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MessagePosté: 25 Fév 2023, 23:49 
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Arnotte a écrit:
Fire walk with me a écrit:
Déjà-vu a écrit:
Une question à propos du dernier plan :

Combien de gens vont passer à côté du recadrage ? Je suis tenté de penser qu'ils seront nombreux et serais curieux de connaître les résultats d'un sondage à la sortie de la salle.


C'est quand même hyper visible. Difficile de passer à côté.
Surtout que c'est expliqué 1 minute avant.

Nan c’est une bonne question…
Je me disais que c’était impossible de ne pas le voir.. Mais en rentrant à la maison je voulais en avoir le cœur net, j’ai demandé à ma femme si elle l’avait vu. Elle ne l’a pas vu.

C'est ouf quand même.
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MessagePosté: 26 Fév 2023, 00:02 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Oui :lol:
Mais j’ai une magnifique salle de quartier (mono-écran avec grand rideau rouge) à trois minutes de chez moi, et la salle était bien pleine. Très belle séance.
Quant au dernier plan, c’est une question d’œil “entraîné” ou pas. Comme Déjà-vu, je suis maintenant persuadé que 50% de la salle l’a vu (les comme moi) et 50% l’a loupé (les spectateurs dits “lambda”).
Ca me rappelle la séance de Dunkirk en IMAX: elle n’a remarqué aucun changement de format… Je l’aime quand même :lol:

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MessagePosté: 26 Fév 2023, 00:20 
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Des notations psychologiques riches, Steven Spielberg livre à la fois les clés et son cinéma, et son ambition, et les deux sont étrangement indiscernables,.

Cette confusion atténue la mélancolie qui pourrait se dégager d'un film-somme (on peut penser à Huston qui a peu voire pas tourné après les Dublinois), elle est nécessaire pour se justifier lui-même et ses parents sans épuiser totalement l'énergie de l'artiste, laisser la chance d'un après, alors que le film pourrait être un geste testamentaire de réconciliation envers ses parents (la barque oedipienne paraît assez chargée).

-le tout début, dans la foule du cinéma, m'a fait penser à la Liste de Schindler, à la scène de la petite au manteau rouge, contrainte de partager le sort des adultes, qui anticipent la souffrance qui lui sera causée, la jouent à sa place. Les parents sont mis sur le même plan que le spectateur, ils croient en la situation parce qu'ils la connaissent, l'enfant non : même si on lui expliquer il reste sceptique. Il la devine, et par là c'est le seul à être confronyé au risque de la jouissance, quand elle serait une honte por l'adule.

Mais le sens du film est de témoigner pour cet enfant. On sent peut-être l'idée (que j'exprime de façon peut-être douteuse) d'un cinéma de la mémoire et de la trace, mais dont le public serait idéalement la victime elle-même . Le film est une compensation, il est dès lors postérieur à la prise de conscience. Peut-être que cela se traduit ici dans la scène, assez dure, où l'enfant montre à Michelle Williams les traces de son adultère : ses pleurs annulent alors le jugement qui est porté sur elle : la carhasis partage les mêmes prémices que le fait de juger et condamner, elle lui ressemble, et ne s'en différencie que de façon ultime et brusque. L'antisémitisme fonctionn aussi comme une quasi- médiation , que le sujet-réalisateur hésite à prendre en compte, tout en le faisant partiellement.
Après la catastrophe, l'individu se détache et devient le seul sujet. Il faudrait mettre révéler en même temps la catstrophe politique et l'individu pour penser la condamnation du racisme en terme de droit, de jugement, qui pourrait l'arrêter, ou du moins essaye de le faire. Ici l'agression est au contraire perpétuellment vécue. C'est à ce prix que le film finit par inverser l'antisémitisme du personnage de l'étudiant mêle-alpha, qui prend conscience d'être filmé comme un athète de 1936. Il inverse le racisme en mélancolie, et fait de l'antisémitisme le manque du fort que celui-ci n'accepte pas de voir. PAs mal vu, mais Sammy est en deuil de l'affection de sa mère de la même manière que l'étudiant est en deuil de sa haine (et c'est tout l'inverse, celle-ci absente, il commence à la juger et à la dénigrer, alors qu'il semble pour le coup se rapprocher de l'étudiant qu'il a"purgé") . Parallèle ou réciprocité intéressants mais étrange, assez opaque.
-Par ailleurs le personnage de la copine born-again (Monica?) fonctionne comme une métaphore de l'Amérique de Trump, humanisée certes par son énergie et sa générosité, qui si elle n'annule pas le préjugé, le déjoue juste pendant quelques scènes.
Elle se sent forte, mais elle est fatiguée d'être désirée par celui qu'elle perçoit comme un étranger, qui lui plaît pourtant. Cette fatigue de plaire est montrée comme l'explication du nationalisme, ce qui est encore rationnel mais va muer bientôt en bigoterie. Pas mal vu, là encore.

