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Décidément, après Mank, le contrat passé entre Netflix et David Fincher permet à ce dernier de concrétiser ses arlésiennes. Annoncée en 2007, cette adaptation d'une BD française avait de quoi étonner tant le postulat paraissait simple, révélant qu'il s'agirait sans aucun doute d'un Fincher mineur, plus récréatif, au même titre que The Game, Panic Room ou Millénium. Après le grand film à message austère en N&B en hommage à son père, le petit thriller de série B pour honorer son devoir de fournir du contenu à la plateforme, comme il le dit de façon typiquement détachée? Ce serait oublier que même lorsqu'il semble s'ancrer profondément dans des genres moins "nobles" et très codifiés (ce qu'il a quasiment toujours fait, en réalité, à l'exception de Fight Club, Zodiac, Benjamin Button et The Social Network), le cinéaste s'en sert néanmoins pour relater un propos, une vision du monde, et The Killer ne déroge pas à la règle, envoyant même péter le cahier des charges de son diffuseur.

Même sans avoir vu le dernier Nanni Moretti (ou sa bande-annonce), on sait que Netflix exige que leurs longs métrages commencent avec une scène accrocheuse qui empêchera le spectateur d'arrêter le stream pour aller piocher autre chose. Or, après un très bref générique (un peu trop série TV mais qui joue déjà avec les clichés du genre, illustrant par différents tableaux l'activité du protagoniste, résumé par ce titre essentiel), Fincher prend les attentes à contre-pied avec une longue introduction caractérisée par l'attente, pour ne pas dire l'ennui. C'est vraiment l'antithèse d'une ouverture à la Spielberg, quand on pense à celles des Dents de la mer, des Aventuriers de l'Arche perdue, d'Il faut sauver le soldat Ryan ou Minority Report. C'est même pas la première scène de Jack Reacher, pour citer une autre scène de sniper dans un thriller sous influence des '70s. Ici, le morceau de bravoure - et ça reste sans aucun doute la meilleure scène du film - consiste à patienter en pénétrant dans la subjectivité du "héros", avec une voix off qui semble renvoyer à celle de Fight Club, régulièrement agrémentée de commentaires acerbes sur le monde, mais sans ce qu'elle peut avoir de ludique, préférant un ton monocorde comme l'on pouvait s'imaginer la narration du journal de Rorschach à la lecture de la BD d'Alan Moore ou comme une version désexualisée de Patrick Bateman qui ne serait effectivement pas aux "Mergers & Acquisitions" mais bien en "Murders & Executions".

Chez Fincher, les personnages sont souvent des solitaires, isolés par leur autisme ou leur rejet du monde et parfois seul contre tous à détenir la vérité, du moins celle à laquelle ils croient. En l'occurrence, on pourrait aussi parler d'un film qui prendrait comme protagoniste John Doe. Après tout, on est encore face à une variation sur un tueur en série bien qu'ici la vérité énoncée ne soit pas celle d'un prêcheur mais simplement la méthodologie de travail d'un simple exécutant et comme les autres unreliable narrators de la filmographie de Fincher que sont Tyler Durden et Amazing Amy, ce mantra ne peut cacher qu'ils se leurrent. L'un des premiers plans vient, par un travelling, resituer le personnage au centre du cadre et rendre celui-ci parfaitement symétrique dans la composition, une illustration de la nécessité, adéquatement fincheresque, que tout soit parfaitement millimétré et contrôlé (d'ailleurs, bien que Fincher démente quand on lui pose la question, l'autoportrait est évident). Par la suite, Fincher n'a de cesse de recourir à la caméra à l'épaule, rarissime dans ses films, épousant le chaos qui gagne régulièrement le personnage, de moins en moins soucieux de garder un calme mesuré par sa montre. À l'instar des protagonistes coupés de monde et avec un parfait contrôle sur leurs vies de The Game, Fight Club et Panic Room, il lui faut une near life experience, pour reprendre l'expression pervertie de Tyler Durden après leur accident de voiture, afin de revenir à la vie. Malgré son credo assumant la dépersonnalisation de son travail, le tueur a pour BO fétiche de ses meurtres la discographie des Smiths dont ce "How Soon Is Now" aux paroles révélatrices ("I am human and need to be loved"). En un sens, le parcours du personnage est le même que celui de Mankiewicz que l'on découvre à Hollywood comme pur mercenaire cynique avant qu'il ne se trouve une conscience et une cause à défendre, une vérité qui l'isole une fois de plus.

