Forum de FilmDeCulte

aka The Lost Bus - Au cœur des flammes



Un chauffeur de bus, Kevin McKay et une institutrice, Mary Ludwig, guident un bus rempli d'enfants à travers un incendie dévastateur.

"J'aPpReNdS l'ExIsTeNcE d'uN nOuVeAu GrEeNgRaSs QuAtRe JoUrs ApRèS sA sOrTiE." C'est bon, épargnez-nous.

Cela étant dit, ça en dit long qu'un cinéaste comme Paul Greengrass semble désormais relégué aux plateformes, enchaînant son film Netflix avec un film Apple. Mais la vérité, c'est aussi que ces films ne sont pas du niveau de ses réussites passées.

The Lost Bus est un drôle d'animal. Sur le papier, cette histoire de héros du quotidien tombe pile poil dans les kinks de l'auteur et le tragedy porn se doublait ici d'un postulat de film-catastrophe propice à un spectacle haletant, en mode Speed x Twister avec l'incendie à la place des tornades. Mais dès le départ, outre le casting d'une superstar charismatique dans le rôle d'un chauffeur de bus scolaire, l'écriture tombe tête la première dans tous les clichés de dramatisation que les précédents Greengrass tirés d'histoires vraies évitaient.

En l'espace de 5 minutes à peine, on découvre un protagoniste à qui :
1. on refuse des heures sup
2. de son taf ingrat
3. dont il a besoin pour payer les factures médicales de son père
4. qui vient de mourir
5. laissant sa mère malade seule
6. ce qui l'a forcé à venir revivre dans son bled paumé
7. ce que lui reproche son fils avec qui il est en froid.
Et au milieu, y a une scène où il apprend que les examens de son chien cancéreux sont pas bons et donc il l'emmène se faire piquer.

On se croirait dans une parodie. Le frérot n'y est pas allé avec le dos de la PELLETEUSE là.

Formellement aussi, le film alterne étrangement entre les habituels signes extérieurs de realness estampillé Greengrass (et quiconque aussi en vrai), avec cette caméra qui tremble inutilement sur des plans complètement anodins, et une approche plus sensationnaliste, avec des plans au drone (!) volant à travers une forêt BARDÉE de flammes et de fumée CGI. Il y a une volonté de personnifier le feu, qui revêt une certaine efficacité, mais ça fait aussi un peu tache dans l'approche "cinéma vérité" et pour un cinéaste de la tangibilité comme Greengrass, l'abondance inévitable d'images de synthèse - quoique, What Would Cri-Cri Have Done? - nuit un peu à l'expérience.

Tu sens aussi qu'il essaie de reproduire la structure de Vol 93 et (je crois) Capitaine Phillips, suivant, en plus du point de vue des individus pris dans au piège, celui des autorités supposées leur venir en aide. Or chaque retour sur les pompiers dans le récit résulte en la même scène où on les voit regarder des cartes et dire "maintenant le feu est là" puis "maintenant le feu va jusque là", éventuellement un "il faut évacuer" et "on peut rien faire...le feu est maintenant là". Ils sont trop impuissants et passifs pour mériter de figurer dans le récit et c'est d'autant plus stupide que, très vite, il y a eu une rupture des communications radio qui justifiait de rester exclusivement dans la subjectivité des passagers du bus.

Cela étant dit, ce qui concerne le bus n'est pas foncièrement plus palpitant et tout aussi répétitif, entre le bus coincé soit dans les embouteillages soit au milieu de l'incendie, avec de temps en temps une explosion ou un virage à 90° qui fait crier les petits nenfants. Et c'est aussi là que la dramaturgie lourdingue peut revenir, comme une sorte de La Guerre du mondes en creux. La métaphore du personnage coincé en enfer et du risque de voir la terre définitivement brûlée aurait suffi dans un film plus épuré.

N'est pas Jan de Bont qui veut.

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Nevah.

Je hais ce monde.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

D'ailleurs, j'avais oublié que celui d'avant l'avant-dernier était déjà un film Netflix.

Normal : qui se souvient de 22 July?

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On commence à connaître le système Greengrass, un aspect quasi documentaire que ce soit dans la mise en scène caméra épaule ou dans la description minutieuse des institutions face à un drame et de l'autre côté un aspect plus spectaculaire sur le drame en question. Ici, le résultat est moyen, ce n'est pas super palpitant et le côté "pompiers" qui galèrent est finalement très léger. Greengrass tente un peu de choses pour mettre en scène le feu à base de plans de drones et de plans filmés au téléphone (?) en mode au coeur de l'incendie. C'est réussi dans la mise en scène pas forcément facile du feu et les CGI sont très bon mais le film reste un peu trop basique avec son héros et ses multiples problèmes qui se transcende pour sauver tout le monde. Excellent Matthew McConnaughey, ça fait plaisir de le revoir. Mais le film est totalement anecdotique.

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CroqAnimement votre

Film Freak a tout dit. La caractérisation de McConaughey se fait vraiment à la truelle. Et les à-côtés sur les pompiers, s'ils sont prenants, finalement ne servent pas à grand chose.

C'est con parce que ça a beau être une recette, c'est une recette qui marche. Rarement dans les films américains - et a fortiori les films tout court - a-t-on autant une sensation de véracité dans les échanges, la vie, l'impression de saisir le réel pour de vrai (même si marre des coups de zoom inutiles). Greengrass ne sait faire qu'un seul truc mais il sait le faire à la perfection. Et j'ai malgré tout eu à quelques moments les larmes aux yeux.

Mais bon tout ceci aurait mieux fonctionné si ce SPEED meets EN PLEIN FEU avait été épuré: moins écrit dans la backstory, plus court, plus essentiel. Là au bout d'un moment on tourne en rond et on sent un film obligé de meubler avec des scènes spectaculaires mais qui jurent avec le reste de la mise en scène de Greengrass. D'ailleurs vous êtes gentils avec vos "plans au drone" mais c'est surtout des plans CGI, et pas toujours du meilleur tonneau. (le pire: le plan sur le transformateur électrique qui tombe, pouah, pourquoi mettre ça en scène de cette façon ?)

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Liam Engle: réalisateur et scénariste