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 Sujet du message: Here (Robert Zemeckis, 2024)
MessagePosté: 06 Nov 2024, 15:08 
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L’histoire de familles dont les peines, les joies et les moments de doutes se font écho à travers les générations.

Cette nuit, j'ai eu du mal à dormir, anxieux de connaître le résultat tant attendu alors je me suis levé de bonne heure ce matin et j'ai eu la confirmation que les américains sont des abrutis : le nouveau Zemeckis est excellent.

Dès l'annonce du projet, une improbable adaptation de la déjà extraordinaire bande-dessinée atypique de Richard McGuire, le matériau apparaissait taillé sur mesure pour le cinéaste, fasciné depuis toujours par le passage du temps, une force inéluctable à laquelle ses personnages, malgré leurs efforts, ne parviennent jamais à se soustraire, nonobstant des événements plus grands que nature. Tu peux voyager dans le temps ou boire un élixir d'immortalité (ou construire un radeau ou mener l'enquête sur ta femme possiblement espionne), le temps te rattrapera toujours. Il n'y a qu'une seule capable de transcender l'espace et le temps, et tous ceux qui se souviennent de ce que Christopher Nolan faisait dire à Anne Hathaway dans Interstellar, en réponse à la logique rationnelle masculine, connaissent déjà la réponse (attention sentimentalisme) : c'est l'amour. Et c'est l'une des idées-maîtresse du cinéma de Robert Zemeckis.

Ce n'est pas un hasard si le metteur en scène a choisi de réunir le couple (et l'équipe) de Forrest Gump, sa grande histoire d'amour, pour cette nouvelle exploration de l'amour à l'épreuve du temps. Mais ce que Zemeckis et son co-scénariste Eric Roth signent cette fois, c'est l'anti-Forrest Gump, rejouant encore une fois l'histoire de l'Amérique - remontant même jusqu'aux dinosaures cette fois ! - mais sans sortir d'un simple lieu et de son quotidien à dessein tout sauf plus grand que nature. La sublime introduction muette qui annonce d'emblée le programme, et le dispositif narratif et visuel du film consistant en "fenêtres" multiples sur différentes temporalités d'un même axe, comprend la seule scène "spectaculaire" du film, située à la préhistoire. Tout le reste, même ce qui concerne l'une des deux seules guerres combattues sur le sol américain, sera éllipsé au profit d'une banalité assumé dans laquelle réside précisément le cœur du projet.

En s'attachant à ce simple salon d'une maison, un endroit commun, dans tous les sens du terme, Zemeckis laisse l'histoire se répéter, comme il aime le faire (cf. les échos délibérés à travers la trilogie Retour vers le futur, à travers le parcours de Forrest, dans la vie de Beowulf, etc.), pour mieux toucher à l'universalité de l'expérience humaine (même si je regrette l'absence de la moindre expérience pas hétéronormée), fondée sur la mémoire, le souvenir de moments plus ou moins triviaux, mais surtout plus. Parce que ce sont souvent les petits riens de la vie de tous les jours qui restent en tête, qui traversent le temps, faisant coexister passé et présent.

Ainsi, le parti-pris formel offre l'occasion de juxtapositions tantôt ludiques, tantôt émouvantes et parfois proprement vertigineuses dans une incroyable fusion des arts, entre théâtre et installation d'art contemporain, où l’œil du spectateur est sans cesse sollicité à fureter dans le(s) cadre(s), dans la profondeur de champ (et les quelques rares entorses sont géniales), pour saisir l'entièreté de la vie qui se déroule, s'est déroulée, et se déroulera devant nos yeux, de ce temps qui passe inexorablement, détruit, élève, fait naitre, vieillit et tue. On notera aussi comme, dans cette espèce de frise de l'évolution, le film ne s'attarde jamais artificiellement sur les progrès technologiques pour donner dans la nostalgie facile. La grosse radio cède la place à différentes télévisions, les modèles de voitures aperçus par la baie vitrée changent régulièrement et l'une des temporalités évoque les débuts de l'aviation, mais Zemeckis donne étrangement la part belle, dans une autre trame, à une invention absolument pas révolutionnaire et symbolique d'un sédentarisme à-propos : le fauteuil inclinable. Il y a là aussi un refus délibéré de se concentrer sur ce qui fait réellement bouger les choses...peut-être justement parce que les choses ne changent pas?

S'il y a un soupçon de politique dans cette peinture, elle émane de détails, semblablement insignifiants mais parfois lourds de sens, comme le statut social de la seule personne qui meurt du Covid, ou prenant un autre sens dans le contexte, comme ce conseil d'un père noir à son fils, tristement aussi trivial que toutes ces autres tranches de vie. Et que dire de cette réplique d'un soldat à qui on annonce que l'Amérique a obtenu son indépendance ("Now what?"). Après tout, c'était déjà la trajectoire de Forrest Gump, qui traversait les grands épisodes de l'Histoire des États-Unis mais n'y changeait rien, continuant de s'interroger sur son "destin". Ici, le protagoniste interprété par Tom Hanks ne peut même pas échapper au sort de son père, devenant son double, exactement comme le craignait Marty McFly.

