Film Freak a écrit:
Il y en a combien des franchises comme
Mission : Impossible?
En plus de 20 ans d'existence, chaque épisode aura été porté par un réalisateur différent, qui plus est un auteur y imprimant ses thèmes et son style. Il y avait bien
Alien mais depuis la réappropriation par Ridley Scott de la saga qu'il a initié, elle a perdu de sa superbe.
D'où le risque présenté par le retour de Chris McQuarrie pour la deuxième fois de suite. Tom Cruise ne tourne plus qu'avec des réalisateurs avec qui il a déjà tourné et McQuarrie est son exécutant depuis 10 ans mais deux fois de suite sur la même franchise? De plus, le film ramène également les personnages d'Ilsa Faust et Solomon Lane, respectivement le personnage féminin et le méchant de
Mission : Impossible - Rogue Nation.
Fallout allait-il être le
Spectre du précédent?
Pour le meilleur et pour le pire,
Fallout est un film complètement different de
Rogue Nation.
Moins racée, la suite assure toutefois une continuité avec les deux voire trois chapitres précédents, leur proposant une conclusion parfaite, explorant toujours plus le personnage d'Ethan Hunt.
C'est tout à l'honneur de McQuarrie : il n'a accepté de revenir qu'en s'imposant le défi de donner à ce nouvel épisode sa propre identité, comme cela a toujours été le cas avec cette licence. Il change de chef opérateur, il change de compositeur, il change de références. Adieu les clairs-obscurs de Robert Elswit, au revoir les cuivres de Joe Kraemer, sus au classicisme hitchcockien.
Fallout évoque un passage du crépuscule (cf. la mise en scène de la première opération de l'équipe) vers la lumière (le décor olympien du climax).
Cette fois, McQuarrie choisit de faire un film aussi bourrin que la BO de Lorne Balfe, qui plagie allègrement les partitions que son mentor Hans Zimmer a composé pour Christopher Nolan. Percussions en pagaille, cors tonitruant et nappes musicales rythment un film qui adopte une ampleur quasi-épique, surtout comparé au précédent. Ce n'est plus l'opéra
Turandot qui est cité ici mais
L'Odyssée d'Homère. Au romantisme de
Rogue Nation se substitue un périple peuplé d'antagonistes et parcouru d'aventures singulières comme autant de tâches herculéennes.
La musique n'est pas le seul domaine pour lequel
The Dark Knight semble avoir été une influence.
Dès l'inattendue première séquence, inédite en son genre dans la série, le film s'intéresse à la psyché du protagoniste et plus précisément sa plus grande crainte. Très vite, le scénario remet en question le
modus operandi éthique de son héros, interroge son efficacité, son bien-fondé en ce monde de plus en plus flou où les acteurs sont multiples et parfois inconnus : nations, gouvernements, institutions, terroristes, anarchistes et, au milieu de tout ça, les agents. Et les ex-agents. Dans
Rogue Nation, McQuarrie traitait déjà de la nature mythique de l'espion abusé et désabusé. Dans
Fallout, il va plus que jamais égratigner cette image. Chaque morceau de bravoure du film - tous davantage dans l'action que la tension, le film manquant malheureusement d'une scène d'infiltration comme le piratage de la CIA dans le premier ou bien celle du tore dans le cinquième - sert l'histoire avant de servir une fonction. Même si les
set-pieces ne sont pas aussi incarnés que dans son premier essai, McQuarrie garde l'humain dans l'équation en poussant Hunt dans ses derniers retranchements.
Tout le film, et donc l'action, consiste à placer Ethan en plein dilemme. Qui sauver? Qui croire? Que voler? À qui le donner? Ethan qui chourre un truc POUR le filer lui-même aux méchants, c'est carrément devenu un poncif de la saga (comme le fait qu'Ethan et/ou son équipe sont seuls/désavoués) mais McQuarrie étudie spécifiquement cette méthode risque-tout pour mettre Ethan face aux conséquences de ses actes, ceux-là même qu'il croit être dans le meilleur intérêt de chacun. Ethan peut-il se permettre d'être aussi vertueux? En s'interrogeant sur le sens même des paris qui ont caractérisé le personnage sur cinq films, les cascades qui constituent son autre marque de fabrique prennent soudain une autre dimension en contrepoids. Elles deviennent son chemin de croix. Structurellement,
Fallout rappelle le troisième volet : une course effrénée mettant Hunt à mal mais dans une version plus martyr qui trouve tout son sens dans un épilogue humain et émouvant alors même que le personnage (re)trouve le sens de ses actes, de
"toutes ses bonnes intentions" comme lui dit Solomon Lane.
Outre ce parcours doloriste, les
set-pieces aussi renvoient au film de Nolan, qu'il s'agisse de l'attaque d'un fourgon dans un tunnel qui paraît citer ouvertement la scène du camion de
The Dark Knight, ou encore cette apothéose finale qui n'en finit pas, pour le plus grand plaisir du spectateur, chaque rebondissement de la séquence surenchérissant sur le précédent. Par deux fois, McQuarrie exploite l'IMAX à merveille, tantôt pour le vertige (le saut en parachute muet), tantôt pour l'immersion (la très haute résolution nous plaçant dans le cockpit de l'hélicoptère, aux côtés d'Ethan), avec des transitions habiles la première fois.
