le "shadow drop" de
alphonse a été commenté, mais quid de celui de ce
drone games ? j'ai appris son existence grace à un article de mad movies, mais sinon j'ai vu 0 info, y a eu 10 tweets dessus, 50 votes allocine en une semaine, rangé parmi d'autres dans les amazon exclusives sur la page d'accueil...
alors peut être qu'ils ont une base d'abonnés suffisante pour qu'il y ait 200, 300, 400 000 personnes qui regardent ce qui débarque et que ça leur suffit, mais sinon ça fait quand même un peu poubelle.
et en même temps, ça a eu le prix du "meilleur unitaire télévision" au festival de la rochelle, et effectivement, en le prenant comme un téléfilm très bien financé, ça rentre parfaitement dans le moule. j'ai bien assimilé que les netflix exclusives étaient juste les direct to dvd de l'époque avec une poignée de films au milieu, pas encore tout à fait que les films français de plateforme sont à 70-80-90% des téléfilms.
mais des téléfilms que ne produisent ni la télé ni le cinéma français, donc ça correspond quand même à quelque chose. dans mad movies, olivier abbou dit que c'est un projet qui date de quelques années, qu'il n'a pas réussi à monter, puis qu'il a entendu que amazon cherchait des young adults, le temps de passer un petit coup de polish, leur proposer et un mois plus tard c'était parti.
et effectivement, ça ne correspond à rien dans la production nationale, c'est un quasi remake de
point break avec un gang de braqueurs qui utilisent des drones, c'est pas une bourrinade d'action, c'est n'est certainement pas un drame psychologique, c'est un prototype original.
cette identité particulière est clairement l'atout du film, c'est une "proposition" comme on dit qui fait plaisir, une base de film d'action mais avec une volonté de réalisme, de raconter la trajectoire d'un personnage plus ou moins réaliste.
à côté de ça, abbou disait dans mad movies qu'il savait que l'histoire était fort basique et que c'était surtout pour lui en champ d'exploration visuel. et effectivement, donc, c'est formellement fort dynamique, ça fait penser (ou en tout cas il aimerait que ça fasse penser) à l'oliver stone de u-turn, tueurs nés, même nixon avec différents formats, textures d'images, et un étalonnage offensif. d'un côté, c'est stimulant, tous les passages en 4/3 sont très bien cadrés, de très beaux plans, il y a un dynamisme et une vraie originalité dans la mise en scène de plusieurs choses, pour tous ceux exaspérés de cette époque où tout le monde filme pareil avec les mêmes caméras objectifs et réglages étalonnages ça fait vraiment plaisir. mais comme dirait christine boutin, dans tout excès il y a une forme d'erreur, et à un moment donné ça ressemble beaucoup à olivier qui fait joujou avec son ordinateur, quitte à se retrouver avec des plans hideux, des couleurs abominables, des effets gratuits, et une difficulté à se concentrer sur ce qu'il se passe parce que tu te demandes si c'est ta télé qui a un défaut de réglage.
mais le film souffre de manière structurelle de sa longueur, que même les plus amènes auront du mal à qualifier autrement que "délirante". 1h55 me paraissait déjà excessif sur le papier, mais le résultat c'est zinzin, c'est vraiment une histoire à la con, il n'y a aucune sorte de raison de faire durer ça ce temps là, le premier braquage arrive à 25 minutes, il rejoint le gang à 40 minutes, la flic leur met un coup de pression à 57 minutes, c'est délirant. ça impacte évidemment tout, tout dure beaucoup trop longtemps, ce qui met en valeur par ailleurs que l'action est quand même extrêmement chiche. ce n'est pas faire injure au film que de dire que les personnages n'ont pas non plus une épaisseur existentielle de nature à nourrir l'âme pendant 2 heures, l'enquête 'policière' est inexistante... en resserrant dès l'écriture pour viser juste l'efficacité, ça aurait pu faire illusion. là, le film est tout nu malgré tous les efforts d'olivier pour l'habiller avec des perruques censées faire illusion.
à côté de ça, j'ai encore eu l'occasion d'être interpelé sur les valeurs collectives du moment. dans
point break, on suit un flic qui infiltre un gang de braqueurs. ici, un mec normal, frustré de la vie avec des boulots de merde et une situation familiale compliquée, qui intègre un gang et y trouve des amis, un épanouissement (sa vie d'avant est en 4/3 et le reste en 2.35), et des sous. la glorification du groupe est totale, des jeunes gens libres et rebelles et heureux. les braquages sont justifiés par un petit discours anticapitaliste qui mange pas de pain (je passe sur le fait que les discours anticapitalistes dans un film amazon, bon...). les flics sont ouvertement les ennemis, ils sont filmés comme des ss pendant leur intervention, la grande scène d'action consiste donc à les immobiliser et on est ravis avec les braqueurs quand ils arrivent à leur lacher un truc de gaz quelconque dans leur camion, on filme les crs se faire lyncher à grand coups de pieds avec des "niquez les !" "fils de pute !" en bande son, et les braqueurs finissent donc le film libres et heureux. il n'y a même pas de discours sur les banlieues ou je sais pas quoi, ça se passe dans une ville moyenne exclusivement peuplée de whites et de blancos. je ne peux pas m'empêcher de trouver ça très bizarre, vraiment, et de penser que ça dit un truc sur notre époque.
sinon le premier plan en drone est impressionnant (les 4 premières minutes du film, facile à regarder), alice belaidi joue *exactement* comme dans
hippocrate mais cette fois ci en gendarme (prof la prochaine fois ?), il y a un effort sympa de montrer que des nouvelles têtes parmi les jeunes, il y a deux scènes de ces braquages avec drones ce qui fait un peu léger, et effectivement le concept est un peu ridicule et quand quelqu'un donne un coup de balai sur le drone tu te dis "bah oui" et ça ne marche pas terrible, et 1h55 c'est beaucoup beaucoup trop long.