Forum de FilmDeCulte

Les deux sont effectivement possibles. C'est pas très clair.

Je tiens Bruno Dumont pour un des plus grands réalisateurs français en activité mais alors là j'ai bloqué totalement devant ce film qui s'est résumé pour moi à un interminable malaise de 2h15. Je n'avais pas ressenti ça depuis Superstar de Giannoli. Sauf qu'ici Dumont est conscient de ses effets qu'il travaille volontairement ce grotesque clownesque en permanence risible et flirtant avec la parodie. C'est pour moi sans doute le premier problème. La satire doit se baser sur une réalité pour avoir un impact et dire quelque chose de notre époque, or ici la représentation que fait Dumont du monde médiatique est déjà complètement hors-sol avec cette journaliste star d'une quotidienne qui va (en milieu de semaine !) au Sahel faire des reportages dans des zones de guerre. Des reportages qui ressemblent à rien où elle se met en scène dans une espèce de pastiche de BHL trop exagéré pour être honnête. Par exemple cette idée que les interviews sont fait en champ-contrechamp c'est nul, c'est faux, dans aucun reportage, des interviews en pleine rue, dans des zones de guerre ne sont faites ainsi... C'est pareil pour les scènes en plateau. Quand Léa Seydoux s'adresse à ses invités, elle regarde la caméra au lieu des les regarder. Dumont a-t-il seulement déjà regardé BFM ou LCI ? Aucun présentateur ne fait ça.

Du coup pour moi ça vide totalement le film de la moindre pertinence sur l'état du journalisme contemporain et ça fait sombrer le film dans une espèce de spirale grotesque et malaisante de laquelle il ne sortira jamais culminant dans des scènes pas possibles comme le dîner entre amis, l'accident de voiture, scène totalement comique dans son escalade dans l'horreur où soudain Dumont semble nous offrir une espèce de brève parodie de mélodrame et cette fin (là encore volontairement) nanarde avec l'agression du vélib... Il faut quand même oser des trucs pareils.

Le problème c'est que le film est construit n'importe comment, le personnage n'a aucune évolution. Elle est à la télé, part, revient, fait une simili dépression, devient plus humaine, puis finalement pas tant que ça etc... Impression d'un film qui avance à vu, improvisé au fil du tournage. Avec des trucs très limites comme la famille maghrébine et le fils qui s'appelle Baptiste (?). Comme j'en ai l'impression depuis quelques années Dumont joue avec le public, se fout volontairement de sa gueule. Comme la manière qu'il a d'enlaidir Léa Seydoux. Il y a un plan très long sur elle, dans sa voiture (les scènes de bagnole totalement fake, autre délire grotesque de Dumont) filmé depuis le volant où elle pleure et tu sens qu'il prend un malin plaisir à lui déformer le visage, à la faire pleurer en lui faisant faire des grimaces pas possibles.

Vraiment du mal à comprendre les quelques bonnes critiques lues ici ou là (et j'hallucine quand je lis que c'est "réaliste" surtout par Baptiste qui connaît pourtant mieux le milieu que moi), c'est de très loin le pire film de Dumont, il est pas du tout à l'aise là et surtout sa misanthropie s'y exprime de manière bien trop littérale et sans filtre. Ce qui donne un film totalement antipathique, comme une longue mauvaise blague de 2h15 racontée par un boomer réac. Seul truc que j'ai aimé, la superbe musique de Christophe. Pire séance de l'année pour l'instant. J'aimerais tellement qu'il revienne au cinéma pur et minéral de Hors-satan (mon préféré de lui) mais je pense que c'est mort.

1/6

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CroqAnimement votre

Lol, supprime.

L'acteur s'appelle Jawad. On va pas refaire le débat Jamel dans Amélie Poulain mais chez Dumont, j'ai du mal à ne pas y voir une forme de putasserie.

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CroqAnimement votre

On s'en fout qu'il s'appelle Jawad. Baptiste ou un prénom un peu lambda, c'est plus courant que tu penses pour un rebeu. Charles-Antoine, j'aurais pas dis pareil.

lol c'est une blague ? C'est une famille maghrébine immigrée de première génération (les parents qui ont un gros accent). Bien sûr que c'est pas un choix innocent de la part de Dumont.

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CroqAnimement votre

Et qui vivent dans un magnifique pavillon de banlieue déco design moderne avec une pension d'invalidité, un chômeur et un livreur Deliveroo.

Reflexion aussi que je me suis faite avec le punk qui défonce le vélo, comme s'il y avait encore des punks en 2021.

Oui comme le reste du film, on est dans une réalité volontairement factice. Mais je ne vois pas où Dumont veut en venir.

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CroqAnimement votre

J’ai trouvé le film sublime, dans la droite ligne de Jeannette. Il faudra que je prenne un peu de temps pour revenir dessus, mais je voulais rapidement rebondir sur cette remarque de Art Core.


Certains ont parlé de rédemption au sujet de France, je ne suis pas d’accord avec cela mais la dimension mystique est primordiale dans ce film. Elle navigue constamment de l’enfer au paradis (dans le salon musée de l’appartement, l’enfer est sous leur pied - le tapis - quand la totalité des peintures et autres tentures accrochées au mur représentent toutes des anges). Sa rencontre avec Baptiste est le moment où s’opère sa révélation - celui où elle est capable d’enfin ressentir la douleur des plus démunis -, je pense au contraire qu’il n’y avait pas meilleur nom à attribuer à ce personnage. Et qu’il soit d’origine nord africaine n’est effectivement pas fortuit, pour beaucoup de raisons : à minima linguistique (les parents maîtrisent mal la langue, ce qui influe sur France, elle dont le discours est d’ordinaire impeccable) et politique (que l’on s’offusque qu’un maghrébin porte ce nom, pour de bonnes ou mauvaises raisons oserai-je dire, est pareillement limitant aux yeux de Dumont).

Intéressant ça et oui la mystique est fondamentale comme toujours dans le cinéma de Dumont. Cependant le film est trop antipathique pour que ça me touche.

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CroqAnimement votre

J'ai pas dit que la description était réaliste mais que quelques détails étaient bien sentis. Sinon je dis que le cadrage du sujet n'est pas tout à fait réussi, avec ce personnage de plateau mais reporter en même temps qui n'existe que peu. Ca m'étonne que tu attendes de Dumont du réalisme en fait.

En tout cas c'est un film quitte ou double, jouant sur le grotesque, je comprends qu'on n'accroche pas, et moi-même j'ai des réserves. Pour être clair je mets 4.5/6.

Intéressant, je serais intéressé si tu peux développer. Il y a effectivement des reférences chrétiennes parsemées dans le film et si cette notion d'enfer et paradis m'est apparue confusément, c'était encore trop cryptique pour moi. C'est donc encore un des ces films qui ne fait sens qu'au second niveau de lecture et on passe à côté si on n'a pas les clés, car au premier degré c'est passablement incohérent.

Ça n'a rien d'étonnant de la part de Dumont ces références, ça traverse toute son oeuvre.

Et même si il y a plein de références chrétiennes, Dumont ça reste quand-même très premier degré et "innocent" dans son ensemble. Ces films s’apprécient très bien même si on n’a pas cette grille de lecture (exception faite de ces films très religieux).

Même ses films soi-disant religieux: il a une approche tellement sensible, palpable à l'écran, du désir mystique.