Toutefois, Fincher, qui parle du film comme d'un film muet, ne s'intéresse pas plus que ça à l'arc du personnage, délibérément anonyme et archétypal, se contentant de l'iconographie reconnaissable entre mille du tueur à gages (cf. le générique, encore une fois) pour créer un décalage et pas uniquement via l'usage de pop rock britannique des années 80. Dans la forme déjà, le metteur en scène s'amuse. Outre l'accent particulier mis sur les moments d'attente, sur la galère et la minutie, qui peuvent rappeler l'enquête piétinante de Zodiac mais s'inscrivent surtout en opposition à des revenge movies expéditifs comme John Wick, Fincher évite la satisfaction facile, préférant l'exécution froide, à l'exception d'une incroyable scène de baston dans une maison quasi-intégralement plongé dans l'obscurité, concrétisant enfin un projet qu'il avait depuis Panic Room (qu'il aurait initialement désiré filmer dans la pénombre la plus totale possible, avec genre à peine le reflet dans les yeux des acteurs s'extrayant du noir). Contrairement à ses modèles, où la vengeance est souvent limitée à une seule ville, le personnage de The Killer voyage autant que James Bond mais ce James Bond-ci est habillée de 50 nuances de beige, s'inspirant d'un "touriste allemand", quand il n'est pas en uniforme d'éboueur.

Et c'est là qu'intervient ce que le film recèle de plus intéressant, dans le fond. La technologie a toujours été au cœur du cinéma de Fincher, par son absence (pas d'armes pour tuer l'alien, pas les outils modernes pour identifier le Zodiac) ou son omniprésence (la panic room, Facebook) et l'auteur s'est montré ambivalent à son égard (Lisbeth la digital native supplante Mikael le vieux journaliste analogique dans Millénium mais le cinéma est détourné de sa magie par Meyer dans Mank). Et Fincher n'a jamais porté l'establishment dans son cœur. Dès la première séquence de The Killer, qui le voit mener sa mission dans un célèbre espace de coworking jusqu'à l'accès qui lui sera permis par un livreur uberisé en passant par un envoi FedEx et une commande Amazon, le tueur est caractérisé comme un simple salarié et sa progression régulièrement permise par le capitalisme mondialisé des services et une société désincarnée où tout le monde est réduit à un travailleur anonyme. Dans ce contexte, la rébellion de l'employé du mois - qui cite John Wilkes Booth - contre ses collègues ou sa hiérarchie confère une teneur politique au récit. Et la fin interroge.
Le tueur élimine un pauvre chauffeur de taxi complice malgré lui, son "agent" et la secrétaire de ce dernier, les tueurs qui ont tabassé sa meuf mais épargne de le client qui l'a condamné après une faute professionnelle aka le Grand Patron (qui se trouve être un Grand Patron). Pourquoi? Est-ce qu'il décide enfin de faire preuve d'empathie? Est-ce qu'il croit la défense, pourtant tellement patronale, de ce commanditaire qui se lave les mains des actes perpétrés par d'autres? Ou est-ce qu'il refuse simplement d'éliminer un "nanti" (one of the few) maintenant qu'il s'est extrait de la "masse" (one of the many) et va prendre sa retraite comme le riche qu'il est à la fin?

The Killer c'est un peu le Haywire de Fincher, un exercice de style plus épuré et théorique encore que Panic Room, étrangement atonal et par conséquent constamment intriguant.

