Lohmann a écrit:
Pour l'instant on va plutôt dans le sens opposé, j'ai plutôt l'impression que c'est la jeune génération qui ravive la flamme de l'islam, de manière beaucoup plus revendicative que leur parent et grand parent (pure intuition de ma part).
Très vrai, d'ailleurs si on va chercher l'exemple à l'extrême chez les radicalisés, ce ne sont que des jeunes. J'attends encore un numéro d'Enquête Exclusive sur Bernard, aka Yusuf al Franzi, 68 ans, retraité des PTT, parti en Syrie pour épouser quatre pauvres meufs et décapiter des fumeurs à la chaîne entre deux tours de sulfateuse à l'arrière d'une jeep dans le désert.
Cela dit, je ne considère pas que le port de l'abbaya soit un signe de ravivement de la flamme de l'Islam, c'est un habit qui est loin de faire l'unanimité chez bon nombre de pratiquants qui y voient une ostentation inappropriée de la part de jeunes femmes immatures. Mais bon, c'est un détail, et si j'en parle c'est uniquement parce que c'est dans l'actualité. Il n'y a pas que ça, on est d'accord.
Lohmann a écrit:
Ce qui est tout sauf une surprise, je sais que tu n'apprécieras pas beaucoup cet angle mais y a-t-il plus responsable de la résurgence de l'islam que les pays occidentaux, leur interférence dans les pays arabes pour y maintenir/mettre en place des dictatures qui leur étaient profitables ? On n'est en train de vivre l'importation du même schéma, les jeunes musulmans français d'aujourd'hui, qui ont vu leur parents et grands parents ne jamais monter un échelon de l'échelle sociale, malgré toute leur meilleure volonté, en ont soupé. Ils ont compris que le mirage de l'intégration républicaine qu'ont leur agite devant les yeux n'est que poudre aux yeux, et estime qu'il est temps de retrouver leur racine, de retrouver une identité véritable, et ils ont décrété que c'était par l'islam que ça passait.
Je suis loin d'être un grand défenseur de la civilisation occidentale, même s'il faut lui reconnaître quelques mérites. Mais attention à l'auto-flagellation : l'Islam séduit aussi par son aspect total, ou totalitaire (sans forcément que ça n'implique de passage à l'acte violent de la part d'individus très majoritairement pacifiques), qui permet, comme toute conversion religieuse, de faire l'impasse sur une forme d'esprit critique en acceptant des réponses toute faites qui prétendent qui plus est être ahistoriques (la révélation étant valable de manière éternelle). Ne voir que du politique, qui plus est sur le mode du retour de bâton, dans l'expansion islamique en occident, c'est faire l'impasse sur le psychologique et le social : l'attrait pour la formule de pensée prémachée (on réfléchit et on parle à travers les savants, hadiths, sourates etc.), les réponses toutes faites, les sophismes et éléments de langage qui contribuent à créer un esprit de corps communautaire; mais aussi le mimétisme (les conversions chez les jeunes se font dans les quartiers, très majoritairement, même si internet créé des vocations à distance). Je n'ai pas le sentiment (pure intuition pour moi là aussi) que les jeunes convertis aient une vraie connaissance de l'histoire de la colonisation, au-delà des lieux communs tiersmondistes qui ne sont pas à l'épreuve des faits. Ils sont dans du pur ressenti revanchard.
Tout ça est valable pour les gens qui se mettent à l'intersectionnalité, au passage. 100% le même phénomène psychologique (et social).