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MessagePosté: 04 Mai 2018, 21:31 
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Dès le premier plan, dès la première scène, qu'est-ce que c'est beau, pur, épuré, limpide... Comme souvent chez Kechiche, on rentre dans un tunnel hypnotique, l'impression de voir LA VIE: LE FILM. Comment fait-il ? Comment fait-il pour que tout le monde soit aussi incarné, pour qu'on ne doute pas à seul moment que Kamel tienne réellement un bar sétois ou qu'Ophélie soit bergère ? Comment il fait pour que même le mec chevelu pourri qui débarque avec Hafsia Herzi soit criant de vérité et meilleur que n'importe quel acteur dans n'importe quel autre film français ? Ca dure 2h55 mais on a l'impression que ça ne fait que 2h10.

Je préfère quand même LA VIE D'ADELE - CHAPITRES 1 ET 2 car il est plus romanesque, mais celui-ci est pas loin derrière. Autant j'ai pu ressentir une légère frustration sur le moment, autant je n'arrête pas de repenser au film, il continue à vivre en moi. Ca raconte tellement rien et en même temps ça raconte tellement tout. Le dernier plan est tellement beau...

Par rapport à la méthode de Kechiche, il semblerait qu'il refasse ses scènes plusieurs fois sur plusieurs jours différents, au gré des envie. Je dis ça car j'ai remarqué à plusieurs reprises des faux raccords gros comme des maisons au sein d'une même scène. Exemple, sur la plage, Céline qui a un coup un vernis rouge sur les ongles, un coup rien du tout, alors qu'on reste dans le même dialogue. Je pense que le mec bidouille, recommence, mélange tout.

Par contre, je tiens à signaler quelques anachronismes: les filles nées en 1974 qui connaissent pas Aldo Maccione ? Et des phrases un peu trop contemporaines, style "Il habite dans le 9-3" ou "H24".

Sinon j'ai adoré le plan avec l'agneau qui vient faire un regard caméra. :mrgreen:

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MessagePosté: 05 Mai 2018, 09:07 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
Comme souvent chez Kechiche, on rentre dans un tunnel hypnotique, l'impression de voir LA VIE: LE FILM. Comment fait-il ?

Dans la deuxième séquence d'Ophélie, je peux te dire comment il fait : post-synchronisation.


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MessagePosté: 05 Mai 2018, 09:38 
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Kezaco ?

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MessagePosté: 05 Mai 2018, 09:47 
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C'est une antithèse.


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MessagePosté: 05 Mai 2018, 13:40 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
Dès le premier plan, dès la première scène, qu'est-ce que c'est beau, pur, épuré, limpide... Comme souvent chez Kechiche, on rentre dans un tunnel hypnotique, l'impression de voir LA VIE: LE FILM.


La vie est-elle un tunnel hypnotique ?


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MessagePosté: 05 Mai 2018, 14:42 
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Selon Gaspar Noé, oui.


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MessagePosté: 10 Mai 2018, 16:55 
Bien aimé, mais personne pour relever un anachronisme sans doute volontaire, qui rend le film super-conceptuel
le Charles-de-Gaulle venait à peine de sortir de la cale en 1994, et n'a commencé ses essais en mer qu'en 1999. Du coup, tous les personnages vivent dans l'ombre du retour d'un Clément qui ne peut pas exister, mais justifie les perpétuelles dérobades de Toni. Un Toni autour duquel tout gravite, mais qui passe son temps à sortir du cadre, même et surtout dans la scène où il imite Aldo Maccione. Il y a sans doute une équivalence comique entre les moutons nouveau-nés, humanisés mais sacrifiés dans les religions du Livre à la place du fils, et la pseudo-mission au Moyen-Orient du soldat français, sur un bateau lui aussi à peine né, que lui reproche la mère d'Amine en y voyant un racisme indirect envers une communauté avec laquelle il a grandi.


A ce propos, dans le cinéma, il y avait au fond un mec bourré, pieds en chaussettes sur le dossier fauteuil de devant, qui passait son temps à décapsuler de canettes de bière et à roter, qui est (lui-même) sorti de la salle furibard quand le personnage de Céline avoue qu'elle ne sait pas qui est Aldo Maccione. :mrgreen:

Sinon j'ai pensé aux mêmes "clés" que vous sur Amine mais d'un autre côté
il s'en va avec la seule femme qui n'est pas bi -à part sa mère -, et délaisse complètement, et de façon très inélégante, Ophélie après la dernière scène de boîte de nuit où elle s'amuse bien à la pole-dance avec Céline et tante Camelia. Il y a bien un "male-gaze" chez Kechiche, mais comme dans la veine comique d'Almodovar qui suppose toutes les femmes discrètement mais solidairement lesbiennes et fantasme un matriarcat méditerranéen qui rebobine la société visible.


