Ouais, ok, donc en 10mns, on comprend pourquoi Cruise gardera McQuarrie jusqu'à la fin. Ca enterre le 4 d'une force qu'il rend ce film complètement inutile (et médiocre). Et ça mixe la paranoïa du 1, le sex-appeal du 2 et l'humanité du 3. C'est classe.
Bon, même s'il est encore difficile de faire abstraction des réunions de travail hollywoodiennes, c'est le jeu ceci dit, avec un niveau de cible socio-ethno-economico-culturelle qui saute aux yeux à partir du moment où Hunt va chercher son vinyl de jazz à Londres, pour enchaîner avec la soirée opéra à Vienne. Que se fait tout bon city-breaker à prétention culturelle une fois dans sa vie (le même qui a 20 ans jouait à Halo sur la Xbox, qui nécessitait déjà un autre niveau de budget que la PsP + le snobisme de choisir l'option américaine d'un développeur pour informatique). Etonné que ça ne boive pas des expressos et du Zinfandel (enfin, non, ya Tom Cruise, il est sain, là aussi une certaine idée du viellissement) tellement ce film est un fantasme de bobo quadra cosmopolitain. Ca n'a pas le mauvais goût d'aller à Dubaï cette fois, ça va à Casa', même si ça reste totalement dans le cliché du Maroc tiers-monde malgré le riad ultra-moderne, c'est fantastique (par contre, big up à la musique qui joue du cliché Lawrence d'Arabie pour en sortir de suite, au contaire du précédent... qui prend vraiment très cher, définitement le moins bon des 5). Et calme comme l'avant-dernier jour de ramadan. A en faire regretter le cliché du camion bétaillère qui se renverse avec ses poulets tellement ya pas un Marocain.
Avec en tête de gondole Rebecca Ferguson en bikini, la femme arrivant à une certaine maturité physique de la quarantaine mais qui prend soin d'elle en salle. Tout en restant elle-même objet de fantasme parce que Hunt est soit blasé de pécho à son âge, soit veut pas tromper sa meuf parce que c'est trop d'emmerdes pour une ou deux éjacs de 5 à 7. Couple parfait en tout cas, genre de surhumains qui ne peuvent tomber sous le charme que de leur équivalent. Mais cette cible clignotante d'un certain public n'est pas désagréable tant c'est du point de vue du divertissement et de l'industrie du loisir, et que le film n'oublie jamais de rester ludique.
Ya quand même zéro temps mort, c'est impressionant, ça passe en un clin d'oeil.
Tout en ayant une certaine conscience de sa place dans la saga, cette relation avec une génération grandissant en même temps que ses spectateurs. C'est Film Freak qui parlait de représentation de chaque film comme reflet d'un âge de la vie sur le topic du précédent et ça se vérifie. Et on dira que Ghost Protocol est celui de la difficulté à mûrir et du temps perdu entre deux âges. Mais peut-être aussi l'échec d'un essai, celui d'intégrer les imageries émirati et indien dans l'imaginaire de l'espionnage (Dubaï est un tour et une tempête de sable, quand Mumbaï est du luxe de mauvais goût), sans que ça n'atteigne jamais le niveau de tout ce que charrie Rogue Nation évoquant donc Vienne et Casablanca. Et Londres, avec son brouillard, ses ombres dans les ruelles et la parfaite discussion sur un banc public.
Marrant aussi comment on est alors plus que jamais, notamment avec la scène d'intro sans la moindre conséquence, dans la comparaison avec James Bond, déjà bien amorcé par le côté nouveau riche du précédent, pour nous offrir un méchant venant des services secrets britanniques. Avec le perso de l'anglais Pegg en principale victime, qui redevient bon après les cloweneries lourdingues précédentes. Cool de voir Renner dans l'entre deux bureaucrate / homme d'action, opposé à Baldwin, parfait dans le rôle détestable de patron de la CIA (je crois que s'il n'a pas réussi à devenir une superstar, c'est qu'il a vraiment un truc antipathique en lui, et il est parfait pour en jouer en 2nd rôle comme ici). Dommage pour le sacrifice du perso de Paula Patton qui aurait pu avoir son petit caméo. Mais le métissage, pour un quadra bobo, c'est mieux quand c'est pas dans le quartier où il va élever ses enfants ? Blague à part, une seule nana, même si sacré nana, c'est quand même léger. Encore un côté old-school avec Ving Rhames en seul black du film troisième rôle quand même cliché dans le stylé (mais comme son perso l'a toujours été depuis le début ou au moins le 2). Mais l'équipe marche tellement bien, avec cette fin tellement plus classe qu'un afterwork à Seattle. Donc James Bond + un vrai feeling de films d'espionnage des années 50. Mixé à la haute technologie limite SF, ce que n'aura peut-être jamais réussi à faire un James Bond. Jamais crédible mais jamais ridicule. L'immersion de Hunt en apnée, c'est autre chose que la gogolerie d'un Renner magnétisé.
Le top restant donc quand même cette scène d'opéra. Marrant le Turrandot sur une coprod chinoise (et le caméo de l'actrice chinoise qui interpelle sur l'évolution des critères de beauté dans le pays , bon, elle n'a rien à défendre la pauvre). Mixant ça avec une citation Hitchcock, il aurait peut-être fallu faire ça à Milan mais ça aurait moins justifié des physiques aryens. Plus le fusil-flûte là, la situation avec 3 tireurs... ça fourmille de partout.
Alors difficile de le préférer au 1er, tant celui-ci a une forte personnalité (tout comme le 2, mais qui est quand même trop con, reste que Hunt en moto, c'est toujours pour le Woo). Mais c'est quand même à ça qu'aurait dû ressembler la premier de cette saga. Parce que, faudrait que je revois le De Palma, mais ça se chicane entre les deux niveau qualité. Ou ce qu'aurait dû êtrele 2e, que j'aime vraiment bien mais dont on peut se passer que ce soit dans la série M:I ou la filmo de Woo. Et s'il doit quand même un peu au 3 qui a remis la base du travail d'équipe, ya pas de pointe de guimauve autour des histoires de ménage d'un putain d'espion de supra-élite. Et le McQuarrie finalement peut aussi s'en passer, même sans le passif des persos, tu peux prendre ce film direct, et leurs relations, l'équipe, fonctionnent immédiatement. Et tout le long.
Sinon, je me faisais déjà la réflexion sur le précédent qui montre Tom Cruise torse-poil, comme c'est marrant de constater que ce mec est évidemment athlétique mais pas bodybuildé. Ya donc un côté systématique mais sans qu'il ne soit exhibé non plus dans le cadre, au contraire d'un Daniel Craig en pétasse dans Casino Royale. Il n'est ni, même si limite (l'âge aussi), difforme comme les Stallone ou Shwarzie d'antan, ni taillé sur un modèle de mannequin sous stérioïdes comme à peu près tous les acteurs depuis les années 2000. Il est dans un entre-deux pas standardisé. Ca, plus son tarbouif en patate au milieu d'une belle gueule, ça le rend cinégiquement assez unique. Et c'est même assez en accord avec son jeu entre un côté gendre idéal avec son sourire ultra-bright éminemment sympathique et un coté psychopathe. Voilà, ça doit être l'effet de passer 4h avec Tom en 2 jours.
|