Bien bien bien. Fait rare: pas de 6/6 absolu cette année, mais on n’est pas passé loin...
Nombre de films de 2017 vus (selon la date de sortie belge - à défaut; la date française: 110 (dont 79 en salle) - Films européens: 76 (dont 41 français et 10 belges) - Films américains: 25 (moins d'un quart donc!) - Films du reste du monde: 9
5 films se dégagent de manière claire. 5 films qui furent des séances puissantes, des claques, des grands moments de cinéma, 5 films qui m'ont fortement marqué, qui m'ont procuré le plus de plaisir purement cinéphile.
Ces 5 films sont:
1. Faute d'amour (Andreï Zviaguintsev) Impressionné de bout en bout par ce drame glaçant d'une famille sans amour au sein d'une société égoïste. C'est ultra puissant, et Zviaguintsev réaffirme son immense talent de réalisateur, tant dans sa direction d'acteurs (ils sont tous géniaux) que dans sa mise en scène pure, magistrale. C'est une énorme claque, et sans doute son plus grand film à ce jour.
2. A Monster Calls (Juan Antonio Bayona) J'ai versé des larmes quelques fois cette année, mais le sommet de chialance c'était devant ce film qui m'a cueilli comme une fleur, sans prévenir, sans pression. Ce film frôle la perfection dans tout ce qu'il entreprend, que ce soit sur la forme (le conte réalistico-fantastique *hum*) ou sur le fond (l'enfance face au deuil, le passage à l'âge adulte, la guérison par l'art, etc etc etc). La totale cohérence du film engendre le plus naturellement du monde une émotion d'une puissance dévastatrice. C'est vraiment magnifique et totalement bouleversant. Et d'un coup j'ai une immense estime de Bayona (dont je n'avais vu que son très bel Orphelinat). Big up aussi à la BO de Velasquez.
3. La La Land (Damien Chazelle) Je ne vais pas répéter ce que j'ai déjà écrit dessus, mais là aussi, absolue cohérence d'un hommage superbe à un genre, qui équilibre parfaitement nostalgie et modernisme, (vraie) mélancolie et (fausse) légèreté. Une ode aux rêveurs qui m'a beaucoup, beaucoup, beaucoup touché. C'est un régal pour les yeux et les oreilles, et l'alchimie du duo est simplement irrésistible... 4. Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve) Le film le plus miraculeux de l'année. Un miracle que non seulement ce film existe, mais aussi que ce soit une réussite aussi éclatante. C'était pas gagné car je ne suis pas DU TOUT fan de l'original, mais voilà, Villeneuve (et Deakins..) nous offrent une suite ample, somptueuse, passionnante, qui prolonge le mythe, qui approfondit l'original. A mes yeux un très grand film. (et une putain de séance de gros TRIP, c'était vraiment le film de la déconnexion totale) 5. Dunkirk (Christopher Nolan) Vu en IMAX (et le son MAOUSSE qui va avec), ce fut le spectacle le plus incroyable de l'année, le plus époustouflant. Mais au-delà de ça, il y a un film de guerre original et unique, une pure chorégraphie tri-temporelle absolument virtuose (putain de mise en scène, putain de montage) pour une immersion totale au coeur de l'instinct de survie. En clair, un exercice de style avec un coeur qui bat.
Les 15 autres films sont mes quinze 5/6 de l'année (ouf ça tombe bien pour arriver à 20). Ca n'a pas été facile de les classer, mais voilà le résultat: 6. 120 battements par minute (Robin Campillo) Le coeur à 120 bpm devant cette fresque vibrante qui entremêle mouvement collectif et drame intimiste, militantisme et romantisme. Un film vivant, un film nécessaire, un film qui compte. 7. Coco (Lee Unkrich) Pixar rassure en signant son meilleur opus depuis Inside Out et depuis Toy Story 3. C'est un pur festin pour les sens (l'animation, les voix, la musique) et Unkrich enfonce le clou sur l'importance du souvenir (et la peur de l'oubli), qui resserre les liens familiaux. J'en suis sorti absolument enchanté et, bien sûr, la gorge serrée, les yeux humides, le coeur gonflé. Un vrai bijou. 8. American Honey (Andrea Arnold) Je suis fan d'Andrea Arnold (j'adore tous ses films) et son dernier ne m'a pas déçu. Elle filme comme personne une jeunesse dont l'errance est une fuite, une étoile filante en quête d'une vie meilleure... Les comédiens irradient, chaque plan est sublime, la BO déchire et puis, il y a la plus belle scène d'amour de l'année.
9. Carré 35 (Eric Caravaca) Confessions intimes de Caravaca qui enquête sur un lourd secret de (sa propre) famille: voilà une catharsis filmique qui m'a profondément bouleversé. C'est court, c'est "petit", mais c'est d'une richesse (humaine, thématique) énorme, et c'est franchement magnifique.