Dernière édition par Gontrand le 10 Mai 2018, 20:04, édité 2 fois.

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MessagePosté: 10 Mai 2018, 18:42 
J'ai apprécié la générosité avec laquelle Kéchiche offre en permanence un choix entre deux visions possibles du film, l'une explicative, symbolique et codée par les conventions théâtrales (voire les topos religieux), la seconde immanente, naturaliste et plus "phénoménologique". La scène de l'accouchement des brebis se situant à la connexion des deux (qui a alors la valeur d'une épiphanie).

Les thèmes identitaires de ses premiers films sont présents, mais implicités et comme dilués dans la nature la lumière, le son, le scope. En ce sens le retour d'Hafisa Herzi est symbolique, c'est possiblement le même personnage que dans la Graine et le Mulet, mais devenue plus adulte, distante, ironique, passive et décontractée, comme pour dire que l'histoire reste, mais l'investissement que l'on y met est variable, c'est l'abandon qui permet de trouver la paix. C'est aussi elle qui tient la clé du film, diffusant des ragots effroyables sur le personnage d'Ophélie (et sur le père de Toni), qui manquent de donner au film une issue sheakespearienne, avant que tout ne se dégonfle lorsqu'elle assume la fascination sexuelle qu'exerce sur elle Ophélie, et en joue ironiquement.

On peut ainsi librement choisir de se laisser emporter par le film, saisir dans les la description "sociologique" et objective de l'époque, ou bien s'intéresser aux turpitudes des personnages et prendre parti (pour ou contre Ophélie). Il y a un certain humour amer, comme dans les scènes de jeux d'eau fraternels, qui deviennent aussitôt l'occasion de ragots et de potins opératiquement violents lors des temps morts (mais colportés avec plus de désir inavoué que de malveillance).

La même complexité ambigüe se retouve dans le décalage vers 1994, qui semble lié au fait de situer le film dans une époque où les relations entre communautés étaient plus apaisées que maintenant, et où Amine souffre moins du racisme qu'il ne le ferait aujourd'hui, la communauté réconciliée et à la fois une utopie et un souvenir . Mais en vérité, en 1994, la situation n'était pas meilleure, c'est l'année de la Haine de Matthieu Kassovitz et de la vogue des films de banlieue qui vont dans l'ensemble créer une image stéréotypées des garçons issus des classes populaires arabes, l'année aussi où un passant algérien est noyé dans la Seine par le service d'ordre du FN lors du 1er mai à Paris.
Le film donne en effet l'impression de vie saisie sur le vif, mais est aussi très référentiel (le personnage de Camélia commente sa ressemblance avec un tableau de Renoir. Tous deux fascinent Amine, qui glisse d'une obsession à l'autre. La scène où les femmes n'arrivent pas à traduire "amour" en arabe est aussi un auto-commentaire du film).
De même il est aussi très théâtral (musique intra-diégétique qui raccorde les plans en en aplatissant la durée, qind la musique diégétique les insolent, personnages qui s'adressent en chuchotant entre eux, presque en a-parté au spectateur, mais qui sont par ce truchement aussi entendus des autres personnages hors-champ). Et pourtant il y a toujours un fait à la fois léger et détonant qui retient l'intention (le restaurant viet-namien enchâssé dans le restaurant tunisien, ou l'interrogation sur le cousinage ou non d'Ophélie et Toni. Le fait que Kamel le cuisinier roule en Jaguar).

On sent aussi peut-être ce qui empêche Kéchiche d'être un cinéaste vraiment politique (peut-être est-ce aussi une force): les uns fantasment toujours ce qui n'est que la réalité des autres. Amine fantasme la liberté sexuelle d'Ophélie, qui est elle-même fascinée et un peu dupe de la noblesse associée à l'introversion de l'intellectuel. Mais il n'y pas de partage ou d'accord sur l'objet du fantasme lui-même. Il circule sans être repris.

Sinon en effet les personnages sont assez beaux, et l'aspect choral réussi ; je redoutais que les filles du film ne soient réduites à leur corps, mais elles existent vraiment, et ont chacunes leur mystère. Aucun personnage n'est aussi réellement condamné. Le film démarre quand Ophélie fait très vite comprendre à Amine qu'elle a deviné qu'il l'espionnait, ce savoir lui permet d'exposer une autre part d'elle et de déplacer l'enjeu.

