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MessagePosté: 03 Juil 2008, 08:01 
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Jericho Cane a écrit:
Oui, et "Le Fils" est même un film d'action.


D'ailleurs, ça a donné quoi le procès des Dardennes à Paul Greengrass pour plagiat?

Parce que le vrai Bourne, c'est "Oliveur Gourmette"

:wink:


:arrow:


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MessagePosté: 03 Juil 2008, 08:10 
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MessagePosté: 03 Juil 2008, 08:33 
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Encore un film que j'attend ardemment. Les Dardenne comptent parmi les réalisateurs européens les plus importants de notre époque, pour moi : pour l'instant, trois grands films au compteur.

Je suis tout à fait d'accord avec ce qui a été dit sur l'urgence viscérale de leur cinéma et les accents extrêmement physiques qu'il revêt. La scène de la rivière dans L'enfant, par exemple, est aussi haletante que les plus grands thrillers.


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MessagePosté: 03 Juil 2008, 08:40 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Stark tu parles comme Paris Match mais je vois qu'on est souvent sur la même longueur d'onde! :)

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 03 Juil 2008, 09:22 
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Arnotte a écrit:
Stark tu parles comme Paris Match mais je vois qu'on est souvent sur la même longueur d'onde! :)


:lol:

Je ne suis pas sûr de ce que tu entends par "parler comme Paris Match", mais si tu te réfères à ma prose lourde et enflée, je confirme : j'en suis tout à fait conscient. J'essaye toujours de m'améliorer, mais j'ai du mal.


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MessagePosté: 03 Juil 2008, 18:43 
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Jericho Cane a écrit:
the black addiction a écrit:
Dans L'Enfant (leur meilleur film à mes yeux) il y a même un rapport au western assez fascinant si je me souviens bien.

Oui, et "Le Fils" est même un film d'action.


giga-lol jean-Inrocks.

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L'ennui est le mal suprême, le péché originel, l'avant-goût du néant déja sur les lèvres et dans les tripes.


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MessagePosté: 18 Juil 2008, 21:20 
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On reste assez loin de la révolution annoncée, même si toutes les figures masculines Dardeniennes ont été convoquées pour l'occasion, avec Gourmet et Rottiers dans des rôles secondaires en plus de Jérémie Rénier qui décidément ne joue jamais aussi bien qu'à la maison.

Si la première heure impressionne par son implacable noirceur sordide, tout ce qui se passe après l'ellipse fait pâle figure après la baffe Mungiu l'année dernière et on retombe dans un banal film d'atermoiements divers et de fuites incontrôlées vers l'inconnu qui ne dépareillent pas avec ses aînés. C'est moins fort, plus systématique aussi.

3/6


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MessagePosté: 29 Aoû 2008, 11:12 
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Cinquième chapitre de l’admirable investigation sociale et humaine opérée depuis une douzaine d’années par les frères Dardenne.

J’ai toujours été très sensible à leur regard altruiste et généreux, à la rigueur de leur démarche et à la justesse avec laquelle ils parviennent à intégrer les parcours de leurs personnages dans un cadre d’une grande précision documentaire. Le silence de Lorna ne déroge pas à la règle. J’ai trouvé le film très fort : sans opérer de révolution dans leur filmo, il ouvre de nouvelles perspectives, apporte une certaine ambigüité dans le tracé rédempteur qui a toujours sous-entendu leur cinéma. A cet égard, le dernier quart d’heure, peut-être moins prenant que le reste, exploite un registre psychiatrique que la fratrie n’avait jusqu’à présent jamais exploré. Pour le reste, c'est une heure et demie de suspense bien tendu qui démontre qu'avec un dispositif minimaliste, une dramatisation implacable et l'élément moral qui vient perturber l'odieuse machinerie, les Dardenne parviennent à scotcher sans relâcher la pression une minute.

