Forum de FilmDeCulte

Bon, au vu des avis bien tiédasses dans l'ensemble, je vais donner le mien : j'ai bien aimé.
Je ne vais pas contester les critiques, fondées, au sujet du scénario ou du jeu d'acteurs, simplement exiger un peu d'indulgence. L'écriture n'est pas catastrophique, ce n'est pas La momie ni même Batman v Superman. Elle est simplement le minimum de ce qu'on pouvait exiger, le minimum étant ici assez bas, Valérian étant une BD quand même pas extraordinaire, avouons-le. Besson ne montre clairement aucune ambition à ce niveau, on sent bien qu'il a écrit le film autour d'une série de péripéties au sein de plusieurs mondes tous différents. Et il a ensuite réfléchi à comment les lier, en cherchant des idées dans quelques albums de Valérian. A mon avis il y avait mieux à faire qu'une métaphore du peuple Juif dans l'espace (parce que c'est bien de ça dont il s'agit : un peuple en exil, qui subit un génocide qui tue précisément 6 MILLIONS des leurs ... Gros fou rire à ce moment du film), mais ça passe, ce n'est pas désagréable pour autant.

Si tout cela est bien limité et empêche le spectateur de se sentir vraiment impliqué, cela n'handicape jamais le film pour peu qu'on accepte de le voir comme, encore une fois, une série de péripéties au sein de plusieurs mondes tous différents. Et à ce niveau, je trouve le contrat entièrement respecté. Ça marche, ça fonctionne.
Bien sûr, la mise en scène de Besson ne fait pas de miracles et on aurait préféré quelqu'un d'un peu plus inventif à ce niveau. Mais la direction artistique et les effets spéciaux sont merveilleux. Contrairement à l'écriture, pas de minimum syndical ici, ça fourmille de détails dans tous les plans. Des mondes sont créés pour quelques secondes à peine, parfois, c'en est presque déraisonnable. Certaines péripéties sont plutôt drôles (bien aimé celle chez les monstres moches, avec le défilé des plats, la pêche aux papillons, etc., et bien sûr celle qui ouvre le film est vraiment bonne, excellent concept et réalisation à la hauteur). Tout le film est parcouru d'une générosité assez émouvante qui en fait un film tout sauf cynique, bien moins que la plupart des blockbusters écrits par ordinateur actuels (et je dis tout en appréciant ces blockbusters). J'ai finalement regardé le film comme je lis un album de Valérian : sans me sentir trop concerné, mais en admirant les jolis dessins de Mézières / les jolis plans de Luc Besson (et de ses équipes de graphistes, surtout). Générosité émouvante aussi parce que ces monstres, ces vaisseaux, ont un petit côté french touch pas déplaisant que je croyais enterré. Avec ces images, c'est tout un pan de l'imaginaire français qui revient, celui de la bande dessinée des années 70-80, du jeu vidéo des années 90, etc. C'est un film français.

Bref, j'ai bien apprécié, et surtout, parce que j'y ai vu une ambition dénuée de tout cynisme et un travail sur l'imaginaire abouti comme rarement ces dernières années (et je suis gentil), je ne vais pas pinailler.

Pourtant, vu sa bio non officielle (la vraie), tout laisse penser qu'on a plutôt à faire à un être d'un cynisme absolu, qu'à un gros bêta.

Le problème, c'est que, seul ou à plusieurs, on a systématiquement l'impression d'assister à un scénario "méthode Mozinor" (avec la machine pondeuse de scénars) dont on mettrait en scène la seule v1. Et comme à chaque fois il y a derrière la prétention de "montrer aux Américains qu'on sait faire aussi bien qu'eux", alors qu'au final il fait juste aussi nul, il y a forcément une haine du critique contre lui (en cela, on parlera plus de Besson-bashing que de french-bashing). Transformers (auquel je mets une plus mauvaise note qu'à Valerian) possède selon moi un scénario merdique sur lequel on sent la douzaine de scénaristes qui se parasitent, sous l'œil du producteur qui assume totalement de produire de la merde et ne va pas ensuite se plaindre des méchants critiques. Sur Valérian, on dirait juste un stagiaire qui pond ça en deux jours, avec derrière le gros Besson qui se dit que ça suffira bien pour ce connard de spectateur.

C'est exactement comme ça que ça se passe chez Europa. Et comme la méthode fait ses preuves...

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Réalisateur de blockbusters d'action français dans une économie maîtrisée d'1h30 max hors générique

Et sur "Subway" et "Le grand bleu" aussi ?
Besson n'a jamais montré d'interêt particulier pour l'écriture.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Tout à fait - je déteste Subway entre autres pour ces raisons, même si, d'après les articles d'époque, le vide et les incohérences de l'histoire sont essentiellement dus à la demi-heure coupée au dernier moment en salle de montage. Le Grand bleu, je le trouve légèrement plus travaillé. Un peu naze, certes, mais plus construit, même drôle et touchant par moments. Nikita, c'est à peine mieux. Mais j'ai toujours dit que les conneries que l'on trouve dans un Taxi sont déjà, même si moins appuyées, dans ses premiers films.

Et ouais. Et si la méthode fait ses preuves, c'est parce que "y a pire", "faut pas se prendre la tête", "forcément c'est pas pour les intellos / bobos / critiques", "oui mais il créé des emplois" (alors qu'avec ses 120M$ de perte, il va plutôt en détruire, des emplois)...

Justement, ce n'est pas "le gros Besson qui se dit que ça suffira bien pour ce connard de spectateur.", c'est "Luc Besson n'est pas intéressé par ça dans le cinéma".
On peut le regretter, mais pas forcément imputer ça à du cynisme de sa part (même si pour certaines prods EuropaCorp ce fut certainement le cas)

J'ai l'impression que tout le monde ici le reconnait (enfin pas forcément "merveilleux" mais que ca tient carrément la route).

C'est quoi le dernier film que tu as vu avec des costumes et des décors autant travaillés ? C'est pas forcément du jamais-vu avant, mais c'est d'une finition admirable. On est loin de la direction artistique de feignasse des blockbusters Marvel, par exemple. Pour moi ça mérite le terme "merveilleux".

Sur le trailer, quand j'ai dit ça, je me suis fait basher.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Je peux comprendre le fait de ne pas construire son film sur le scénario, mais le moment où Laureline se plaint du fait que le monstre a abîmé sa robe alors que les 5 mecs qui la protégeait se sont fait dégommer, on est vraiment dans une facilité (pas précisément de scénario, mais d'écriture oui) désespérante (je ne parle pas de prise en compte ou de représentation de la violence, simplement que c'est écrit avec le cul).

Oui, et je dois faire mon mea culpa car je faisais partie des basheurs, de mémoire

Subway mis à part, il y a encore un semblant de boulot sur les scénars jusqu'à Léon inclus. Ainsi que du souffle, de l'ambition. Y compris sur Jeanne d'arc, d'ailleurs, quoi qu'on pense du résultat final. Mais pour moi, c'est un mec qui se fout aujourd'hui totalement de son public. Il ne réalise pas Valérian par amour du public mais pour avoir sa grosse franchise à lui et devenir l'égal d'un Lucas.