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pour caricaturer à l’extrême, la sainte trinité d'une génération de films bros c'est nolan, tarantino et fincher. ce que je comprends, même si leur cinéma ne me touche pas du tout personnellement - les garçons homosexuels préfèrent souvent madonna aux smiths et dolan à nolan, ainsi soient nos vies, tant pis. mais je respecte totalement leur travail, mais fincher a toujours eu un statut particulier pour moi. c'est celui dans la mise en scène me parle le plus (et qui a réalisé les clips les plus iconiques de madonna et de paula abdul), je peux être vraiment fétichiste de ses plans, tout en étant le plus intensément frustrant. nolan et tarantino ont parfaitement conscience de leur talent, de leur statut, de leur pouvoir, et s'appliquent à ce que chacun de leur film, chacun de leur plan, chaque journée qu'ils passent sur un plateau soit à la hauteur de la légende qu'ils seront pour les générations futures. david, lui, s'en bat les couilles. il y a le fait, évident, qu'il n'a fondamentalement rien à dire. il a commencé par la pub et le clip, des formats visuels et non narratifs, il n'écrit pas, je ne doute pas qu'il a des sensibilités fortes - ne serait-ce que son attirance pour les psychopathes et les comportements obsessionnels - mais je n'ai jamais ressenti aucune urgence artistique à exprimer dans son travail. si ff parle d'arlésiennes, je suis surtout marqué par le temps qu'il a passé attaché à des projets qui ne se sont pas faits, avec une impression que ce qui arrive à l'écran est un peu aléatoire, si c'est pas l'un ce sera l'autre, c'est pas la fin du monde. avec l'aspect révélateur qu'un des réalisateurs les plus importants de sa génération passe tout ce temps à dev world war z 2 (même si ma théorie est qu'il n'a jamais eu l'intention de le faire et se faisait juste payer à reflechir à ses autres films avec 4 réunions consacrées à ça de temps à autres).

en sort donc cette filmographie saugrenue, qui n'a tellement aucun rapport ni avec son aura ni avec son talent, remplie pour une bonne moitié de trucs anecdotiques, d'histoires de séries b - transcendés par une mise en scène extraordinaire - avec une (petite) poignée de grands films au milieu.

c'est donc avec une forme de logique que celui qui a vendu son talent à des grosses marques pour faire leur pub ait fini par trouver une maison accueillante chez netflix - qu'il promeut avec un discours corpo dont nul ne saurait douter de la sincérité. que celui qui fait des films parfois totalement randoms finisse par nourrir l’algorithme du producteur ultime de contenus. et ce film en est l'aboutissement, thématiquement il fait le portrait d'un homme sans état d'âme et sans morale qui vend son talent sans poser de questions à quiconque le payera, les présences de marque ont beau être intelligemment placées et avoir du sens narrativement et thématiquement - il n'en demeure pas moins que le placement de produit est sans état d'âme (imagine t'on stanley kubrick faire une inscrut sur une livraison amazon one click ?), pour ce film formaté globalement denué d'ambition et d’intérêt autre que la mise en scène extraordinaire de david fincher, et sur pour une plateforme au contenu abondant, globalement denué d’intérêt et formaté.

l'histoire, puisque malgré tout le cinéma à un moment on en revient à ça, est d'un basique tellement désarmant que j'attendais perpétuellement un twist, que l'histoire vrille, aille quelque part d’inattendu, je sais pas, quelque chose. mais non, rien. ce n'est strictement rien d'autre que cette histoire uber-basique, vue 4127 fois - à commencer par polar, un autre film netflix adapté d'un roman graphique, réalisé par un des autres plus grands réalisateurs du monde jonas akerlund, qui lui a eu la décence de ne jamais rien réaliser d'autre que d'énormes navets au cinéma, pour qu'il n'y ait pas besoin d'analyser plus que ça le fait que c'est un formaliste extraordinaire et rien d'autre, et c'est déjà génial. le tout raconté en mode kill bill version flemme, tant les meurtres sont totalement dénués d'imagination, à un stade vraiment choquant.
la scène la plus impressionnante du film, la bagarre dans la maison, en est l'illustration : le scénario du meurtre est vraiment insultant de manque d'imagination, de basique, de "sérieusement ?" et ça donne une scène iconique grace à la mise en scène de david. ça m'a vraiment fait rêver sur un vrai film d'action, et plus précisément un mission : impossible qu'il réaliserait, à ce stade ce serait la meilleure utilisation de son talent.

et la même interrogation profonde sur le sens de la fin que ff. ça me semble tout simplement aberrant, je ne doute pas qu'il y ait un sens ou une explication, mais je doute qu'elle me convienne.