On y retrouve cette foi des auteurs en la bonté du genre humain, celle-là même qui faisait toute la beauté de leurs précédents opus, mais elle s’épanche au prix fort – je n’en dis pas plus, pour ne pas spoiler. L’ébéniste du Fils apprenait à pardonner, le père indigne de L’enfant à assumer son rôle ; ici, Lorna, aussi froide et déterminée que la machination dont elle constitue l’un des maillons, voit sa carapace se fêler, sa morale et ses sentiments parasiter le plan qu’elle entendait bien mener à son terme.

Comme d’habitude avec les Dardenne, c’est l’accumulation de détails apparemment anodins mais profondément émouvants qui donnent au projet toute sa cohérence et emportent ma totale adhésion. Le jeu de cartes que Lorna apporte à l’hopital alors que Claudy ne le lui avait même pas demandé. Le rire joyeux qui la prend soudain lorsqu’elle court derrière lui tandis qu’il s’éloigne en mobylette. Scène superbe encore, lorsque, aussi fébrile que lui, elle se donne à Claudy pour lui éviter de replonger dans la dope. Il se déploie ici une humanité qui me touche énormément.

La réussite, totale sur tous les plans, est évidemment imputable en grande partie à la sobriété et à la sûreté des interprètes. Butée et inflexible, progressivement guidée par des sentiments qu’elle voudrait pourtant refouler, la formidable Arta Dobroshi est, après Emilie Dequenne et Deborah François, la nouvelle révélation dardenienne. Jérémie Rénier déploie une fragilité poignante dans sa quête d’affection, toxico usé qui cherche désespérément à décrocher. Fabrizio Rongione a le charisme et la dureté inquiétante du petit malfrat cachant le sordide de ses affaires sous une prévenance doucereuse – comme d’hab, il faudrait à cet égard saluer la justesse avec laquelle les Dardenne retranscrivent le milieu et les magouilles du commerce humain, petite mafia locale, mariages trafiqués, accointance entre immigrés sincères et exilés russes pas orthodoxes… On retrouve avec plaisir, le temps de quelques scènes, Olivier Gourmet et Morgan Marinne, le jeune du Fils.

Prix du scénario à Cannes, le film avait sans doute la carrure d’une troisième Palme d’Or. Pour dire à quel point l’importance des frères Dardenne aujourd’hui me paraît indiscutable.


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MessagePosté: 29 Aoû 2008, 11:14 
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Stark a écrit:

Prix du scénario à Cannes, le film avait sans doute la carrure d’une troisième Palme d’Or. Pour dire à quel point l’importance des frères Dardenne aujourd’hui me paraît indiscutable.


Hum, je crois qu'elle l'est au contraire. On en discutera quand j'aurai vu le film. :wink:

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MessagePosté: 29 Aoû 2008, 11:15 
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Claque bouleversante et fin sublimissime. Mon film de l'année pour l'instant.
5.5/6

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 29 Aoû 2008, 11:21 
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the black addiction a écrit:
Hum, je crois qu'elle l'est au contraire. On en discutera quand j'aurai vu le film. :wink:


:wink:
Oui, c'est une mauvaise formulation, pardon. Et pourtant Dieu sait que je tique quand je lis ça chez d'autres...
Je voulais dire bien sûr qu'ils confirment ce que JE pense d'eux : ils font partie des cinéastes incontournables dans ce que j'aime aujourd'hui.

Ne pars pas avec la volonté de casser le film au retour, quand même...


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MessagePosté: 29 Aoû 2008, 12:03 
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Stark a écrit:

Ne pars pas avec la volonté de casser le film au retour, quand même...


Ah non certainement pas, j'avais pensé le plus grand bien de "L'enfant", sans problèmes. J'avais pris beaucoup de plaisir, mais je réagissais sur le "indiscutable" car je ne trouve pas que ce soit réellement des cinéastes importants. Mais tu parlais pour toi, je comprends bien.

