Forum de FilmDeCulte

La Mission en VF alors qu'ils auraient dû l'appeler Infos du monde.

La réputation du film me semblait déplorable donc j'ai été heureux de trouver ça pas si mal. Mais pas si mal pour un Greengrass, ça ne suffit pas...

Pourtant, je n'ai rien à reprocher de concret au film. A travers un métier inattendu (Hanks va de ville en ville pour lire le journal à voix haute), ce western nous offre un point de vue décalé post-Guerre de sécession, avec un nord et un sud qui peine à se réconcilier. Esthétiquement c'est joli même si convenu (étalo sépia, musique de James Newton Howard planante-folksy) avec un réalisme gritty bien ancré, Tom Hanks est bien sans plus comme souvent, la bébé Jennifer Lawrence qui fait équipe avec lui est bien aussi. Bref aucun gros défaut. Mais on a l'impression que c'est un peu vide.

En effet, le perso de Hanks n'a finalement pas grand chose à apprendre ou de grand démon à affronter, donc on ne saisit pas trop quel est le parcours du perso et ce qui est censé nous émouvoir chez lui. Du coup ça reste en surface, ça manque un peu de densité. C'est bête...

En fait on se rend compte que Greengrass c'est génial quand il est dans la captation du réel pur: BLOODY SUNDAY, VOL 93, CAPTAIN PHILLIPS -- et encore, son film sur UTOYA c'était pas ouf. Mais pour ce qui est des autres, les BOURNE, GREEN ZONE, etc, c'est jamais nul, c'est même des blockbusters de haute tenue, mais il manque quelque chose (mais quoi ?) pour que ce soit génial et c'est le cas ici aussi.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Un Greengrass quoi.


Un regard, voilà ce qu'il manque. Et je disais presque mot pour mot la même chose dans mon avis sur 22 July : il est meilleur dans le factuel parce que quand il en sort, il fait dans le cliché.
C'est pourquoi le dernier Bourne, Green Zone et 22 July sont justement nuls et pas "des blockbusters de haute tenue".

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Le gros point faible de Greengrass, c'est le scénario, plus encore que le point de vue. Pas que ses scripts soient nuls, ils sont fonctionnels... Mais tu sens que ça ne l'intéresse pas des masses. Pareil pour les personnages, qui jouent leur rôle comme des fonctions, plutôt que d'avoir un réel écho et une progression, mis à part Captain Philipps, le reste... Et enfin le dernier truc qui pêche, c'est qu'au bout de trois films, on peut renifler un auteur, mais au bout de neuf, ça s'évapore complètement. Pour moi c'est un faiseur trois étoiles, qui mise tout sur les faits, l'émotion brute, et le filmage à l'épaule. Il ne tente même pas d'en sortir JUSTE UNE FOIS. Quand il foire, il foire quand même bien sévère. Et quand il réussit, c'est top et divertissant.

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I think we're gonna need a helmet.

La croûte a quand même un minimum de fond, à mon avis la seule séquence qui a intéressé Greengrass c'est le passage chez les tueurs de bisons où la lecture de la presse extérieure devient subversive (en tout cas c'est bien l'une des seules qui ait éveillé un peu ma curiosité lol). Autour de ça se greffent toutes sortes de scènes totalement inutiles, parfois absurdes, et trop longues (exemple : les trois gus sortis de nulle part qui veulent acheter la fille et sont prêts à mourir pour ça). Donc il y a vaguement des choses intéressantes : l'importance du discours, les différentes formes de discours, langue de soi/langue de l'autre même... Le fait que la gamine aime écouter des histoires est pas mal aussi, on peut se demander si ça n'est pas là qu'elle retrouve la tradition orale du peuple avec lequel elle a grandi mm si ça n'est jamais formulé, le problème c'est que jamais elle ne s'interroge ou interroge sur ces bouts de papier que lit Hanks, donc on peut dire qu'il y a a priori de la part du scénario une évidence ethnocentrique de la prééminence de l'écriture comme marqueur de civilisation par rapport à l'oral. Moins intéressant, ça peut aussi venir tout simplement des lectures d'histoires de sa première enfance avec sa famille biologique, difficile de bien saisir à quel âge elle a changé de famille, elle paraît encore très jeune mais maîtrise quand même apparemment certaines phrases en allemand...

Le titre nous avait avertis: c'est "News of the World", et pas "The New World": il sera seulement question de la presse, et pas d'un monde nouveau. La thèse du film, ce n'est pas de nous faire une "leçon d'écriture" façon Lévi-Strauss, c'est de soutenir le rôle fédérateur de la presse, comme liant d'une nation désunie, façon Laurent Joffrin.
J'ai regardé ça à cause du titre, qui promettait au moins une entrée originale dans les vieux codes du western. Mais le film est tellement dénué du moindre intérêt, quel que soit l'enjeu qu'il aborde, que ça décourage d'en dire quoi que ce soit.

Quand on parle de croûte...

Au moins, dans "The New World", on ne voit pas une gamine qui a été élevée pendant 4 ans par des indiens se comporter comme la gamine de "Miracle en Alabama".

Tu mets la barre haut dis donc !

Comme le Max Linder.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

On y entend en revanche une indienne n'étant jamais entrée en contact avec les colons psalmodier en anglais du Holderlin, il est vrai que c'est bcp plus chic (et subtil évidemment, mais épargne moi l'explication de texte)...

Je t'avais mis le pied à l'escabeau.

Je ne comptais pas le faire, vu que c'est ton titre de gloire de répéter que ce film est une croûte:
http://forum.plan-sequence.com/top-forum-t8325-4035.html#p873545

En revanche ce que j'ai pu rattraper de Lucia Murat m'a peu emballé. Bcp moins bien que «Brave new land», mais je reste curieux de voir le reste de sa filmo, surtout «The foreign eye»...

j'ai trouvé le film soigné mais trop redondant. Au bout de deux villes visitées, on a compris qu'il allait leur arriver des merdes à chaque fois

il y a quand même quelques moments qui sortent du lot comme la fusillade ou la scène finale vraiment habitée.

la relation entre les deux est touchante car pudique et "saine" (dans le sens où chacun laisse l'autre tranquille)

Par contre, j'avais jamais vu de plans de drones aussi laids

Je salue l'effort de Greengrass de sortir une fois de plus de sa comfort zone narrative et esthétique, loin de toute tension, d'autant que ça offre de jolies vistas (même si j'aurais bien aimé un western avec les affèteries du "réalisme", ça changerait), mais force est de constater qu'une fois de plus après 22 July, ça lui réussit pas.

J'aime le propos sur une Amérique divisée où l'information et l'éducation sont vitales et plus importantes que le labeur mais le récit demeure balisé et rythmé par des péripéties clichés et l'émotion peine à poindre dans ces scènes vues et revues ("elle mange avec ses doigts!" sérieusement...) surtout qu'on peine à comprendre vraiment l'arc du perso de Hanks, malgré cet épilogue. Il a tenté de nous refaire le coup de "Hanks chiale enfin au bout de 2h de film" mais cette fois, ça prend pas.

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