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MessagePosté: 28 Avr 2020, 14:52 
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latique a écrit:
Pour continuer sur la politique de Weir:
Lu dans la critique de "Master and commander" du New York Times:
Citation:
The Napoleonic wars that followed the French Revolution gave birth, among other things, to British conservatism, and ''Master and Commander,'' making no concessions to modern, egalitarian sensibilities, is among the most thoroughly and proudly conservative movies ever made. It imagines the Surprise as a coherent society in which stability is underwritten by custom and every man knows his duty and his place. I would not have been surprised to see Edmund Burke's name in the credits.

https://www.nytimes.com/2003/11/14/movies/film-review-master-of-the-sea-and-the-french.html

Bien résumé.

Je me rappelle que le film est sorti en plan "french bashing" (à cause de l'opposition française à la guerre contre l'Irak) et que les romans ont été modifiés pour coller à l'actualité: dans le roman, la guerre a lieu entre Royaume Uni et Etats-Unis; le scénario du film remplace les E-U par la France, tournée en ridicule tout au long du film.

Dans le New York Times, encore:
Citation:
It is tempting to read some contemporary geopolitical relevance into this film, which appears at a moment when some of the major English-speaking nations are joined in a military alliance against foes we sometimes need to be reminded do not actually include France.


J'avais raté ce message, désolé. Sur Master and Commander, oui cet aspect de la hiérarchisation sociale m'a interpellé aussi... Mais bon, à partir du moment où le film c'est pas Les Révoltés du Bounty, j'accepte le parti pris: c'est un film d'aventures à l'ancienne. Et surtout le film ne masque pas la difficulté et la cruauté de cette vie à bord (le fouet pour celui qui n'a pas salué l'officier, le repas fin pour les officiers vs la promiscuité pour les matelots...). Alors certes il ne remet pas en cause cet ordre établi, et les conditions d’enrôlements des matelots (qui étaient bien craignos) ne sont par exemple pas montrées... mais sincèrement je trouve que c'est faire un mauvais procès au film.

Pour ce qui est de tourner la France en ridicule, j'en avais ce souvenir aussi (un peu) mais honnêtement c'est assez diffus dans le film. Mais surtout le capitaine français est un véritable alter ego de Crowe. Je veux dire, je doute pas que le film soit aussi un témoin de l'époque et du contexte lors du tournage, mais je ne trouve qu'il devienne un brûlot caricatural.


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MessagePosté: 28 Avr 2020, 14:52 
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latique a écrit:
Citation:
J'attends toujours que tu expliques pourquoi tu as décidé de venir parler de ces films en dégainant la carte de la politique.

Sérieusement? Tu veux une attestation de discussion dérogatoire?


Je récapitule hein :
- tu viens en disant que le cinéma de Weir, c'est pas bien, parce que ça conforte l'ordre établi.
- on te répond que son cinéma ne cherche pas à parler de politique, que ce qui l'intéresse, c'est l'individu au milieu du groupe
- là tu enchaînes en venant parler de la guerre en Irak et d'anticommunisme, et que Weir c'est un méchant conservateur

C'est quand tu veux que tu parles d'art, hein.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."


Dernière édition par Castorp le 28 Avr 2020, 14:59, édité 1 fois.

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MessagePosté: 28 Avr 2020, 14:53 
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Jerónimo a écrit:
Pour ce qui est de tourner la France en ridicule, j'en avais ce souvenir aussi (un peu) mais honnêtement c'est assez diffus dans le film. Mais surtout le capitaine français est un véritable alter ego de Crowe. Je veux dire, je doute pas que le film soit aussi un témoin de l'époque et du contexte lors du tournage, mais je ne trouve qu'il devienne un brûlot caricatural.


D'autant plus que remplacer les Américains par des Français, c'est apparemment un choix de la prod pour ne pas s'aliéner le box-office américain.

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MessagePosté: 28 Avr 2020, 14:58 
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latique a écrit:
On peut en dire autant de plein d'autres cinéastes.


Pour m'être collé 12 films en une semaine, je t'assure que c'est vraiment ce qui fait le cœur de son oeuvre, que c'est le matériau qu'il travaille tout au long de sa carrière selon pas mal d'angles et de genres différents, en approfondissement le sujet et en y trouvant ses résolutions au fur et à mesure, et qu'il propose un vrai regard personnel sur le sujet.


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MessagePosté: 28 Avr 2020, 15:05 
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Castorp a écrit:
Jerónimo a écrit:
Pour ce qui est de tourner la France en ridicule, j'en avais ce souvenir aussi (un peu) mais honnêtement c'est assez diffus dans le film. Mais surtout le capitaine français est un véritable alter ego de Crowe. Je veux dire, je doute pas que le film soit aussi un témoin de l'époque et du contexte lors du tournage, mais je ne trouve qu'il devienne un brûlot caricatural.


