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Tu la postes, je suppose que c'est pour avoir des réactions ? Et bien soit.
Je trouve cette vidéo désastreuse dans ses ambiguités.
D'emblée, utiliser l'avatar le plus tarte de la mouvance réactionnaire actuelle (Levy), notamment dans son énonciation (ça élève effectivement grave le débat de surligner tous les "j'veux dire" de son intervention, n'est-ce pas ?), pour invalider d'emblée toute pensée sceptique à l'égard des politiques d'immigration actuelles, c'est un tour de passe-passe bien peu glorieux.
Faire exprès de mélanger des observations justes ("la revendication laïque face au voile a réveillé une parole raciste respectable", "la pensée coloniale a laissé des marques"...) tout en noyant sciemment le bébé avec l'eau du bain (sous-entendre vite fait que toute revendication laïque est forcément un peu raciste, que discuter du voile ou d'immigration est forcément un peu raciste...) n'est pas très admirable non plus.
Les confusions volontaires sont multiples, en voilà deux :
- Se questionner sur la cohabitation de cultures différentes, c'est ne faire que rejoindre le discours assimilationniste "officiel" (sous-entendu : normatif, invalide ; 20'40) et, mieux, refuser de regarder son passé colonial en face (fin de l'extrait). Usul est discrètement entrain de mettre en avant le modèle multiculurel anglo-saxon : est-ce qu'il l'assume au moins ? Par ailleurs, s'il a raison de pointer les restes de pensée coloniale qui subsitent dans notre présent, sa façon de sous-entendre que le passé colonial n'est pas interrogé est totalement malhonnête : on ne m'a jamais appris la colonisation autrement que de manière négative à l'école (encore heureux), et les rares tentatives voulant aller dans le sens inverse ("le rôle positif de la colonisation") ont provoqué un tollé légitime en leur temps.
- "Porter un bout de tissu sur la tête c'est faire de la provocation" (21'40) : oui, le voile est n'importe quel bout de tissu, il ne veut absolument rien dire, n'a aucun sens, ne signifie rien au reste du monde, et la preuve ce n'est pas douloureux et déchirant du tout, pour les personne le portant, d'être obligées de l'enlever...
En bonus, je ne peux m'empêcher de sourire en voyant l'image de Tariq Ramadan utilisée pour illustrer les "savants" de l'islam (les savants de l'islam doivent être contents, tiens), ou d'assister à l'élégie des Indigènes de la République... Deux figures publiques du débat pour le moins ambiguës qui, au milieu de ce petit clip entendant démonter les automatismes, auraient au moins mérité d'être questionnées.
Quant à la forme vulgaire et démagogique qu'il donne à son réquisitoire (Michael-Moorienne du pauvre, et je suis gentil), elle n'aide pas à prendre sa réflexion au sérieux.
Au final, si comme toujours Usul fait mouche sur la deconstruction médiatique (ici : la mutation de la façon de parler politique à la télévision, ou le cheminement par lequel les éléments de language ou les clichés se mettent en place), il reste très superficiel et gentiment paternaliste sur le reste, ne faisant qu’entériner la caricature d'une certaine gauche dont les réflexes sont toujours plus occupés à décrédibiliser l'adversaire (raciste, idiot, néo-colonisateur qui s'ignore : c'est bien pratique, après ça tous ses propos sont invalidés pour toujours !), qu'à répondre à (ou démonter) ses arguments. Et qui, au final, ne fait en rien avancer le débat nécessaire sur la question, ne trouvant rien mieux que d'inviter son auditeur (je le cite texto) "à se taire et à écouter".
Je suis désolé, mais l'effort de vulgarisation n'excuse pas tout.
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La vidéo cristallise pas mal tous les soucis et la tambouille actuelle d'une certaine sensibilité de gauche un peu perdu (Usul découvre Frantz Fanon en préparant le dossier, en effet le recours à Tariq ramadan et les indigènes...).