10. Manchester by the Sea (Kenneth Lonergan) Oui bon, c'est sorti en janvier en Belgique. Je ne pensais pas qu'il finirait aussi haut, mais le film m'est resté collé, j'y pense souvent, et il a parfaitement bien vieilli. Le film est pourtant imparfait (dans sa gestion du récit et de la musique), mais le parcours de cet homme brisé par le deuil m'a totalement bouleversé (grosse chialance pour toutes les scènes où Michelle Williams est impliquée). 11. Home (Fien Troch) Film belge totalement passé inaperçu en France mais qui est pourtant une sacrée claque. Il faut voir comment la jeune réal capte l'authenticité de ces jeunes ados en manque de repères, bloqués face à l'avenir, rétifs à toute forme d'autorité. Sans compter les sujets graves abordés avec courage et sensibilité. La mise en scène, les comédiens non-pros, la musique de Jewel.. Ca déchire. A découvrir, vraiment.
12. Au revoir là-haut (Albert Dupontel) Du cinéma comme on n'en fait plus, d'une générosité et d'une inventivité artistique de chaque instant - et qui n'empêche pas l'émotion. C'est beau, c'est vivant, et le plaisir que prend Dupontel à nous raconter cette histoire est diablement communicatif. Et puis, quelle joie aussi de voir un film français de cette trempe-là. Cette perle a tout d'un classique qui défiera le temps...
13. Silence (Martin Scorsese) Je ne m'y attendais pas. En clair je ne m'attendais à rien, j'avais juste peur de m'emmerder. On frôle d'ailleurs l'ennui dans la deuxième heure (faut bien l'avouer, le film est exigeant et demande d'être totalement "dispo") mais les 40 dernières minutes sont tellement fortes, tellement puissantes... Ces réflexions sur le vécu de la foi et sa confrontation à autre que soi (au silence divin) m'ont passionné. Et puis, visuellement, ça envoie du lourd.. Un grand Scorsese!
14. Été 93 (Carla Simon) Petit film (largement autobiographique) sur une fillette qui vient de perdre ses deux parents et qui, durant un été, apprivoisera et se fera apprivoiser sa nouvelle famille (oncle, tante, cousines), pour sortir du déni, puis accepter son deuil. Un film super sensible, tout en délicatesse, en tendresse, en subtilité... C'est très beau et extrêmement touchant (Mon Dieu ce dernier plan...). Et puis, quand un film parle si bien de l'enfance, moi ça me cueille comme une fleur.
15. La Region Salvaje (Amat Escalante) A la fois drame social, comédie de mœurs et conte SF, voilà un pur OFNI qui explore cette région sauvage et indomptable: le désir. Un putain de trip, fascinant de bout en bout, hyper original, à la fois totalement libre et super maîtrisé.
16. Get Out (Jordan Peele) Une des plus cool suprises de l'année. Séance jubilatoire face à un film improbable mais qui fonctionne du tonnerre. Et mêler discours social et thriller horrifique avec autant d'aisance, je dis respect. C'est très efficace, vachement bien réalisé, et j'ai pris mon pied du début à la fin.
17. Neruda (Pablo Larraín) Vu il y a longtemps (Cannes 2016) mais le film m'est resté. Excellent souvenir d'un film virtuose, poétique et politique, lyrique et symphonique... C'est comme un long poème qui se finit en western. On a eu de superbes biopics atypqies cette année (Jackie du même Larrain ou encore l'enivrant Barbara d'Amalric) mais c'est celui-ci que j'ai préféré. Formidable réussite.
18. Visages Villages (Agnès Varda et JR) Savoureux et chaleureux documentaire où AV & JR traversent des villages, rencontrent des visages, créent des images. La création artistique est vecue comme un voyage, une rencontre. C'est très simple et c'est très beau.
19. Zagros (Sahim Omar Kalifa) Un premier long belge (pas sûr que ça sorte un jour en France) très fort. On s'attend à un banal et énième film sur les difficultés d'adaptation des immigrés (ce qu'il est un peu aussi) mais on se retrouve à vivre un drame puissant qui prend des allures de tragédie grecque avec pour héros un homme rongé par un mal incurable: le doute. 20. War for the Planet of the Apes (Matt Reeves) J'ai kiffé d'autres blockbusters cette année (It, Star Wars: The Last Jedi) mais celui que j'ai préféré c'est bien c'est ce troisième volet qui clôt une trilogie dont chaque épisode surpasse, à mes yeux, le précédent. Réalisme saisissant (ces effets spéciaux, My God..) et inspirations mythologiques font bon ménage pour un spectacle puissant mais aussi très humain.
J’aurais bien voulu les voir (mais on ne peut pas tout voir): - 20th Century Women - A Ghost Story (mais il n'est pas sorti en Belgique, fucking hell) - Certain Women - Lady Macbeth - Logan - Lumière ! L’aventure commence - On Body and Soul - Santa & Cie - Split - The Nile Hilton Incident - Una Mujer Fantastica - Wind River - You Were Never Really Here
_________________ Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"
Dernière édition par Arnotte le 09 Jan 2018, 11:21, édité 1 fois.
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