A mi-chemin entre fiction et documentaire, un parcours musical entre plusieurs individus, de Bach lui-même à un chauffeur routier, en passant par Mendelsohn ou encore une violoncelliste contemporaine.
J'ai loupé les 10 premières minutes et eu donc droit à une place au premier rang au Reflet Médicis. Bref, cassage de séance qui, il me semble, ne perturbe pas mon jugement. Parce que ce film, contrairement aux critiques dithyrambiques de Positif et des Cahiers, est plutôt pas bon.
On passe donc de plusieurs vies, plusieurs moments qui gravitent autour de la musique de Bach (on a aussi droit à un peu de Mendelsohn). Pas vraiment d'articulations narratives (quelques personnages se croisent, vite fait), mais plutôt une volonté d'articulation rythmique et d'agencement poétique qui donnent l'impression, par une caméra constamment en travelling souple, de vouloir brasser par l'image la pureté de la musique de Bach.
Le résultat est clair : c'est mou et pas très beau. On a bien droit à Bach qui nous joue en direct de l'orgue ou à une partition qui défile à l'écran et que l'on entend au son (bravo d'ailleurs les notes qui s'affichent à l'extrémité du bord cadre quand elles sont jouées...), mais c'est uniquement la force de la musique qui nous entraîne, point la mise en scène, souvent peu inventive et, donc, assez moche.
La photo est assez froide lors des temps "morts" (comme un type qui prépare un toast ou un autre qui se lave les mains), plus chaude du temps de Bach et Mendelsohn et lors des passages musicaux. Quelques volontés d'explosion comme par exemple un concerto de violoncelles dans le métro, caméra brassant en un large travelling arrière une trentaine de musiciens. Bon, ça a un peu de gueule mais ça n'a ni objectif ni force dans l'ensemble. Il y a donc bien une nana à poil qui prend sa douche ou un camionneur qui joue du Bach avec son harmonica (remarquable, par ailleurs), mais ça ne veut rien dire et n'a aucune expression.
Bref, s'il n'y avait pas la musique de Bach, on se demanderait vraiment ce qu'on fiche dans une salle obscure à regarder des vieux moches boire un chocolat chaud ou une reconstitution minutieuse d'un quart d'heure, mal jouée, d'un marché du début du XIXe siècle.
Et puis il y a des choses risibles comme une caméra subjective incarnant un disciple de Goldberg devant Bach, ce dernier nous faisant un speech pas du tout écrit et récité par un acteur du conservatoire allemand qui a enfin l'opportunité d'exprimer ses talents de comédiens dans la peau d'un immense personnage. Tous les acteurs sont mauvais, toutes les idées sont soit mal interprétées, soit sans intérêt cinématographiquement (le vieux au chocolat chaud qui nous fait un exposé sur le lieu où habitait Bach et qu'en vrai on voudrait même pas payer un euro pour se payer un truc aussi plombant).
Bref, je sauve l'ambition et quelques moments musicaux (forcément) et je ne peux m'empêcher de citer ce merveilleux moment partagé avec les old men de la salle : un piano qui s'éclate dans l'eau au ralenti (plan dans la b-a). Là, y'a un type qui fait : "Oh la vache...oh la vache..."
2/6