cul.

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MessagePosté: 07 Juin 2010, 12:37 
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Tain, tu donnes envie de le revoir.

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Le BR est en 4/3 ou en 16/9?

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MessagePosté: 07 Juin 2010, 13:01 
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Baptiste a écrit:
Ah oui pardon, c'est tellement évident.

La conclusion de Kidman dresse au détour d'une phrase un parrallèle entre "les aventures rêvées (les siennes) et celles réellement vécues (celles de son mari)", montrant bien que l'on aurait pu inverser les positions, ça aura été la même chose car dans les deux cas, c'est bien après leurs fantasmes que les deux personnages courent.


Je parlais du rêve comme d'un possible retournement d'intrigue, un twist qui permettrait une seconde lecture. Je ne crois pas que ça existe dans le film, et j'ai souvent lu ce genre de grille appliquée au film, et censée lui offrir une profondeur propice aux nombreuses interprétations psychologiques.

C'est justement pour ne pas laisser libre court à ce genre de surinterprétations, que Raphael et Kubrick ont hésités à partir de la Traumnovel de Schnitzler pour leur scénario, qui est bouffée par cette notion du rêve constant. Kubrick s'intéressait follement au sujet semble-t-il, qui est on ne peut plus pragmatique, et offre un regard tellement acéré sur la relation homme-femme, que ça affaiblit le film et le discours s'il l'on s'en tient à un rêve. Peut-être que le film n'est pas assez verrouillé aussi, vu qu'il évolue volontairement dans l'ambiguïté, qui correspond plus au fait que Cruise ne comprend pas les codes auxquels il fait face (comment pouvait-il imaginer et digérer qu'une femme puisse avoir envie de lui alors qu'elle est en plein deuil !!! qu'une autre puisse lui proposer contre de l'argent, aussi simplement dans la rue !!! et fantasme suprême de l'adultère : que les plus belles femmes du monde fassent elles-mêmes l'effort de venir le choisir, complètement nues, les visages masqués, et l'emporter pour participer à une orgie) tout comme il ne comprend finalement rien aux codes de l'eros féminin.

Mais le rêve comme une thématique du film, oui bien sûr, c'est indéniable. Et le rêve de Kidman est inoffensif, au final. Même s'il ravage Cruise... c'est juste que le type était endormi sur le sujet, et qu'il était loin d'imaginer que sa femme puisse avoir des pulsions "comme un homme". C'est justement la masculinisation du désir, qui est sa plus grande erreur. Et qui est communément acceptée. Une idée fausse, qu'il défend naturellement lors de la scène du bédo avec la plus grande naïveté... je veux dire, on a tous pensé ça, nous les hommes ! On a tous recraché ce discours prémâché avant de réellement comprendre !

En revanche, Cruise aimerait que les dernières 24h ne soient qu'un rêve, lui, afin de tout oublier et de passer à autre chose. Parce qu'il est fondamentalement lâche, et peu aventureux. Ce n'est pas dans sa mentalité de chercher l'adultère, on voit bien tout le long du film que c'est contre-nature pour lui, qui est sincèrement amoureux. Il est guidé par la frustration, et non le désir. Par la jalousie, et non l'envie. C'est très pervers et très bien retranscrit.

C'est juste sur ce point que c'est intéressant, et pertinent, d'évoquer la thématique du rêve... à mon avis hein... parce que ça conforte l'idée que la femme est terre à terre, consciente depuis longtemps de la multiplicité de l'individu (on lui répète assez depuis son enfance que l'homme est naturellement pourvu d'un désir insatiable... elle est prévenue !) alors que l'homme est lui perdu dans le portrait que la société fait de lui et dans lequel elle se plait à le façonner et à l'éduquer dans un certain modèle de domination. Mais c'est uniquement dans le couple et dans l'amour que l'homme a ses réelles chances de comprendre sa condition, et de revenir sur ce faux héritage, sur toutes ces idées reçues. C'est au travers de la femme qu'il peut comprendre les choses. Et EWS parle justement de ça, de toutes ces certitudes qui sont balayées, de la chance de Cruise d'enfin comprendre ce qui est réel et ce qui n'est que préjugé, et cette femme qui lui offre ce cadeau magnifique... et qu'il a la connerie de mal appréhender.

Et il y a ce décalage flagrant entre elle qui s'effondre en pleurs en lui racontant son rêve libérateur et tellement évoquateur, et lui qui s'effondre en pleurs en lui racontant... son aventure réelle ! Je veux dire : il n'a rien compris. Il est juste trop content d'avoir vécu un truc lui aussi de son côté - qu'il croit similaire, ou équivalent - pour compenser le fantasme avoué de sa femme, alors qu'il s'est rendu bien plus coupable qu'elle, qui est parfaitement irréprochable !!! C'est la culpabilité et le remord qui le font se confier à sa femme... alors que de son côté, elle se confiait avec confiance et complicité, dans l'intimité d'une discussion. Lui est tellement con qu'il y voit une provocation, une vexation... c'est ça qui est formidable, parce que tellement vrai !

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MessagePosté: 07 Juin 2010, 13:03 
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Film Freak a écrit:
Le BR est en 4/3 ou en 16/9?


En 16/9, comme au cinéma.

Je m'étais très attaché au 4/3 du DVD, je trouvais que c'était parfait. Du coup j'étais un peu réticent à l'idée d'un nouveau format.

Et en fait les deux fonctionnent parfaitement. Je veux dire que la compo des cadres est dans les deux cas saisissante. J'ai même préféré le 16/9, qui fait moins vignette.

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MessagePosté: 07 Juin 2010, 13:34 
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C'est juste sur ce point que c'est intéressant, et pertinent, d'évoquer la thématique du rêve... à mon avis hein... parce que ça conforte l'idée que la femme est terre à terre, consciente depuis longtemps de la multiplicité de l'individu (on lui répète assez depuis son enfance que l'homme est naturellement pourvu d'un désir insatiable... elle est prévenue !) alors que l'homme est lui perdu dans le portrait que la société fait de lui et dans lequel elle se plait à le façonner et à l'éduquer dans un certain modèle de domination. Mais c'est uniquement dans le couple et dans l'amour que l'homme a ses réelles chances de comprendre sa condition, et de revenir sur ce faux héritage, sur toutes ces idées reçues. C'est au travers de la femme qu'il peut comprendre les choses. Et EWS parle justement de ça, de toutes ces certitudes qui sont balayées, de la chance de Cruise d'enfin comprendre ce qui est réel et ce qui n'est que préjugé, et cette femme qui lui offre ce cadeau magnifique... et qu'il a la connerie de mal appréhender.


Ah oui oui, tout à fait d'accord. On voit bien que l'élément faible, le fabulateur, le perpétuateur de clichés dans le film c'est lui, et elle constitue le pendant lucide, philosophe du couple.
Cela dit, je ne peux m'empêcher de penser que la façon dont Kidman lui présente les choses dans la scène du bédo est trop violente pour un tel petit garçon... D'ailleurs ça a été ma première réaction face au film, de petit garçon pour le coup, de me dire "pour qui elle se prend à être aussi agressive et chercher autant la merde?" C'est en revoyant le film qu'on se rend compte du fait qu'elle est violente à cause de la panique qu'elle a à voir son mari se réfugier constamment dans la facilité. C'est pour ça qu'EWS est aussi un appel à la conscience et au travail du spectateur. Ce qui fait que je ne prendrai jamais au sérieux l'avis de quelqu'un sur ce film s'il ne l'a pas vu au minimum deux fois.


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