Ilouchechka a écrit:
Pour développer un peu :
l'unique supériorité du discours de gauche sur le discours de droite social-darwinien, c'est son ascendant moral, donc sa dimension humaine et sociale (autrement, ce n'est qu'un discours de plus dans un flot de discours, tout en sachant très bien que dans l'ordre du cosmos, aucun ne compte vraiment) ; la croyance que l'on peut bouleverser la loi du plus fort pour construire un monde plus juste, et rendre l'humain meilleur. Si l'on se met à utiliser les approximations lepénistes pour faire de la rhétorique, on efface cet ascendant moral, puisqu'on joue soi-même au petit jeu de la loi du plus fort (celui qui manipule le mieux). Le discours de gauche est ainsi néantisé, la langue n'est qu'un totalitarisme de plus : la dimension morale de la cause de gauche n'est plus qu'un voeu pieux, les lamentations hypocrites de journalistes qui veulent vendre du papier tout en évitant bien soigneusement de réfléchir au contenu de leurs articles.
Les petits jeux des Melenchon, du Monde, et autres bretteurs gauchistes, ce n'est rien d'autre que l'annihilation de l'idéal de gauche par la corruption du langage.
Il faudrait déjà, dans un premier temps, séparer la conception que l'on se fait couramment de la gauche (qui, dans l'esprit des gens, se rapproche plus de la doctrine sociale de l'Eglise, d'ailleurs @ironie) de ce qu'elle dénomme dans les médias et du parti qui se dit de gauche, mais ne l'est vraiment pas, l'approximation commence là
Là-dessus, on pourrait méditer sur le mot de Conrad, dans un de ses papiers "autocracy and war"
Joseph Conrad a écrit:
The end of the eighteenth century was, too, a time of optimism and of dismal mediocrity in which the French Revolution exploded like a bombshell. In its lurid blaze the insufficiency of Europe, the inferiority of minds, of military and administrative systems, stood exposed with pitiless vividness. And there is but little courage in saying at this time of the day that the glorified French Revolution itself, except for its destructive force, was in essentials a mediocre phenomenon. The parentage of that great social and political upheaval was intellectual, the idea was elevated; but it is the bitter fate of any idea to lose its royal form and power, to lose its "virtue" the moment it descends from its solitary throne to work its will among the people. It is a king whose destiny is never to know the obedience of his subjects except at the cost of degradation.