Forum de FilmDeCulte

Voici un film que j'avais raté à sa sortie et que j'avais réellement envie de rattraper avant la fin de l'année.
A vrai dire, je ne regrette pas de l'avoir fait, mon top étant jusqu'à maintenant franchement déséquilibré, avec cette avalanche de bons films ... Voici enfin un film consternant, un vrai, pour rééquilibrer la balance. Je partais plutôt confiant, au vu de vos critiques, et j'ai été à l'arrivée décontenancé par la vulgarité et la bétise du film. Céline Sciamma ne fait pas du cinéma ; elle fait du cinéma subtil. Tellement subtil que ça en devient voyant. Elle produit du cinéma sursignifiant à partir de scènes vides de sens. A partir de regards (forcément vides) qui en disent long. D'une caméra qui parfois épouse les contours des jeunes corps pré-pubères, et qui parfois sait aussi se poser et prendre de la distance pour montrer une petite fille seule, là-bas, avec la porte qui claque, pas loin. Lorsqu'on s'énerve, dans "Tomboy", on court, forcément. Lorsqu'on s'observe et qu'on se séduit, on joue au béret, forcément. Lorsqu'on affiche sa virilité, on joue au foot, forcément. Lorsque les enfants mangent des pâtes et que les parents discutent de choses d'adultes en arrière-plan, on filme les enfants mais on laisse entendre la discussion des parents, pour mettre en lumière l'innocence et rester "à hauteur d'enfants". Pour rester subtil, juste, tendre, à fleur de peau, ambigü, équivoque, sensible.

"X-Men : First Class", pour citer un vrai grand film de 2011, a en lui bien plus de justesse, d'humanité et de vérité

Parler de vulgarité pour Tomboy, on aura tout lu. Non franchement je comprends qu'on puisse ne pas accrocher mais le film est tout sauf vulgaire et sa douceur est tout sauf calculée.

Ca, c'est un peu le propre des bons films en même temps...

Petite question aux mélomen : la chanson que l'on entend dans le film (et dans la BA) n'est-elle pas un remix d'une vieille chanson des années 80 ?

Yep, mais c'était pour rappeler qu'un blockbuster construit sur des archétypes très anciens pouvait plus toucher à une certaine vérité dans les rapports humains qu'un film naturaliste. Mais c'est trèèèès loin d'être nouveau oui.

Chacun son point de vue hein.

Devoir rappeler ce genre de chose en 2011, ça me déprime.

Non mais bien sûr mais c'est juste qu'attaquer Sciamma précisement sur ces points là me paraît hors de propos. De la vulgarité et du manque de sincérité dans le cinéma d'auteur français tu en trouveras à la pelle (le Garrel qui sort demain à l'air bien gratiné) mais pas dans Tomboy (mais oui ce n'est que mon opinion).

Jouer au foot oui c'est plutôt masculin dans la réalité d'aujourd'hui, ce n'est pas un cliché. Montrer cela ne révolutionne rien, n'est pas subtil, mais n'est pas faux non plus.

Et j'étais ravi de retrouver Mathieu Demy.

C'est le meilleur truc du film, je trouve, au final. Personnage tout simple, bien géré, qui dédramatise la situation, avec de belles scènes... Mériterait un petit césar.

C'est juste 1000 fois moins bien que dans L'effrontée.

Tomboy, c'est "Nous sommes tous des homosexuels."

C'est pas plutôt "métier," le mot que tu cherchais ?

Je n'y ai vu aucun message explicite, à vrai dire. Si ce n'est donc dans la différence de réaction des parents, entre la douceur et la compréhension du père, et la mère complètement honteuse.

Moi non plus. C'est pour cette raison que je trouve que le film est fourbe.