Par contre je ne crois pas avoir entendu un titre de Supertramp. Et étonné de voir que le film ait été filmé en Espagne et au Portugal.


Dernière édition par Gontrand le 10 Mai 2018, 20:57, édité 3 fois.

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MessagePosté: 10 Mai 2018, 20:28 
Marlo a écrit:
Art Core a écrit:
Mais ça n'a strictement aucun sens. Comment peut on à ce point passer à côté de l'amour d'Amin pour Ophélie ?


J'ai plutôt l'impression que le film est la trajectoire de la perte d'un fantasme. Au début du film, il va voir Ophélie qui n'est alors qu'une amie d'enfance et la trouve non seulement nue mais en train de faire l'amour, et ça semble complètement changer le regard qu'il portait sur elle. Tout au long du film, on le voit alors l'observer différemment, sous toutes les coutures. A la fin du film, deux scènes finissent par en quelque sorte le ramener à la raison : d'abord celle de la ferme qui la désexualise (tenue de travail, dialogue trivial sur les signes à observer chez une brebis qui va mettre bas, etc.), puis celle en boite qui la re-sexualise de façon exagérée (danse sur podim, twerk, baiser lesbien, etc.). Ces deux scènes ont pour effet de briser le fantasme qu'il traînait jusqu'alors et de lui permettre de passer à autre chose, de revenir à la façon posée et sereine qu'il a de voir les choses, de retrouver son art, de rendre à nouveau possible une histoire d'amour.


Pour moi cela eu l'effet inverse, la scène de la ferme confère du relief et de la personnalité à un personnage jusque-là englué dans les ragots. Elle évite aussi d'en faire des tonnes (dans une situation qui aurait pu virer aux
conventions de la télé réalité) . Par contre il n'est pas indifférent qu'il la délaisse lorsqu'elle lui annonce qu'elle était amoureuse d'elle petite (comme la stagiaire qu'elle moque gentiment), accepte les photos (qui ne se feront jamais) et qu'elle n'est plus dupe de Toni (même si dans la vraie vie cela se passe souvent comme ça)


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MessagePosté: 11 Mai 2018, 12:07 
Sinon j'ai plus pensé à Adieu Philippine de Rozier qu'à Rohmer ou Pialat. Et aussi à Marius et Jeannette de Guéduigian (voire la Villa) mais sans le didactisme politique brechtien. De fait parce que les personnages ont conscience d'être un enjeu politique, ils n'ont ni à parler de politique, ni mettre en œuvre ce didactisme, ils y substituent une discussion de la culture et le questionnement de leur propre langue. Guédiguian et Kechiche ont sans doute la même vision du monde et la même filiation renoirienne, mais Kechiche est gramscien là où Guédiguian est brechtien. Chez Kechiche les rapports individuels correspondent à des rapports entre classes sociales différentes, même à l'intérieur de la famille (les mères travailleuses mais le fils livreur ou artiste, l'une patronne de sa sœur, Ophélie qui prend pour stagiaire une petite cousine qui vient visiblement de la France du Nord ou de Paris ) tandis que chez Guédiguian on se sépare (voire se déchire) sur la valeur accordée à une seule et même classe.

Ainsi dans les deux copines, l'une, la plus triste, est en école de commerce (celle que choisit Amine, mais c'est aussi elle qui tranche la discussion sur aimer en arabe en un seul mot. Elle ressemble d'ailleurs pas mal au personnage de Demoustier dans la Villa) et l'autre aspirante danseuse de cabaret dans une démarche que l'on sent à cheval entre la reconnaissance culturelle planifiée et la pulsion. Une fois ces identités déclinées, le rapport entre celle qui apparaissait timide et celle plus délurée s'inverse et s'aligne sur l'emploi.
C'est un monde où l'on s'affronte et rompt mais où il n'y a pas de ratage, ni d'autocritique, contrairement à Guédiguian, où le retour à la lumière de la Méditerranée est confondu avec la démarche d'autocritique politique. Il y a aussi chez Guéduigian une séparation entre soi-même comme sujet politique et l'enjeu politique qui est une forme d'altérité. Chez Kechiche non, car tout est dans le champ, même la chambre obscure de la salle correspond à la charge d'Amine, le hors-champ est la fiction des personnages, comme ce Clément en mission sur un bateau qui n'était pas encore armé.


Dernière édition par Gontrand le 11 Mai 2018, 18:01, édité 2 fois.

