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 Sujet du message: Gallipoli (Peter Weir, 1981)
MessagePosté: 27 Avr 2020, 13:32 
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Inscription: 01 Fév 2016, 20:06
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J'avais vu le film mentionné dans un article sur les Dardanelles il y quelques mois, sans tilter que c'était de Weir, et au vu des extraits vus ici ou là je m'attendais à un truc vaguement chiant, et si le film s'inscrit dans un certain classicisme il adopte aussi une vraie originalité.

Plus haut, il me semble que quelqu'un dit que les 109 premières minutes du film sont là pour que la dernière existe. Bon ça s'applique sans doute à tous les films en fait, mais là c'est particulièrement vrai, on imagine parfaitement l'idée se construire sur l'idée de cette fin, et en même temps, ces 109 premières minutes existent aussi pour elles mêmes.

J'aime comment Weir fait un film de guerre en repoussant l'arrivée de celle-ci le plus possible. En prenant le temps de nous faire découvrir les 2 personnages principaux et début de leur amitié, avec originalité. Tout le début, avec les concours d'athlétisme, puis à un moment donné, le film c'est Gerry. Bon ça dure 7 minutes mais ca part dans une abstraction formelle qui illustre à merveille l'amitié naissante des 2 protagonistes au milieu du désert australien.
Tout n'est finalement qu'amusement dans ce monde, rien n'est très grave, même se perdre dans le désert. Lors du camp d’entrainement, les australiens font un match entre provinces, signe que la guerre n'est pas encore là, puis les entrainements ne consistent qu'à jouer à la guerre, où l'on fait semblant d'être blessés ou mort, et où l'on peut graver son nom à côté de celui de la Grande Armée comme si la guerre était finie avant la première bataille.

Il y a aussi cette capacité à montrer la petite histoire dans la grande, dans ce plan avec les tentes au pied des pyramides, ou encore la réflexion du personnage de Mel Gibson, au camp d’entrainement en Égypte, quand il répond à un camarade sur la grandeur de la construction des Pyramides ("un paquet de types devaient avoir le dos en vrac").
Tout en plaidant l'absurdité de la guerre, dans laquelle on s'est engagé pour avoir un uniforme et être respectable ou mieux, avoir un uniforme de cavalerie et plaire aux filles, il montre aussi le comportement colonial des soldats portés par un contexte qui les dépasse. Les seconds rôles sont d'ailleurs fort à propos, construits avec nuance pour illustrer cette phase du film.

Et même une fois les soldats arrivés sur la zone de conflits, l'amusement reste de mise, entre baignade insouciante et jeu de tirs avec la tranchée ennemie (les témoignages de la Grande Guerre confirmant ce besoin de tuer l'ennui, avec l'ennemi)... les plaisanteries virant soudainement vers l'horreur (qui ne dit encore son nom): on balance de la dynamite en se marrant, on sert la main aux cadavres ennemis restés dans les tranchées. Même le premier assaut est en quelque sorte éludé, les soldats regardant l'assaut de leur compagnons depuis... un cimetière. Il y a cette modestie dans la mise en scène de ne pas montrer l'immontrable, ce respect due à l'histoire que l'on raconte. Puis tout s'accélère de manière cohérente, la dernière demi-heure montrant la guerre dans sa plus grande absurdité, tant en témoignant aussi du sentiment des engagés de l'époque à se battre pour une cause plus grande qu'eux, tout en servant de chair à canon à des officiers dans les stratégies sont pour le moins flottantes.
Et Mel Gibson dégage un vrai truc.

5/6


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MessagePosté: 05 Oct 2020, 08:55 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Inscription: 28 Juil 2005, 10:08
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Localisation: 26, Rue du Labrador, Bruxelles
Vu il y a longtemps mais j'avais absolument adoré. Faussement classique, le film s'impose vite comme l'un des films de guerre les plus originaux qui soient. D'abord par ses décors (l'Australie durant la WWI, la méconnue bataille des Dardanelles) puis par sa narration, marquée à jamais par cette fin inoubliable, l'une des plus marquantes que j'aie ever seen, une putain d'audace qui force le respect.

Sinon Jeronimo a tout dit.

J'aimerais le revoir mais c'est un de mes Weir préférés.

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MessagePosté: 30 Jan 2021, 23:43 
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Robot in Disguise
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Inscription: 13 Juil 2005, 09:00
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Localisation: Paris
Tout a bien sûr été dit plus haut. Quel cinéaste précieux que ce Peter Weir qui m'étonne une fois de plus avec ce soi-disant "film de guerre" totalement à contretemps.

Le film est construit purement et simplement en entonnoir: une trèèèès longue intro au pays puis un entraînement/glande puis les premiers combats gentillets qui arrivent au bout d'1h17, pour culminer une demi-heure plus tard dans un final marquant. En résulte un film qui ne fait "que" 1h50 mais avec la densité d'une fresque de trois heures.

Je ne connaissais rien de la bataille de Gallipoli et je m'attendais à un film relativement informatif alors que pas du tout. Weir reste sur la galerie de portraits, l'humanité des soldats - des hommes à vrai dire, tant on les voit peu en uniforme - et ne cherche pas à informer, on sort du film en en sachant finalement assez peu sur cette boucherie. La fin m'a d'ailleurs fait penser à (une version beaucoup plus humaniste et vrai film de) "1917" de Mendes (ici ce serait plutôt "1915" lol).

A chaque étape Weir a le sens du pas du côté, du décrochage poétique (cette plongée sous-marine qui fait penser à THE THIN RED LINE) ou absurde (ce champ de bataille pour s'entraîner avec des balles à blanc au milieu duquel courent des gamins vendeurs d'orange... scène qui montre mieux l'absurdité de la guerre que bien des films qui clament haut et fort "vouloir montrer l'absurdité de la guerre" -- d'ailleurs c'est marrant de voir Mel Gibson participer à ce film hyper fin et réussi de prise impossible d'un ridge et 35 ans plus tard faire son film tout grotesque avec Andrew Garfield...).

Bref, encore une franche réussite.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 22 Mar 2024, 17:16 
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Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
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Localisation: Fortress of Précarité
Je m'attendais à un film de guerre mais je ne savais pas que c'était le Incassable du genre, autrement dit un film qui allait accorder la quasi-intégralité de sa durée à ce qui constitue généralement le premier acte d'une fresque. Si le film n'évite pas un classicisme certain dans son récit de la perte d'innocence de jeunes gens au contact du conflit, il se démarque par son identité australienne. Comment mieux dénoncer l'inanité de la guerre qu'en interrogeant les motivations d'une colonie insulaire à aller défendre la nation-mère?

L'amitié entre Archy et Frank (Mel Gibson à 25 ans, beau comme un dieu et débordant déjà de charisme) a beau être classique, elle est vraiment touchante. Je suis moins convaincu par les scènes impliquant la bande de potes de Frank, plus attendues notamment lors de leurs moments de détente au Caire. Et, je vais pas mentir, je trouve tout de même le temps long à un moment, et me dis "ok a compris, maintenant faut vite en arriver à la conclusion qui va donner son sens à tout ça". Pas méga fan du mix Adagio d'Albinoni/Oxygène de Jean-Michel Jarre non plus.

L'ironie des guillemets qui ouvrent et ferment le film, de façon exceptionnellement abrupte qui plus est, cette course effrénée et finalement inefficace, résonne comme résolument cruelle, avec cet arrêt sur image scellant un destin brisé. Celui de jeunes gens errant d'un désert à un autre, de l'outback australien au pyramides égyptiennes, on voit du monde mais à quel prix?

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