Nombre de films vus bien trop bas pour en tirer un vrai top (et encore plus pour tirer un bilan de l'état du ciné actuel) : toujours aussi peu matière à se réjouir que les deux années passées. Les films qui suivent ne sont peut-être pas les meilleurs, ce sont simplement ceux qui ont su réveiller un enthousiasme sincère et un vrai plaisir de ciné, malgré leurs imperfections parfois énormes.
1.
A Scandal in Belgravia (Steven Moffat)
"Give him a puzzle and watch him dance"... Je suis le premier à vouloir tracer une ligne nette entre le cinéma et les séries télévisées, convaincu que, malgré leur médium commun, les deux fonctionnent de manière radicalement différente. Le fait qu'on attribue légitimement ce bijou à son scénariste, et non à un réalisateur dont je n'ai pas retenu le nom, en dit déjà long sur ce qui sépare le grand du petit écran (citons-le tout de même, puisqu'il fait sentir sa présence jusqu'à la limite habituellement admise : Paul McGuigan). Mais ce serait malhonnête d'avancer que, dans le monde des images en mouvement, quelque chose ma plus enthousiasmé que ce chagrin d'amour d'1h30, décharge électrique d'images et de personnages qui m'ont accompagné toute l'année. Bravo, donc.
2.
L’Été de Giacomo (Alexandre Comodin)
Déjà cité l'an passé : ce film, bien que fragile, tenant à quelques explosions (le manège volant, putain) disséminées sur le coulant d'une longue stase estivale, n'a absolument pas vieilli. Parce qu'il est simple, sans chichis, plongeant droit dans l'érotisme d'une fin d'adolescence sans en rougir, parce qu'il ne se casse pas les couilles à savoir s'il est docu ou fiction, ce conte amer a pour lui une sorte d'évidence lumineuse. Son premier film était déjà sublime, Comodin ira loin.
3.
Le Marin masqué (Sophie Letourneur)
Le plaisir d'une salle de cinéma hilare. Un des rares films à avoir enfin choppé, par sa liberté de montage sonore, l'essence même de la ballade. Ça pourrait être tellement hipster ou suffisant à chaque seconde que j'ai la trouille d'aller voir le reste de ce qu'elle a fait ; du coup j'ai rien vu d'autre.
4.
Les Enfants Loups, Ame & Yuki (Mamoru Hosoda)
Énormément de défauts, très déséquilibré, mais là aussi le plaisir d'un film un peu primal, qui ne conjecture pas pendant trois heures sa propre forme, et qui en ignorant majestueusement l'absurdité de son pitch parvient à nous plonger profondément dans sa belle histoire de survie. J'attends beaucoup plus d'Hosada, mais il est clair à présent que c'est lui, l'héritier de tout l'anime japonais.
5.
L'Odyssée de Pi (Ang Lee)
Une heure centrale magique, où les yeux s'ouvrent grand comme lorsqu'on était enfant. Ang Lee est un putain de réalisateur mystérieux, on ne saisit jamais sa pensée, l'intelligence équilibrée de son trait cohabitant avec la naïveté d'un univers bariolé et premier degré. J'admire beaucoup ça, même si le film reste hautement imparfait.
Voilà, pour l'instant ce serait ça, suivi de quelques uns très appréciés (
Millenium,
Damsels...). Quelques petites choses encore à rattraper :
Tatsumi, les HHH, le Kore-Eda,
Gebo et l'ombre... J'éditerai si y a changements. J'ai bien conscience que ce bilan est un peu ridicule (des tops de moitiés de films...), mais c'est l'état de mon enthousiasme pour le ciné.
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