Forum de FilmDeCulte

Oui je ne suis pas fan non plus de la mise-en-scène de Kechiche. Effectivement si dans ses films "sociaux", c'était parfaitement cohérent avec le sujet, ici, on aurait pu imaginer autre chose, un vrai point de vue plastique et esthétique et non pas cette captation permanente, à la volée. Après je trouve que Kechiche s'exprime beaucoup par le montage et que de ce point de vue là, il y a une vraie réflexion de cinéaste. Mais c'est clair que c'est pas le point fort du film (et d'ailleurs je ne sais pas en quoi c'est filmé - HD, DV ?- mais l'image et la lumière sont assez dégueulasses, à part quelques très beaux plans).

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CroqAnimement votre

La flemme de faire un avis construit, mais en gros je suis avec Z sur ce coup là. Gros fan de LA GRAINE..., et malheureusement ici, le jusqu'au-boutisme du truc m'a fasciné/fait mal.

Après toutes les jolies phrases de vos avis, je vais être plus prosaïque: trop de pêchés capitaux cinématographiques pour que la sauce prenne.

Déjà: prévisible. A cause de l'intro. Alors oui, je sais qu'y a une dimension "implacable" et "inexorable" qui est recherchée, mais la durée se fait longue, par moment.

Ensuite, même dans les sujets les plus durs qui nous tiennent le plus à coeur, il y a de l'humour à trouver, de la légereté. Encore une fois, ça fait sans doute partie de la démarche du film, mais contrairement à ses précédents, on a moins l'impression de voir toutes les facettes de la vie, les petites choses qui font qu'un personnage prend vraiment vie. Autrement dit, donc: ça manque d'humour (ouais j'avais prévenu que mon avis était prosaïque).

Cette lourdeur, ce rythme, m'ont empêché d'adhérer au film, même si la démarche me fascine. Ca reste globalement très bon, très bien joué, jusqu'au-boutiste... Mais c'est pas LA GRAINE...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Réaction à chaud pas très construit...

Moi je me suis pris une bonne claque.
Kechiche propose une expérience jusqu'au boutiste et éprouvante. On y suit le calvaire, étape par étape, de cette pauvre femme que l'on donne en spectacle et qui oublie ses malheurs dans l'alcool. Bête de foire, objet d'étude de la science, joujou pour salons mondains libertins, puis prostituée, puis elle crève comme une merde et puis elle se fait disséquer.
La dernière demi-heure plusieurs personnes sont sorties de la salle. Le montage parallèle des cinq dernières minutes, puis ce dernier plan qui boucle la boucle, puis ces images d'archives, ça m'a achevé.
C'est pas un film facile à aimer, mais c'est un film important, et brillamment réalisé. Je reste tout à fait client de la mise en scène de Kechiche. Le montage est brillant, et plus que jamais, il s'attarde sur les visages (gros plans), les regards... D'ailleurs c'est un film sur le regard (j'ai lu ça en interview mais c'est tellement vrai). Il joue aussi sur la durée... Chaque scène est longue, chaque "spectacle" est montré au moins une fois dans son intégralité. Mais cette durée est nécessaire pour le spectateur, elle contribue beaucoup à l'impact du film et aux questions qu'il soulève chez le spectateur. La "réflexion" qu'il offre sur le spectacle est intéressante.
C'est pas un film aimable car l'aventure humaine que Kechiche propose ici est un calvaire, une descente aux enfers. Le seul personnage qu'on peut accompagner émotionnellement, c'est Saartjie que s'en prend plein la gueule.
Bref c'est un film dur, éprouvant, dérangeant, mais aussi fascinant et qui marque durablement.

En tout cas je préfère nettement ça à ce que fait Von Trier avec Dancer in the Dark, par exemple.

Pendant tout le film j'étais à 4 mais avec le recul je pense quand même mettre 5/6.

Et pour rappel je suis FAN de La Graine et le Mulet et de l'Esquive (6 et 5,5, genre..)

Freak c'est même pas la peine d'essayer.