Le seul bonheur, la seule constante, c'est, comme dans Alliés, où le couple baisait dans une voiture isolée au milieu du désert, protégés d'une tempête de sable aussi métaphorique que le bombardement durant lequel ils accueilleraient la naissance de leur fille plus tard, l'amour. C'est ça que nous dit Zemeckis.

Le temps passe, l'histoire se répète, l'humain ne peut qu'aimer. Rideau.

Moi j'ai chialé.

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MessagePosté: 06 Nov 2024, 15:19 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Merci de me redonner l'espoir.

(j'ai juste lu ta dernière phrase)

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MessagePosté: 06 Nov 2024, 15:24 
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Les allergiques aux sentimentalismes (la zique de Silvestriiiii) peineront à voir au-delà de l'image d’Épinal et du dispositif qu'ils réduiront à un gimmick, comme les VFX forcément toujours voyants mais honnêtement pas mal, mais je pense que le film devrait en conquérir certains (Les Inrocks et Ecran Large sont avec moi).

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MessagePosté: 06 Nov 2024, 16:11 
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Tu me redonnes espoir mais tu le situes comment par rapport à Marwen? Tu avais aimé ce dernier alors que j'étais dans le camp des dubitatifs.


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MessagePosté: 06 Nov 2024, 16:34 
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Et donc c'est inspiré de "Here" (la BD) de Richard McGuire ?

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


Jean-Paul Sartre


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MessagePosté: 06 Nov 2024, 16:35 
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Oui.

Envie d'y croire mais j'ai quand même des doutes.

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 06 Nov 2024, 16:47 
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Mr Degryse a écrit:
Tu me redonnes espoir mais tu le situes comment par rapport à Marwen? Tu avais aimé ce dernier alors que j'étais dans le camp des dubitatifs.

Au même niveau, vaguement au-dessus. Mais les deux films n'ont pas grand chose à voir.

Art Core a écrit:
Oui.

Envie d'y croire mais j'ai quand même des doutes.

Giga vendu ici, les seuls Zemeckis que j'aime moyennement/pas sont Crazy Day, La Grosse magouille, À la poursuite du diamant vert, Le Pôle express, Flight, Sacrées sorcières et Pinocchio.

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MessagePosté: 06 Nov 2024, 16:50 
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La BD a quand-même un côté froid, abstrait, un formalisme un peu cynique qui se prête a priori mal au cinéma de Zemeckis, assez psychologisant. Je voir mal le visage de Tom Hanks dedans. Mais en même temps mérite de Zemeckis de tenter des trucs inattendus.

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MessagePosté: 06 Nov 2024, 17:03 
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Le roman Forrest Gump aussi est un pur concentré de cynisme totalement changé par Roth et Zemeckis.
Celui-ci est moins une trahison du matériau de base. C'est clairement plus mainstream (plus linéaire et narratif dans l'ensemble) mais je trouve que ça en saisit l'essence et que parfois ça va plus loin.

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MessagePosté: 06 Nov 2024, 17:32 
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Merci Bob putain !
J'ai chialé pendant 2h quasi non-stop
Entièrement d'accord avec tout ce que tu dis mais ouais faut être un iencli de Zemeckis et laisser son cynisme de côté sinon y'a de quoi être complétement hermétique.
Je comprends que ça se viande mais pour moi c'était du bonheur, j'y retourne dés que je peux :D


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MessagePosté: 06 Nov 2024, 19:59 
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J'ai un pote qui va TOUT VOIR et qui est MÉGA INDULGENT qui l'a noté 3/10 avec mention "ennui mortel"...
Pas sûr que je le tente.

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Netflix les gars, Netflix.


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MessagePosté: 06 Nov 2024, 20:07 
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Oui c'est pas un film pour mongoloz.

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MessagePosté: 06 Nov 2024, 20:27 
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Garçon-veau
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Localisation: FrontierLand
Oui comme d'hab quoi.

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MessagePosté: 07 Nov 2024, 10:49 
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Film invisible à Aix alors que les ploucs d'Aubagne, Salon et Martigues y ont droit. Sans parler des narcos phocéens.


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MessagePosté: 09 Nov 2024, 14:24 
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Robot in Disguise
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oeil-de-lynx a écrit:
Film invisible à Aix alors que les ploucs d'Aubagne, Salon et Martigues y ont droit. Sans parler des narcos phocéens.
Exactement ce que j’étais venu poster.

Ça me rappelle l’époque où je devais aller à Plan-de-Campagne voir THE PUNISHER ou TORQUE.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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