D'autant plus que remplacer les Américains par des Français, c'est apparemment un choix de la prod pour ne pas s'aliéner le box-office américain.


Non mais une superproduction US avec des américains dans le rôle des méchants, c'est impossible. Weir n'a certainement pas les pleins pouvoirs sur le film, et je lui cherche pas d'excuse, ces questions je me luis posé en regardant le film, mais justement je trouve qu'il s'en sort plutôt bien, qu'il arrive à mettre de la nuance dans tout ça. On peut passer à côté, mais c'est vraiment un duel en miroir entre les deux navires, Aubrey faisant d’ailleurs part de son admiration pour le talent du capitaine français.


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MessagePosté: 28 Avr 2020, 15:29 
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Castorp a écrit:
- on te répond que son cinéma ne cherche pas à parler de politique, que ce qui l'intéresse, c'est l'individu au milieu du groupe
-tu enchaînes en venant parler de la guerre en Irak et d'anticommunisme, et que Weir c'est un méchant conservateur

Parce que c'est évidemment lié aux films dont je parlais: Master et The Way back.
Castorp a écrit:
C'est quand tu veux que parles d'art, hein.

Tu as oublié la majuscule: "Art".
Citation:
Pour ce qui est de tourner la France en ridicule, j'en avais ce souvenir aussi (un peu) mais honnêtement c'est assez diffus dans le film. Mais surtout le capitaine français est un véritable alter ego de Crowe. Je veux dire, je doute pas que le film soit aussi un témoin de l'époque et du contexte lors du tournage, mais je ne trouve qu'il devienne un brûlot caricatural.

Je me souviens que la salle où j'étais éclatait de rire à chaque vanne anti-française, tellement ce n'est pas très fin.
Jeronimo a écrit:
Et surtout le film ne masque pas la difficulté et la cruauté de cette vie à bord (le fouet pour celui qui n'a pas salué l'officier, le repas fin pour les officiers vs la promiscuité pour les matelots...).

La question n'est pas seulement de montrer ou ne pas montrer: est-ce que le film justifie cette manière de gouverner les hommes? Il me semble que c'est l'objet des discussions entre le capitaine et son ami (discussion assez classique, si je me souviens, opposant l'idéaliste et le "réaliste").

Jeronimo a écrit:
Pour m'être collé 12 films en une semaine, je t'assure que c'est vraiment ce qui fait le cœur de son oeuvre, que c'est le matériau qu'il travaille tout au long de sa carrière selon pas mal d'angles et de genres différents, en approfondissement le sujet et en y trouvant ses résolutions au fur et à mesure, et qu'il propose un vrai regard personnel sur le sujet.

Je ne le conteste pas, mais vous parliez d'"essence" de son cinéma. L'essence d'une chose, en principe, c'est ce qui fait qu'une chose n'est rien d'autre qu'elle-même. Or la question de "l'individu", de ses rapports au groupe, c'est le sujet de tout un pan du cinéma américain. Pas très spécifique donc.

On est en train de perdre de vue nos Poètes.


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MessagePosté: 28 Avr 2020, 15:41 
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latique a écrit:
Je me souviens que la salle où j'étais éclatait de rire à chaque vanne anti-française, tellement ce n'est pas très fin.


Bah oui mais on était aussi à cran en 2003, et on en avait marre du French bashing. Là, en 2020, c'est franchement accessoire dans le film.

latique a écrit:
La question n'est pas seulement de montrer ou ne pas montrer: est-ce que le film justifie cette manière de gouverner les hommes? Il me semble que c'est l'objet des discussions entre le capitaine et son ami (discussion assez classique, si je me souviens, opposant l'idéaliste et le "réaliste").


Je ne pense pas que le film justifie quoi que ce soit, il montre le discours du capitaine et effectivement celui du médecin, plus humaniste. Mais de toutes façons le film ultime de marine à voile, pour moi, ca serait ce film mais dans l'univers des Pirates, donc bon, je comprends ce que tu veux dire.

latique a écrit:
Je ne le conteste pas, mais vous parliez d'"essence" de son cinéma. L'essence d'une chose, en principe, c'est ce qui fait qu'une chose n'est rien d'autre qu'elle-même. Or la question de "l'individu", de ses rapports au groupe, c'est le sujet de tout un pan du cinéma américain. Pas très spécifique donc.


OK, alors disons que c'est sa substantifique moelle :)

latique a écrit:
On est en train de perdre de vue nos Poètes.


C'est là tout le charme.


