Jerónimo a écrit:
Abyssin a écrit:
Elle assume assimiler des hommes à des "assaillants", elle écrit avoir boycotté des oeuvres car elles étaient écrites par des hommes mais sinon elle n'a pas de côté misandre. OK Raoul!
Reprends ton souffle Abyssin, ça va bien se passer.
En tant que cinéphile j'imagine que tu n'es pas passé à côté du concept de
male gaze, qui a ressurgi des dernières années ? Sa réflexion est en plein dedans.
Abyssin a écrit:
Citation:
Les éliminer de nos esprits, de nos images, de nos représentations. Je ne lis plus les livres des hommes, je ne regarde plus leurs films, je n’écoute plus leurs musiques. J’essaie, du moins. (...) Les productions des hommes sont le prolongement d’un système. L’art est une extension de l’imaginaire masculin. Ils ont déjà infesté mon esprit. Je me préserve en les évitant.
Je te passe son intervention célèbre sur RT mais oui je trouve ça totalement con, même développé et resitué dans le contexte, et surtout je trouve son approche binaire, flattant les clichés antiféministes et totalement contreproductif en termes de lutte féministe. Ca serait intéressant d'avoir l'avis d'une femme sur Coffin mais qvu qu'on est un forum de mecs.
Si tu l'écoutes sur la longueur tu comprendras que son propos vise,
in fine, le questionnement (et la remise en cause) d'un monde hétéro-normé, et même masculo-hétéro-normé (ouais j'invente un peu des termes au passage). Elle le fait avec une provocation certaine, pour faire bouger les lignes (c'est de l'activisme), et même certains de ses partisans le résument trop vite comme une "lutte contre les hommes". Alors qu'au final, elle interroge nos imaginaires, et arrive quand même à démontrer que le patriarcat est profondément ancré en nous, dans nos références culturelles quotidiennes. J'étais tombé sur une vidéo sensé démolir son argumentaire, et qui expliquait que si les oeuvres d'art de référence était en grande majorité celles d'hommes, c'est que le travail de filtration du temps faisant son effet, seuls les œuvres dignes d'intérêt étaient étudiés aujourd'hui. Donc que finalement si les artistes sont des hommes, ce n'est pas du tout le reflet et les conséquences de structures sociales en action, mais que les hommes ont sans doute plus à dire sur l'art et le monde. Ca me semble vachement plus à côté de la plaque, pourtant, bizarrement, tout le monde s'en branle.
https://www.britannica.com/topic/list-o ... rs-2060492Liste d'auteurs (au sens large) américains, de l'époque coloniale à nos jours. Plutôt bien équilibré en termes de parité. La plupart des hommes, et encore plus de femmes sont oubliés, c'est à dire pas lus couramment, au mieux par des chercheurs. D'autres ne sont carrément pas réédités, ni étudiés. Sans doute parce que leur travail n'a strictement aucun intéret, de la même manière que personne dans 200 ou 300 ans ne lira les publications Harlequin, la chick-lit ou la fantasy et la SF tumblr de 2019.
Je n'ai jamais trouvé particlièrement inimaginable que l'apport culturel féminin dans ce domaine là ait été à la fois constant, volumineux
et en même temps pas très intéressant au-delà de la période de publication, contrairement aux classiques (Brontë, Austen, Dickinson etc.) qui ne le sont pas pour rien. L'idée de l'invisibilisation des femmes dans la culture, pour moi c'est du conspirationnisme complètement infondé. Une pure vue de l'esprit, basée sur rien d'autre qu'un constat qui peut être expliqué beaucoup plus simplement que par un verrouillage patriarcal particulièrement habile et efficace... dont on n'a, encore une fois, aucune trace, donc niveau historicité c'est du même ordre que les chevaliers de la table ronde.
Ensuite, là où je trouve qu'Alice Coffin jump le shark dans son militantisme, c'est que sa focalisation sur la soi-disant "invisibilisation" des femmes dans la culture invisibilise vraiment pour le coup leur présence écrasante dans la majorité des fonctions publiques, dans les domaines du soin, du social, de l'éducation, de l'administratif, et ce à tous les niveaux. Depuis plusieurs décénnies, les Français (et pas que) sont gérés par une machine sanitaire, sociale et administrative, de l'accouchement jusqu'à la mort, au sein de laquelle "les femmes" sont sur-représentées : sage femme, infirmière de PMI, maîtresse en maternelle + primaire, majorité des profs en collège + lycée + fac (un peu plus de mecs dans les filières pro + SEGPA, les plus pourries dans l'imaginaire collectif), dans les préfectures, les ministères, les tribunaux, la CAF, la sécu. Les seuls endroits où tu es sûr à 99% d'être reçu, entendu, renseigné par un mec, c'est dans un commissariat, un lieu de culte ou un club de grappling. Et encore.
Ca, par contre, c'est pas une vue de l'esprit. C'est un fait. Quand un groupe a la main-mise sur autant d'aspects déterminants
à l'extrême du quotidien de millions de gens, venir s'exciter parce que ce groupe est sous-représenté dans les domaines de la consommation culturelle de masse (ou non), je trouve ça insensé. Complètement insensé.