Forum de FilmDeCulte

J'ai trouvé ça très fort. Comme dans le Fils (leur seul autre film que j'ai vu), et c'est une qualité rare à mon sens, les frères Dardenne ne surlignent pas ce qui est montré à l'écran par des dialogues, une musique, des symboles lourds de sens, ou des plans significatifs pour s'assurer à chaque instant que tous les spectateurs ont bien compris pourquoi ils filment telle ou telle scène. Ils nous laissent vivre ce qui se passe avec notre sensibilité propre, chacun donnant son interprétation.

Les acteurs sont incroyablement justes. Jérémie Reigner EST Bruno, je n'imagine pas meilleur choix que lui pour incarner ce personnage.

L'émotion qui se dégage du film va crescendo. J'ai l'impression d'avoir rarement vu de fictions aussi humainement réalistes. C'est proche du documentaire alors que ça reste pourtant fondamentalement du vrai Cinéma avec tout le travail visuel et narratif qu'il exige.

Présents à l'issue de la projection, ils ont réexpliqué leur façon de tourner, la liberté assez importante qu'ils laissent aux acteurs dans une scène, par rapport aux dialogues ou aux déplacements dans le cadre par exemple, le soin apporté au casting ("c'est 80% de l'interprétation finale"), leur façon de créer le suspense en collant toujours au plus près des personnages et en nous invitant à découvrir les choses en même temps qu'eux. Pour l'inculte que je suis c'était très intéressant.

A noter qu'ils sont sympathiques dans leur modestie discrète, et qu'ils se prêtent assez poliment au jeu des questions-réponses, même les plus prétentieuses venant de personnes pas du tout intimidées de donner devant tout le monde des conseils à ces 2 pointures...

Mh je n'ai pas vu le film mais je garde toujours une réserve sur les frères Dardennes mais je me reviens m'expliquer des que j'ai vu le film (ce qui peut etre dans longtemp).

C’est absolument épatant. Les deux acteurs principaux ainsi que la plupart des second rôles (mention pour le gamin trainant avec Rénier) sont tous confondant de naturels et arrivent par des non-dits et un jeu intense à faire passer tout un tas de sentiment avec un grand sens de l’économie. Dans ce sens, le scénario évite de tomber dans tous les travers auquel le sujet pouvait se prêter et les Dardennes choisissent avec beaucoup de courage de se reposer avant tout sur ce que ressentent et vivent leur personnages, sans artifices lacrymaux, sensibleries ou autres misérabilisme. Et ça marche ! J’étais dedans dès les premières minutes, souriant aux enfantillages du couple, touché par leur amour et par la suite, m’interrogeant sur les sentiments de Bruno et m'émouvant à la déchirante scène finale. Une pudeur et une sincérité remarquable qui place déjà le film très haut. L’histoire en elle-même est d’une parfaite cohérence et intègre des thèmes très forts sans pour autant les sursignifier à tout bouts de champs. Les événements et détails s’accumulent de manière apparemment simple et structurent un récit totalement libre, simplement guidé par le parcours de Bruno, personnage pas encore tout à fait sorti de l’enfance de par son insouciance et qui va malheureusement payer. Plutôt que de discourir sur un terrain social et politique, les cinéastes explorent celui de la marginalité pour brillamment atteindre une universalité dans leur propos.
Formellement le suivi à la trace des acteurs gagnent en maturité et n’apparaît plus comme un tic. Ils entretiennent par ailleurs une certaine rigueur vis-à-vis de la topographie de leurs décors et du hors champs en signant de très belles séquences (par exemple l’incroyable scène du dernier vol).
Mais c’est avant tout un film qui remue les tripes, qui se ressent plus qu’il ne s’explique.

Eh bien nous sommes globalement très d'accord... Une vraie claque.

ce cinéma-là est tellement beau et devient beaucoup trop rare...

La critique FDC est très sévère pour un film de cette ampleur et de cette importance...

Enfin... je parle d'un coup de coeur personnel hein. (Actuellement dans mon top 5...)

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Cela dit la rédac s'est divisée dans le sang et la sueur, moi j'ai beaucoup aimé.

voilà

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Doll, it's a heartbreaking affair

Mon avis était un peu mitigé à Cannes à cause d'une grosse fatigue pendant la séance (qui était la 2ème du matin après une nuit trop courte)... Mais rien qu'en repensant à des morceaux magnifiques, j'ai énormément envie de revoir le film car je pense être passé à côté.