talent toujours incroyable, tant le film est formellement magnifique, les cadres incroyables, la photo sublime, le montage précis intelligent où les micro-rythmes de tout sont érotiques tellement c'est parfait. mais tout ça tellement au service de rien - un rien pas désagréable - moi les tueurs taciturnes qui tuent des gens en mode bad ass ça me va toujours bien, mais rien quand même. mention spéciale pour le son, la texture de la voix off, le sound design reflechi et incroyable - parfois tellement que ça sort du film en vrai. il lui a été demandé s'il adaptait son travail en sachant que ce serait vu par 99% des gens à la télé, il a répondu non, avant de détailler le travail sur le son - et c'était une illustration par l'absurde du truc : tout est conçu et pensé pour du 5.1, et donc 97% des gens n'en profiteront pas. et donc pour moi, une nouvelle illustration de l'aspect "confiture aux cochons" de la carrière de david, qui gâche totalement son talent sur des trucs sans intéret qui auront, désormais, des exploitations ne permettant même pas d'apprécier son travail.

madonna dit toujours qu'on n'est pas le propriétaire de son talent, on en est le simple manager.
david fincher est un immense cinéaste et un manager absolument désastreux.


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MessagePosté: 15 Oct 2023, 20:51 
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il y a le fait, évident, qu'il n'a fondamentalement rien à dire.

It is strong of coffee.

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MessagePosté: 17 Oct 2023, 14:11 
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J'ai devant ce film le même sentiment que devant Gone Girl. C'est à la fois un film assez simple, limpide même dans ce qu'il raconte, son déroulé, le genre dans lequel il s'inscrit mais en même temps assez complexe dans ce qu'il convoque aussi bien thématiquement, qu'esthétiquement. Si bien que je ne sais pas du tout par quel bout le prendre. Dire déjà que j'ai beaucoup aimé, sans doute plus que ça à quoi je m'attendais. Le film m'a vraiment séduit, surpris, amusé, constamment intrigué et il fait partie de ses films où en le voyant, se déroulaient devant moi plein de pistes de réflexion que j'avais envie d'explorer, non pas dans un réflexe théorique mais au contraire dans une pure démarche ludique, car le film me semble n'être presque que ça, un jeu, il y a un plateau et Michael Fassbender en est le pion. J'ai parlé de Gone Girl mais le film de David Fincher dont The Killer est le plus proche est sans doute Fight Club. C'est très étonnant parce que le films ne racontent absolument pas la même chose en terme de narration, ne creusent pas le même genre mais pourtant beaucoup de choses nous y ramène. En premier lieu ce personnage, qui comme dans Fight Club, n'aura pas de nom, il ne sera défini que par sa fonction, au Narrateur succède le Tueur. Ensuite par le point de vue, tout le film n'est construit que du point de vue du personnage. On est littéralement dans sa tête comme lors du premier plan de Fight Club et c'est concrétisé à l'écran par la voix off. On suit les pensées du personnage. Et donc comme dans Fight Club, plus le film avance, plus cette subjectivité comme point de vue unique va être remise en question. C'est particulièrement brillant ici dans l'utilisation de la voix off. Dans un premier temps je la trouve lourde, trop présente, redondante, je rêve d'une version du film sans elle dans un geste ultra radical quasi muet. Mais plus on avance, plus cette voix off devient passionnante. Parce qu'elle nous raconte une réalité qui n'est pas celle que l'on voit. Pour filer la comparaison, la voix off c'est Tyler Durden, c'est le fantasme du Tueur, de son obsessionnelle perfection et de son engagement absolu dans une voie déshumanisée. Mais à l'image on ne voit pas ça, on voit un homme qui dès son premier échec va contredire tout ce qu'il nous raconte ou plutôt qu'il se raconte. Car le film devient alors la lutte d'un homme envers lui-même. J'ai trouvé ça passionnant.

D'ailleurs le film est découpé en chapitres. Et chaque chapitre est le récit d'un échec. Plus le film avance et plus la petite machine parfaitement réglé du tueur connait des ratés. Mais des ratés relatifs, des ratés qui n'entravent pas l'avancée du tueur mais des ratés qui viennent compromettre cette subjectivité si solide présentée dès les premières minutes et qui semblent être le programme à venir. Mais non cette espèce de caricature du tueur parfait qui ne fait pas d'erreur n'est pas le chemin qu'emprunte David Fincher. C'est justement parce qu'il n'est pas parfait, parce qu'il se laisse contaminer par ses pensées que le film dévie et devient passionnant. Dans cette dialectique entre la pensée et les gestes se trouve le cœur du film, sa délicieuse ironie.