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MessagePosté: 01 Sep 2008, 15:29 
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En fait je suis assez d'accord avec ce que dit Duck au début du topic, sans aller jusqu'à dire que les frères sont des arnaqueurs. Ce thriller naturaliste peut plaire, c'est logique, mais ça ne fonctionne pas sur moi, et c'est souvent ce qui se passe quand chaque élément est là pour provoquer l'empathie, je décroche et ça devient très lourd à mes yeux.
Pourtant je trouve Renier énorme et elle simplement sublime et grandiose... pourtant, tout tombe à plat en ce qui me concerne. Les acteurs ne font pas tout. Contrairement à ce que jericho dit je ne trouve pas le film profond, il faudrait qu'il m'explique. Enfin bref, je vais pas m'acharner, le film ne le mérite pas, mais c'est une déception après L'Enfant, que j'avais bien aimé.

2/6

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MessagePosté: 02 Sep 2008, 13:24 
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Bon ça m’énerve d’avoir été lapidaire sur ce film qui ne le mérite pas. J’ai bien envie de préciser certains trucs en essayant d’expliquer ce que je n’ai pas aimé. Le 2/6 est une note de déception, je ne pense que le film la mérite. Mon ressenti se situe là néanmoins.

En fait je crois que mon problème c’est que j’adore certaines idées, mais que le traitement me laisse froid. J’adore tout ce qui tourne du presque mutisme du personnage. C’est cohérent et quand on sort on se dit que le titre du film est extrêmement bien pensé. Ce mutisme qui l’empêche de s’exprimer et qui la contraindra à se servir de son corps pour faire bouger les choses. Ce corps symptôme est magnifique dans l’idée. La scène où elle se frappe contre le mur est forte. Mais pourquoi ? Car elle se frappe contre le mur, ça suffit peut être à certain mais pas à moi. Quand l’objet exposé se contente de lui-même je décroche. Les frères ont toujours été des grands adeptes du non-dit, ils radicalisent ça avec ce film. Le problème c’est que ça devient trop systématique à mon goût, on sent tout arriver et le traitement ne nous apprend rien de plus d’une séquence à une autre.
L’ellipse ne m’a même pas surprise, la fin non plus. Comme le dit Stark, à la fin ils sortent un peu d’eux même, de leur style habituel pour tomber dans ce psychologisme. Mais on le sent arriver, elle perd tout contrôle et son entourage se détériore au fur et à mesure que le film avance. La faire rester seule avec son trauma peut sembler une fin logique… seulement on voit quoi ? Une femme dans une baraque, c’est tout. Je n’arrive pas à me sentir impliqué outre mesure, et j’aurai tendance à trouver cette fin ratée, mais je n’aime pas ce terme. Si quelqu’un qui a aimé le film veut bien m’expliquer ce qu’il y a vu de tant beau, je lui en serais reconnaissant, sérieusement. L’idée est peut être de tenter de renouveler, de ne pas traiter la folie par le rapprochement mais en demeurant à distance… dans ce cas je dirai qu’il manque du temps à ce final.

En ce qui concerne le style, le naturalisme est toujours aussi bien géré, bien pensé, il ne s’arrête pas à une texture réaliste. C’est un peu plus que cela, mais ça me fait constater des séquences qui me font sortir du film, des séquences où on la voit monter ses escaliers alors qu’un plan directement dans l’appartement suffit amplement. Tout ça fait bien sur parti du style désiré, mais je n’en vois pas l’utilité… dans l’enfant ce genre de scène n’étaient pas déconnectées du récit. Il y avait un agencement perpétuel qui rendait le tout détonnant malgré le naturalisme.

Frodon qui affirme dans les cahiers que les frères en appellent à Bresson pour détourner Bresson me fait doucement rigoler. Il affirme la présence d’un même thème, la circulation de l’argent et ses effets néfastes qui rappellent « l’Argent » du maître Bresson. Je veux bien, mais là encore c’est se contenter de l’exposition d’un objet et oublier le traitement. Dans le film de Bresson il y a une mécanique qui déréalise tout et offre un pouvoir dérangeant à l’argent, mais ça s’incarne formellement. L’aspect réaliste du départ sera altéré. Bref, cette comparaison ne tient pas en ce qui me concerne, et pour le coup c’est plus à Frodon que je m’en prends.