Pourtant je ne suis pas à fond (même si le film n'est pas nul). Il ya des trucs tape-à l'oeil (le fish-eye qui suit la voiture, la visionneuse des rush qui restitue seule l'échelle réelle des personnages - lors de la scène finale avec le père où on le contraint à voir les photos du couple de sa femme avec son amant, sa tête touche au contraire le plafond). Le scénario et la mise en scènes sont peut-être trop programmatiques, trop volontaristes. Certains bon mots du dialogue, trop étudiés font penser à du Audiard alongé sur le canapé du psy. Sur un background assez proche, j'ai préféré Armageddon Time de James Gray, le personnage de la mère joué par Hathaway m'a plus touché que Michelle Williams. Et Gray peut filmer du point de vue de celui-ci qui se sait perdu, le copain qui reste en prison. Il y a une dialectique, et derrière la mémoire familiale, il existe une politique qui ne se laisse par absorber par elle. Spielberg filme au contaire un monde où il n'y a pas de perte (et donc du salut accessible), les sentiments et affects se convertissent perpétuellement et la caméra est une alternative au politique, elle entend agir profondément sur le réel, sans forcément le montrer.
On peut aussi supposer que l'enjeu persoinnel du film est de montrer un divorce qui se passe mieux que le divorce réel de ses parents.M es personnages sont reconstruits pour pouvoir s'expliquer complètement, d'où l'étrangeté (mais aussi la franchise) de Spielberg : le divorce est accepté, se passe bien, mais reste une traumatisme, malgré cette rationnalisation. Et bizarrement Sammy se met à détester sa mère après lui avoir pardonné (ce qui peut s'expliquer : il le fait alors à la place de son père, trop faible pour la haine, trop faible aussi pour honte). Cela inverse de manière assez intéressante un canevas classique. Mais on dirait aussi qu'il met en scène le à chacun ses raisons renoirien au prix d'une méprise. Il filme comme une forme de pardon ce qui chez Renoir est une énergie sceptique : Renoir filme pour le spectateur futur qui est au delà des souffrances du présent. Ici le personnage semble (c'est presque dit par la mère ) à la fois surmonter la souffrance et annuler le futur, d'où l'impression de présent perpétuel (les parents ne vieillissent d'ailleurs pas physiquement alors que le film court sur 15 ans), d'année 1964 où le deuil du placage amoureux raccord immédiatement avec l'usure du cinéma en 2023, avec une maîtrise technique qui reste constante..

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Dernière édition par Vieux-Gontrand le 26 Fév 2023, 10:34, édité 7 fois.

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MessagePosté: 26 Fév 2023, 03:17 
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Vieux-Gontrand a écrit:
Et Gray peut filmer du point de vue de celui-ci qui se sait perdu, le copain qui reste en prison. Il y a une dialectique, et derrière la mémoire familiale, il existe une politique qui ne se laisse par absorber par elle. Spielberg filme au contaire un monde où il n'y a pas de perte (et donc du salut accessible), les sentiments et affects se convertissent perpétuellement et la caméra est une alternative au politique, elle entend agir profondément sur le réel, sans forcément le montrer.


Dans l'interview de Télérama on lui demande pourquoi il n'y a aucune référence au background politique de l'époque et il dit qu'à l'époque ça l'intéressait pas beaucoup et qu'il était déjà trop occupé à lutter pour sa survie à l'école (sous-entendu contre l'antisémitisme dont il était victime, j'imagine)...


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MessagePosté: 26 Fév 2023, 09:08 
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Ceci dit il y a une allusion à Barry Goldwater (mal rendue par les sous-titres par "il vote pour les Républicains"), qui contredit d'ailleurs un peu les représentations du film (sénateur raciste et populiste d'Arizona, de père juif et de mère épiscopalienne, contre la déségregation , fondateur du NCAAP local, son parcours est particiulièrement compliqué et sinueux). Mais c'est peut-être à nouveau et surtout un reproche contre la mère qui idéalise l'Arizona, et aussi une manière d'équilibrer rapidement au plan historique le film plutôt qu'un point de vue (singulièrement Sammy dit qu'il a fuit son coloc qui vote pour lui, tout comme il ostracise sa mère à un moment)

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MessagePosté: 26 Fév 2023, 12:28 
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MessagePosté: 26 Fév 2023, 12:42 
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Il en est très conscient et cela ressort dans le film où son personnage est très introverti, peu bavard, un peu autiste (en tout cas animé par peu de désir), sans que cela ne soit visiblement un problème pour ses parents.
Malgré tout cela peut être un atout, il ne pense pas en temps de déclin ou préservation d'une tradition, mais il a en revanche dès le debut un doute sur la capacité du cinéma, comme media plutôt qu'art, à cerner le réel. Il a la notion de l'impuissance de ce qu'il désire.
Dans le film proto Soldat Ryan que met en scène Sammy, la question du rapport entre le réalisateur et l'acteur ne se pose que lorsqu'il doit mettre en scène cette impuissance. Et à l'inverse il est gêné par le fait de filmer la vitalité et l'excentricité de sa mère (qui passe par un rapport a la culture européenne voire germanique) tout comme il transforme en source de honte la sportivité et la puissance physique de l'étudiant crypto-fasciste. Ces deux personnages sont placés sur un même plan affectif, Sammy a envers eux le même rapport ambivalent : il se laisse séduire par eux tout en les jugeant.