EDIT: j'ai pas envie de le revoir.. Pas tout de suite en tout cas!

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Sa précédente bouse m'avait sevré, t'inquiète.

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Chébien.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

La critique de Chronic'art est assez juste et reflète bien ce que je pense du film.

http://www.chronicart.com/cinema/chronique.php?id=11892

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Bon alors moi je suis assez surpris des avis ici parce que j'ai jamais trouvé le film long. Après je le comprends évidemment, ces presque 3 heures étaient une de mes craintes vis-à-vis du film, mais j'ai été fasciné toute la durée.

Fasciné notamment par la splendeur que Kechiche arrive à imposer à un corps dont on exhibe les difformités sous toutes les formes, une beauté qui n'est pas martyre comme le souligne Art Core, mais qui éclate, évidente, dès les premiers plans. La répétition des scènes d’exhibition n'est pas du tout veine je trouve, il y'a une nouvelle tension et un nouveau malaise qui en ressort chaque fois, et Kechiche aurait tort de nous l'épargner je crois.

Qui Gon lui regrette que le film ne soit pas assez divertissant, je pense que c'est surtout difficile de parler de plaisir à regarder ces scènes pour rendre compte que l'on a aimé cette oeuvre. Donc, et ça répond aussi un peu à la question du "est-ce que t'as envie de le revoir ?", je dirais plus simplement que j'ai été sensible à ce que j'ai vu, et que la sensibilité de Kechiche me parle, que je trouve sa mise en scène très belle et réussie (j'entrerai pas dans les détails techniques que je connais pas). Allez, je me risque même à dire que j'y trouve quelque chose de Dreyer dans la Passion de Jeanne D'Arc et ses magnifiques gros plans sur des visages.

C'est vrai que c'est pas La Graine, mais là à chaud c'est 6/6 quand même.

T'es fou.

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N'écoutez pas Film Freak

Je me permets pas non plus de les mettre au même niveau, le Dreyer c'est facile dans mon top 20 de tous les temps, la comparaison va pas non plus très loin.

C'est pas "divertissant" le mot, même si oui, je prefererai que le film soit plus divertissant: mais je trouve que le film prend par moment beaucoup trop son temps vu qu'on sait presque toujours où on va en arriver.

Ensuite je trouve que les personnages s'incarnent presque toujours sous la même lumière, j'ai nommé: LA LUMIERE DARK.

C'est SOMBRE. C'est SERIEUX. Bref.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

La critique de Renzi est parfaite, j'y souscris pleinement.
Affreuse chose.

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Gros morceau que ce Vénus noire, qui semble répondre à la polémique sur La Vie d'Adèle alors qu'il a été réalisé avant, entre autres choses plus politiques - c'est sans doute le film le plus enragé de son auteur.

Il est évident que Kechiche se retrouve clairement dans le discours des "artistes" du film, l'Afrikaner et le dessinateur, fascinés par la femme au point de la mettre en spectacle malgré elle. J'avais d'ailleurs parlé avec lui de l'aspect "sculpture" de son cinéma, que l'on retrouve clairement ici.

Toute la première partie en Angleterre est absolument fascinante, d'une incroyable puissance dans la mise en scène - il a une faculté assez insensée d'étirer les séquences sans provoquer l'ennui. La photo est très belle, très "surprenante", loin du cliché de son cinéma.

Je trouve la partie française moins réussie, plus attendue dans la trajectoire doloriste. La fin glace bien le sang et en dit long sur la déshumanisation scientifique qui va mener aux expérimentations nazies et japonaises.

Grand film, donc, auquel il manque peut-être l'émotion d'Adèle.

5/6

Tu pourrais expliciter ? Il y a des choses dans le texte de Renzi que je comprends - mais que je ne partage pas forcément.

Et c'est donc le film qui recevra notre lion d'or pour rattraper l'affront de son zappage au palmares de Tarantino et Desplechin ainsi qu'aux cesars, hein mon cher co-juré?

Pour l'instant, il est bien parti pour un prix majeur...