Enfin bref, j’explique le 2/6 du fait que j’entrevois des idées que je trouve saisissante mais dont le traitement se stoppe à une simple exposition. Un film frustrant pour moi en fait.

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MessagePosté: 02 Sep 2008, 14:01 
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:?

Le truc c'est que je sais pas trop quoi te répondre là-dessus. Comme souvent, la différence de ressenti est tellement radicale que je risque de ne pas aller plus loin que l'exposé contradictoire, un peu stérile, de ce que j'ai éprouvé, moi.

Et j'ai un peu de mal à comprendre ce que tu veux dire, en fait.
Mais pourquoi ? Car elle se frappe contre le mur, ça suffit peut être à certain mais pas à moi. Quand l’objet exposé se contente de lui-même je décroche. : ça par exemple, je capte pas.
J'ai une réception beaucoup plus primaire du film, je pense. Comme tu le dis, les frères Dardenne pratiquent un cinéma débarassé de tout scorie, de la moindre fioriture. Et ce n'est qu'au prix de cette exigeance absolue (qui pour moi n'est absolument pas synonyme de sécheresse tant le film m'a scotché) qu'ils atteignent la sphère de l'intime, de l'humain dans ce qu'il a de plus poignant. En l'occurence, cette scène est forte oui, parce qu'elle est filmée de façon brute, et parce que je n'y décèle aucun calcul de la part des Dardenne. Face à leurs films, j'ai l'impression rare d'un cinéma qui dépasse complètement le domaine de la "représentation" : je pense souvent à Cassavetes, par exemple, même s'ils diffèrent sur bien des points. Je ne vois pas souvent une telle relation symbiotique entre le sujet et son expression à l'écran.

Citation:
L’ellipse ne m’a même pas surprise.


Je ne sais pas si elle m'a "surpris", mais elle m'a mis une claque. C'est tellement juste, la façon dont c'est amené, dont l'événement est retranscrit : une chemise que Lorna achète, et tout est dit.

Citation:
Une femme dans une baraque, c’est tout. Je n’arrive pas à me sentir impliqué outre mesure, et j’aurai tendance à trouver cette fin ratée, mais je n’aime pas ce terme. Si quelqu’un qui a aimé le film veut bien m’expliquer ce qu’il y a vu de tant beau, je lui en serais reconnaissant, sérieusement.


Eh oui, c'est tout, et c'est ça qui me plaît, tout en ayant conscience qu'en faisant ainsi, les Dardenne passent à un braquet plus petit, concluent le film sur une note délibérément minimaliste, anti-flamboyante, anti-spectaculaire au possible. C'est cette humilité qui me séduit, quand bien même je trouve cette fin un peu moins forte que le reste (je le disais dans mon commentaire).

Citation:
C’est un peu plus que cela, mais ça me fait constater des séquences qui me font sortir du film, des séquences où on la voit monter ses escaliers alors qu’un plan directement dans l’appartement suffit amplement.


C'est le genre de commentaire qui me passe complètement par-dessus tant le film s'est déroulé à vitesse grand V pour moi. Pas une seconde de relâchement. Je n'ai même pas envie de défendre la maîtrise irrécusable, les choix rigoureux de mise en scène des Dardenne (qualités qui me semblent évidentes), car ça impliquerait que je l'ai "vue". Or ce n'est pas le cas, j'étais trop dans la fiction pour en analyser la mise en forme : c'est une signe de réussite absolue.

Je ne rebondis pas sur la comparaison avec Bresson tant je suis réfractaire à son cinéma, et parce que je ne me souviens pratiquement pas de L'argent si ce n'est de l'ennui qu'il a généré chez moi.


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