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MessagePosté: 26 Fév 2023, 20:09 
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J'en suis le premier surpris, continuant à aller voir ses films plus pour confirmer que ce n'est pas pour moi qu'autre chose, d'avoir été vraiment emporté par celui-ci (et pourtant j'avais une certaine réticence dans sa première partie avec la proximité physique du Spielby de 7 ans avec son héros de A.I.). La première remarque que je me suis faite c'est que, après avoir collectionné les emplâtres, c'est forcément une tout autre sauce quand tu choisis de faire tourner de vrais bons acteurs. Dano, Williams, ça n'est pas une surprise, mais Gabriel LaBelle c'est une vraie belle découverte. Et, ce que QGJ appelle un cinéma plus brut, n'est pas fait pour me déplaire. Toute la partie dans le collège californien est probablement ce qui correspond le mieux à l'image à laquelle je réduirais le cinéma de Spielberg, bourré de clichés et de caricatures, mais ici ça ne me gêne pas, parce qu'il arrive malgré tout à le transcender, et aussi parce que je l'ai pris comme un clin d’œil à la manière de filmer à cette époque même (cette partie renvoi beaucoup à American Graffiti je trouve). Mais c'est pour ainsi dire la seule partie du film où Spielberg fait du Spielberg, le reste est beaucoup plus ténu, dans ses émotions et dans ses effets, toujours juste et jamais exubérants.

Film Freak a écrit:
Spielberg ferait presque des sources lumineuses diégétiques du film un personnage à part entière pour mieux raconter comment le cinéma met tout en lumière, notamment la vérité, et permet de prendre contrôle d'un monde qui nous dépasse.

Ça c'est vraiment l'angle le plus passionnant du film, et il y aurait des pages à écrire sur le sujet (et c'est ce qui pourrait me donner envie de revoir certains Spielberg, spécifiquement sous cet angle). Personnellement j'adore l'anecdote des trous d'épingles, qui est la première occurrence dans The Fabelmans (il me semble) de la prise de conscience du jeune réalisateur quant au pouvoir de la lumière et de sa double capacité à retranscrire et transcender le réel.


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MessagePosté: 26 Fév 2023, 20:53 
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Je n'ai jamais vu une presse aussi dithyrambique et unanime ; 4,9/5 sur Allociné. Au-delà des qualités du film, je me demande de quoi c'est le symptôme...

Sinon de mon côté pas grand chose à en dire, plein de jolies scènes, peu d'émotion. J'ai trouvé ça globalement très charmant, léger, tendre. Y aurait eu une heure de moins ou une heure de plus, c'était un peu pareil. Super dernier plan. Au jeu des comparaisons, pour moi on est en-dessous de Catch me if you can par exemple, qui me remuait davantage sur la cellule familiale. Pas certain de le revoir avant longtemps.

3,5/6

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MessagePosté: 26 Fév 2023, 21:06 
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Z a écrit:
Je n'ai jamais vu une presse aussi dithyrambique et unanime ; 4,9/5 sur Allociné. Au-delà des qualités du film, je me demande de quoi c'est le symptôme...

Même note que Wallace et Gromit : Le Lapin Garou. Plus récemment Parasite a eu 4,8/5.


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MessagePosté: 26 Fév 2023, 21:24 
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Lohmann a écrit:
Z a écrit:
Je n'ai jamais vu une presse aussi dithyrambique et unanime ; 4,9/5 sur Allociné. Au-delà des qualités du film, je me demande de quoi c'est le symptôme...

Même note que Wallace et Gromit : Le Lapin Garou. Plus récemment Parasite a eu 4,8/5.


Pour Spielberg, je veux dire. Il a toujours beaucoup clivé. J'ai l'impression que dans chaque journal, ils ont laissé le papier à celui qui avait le plus aimé. Je me souviens de critiques autrement plus vénères pour ses masterpieces des 90´s.

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MessagePosté: 26 Fév 2023, 21:41 
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Lohmann a écrit:
Même note que Wallace et Gromit : Le Lapin Garou.

26 titres de presse au lieu de 42

Citation:
Plus récemment Parasite a eu 4,8/5.

36

Quitte à parler chiffres.


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MessagePosté: 26 Fév 2023, 21:51 
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Ça reste les notes Allocine surtout, donc pour l’essentiel des sources référencées estimées au doigt mouillé.


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MessagePosté: 26 Fév 2023, 21:56 
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T’es le premier à en dire du bien en bressonien pur et dur, ça vaut bien 4,9.


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MessagePosté: 27 Fév 2023, 09:08 
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L'avis de Lohmann m'intrigue, parce que sinon, la BA... :?


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