Je ne peux nier une certaine déception, due principalement à la surprise de trouver un film qui n'a pas la classe de forme et la beauté de fond de
Rogue Nation et qui peine un peu à raconter ce qu'il veut raconter (et dont les deux scènes de masques sont les seules fois de toute la saga où j'ai vu le twist venir) mais
Fallout est son propre animal. Une bête féroce qui "recharge" ses poings avant une baston dévastatrice dans les chiottes du Grand Palais. Non plus un thriller d'espions
old school mais une l'épopée d'un homme déguisée en blockbuster moderne.
Ah bah là aussi j'avais tout dit, c'est cool, je vais pouvoir copier/coller tout ça dans le thread.
Comme je viens de le dire dans le topic du précédent, ce deuxième épisode signé McQuarrie apporte la réponse que commençait à poser son premier : ce qui anime Ethan, c'est sa mégalomanie de martyr. McQuarrie retcon quelque peu les raisons pour lesquelles Ethan et Julia ne sont pas restés ensemble. Plutôt qu'un banal
"c'est trop dangereux, bb", c'est parce qu'Ethan se sentait coupable de tout ce qui arrivait de mal dans le monde, pensant que s'il était encore agent, il aurait pu les arrêter. Ca me rappelle cette critique de
Die Another Day qui s'amusait à théoriser le 11 septembre avait eu lieu parce que James Bond était dans une prison nord-coréenne à ce moment-là.
Ethan Hunt est le seul qui peut assumer, cette responsabilité, ces conséquences, le seul capable de faire les bons choix, même quand il faut désobéir à ses supérieurs et aider ses ennemis, en supposant que
it ain't over till it's over. C'est vraiment
the hero the world deserves. A silent guardian. A watchful protector. A Dark Knight.Qui-Gon Jinn a écrit:
Moins élégant que ROGUE NATION, le film opte pour du bourrinisme à tous les étages, que ce soit dans la musique, dans les muscles de Cavill, les bastons sèches, et ce clIMAX cru et effarant. Que le film dévie de la ligne fluide et romanesque du 5, OK, mais j'aurais préféré le même film s'il n'avait pas été signé McQuarrie. Car en effet je trouve que ça lui sied moins bien et j'aurais préféré que ce soit cette même patte mais signée de quelqu'un d'autre dont c'est le vrai style. D'ailleurs le film n'est jamais meilleur que lorsqu'il se roguenationise dans la scène du Palais Royal.
D'ailleurs, le saut en parachute en plan-séquence rappelle les 4 plans-séquences de la scène du tore de
Rogue Nation.
Citation:
Autre défaut du film, son McGuffin à base d'armes nucléaires. Pas le droit d'avoir la même menace à seulement deux films d'écart, surtout avec la sempiternelle philosophie "Créer le chaos pour avoir la paix". D'autant plus que ça s'accompagne de circonvolutions scénaristiques des plus artificielles pour créer un countdown littéral où il faut couper le câble au dernier moment. Zzzz...
Oui, à la revoyure, c'est un peu dommage, parce qu'en effet :
Citation:
le reste du spectacle final est superbe.
L'autre truc que j'ai trouvé un peu dommage à la revoyure, c'est que ça rappelle le 2 dans son côté "pas vraiment un film d'équipe".
T'as l'intro (qui remake le 1 jusque dans la réplique référencée deux fois) et le climax un peu, mais entre les deux, c'est surtout Ethan seul (ou avec Walker), même quand l'équipe est impliquée (Paris).
En ayant revu le 4ème à la hausse, notamment pour ce qu'il fait de l'équipe, je le placerai aujourd'hui au-dessus du 6 dans le classement.
Citation:
Enfin, j'avais oublié à quel point j'aimais le dernier plan, humble et attachant.
Et oui :
Film Freak a écrit:
Et cette dernière scène humaine me rappelle celles de...LA LISTE DE SCHINDLER et SAVING PRIVATE RYAN.
Citation:
La Liste de Schindler : Schindler craque et pleure en disant qu'il aurait pu en faire plus, sauver davantage de vies. Stern lui dit "tkt t'en as sauvé assez".
Saving Private Ryan : Ryan vieux craque et pleure et demande à sa femme s'il a été un homme bien, s'il a mérité qu'on sauve sa vie. Sa femme lui dit "tkt t'as été un homme bien".
Mission : Impossible - Fallout : Hunt craque et pleure demande pardon à son ex-femme d'avoir gâché sa vie en cherchant à sauver toutes les autres. Son ex-femme lui dit "tkt tu as fait exactement ce qu'il fallait".
Comme Schindler ou Ryan, Hunt s'interroge sur le bien-fondé de ses actes et trouve l'absolution in fine. Est-ce que j'ai été un homme bien? Est-ce que ça a servi à quelque chose, tout ce que j'ai fait? Tous ses sacrifices, de mon corps, de mon équipe, de mes proches. Et Julia lui répond oui. "Tu es exactement où tu dois être". Elle lui confirme sa raison d'être.
Déjà-vu a écrit:
Il dit un peu trop "I'm sorry" tout de même.
Cf. ce que je répondais à Mass :
Film Freak a écrit:
Hunt dit "je suis désolé" à 3 personnes dans le film : la fliquette, Hunley et Julia. La fin, c'est Julia qui lui dit "t'as pas besoin de t'excuser". #absolution
Je suis CHAUD. PATATE. pour le 7.