
il y a du woody allen, ces marivaudages chez les 1% new-yorkais où les tourments du coeur révèlent les tourments des âmes.
il y a une sundancerie des 90s, avec ce culte des dialogues, ce regard acéré d’une artiste new-yorkaise sur ses contemporains, ces stars qui viennent jouer des vrais rôles entre 2 conneries plus lucratives.
il y a du meg ryan de la grande époque là-dedans - dans l’absolu ce pitch sur une matchmakeuse qui hésite entre un client qui coche toutes les cases, mr parfait pour toutes les femmes du monde - et son ex petit copain qui vaut que dalle sur le marché, ça aurait pu être avec meg ryan, jennifer lopez et qui sais-je encore. le ton aurait été différent mais en vrai le séquencier aurait été à 80% identique.
donc potentiellement pas mal de trucs pour me plaire ?
nan.
tout est ton et contexte. et elle a fait un truc hyper contemporain : l’adaptation des articles qui ont fleuri ces derniers mois sur l’épouvantable dating game new-yorkais - le squid game de l’ "amour" et du sexe où tout le monde a sa valeur sur le marché et cherche le meilleur parti, sans pitié sans états d’âme et en mode warrior. bref, le dating game en version stéroïdée, à l’américaine quoi. et déjà en lisant ce genre d’article j’étais un peu mal à l’aise. en quoi les malheurs sentimentaux des 1% new-yorkais nous concernent-ils ? ce sont des articles safaris - "regardez ces gens là comment ils vivent" à lire avec avec un frisson d’effroi qui nous rassure sur nous mêmes ? mais ce sont des américains, on les regarde avec fascination et répulsion, on est fondamentalement destinés à les imiter d’une manière ou d’une autre, du coup en vrai c’est censé inspirer les 1% parisiens à faire de mêmes ?
bref, mal à l’aise et surtout : rien à branler.
ça s’est de fait incarné pendant le film. rien à branler de tous ces gens. la meuf n’est pas particulièrement antipathique en soi mais enfin qu’elle couche avec l’un ou avec l’autre vraiment, dans les mots éternels de jacques-henri jacquard : mais qu’est-ce que ça peut bien nous foutre ?!
le positionnement du film m’a lui-même mis mal à l’aise. je ne doute pas que celine regarde tout ça avec effroi et en discutera dans ses propres soirées new yorkaise, une coupe de champagne à la main, pour dire « oh my god i’ts so crazy ». mais moi le délire de se tenir la main pour nous rassurer sur le fait qu’on est vraiment formidables de penser ce qu’on pense et que les gens qui ne pensent pas pareil sont vraiment épouvantables - c’est pas mon truc. donc vraiment les 45 premières minutes j’avais beaucoup de mal. et quand vient le questionnement « moral », j’étais aussi mal à l’aise parce que les gens qui sont dans ce game n’ont pas besoin que celine vienne leur faire la morale sur la manière de vivre leur vie. et la pirouette finale m’a mis franchement mal à l’aise, j’avais du mal à croire que ce soit vraiment la fin qu’elle voulait mais c’était quand même éloquent sur l’impasse de ce film mega new-yorkais qui veut donner des leçons aux new-yorkais - mais pas trop.
le traitement de « la violence sexuelle » était aussi intéressant. vraiment au sommet absolu de la hiérarchie de horreurs que peut subir une personne. rien au dessus. même pas besoin de préciser de quoi il s’agit. la simple évocation du terme est, en soi, suffisante. et c’était intéressant parce que dans l’article que j’avais lu ils disaient que désormais ils allaient bel et bien jusqu’à signer un consent form sexuel avant le date - ça faisait partie de la galerie des horreurs. pas de mention de ça ici, juste la mention d’un incident de nature sexuel qui fait donc basculer le destin de tout le monde. un regard « critique » mais les deux pieds fermement dans le game quand même.
et le tout, donc, avec un scénario qui sous ses petits airs est fondamentalement celui d’une romcom tout à fait classique sauf que du coup c’est pas feel good, c’est pas charmant, on tombe amoureux de personne, qu’ils crèvent tous.
les acteurs sont quand même sympas, ça rend triste pour cette génération sacrifiée parce que c’est des movies stars correctes qui n’ont évidemment pas eu l’occasion d’avoir les vraies carrières de movie stars auxquels ils auraient pu prétendre.
affreux.