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MessagePosté: 11 Mai 2018, 13:54 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
Par contre, je tiens à signaler quelques anachronismes: les filles nées en 1974 qui connaissent pas Aldo Maccione ? Et des phrases un peu trop contemporaines, style "Il habite dans le 9-3" ou "H24".


il y a aussi un "J'ai bugué" répété à plusieurs reprises


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MessagePosté: 13 Mai 2018, 08:22 
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MessagePosté: 13 Mai 2018, 13:41 
Sinon bizarrement le regard sur les femmes est en fait assez proche de Sophie Letourneur (c'est presque la même histoire que "Ma vie au Ranch" entre les deux copines) et assez éloigné de ce que le cinéma montrait lui-même en 1994 (avec d'un côté le pôle Catherine Breillat de l'autre celui de la série d'Arte "Tous les Garçons et les Filles", opposés dans l'intention mais partageant le fait d'être des films d'initiation). Les mecs du film ont l'air d'être bieb dans l'univers de 1994 (penser en terme d'initiation plutôt que d'affirmation et se comprendre collectivement grâce à elle) mais femmes sont déjà dans celui de 2017 (lucides s'etant déjà choisies mais séparées, sauf dans la dernière scène de la discothèque, où la diffusion et l'épuisement de la sexualité permet de créer un moment une sorte de groupe en fusion sartrien, qui n'a pas de lendemain). Les mecs sont gramscien (entre le monde ethico-politisue comme passé et l'état comme futur) mais les filles sartrien es (jouant ce qu'elles sont déjà).
C'est Marius et Jeannette remaké par Sophie Letourneur ce film.


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MessagePosté: 06 Mar 2019, 18:19 
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Ca fait une semaine que je l'ai vu, et ce film m'accompagne encore tous les jours. Pourtant pendant que je le regardais je me suis souvent dit que Kechiche faisait encore preuve d'auto-indulgence, avec sa maintenant traditionnelle demie-heure de trop. Mais peut-être que les visages (et les culs !) des personnages me hanteraient moins s'il avait moins fait durer les scènes.
Encore une fois l'amour du réal pour la jeunesse, ses élans, ses égarements, sa beauté, éclate à chaque plan. La manière qu'il a de montrer la dynamique d'un groupe, avec ses locomotives gesticulantes, mais aussi ses satellites observateurs, en retrait, comme évidemment le héros-reflet d'AK, est époustouflante. J'avais été cueilli par l'esquive et par la graine et le mulet, un peu moins par les autres, mais celui-ci m'a particulièrement touché. Peut-être est-ce parce que je me reconnais dans cet Amin placide, en retrait, qui s'épanouit dans le groupe mais reste toujours à la frange, et qui est particulièrement nul pour approcher les filles. Peut-être parce que ça flatte une nostalgie moisie de cette période où moi aussi j'avais 20 ans, et où je suivais un groupe d'excités partout sans en faire partie complètement. En tout cas, l'attendrissement de Kechiche pour ces enfants, la façon dont il montre leurs choix, leurs revirements, sans jugement (sauf éventuellement pour Tony), c'est magistral et c'est beau.

On pourrait lui reprocher quand même ce héros trop lisse, trop parfait, beau comme un camion (OK l'expression est plus des 70s que des 90s), relativement intello, patient avec sa mère, gentleman et responsable, protecteur parfois.

Lohmann à propos du héros a écrit:
son côté très cérébral peine à être incarné.


Justement on le découvre, ce mec discret, par contraste avec la fureur de la jeunesse autour de lui . Ce personnage me touche alors même qu'il ne fait rien, est toujours en retrait, désinvesti, même si son regard et son sourire montrent qu'il aime être là et qu'il aime tous ces jeunes cons. Le perso est construit comme au pochoir, il est ce qui reste quand la cavalcade des cagoles et des relous est passée, celui qui ramasse les morceaux de la gamine brisée, celle qui a fait l'erreur de tomber dans les bras du beau-parleur Tony.

Comme Marlo je crois que la scène bien longue de la boîte finit par ramener les filles (Ophélie, mais aussi je pense la blonde Céline) à leur juste mesure, après une idéalisation bien compréhensible.
Après avoir été séduit par leur sensualité, il semble fatigué de leurs excès, ce qui préfigure la dernière scène où il part avec la plus "sage" de toutes


Les vingtenaires sont métastables : ils se cherchent, essaient des trucs et des gens, et se définissent en tant qu'individus par mimétisme dans le groupe, mais aussi par contraste. C'est de la philosophie de comptoir, mais elle est superbement mise en images par Kechiche, qui n'a pas fini de nous éblouir.

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-I failed.
-Good. Now go fail again.


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