Allez, 1er janvier, bilan de l'année. Vous allez me frapper parce que je n'ai que très peu posté mon avis dans les topics respectifs et vous aurez raison.
Pire année de ma cinéphilie, et de loin, du moins en salles. Ces salles fermées plus de 6 mois sur l'année, ça m'a un peu traumatisé.
Tenez-vous bien: si ne je compte que les films sortis en 2020, je n'en ai vu que 16 en salles (!!!) et seulement... 4 (QUATRE) en dehors du cadre professionnel. (en gros, les 12 autres c'étaient des visions privées ou de presse).
Je n'ai vu que 42 films sortis en 2020 (en Belgique), je dois remonter à mon adolescence (milieu des années 90) pour retrouver un nombre aussi peu élevé. J'ai vu plus de films (44) qui doivent encore sortir en 2021... (je pourrais déjà faire un top 10)
Mais revenons à 2020. Pas une grande année pour moi. Pas de 6/6. Une grosse poignée de films vont vraiment me rester, ce qui est toujours ça, mais c'est une année faible. Si je compte tous les films dont je mets minimum 4.5/6, je ne compte que... 12. Plein de films que je suis seul (ou presque) à aimer ici.
J'en ai raté quelques uns que je voulais vraiment voir (
For Sama, Little Women, The Invisible Man, Monos, Öndög, Mank, Balle perdue...) mais c'est chaque année pareil.
1. Soul de Pete Docter (USA)
Tristesse de ne pas l'avoir vu en salles (j'ai payé Disney+ RIEN QUE pour le voir), mais j'ai vraiment adoré et c'est clairement le film le plus admirable que j'ai pu voir cette année. Esthétiquement, thématiquement, à tout point de vue en fait, je me suis régalé. Et même si c'est moins bouleversant qu'Inside Out, même s'il ne fait pas partie de mes préférés de Pixar, j'ai trouvé ça magnifique. J'y reviendrai dans le topic.
2. 1917 de Sam Mendes (GBR/USA)
Ma séance la plus mémorable de l'année. Inoubliable en fait. J'ai adoré le film (dont j'approuve totalement le "projet"), et puis voir cette prouesse technique sur un écran big maousse, ça m'a décroché la mâchoire. Quel pied j'ai pris!
3. La Communion (Corpus Christi) de Jan Komasa (POL)
Très étonné que ce film soit passé quasi inaperçu (et peu aimé) par ici. C'est pour moi une sacrée claque. Une espèce de conte rural, d'une richesse dingue, qui explore de passionnantes réflexions sur la foi et sa pratique (sujet que j'affectionne). C'est très solidement mis en scène et l'acteur principal est juste démentiel.
4. Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary de Rémi Chayé (FRA)
Je ne compte plus les qualités (esthétiques, narratives, thématiques, musicales..) de ce formidable film d'animation qui raconte la naissance imaginaire d'une légende, pour nous embarquer dans un réjouissant récit d'émancipation féminine. Souffle, émotion, magnifique animation: Rémi Chayé confirme (après les déjà très beau
Tout en haut du monde) qu'il fait partie des grands noms de l'animation européenne.
5. Un fils de Mehdi M. Barsaoui (TUN)
La densité du scénario (une course contre la montre imprévisible et formidablement bien construit), la richesse thématique, la manière de dépeindre la société en toile de fond: j'ai souvent pensé à Farhadi dans ce drame/thriller à la fois haletant et bouleversant, tendu de bout en bout, interprété (e.a.) par un Sami Bouajila césarisable. C'est vraiment fort.
6. Hope de Maria Sødahl (NOR)
Bon ça ne vous dira rien car il n'est pas encore sorti en France. L'histoire une jeune quinqua qui apprend qu'elle a un cancer du cerveau stade 4 et qui n'a plus que quelque mois à vivre. Reste l'espoir d'une lourde opération.. Un espoir très faible, mais un espoir quand même. Le carton au début du film le dit:
"Ceci est mon histoire telle que je m'en souviens." Pas de suspense morbide donc (on sait d'emblée qu'elle s'en sortira), de quoi s'attarder sur le coeur du film: la famille, ou comment l'épreuve de la maladie affecte tous ses membres, à commencer par le conjoint (Stellan Skarsgard dans un grand rôle). Avec justesse et vérité, sans sentimentalisme et sans tabou, Hope ausculte tout cela de manière brute, à la norvégienne.
Si le film est bouleversant, c'est d'une manière inattendue.
7. A Hidden Life de Terrence Malick (USA)
Oui je sais, mais chez nous c'était sortie en février. Putain heureusement que je l'ai vu en salles celui-là. Quel plaisir de voir Malick revenir à un cinéma plus traditionnel, plus narratif. Ca ne l'empêche pas de réaffirmer son style, en s'octroyant quelques longueurs et en abusant de ce grand angle qui déforme les corps, mais WTF! Qu'importe: j'ai totalement été emporté par cette sublime méditation sur la foi et dans la peau de Jägerstätter (figure christique fascinante), August Diehl est formidable. Et la BO est une tuerie, comme d'hab chez les grands films de Malick.
8. Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal (FRA)
Laure Calamy, un âne, Benjamin Lavernhe, les Cévennes. Il ne m'en faut pas plus pour marcher et craquer pour cette irrésistible comédie en bottines. C'est drôle, c'est attachant, c'est touchant, et c'est moins léger que ça n'y paraît. Méga coup de coeur. Mais comme je suis amoureux de Calamy (et là c'est le festival), mon avis a sans douté été influencé...
9. Rocks de Sarah Gavron (GBR)
Là encore un film que personne n'a vu. C'est un mix entre
Nobody Knows,
Bande de Filles et Loach. Ca n'a rien de novateur, mais le film se distingue en évitant subtilement tout misérabilisme, au profit d'un naturalisme juste, pudique et chaleureux. Ca fonctionne super bien et les jeunes actrices déchirent. Une vraie découverte.
10. La Llorona de Jayro Bustamante (GTM)
J'aime beaucoup ce que fait Bustamante et là il clôt sa trilogie de La Haine. Il y a va cette fois pour un superbe réalisme magique pour une belle relecture du mythe, où La Llorona prend rendez-vous avec les fantômes de l’Histoire. C'est admirablement réalisé et très intéressant comme le réal arrive à mêler visite d'un genre et discours politique.
11. Un vrai bonhomme de Benjamin Parent (FRA)
Il a encore augmenté dans mon estime quand je l'ai revu une deuxième fois. Dans un genre cent fois vu, Parent trouve sa singularité, soigne son sujet avec cœur et intelligence. C'est habile, touchant, attachant, les deux jeunes sont très bons.. Nan vraiment, c'est une vraie belle réussite.
12. Calm with Horses de Nick Rowland (IRL)
Film sorti direct en VOD en Belgique, encore inédit en France. Je ne m'attendais à rien, et je me suis pris une petite claque. Rien de novateur encore une fois, certains diront que c'est du déjà vu (et c'est le cas), mais c'est vraiment bien foutu, toujours intéressant dans ses interrogations sur notre rapport (quasi viscéral) à la violence, vachement bien réalisé pour un premier long, et l'acteur principal est fantastique. Bref, découvrir de nouveau talents, c'est toujours un plaisir.
Et c'est tout!
Bonne année à tous!