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MessagePosté: 28 Avr 2020, 15:42 
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latique a écrit:
Je ne le conteste pas, mais vous parliez d'"essence" de son cinéma. L'essence d'une chose, en principe, c'est ce qui fait qu'une chose n'est rien d'autre qu'elle-même. Or la question de "l'individu", de ses rapports au groupe, c'est le sujet de tout un pan du cinéma américain. Pas très spécifique donc.


Mais justement, non, le cinéma de Weir, c'est la description de l'écologie d'un microcosme, de ses rouages, de ses rituels, de son étrangeté. Et généralement, il y a jette un intrus, une part d'altérité, et il cherche à comprendre comment ces deux choses interagissent, et dans quelle mesure l'individu peut y exister sans briser l'harmonie des règles qui l'entourent.
Je ne connais pas d'autre cinéaste qui fasse ça.

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MessagePosté: 28 Avr 2020, 15:44 
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Castorp a écrit:
Mais justement, non, le cinéma de Weir, c'est la description de l'écologie d'un microcosme, de ses rouages, de ses rituels, de son étrangeté. Et généralement, il y a jette un intrus, une part d'altérité, et il cherche à comprendre comment ces deux choses interagissent, et dans quelle mesure l'individu peut y exister sans briser l'harmonie des règles qui l'entourent.
Je ne connais pas d'autre cinéaste qui fasse ça.


Dany Boon.


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MessagePosté: 28 Avr 2020, 15:47 
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Lol, c'est vrai en plus.

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MessagePosté: 28 Avr 2020, 15:58 
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Castorp a écrit:
Lol, c'est vrai en plus.


Non mais là où je suis d'accord avec latique, c'est que l'intrus / l’élément extérieur pour marquer un contraste avec un milieu, ça me semble quand même assez répandu, notamment en comédie (le décalage de comportements, c'est un ressort facile et efficace, qui peut être décliné à l'infini).
Mais Weir y introduit aussi la notion de l'individu issu de ce monde, qui conscientise cette appartenance, son conditionnement, avec les limites qui en découlent, puis comment ces limites peuvent constituer un carcan et comment les dépasser, sans que l’individu soit broyé ou que la société explose.


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MessagePosté: 28 Avr 2020, 16:11 
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Jerónimo a écrit:
Non mais là où je suis d'accord avec latique, c'est que l'intrus / l’élément extérieur pour marquer un contraste avec un milieu, ça me semble quand même assez répandu, notamment en comédie (le décalage de comportements, c'est un ressort facile et efficace, qui peut être décliné à l'infini).


Mais justement, Weir ne cherche pas à marquer le contraste, c'est pas du tout ça qui l'intéresse. Il ne compare pas, il étudie comment la présence de l'un influe sur la stabilité de l'autre.
Parfois, ça mène à l'effondrement de ce monde (The Truman Show, Les Voitures qui ont mangé Paris), parfois, à un statu quo (Witness, Le Cercle).

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MessagePosté: 28 Avr 2020, 16:27 
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Ah oui je parlais de contraste mais clairement Weir ne joue pas là-dessus.

Par contre dans The Truman Show, le Cercle des poètes disparus, Gallipoli, Mosquito Coast, Etat second ou encore Master and Commander (et même un peu L'Année de tous les dangers, mais c'est plus trouble), y'a pas d''intrus qui est jeté dans un monde. Dans la plupart d'entre eux c'est au contraire un individu qui est le produit d'un monde et qui est confronté à celui-ci, à ses codes, à ses limites, à la manière dont ce monde lui définit son propre horizon et comment l'individu donne un sens à tous cela.


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MessagePosté: 28 Avr 2020, 16:32 
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The Truman Show, si, quand même : Truman est l'intrus de son propre monde, et ça, c'est génial.
Dans le cercle, c'est le groupe de poètes qui devient un intrus au milieu des règles du pensionnat.

Les autres, soit je les ai pas vus, soit j'en ai pas assez de souvenirs pour en parler.

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MessagePosté: 28 Avr 2020, 16:41 
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Castorp a écrit:
The Truman Show, si, quand même : Truman est l'intrus de son propre monde, et ça, c'est génial.


Ce monde a été créé pour lui, à sa seule fin ! Mais ce que tu dis est vrai aussi: il devient un intrus à partir du moment où il conscientise qu'un autre monde existe ailleurs, dehors, qu'il est plus grand que le monde qui lui a été assigné. Il aurait pu vivre toute sa vie comme ça, mais il a besoin de sortir de son rôle, de dépasser les limites qu'on lui a fixé sans même le lui avoir expliqué.


Castorp a écrit:
Dans le cercle, c'est le groupe de poètes qui devient un intrus au milieu des règles du pensionnat.


Mais ce cercle est crée par des individus tous issus de la même société (même Keating, ancien élève). La conclusion du film c'est: nous pouvons voir le monde sous une autre perspective.


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