Jerónimo a écrit:
Par exemple, lors de la première soirée du Cercle, le fait que, après les traditionnelles histoires d'horreur au coin du feu, le premier à oser se lancer pour réciter un poème soit Charlie Dalton, le rebelle que l'on croyait plus attiré par la transgression que par la poésie, et qu'il le fasse avec son texte écrit derrière une affiche de pin-up, je trouve ça, sous des abords triviaux, assez fin, j'aime que le personnage soit dans cette dualité poète / graveleux, et que le film ose ça.
"Graveleux"? Il y a bien la photo de la pin-up, mais au fond, Knox est un romantique, il poursuit la même fille du début à la fin.
Jerónimo a écrit:
Il y a ensuite la formation du cercle, de la society du titre, institution secrète à l'intérieure de institution de l'école pour se libérer du cadre de cette dernière. Voilà, le besoin de créer un groupe, mais un groupe qui libère et non pas un groupe qui contraint, on est vraiment en plein dans le sujet.
Pas sûr quand même qu'en 1959 aux Etats-Unis, la priorité des priorités ait été de "libérer" les petits privilégiés des écoles privées de la côte Est. Mais pourquoi pas.
C'est quand même un film très sage, "académique" dans tous les sens du terme, en dépit de ce qu'il peut dire contre le conformisme ou sur l'institution scolaire. Keating tient régulièrement un discours très très modéré, appelant les gamins à la prudence, à se libérer "dans leur coeur", "leur âme"; il faut sublimer, et non pas rentrer dans le tas, etc.
Le film (si je me souviens bien) ne fait jamais le lien entre le discours de Keating et ce qui se passe au même moment en dehors de l'école (le rock, les mouvements pour les droits civiques, par exemple). Tout reste en vase clos, et le sommet de la subversion, c'est de lire du Tennyson en cachette: ça va, la police peut dormir tranquille.
Je ne connais pas la période australienne de Weir, mais ses films américains (comme Witness ou Master and commander) donnent une image très positive des communautés fermées, fortement hiérarchisées et réglées par les valeurs les plus traditionnelles. On est loin de la libération des sixties. On a l'impression que Dead Poets Society conteste ce modèle, mais au fond, je ne crois pas: c'est plutôt un manifeste en faveur de la culture la plus "classique" et sa place dans la formation des élites (puisque tous les élèves de l'école en font "naturellement" partie).