Mmmh je chipote je chipote la rédaction n'était-elle pas très divisée sur The Island, qui a pourtant eu droit à une critique dithyrambique et un bon gros 6/6 alors que tout ça n'engageait vraiment que son auteur (la moyenne rédac du film devait se situer entre 2 et 3, alors que pour L'Enfant là c'est 4.3) ?

Grui, comment dire, les choses ont fait que. Celui qui voulait s'en charger l'a vu en dernier, moi par exemple je l'avais vu des mois avant et pas forcément aussi frais en mémoire au moment de la sortie par exemple...euh. Pour The Island ça reste un débat mais on peut dire que c'est un coup de coeur sinon.

*comment je vous vends bien tout ça*

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Doll, it's a heartbreaking affair

pas aussi définitif que Le Fils, éblouissant chef-d'oeuvre, parmi les tous meilleurs films au monde, L'Enfant reste un excellent Dardenne.

L'écriture est fine, sensible, les personnages attachants, malgré un contexte rude et malaisant. Etrangement, j'ai ici un peu pensé à Guédiguian, qui ne pratique pas le même type de cinéma, mais partage je crois une philosophie ficitonnelle, rédemptoire, très proche. C'est la première fois que je faisais ce rapprochement, mais il m'apparaît désormais évident...

C'est en revanche graphiquement que je trouve le film un peu moins fort qu'auparavant... Le cadre s'est élargi, la caméra s'est en grande partie stabilisée... Les images sont de fait plus lisibles, mais du même coup, on est impliqué moins intensément, on a plus de recul, on est davantage, quelque part, dans la fiction... Après, c'est un choix qui va avec l'épure de l'intrigue et qui est donc justifié...

5/6

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et voui

c'est un film qui m'avait absolument secoué, bluffé, choqué... j'avais trouvé ça sublime... Par contre, j'ai la VHS (oui, je suis hyper-moderne, 100% VIP) sur mon étagère dpeuis des mois et j'ai peur de le revoir, d'être déçu... Mais ça reviendra un jour...

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tout à fait d'accord, d'autant qu'on y lit un truc absolument déplacé, contestant la "foi" des Dardenne en leur projet. Que Cosmo n'ait pas aimé, OK, il a tout à fait le droit, ses arguments d'ailleurs se tiennent. Par contre, je comprends pas bien ce qui lui permet d'affirmer que les Dardenne ne croient pas en leur film...

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Tout d'abord cher Zad, félicitations pour tes 800 messages...

Et puis je suis d'accord avec toi... Car Les Frères croient énormément en leur cinéma. Toi qui aimes leurs films, je te conseille très chaudement la lecture de "Au dos de nos images", l ebouquin qu'à sorti Luc Dardenne il y a quelques mois. On y suit une espèce de journal de bord (réflexions, annotations, pensées, citations, anecdotes) vraiment passionnant (on se rend compte de l'influence qu'à la formation philosophique de Luc dans leur manière de faire et de penser leur cinéma), suivi des scénarios de "Le Fils" (magnifique aussi, je te rejoins) et de "L'Enfant".

Ah oui, pour le fun:

L'Enfant 5,5/6
Le Fils 5/6
Rosetta 4/6
La Promesse 5/6

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

ouaip, c'est prévu, ça dans mes lectures à venir...

sinon :

L'Enfant 5/6
Le Fils 6/6
Rosetta 4,5/6
La Promesse à revoir/6

et je viens de m'apercevoir qu'il y avait une intégrale Dardenne au centre wallonie-bruxelles cette semaine. Et merdeuh... Jamais rien vu de ce qu'ils ont fait avant, les brothers... Ca m'aurait bien dit...

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Pour une bonne fois pour toutes et surtout pour ceux du fond qui comprennent pas, sur Filmdeculte, on confie la critique à la personne qui est le plus à même de parler de la carrière de tel ou tel réalisateur (et aussi en fonction d'une certaine antériorité sur un cinéaste). Anthony a vu l'ensemble de la filmo des Dardenne, les a interviewés même. Sa critique même moyenne en a que plus de valeur.