Pour poursuivre le rapport à Fight Club, l'autre point passionnant du film est son rapport au monde capitaliste. Le film est blindé de références à des marques existantes qui sont autant d'outils pour le personnage dans son chemin de croix. Ca commence avec un détail absolument génial où le personnage utilise pour sa planque un bureau Wework. Wework est une startup spécialisée dans les locaux de coworking qui a complètement explosé en vol passant d'une valorisation de 47 Milliards de dollars en 2019 à à peine 300M en 2022 laissant de nombreux locaux inoccupés. C'est le cas ici où le personnage décide de se planquer littéralement dans les ruines d'un capitalisme en bout de course (surtout pour observer en face de lui une vision presque caricaturale du luxe). Et ça continue tout le film, entre McDonalds, FedEX, Ford etc... Le personnage en est pleinement conscient utilisant cette uberisation standardisée du capitalisme actuel comme d'un terrain de jeu où il peut inventer ses règles. Règles qui le mènent jusqu'au niveau final. Alors il faudra interroger cette fin, qui surprend et qui là encore devient presque méta dans ce qu'elle est une forme d'échec cinématographique, refusant de nous offrir un quelconque climax, nous laissant un peu dubitatif sur ces quelques dernières minutes presque plates. C'est l'aboutissement du parcours du personnage qu'il refuse pourtant de refermer. N'est-ce pas là finalement qu'il reprend contrôle ? Ca n'a en tout cas rien d'innocent. Et le film de se refermer sur une dernière dissociation cognitive où la voix off nous dit qu'il fait partie de la masse alors que nous le voyons au bord d'une piscine avec une femme sexy à ses côtés.

On pourra aussi se laisser amuser par l'ironie que représente le film lui-même, film de plateforme aux atours habituels, genre bien identifié de thriller/action se déroulant aux quatre coins du monde alors qu'il en offre l'exact opposé. Une espèce de proposition presque purement théorique et antispectaculaire (malgré un combat à mains nus, par ailleurs excellent).

Un film qui m'a vraiment enthousiasmé sur son aspect théorique mais qui m'a forcément laissé de marbre sur le reste. Parce qu'il faut le dire, le film est émotionnellement complètement inerte. Le personnage est une silhouette (parfaitement incarné par un Michael Fassbender impassible et cool) et son parcours nous est indifférent (il faut voir avec quelle légèreté est volontairement présenté le moment pivot, celui où il découvre sa fiancée battue). C'est peut-être là la différence majeure avec Fight Club (et qui fait que The Killer va très probablement être un film globalement peu apprécié qui tombera très vite dans l'oubli général). Si Fight Club m'est si profondément rentré dans la peau quand je l'ai découvert à 16 ans c'est parce que derrière tout le bordel qu'est le film se terre un personnage magnifique et bouleversant. Là rien de tout ça. C'en est presque comique ce refus de nous donner la moindre miette. La fiancée de Fassbender a droit littéralement je pense à moins d'une minute de présence à l'écran et on ne sait strictement rien d'elle et pourtant elle est le moteur principal de toute la quête de vengeance du film. C'est fascinant.

Je suis curieux de lire des avis quand le film sortira, je pressens une réception plutôt calamiteuse tant le film a quelque chose de peu aimable, presque antipathique. Mais personnellement il m'a passionné, je l'ai largement préféré à Mank et je le mettrai plus haut qu'un Panic Room ou un The Game. Mais évidemment ça reste d'une certaine manière un "petit" Fincher même si je ne sais pas si ça veut vraiment dire quelque chose, s'il a l'ambition de faire autre chose aujourd'hui. Hâte de le revoir en tout cas.

5/6

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À part sa note Letterboxd (la même que nous) ou un éventuel tweet un jour s'il se sent, tu peux courir.

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c'est triste.


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Conseil de lecture : la critique de Josué Morel


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Je viens d'accidentellement apprendre que Fincher a utilisé plusieurs morceaux des Smiths, attente et fébrilité à leur paroxysme.

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J'aurais juré que tu le savais déjà, lequel de nous deux a la berlue ?



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Conseil de lecture : la critique de Josué Morel


Très bon. Le truc sur les déchets est hyper bien vu.

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Le budget annoncé sur IMDb est de 175 000 000 $US (estimated). WTF.


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Je n'y crois pas une seconde.

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