Forum de FilmDeCulte

La séquence de Thomas Crown en question est quand même LA séquence du film, avec le vol du tableau du début. Ensuite que le film soit connu, bon ou pas, c'est autre chose. Toute la séquence finale se construit autour de cette chanson. Pour moi c'est exactement comme si il passait "Misirlou" remixé dans la boîte.

Bref, en deux ans, le morceau a été bouffé par les prods diverses, et ça rend le morceau emmerdant parce que tu penses à la gueule de Caravaca, à Damon dans le désert ou à la robe de Ludivine Sagnier qui glisse sur ses seins...

Dans cet ordre là, ça va, ça fait bander de plus en plus dur.

Ah moi c'est un effet d'intimité qui me semble classique, on le voit bien employé dans Full Frontal de Soderbergh (quand Keener fait l'amour avec son mec). Ca renforce le rapprochement des deux personnages, qui fusionnent dans le flou.

je pense surtout en premier à "Heaven" et la fin de "Turning Gate" pour ma part...

Exact...C'est inoui quand même ce manque d'originalité...

Et y'aurait pas le même dans "Japon" ?

Arvo Pärt, c'est le Satie des années 2000.
Tu mets du Arvo Pärt sur les images de ton gamin qui fait ses premiers pas et tac, tu as un plan qui transpire la spiritualité.

Je vais peut-être dire une connerie mais il y a pour moi comme un joli effet de pudeur, comme quand on détourne la tête parce que deux personnes ont un comportement trop intime, mais on les garde quand même dans le coin de l'oeil pour savoir quand ils vont s'arrêter.

Non, en fait, c'est pas si con.

En même temps, c'est une figure de style plutôt nouvelle, non ?

On peut lui reconnaître au moins le mérite de la nouveauté.

WKW travaille énormément les seconds et les arrière-plans, mais je n'avais pas souvenir de choses aussi marquées.
Evidemment, si on n'aime pas les formalistes, y'a peu de chance qu'on soit réellement intéressé par Mann.

La première et la dernière image, en créant à la fois une entrée immersive et une coupure brutale, le soulignent : Miami Vice est une plongée en apnée dans la vie de deux flics floridiens sans cesse noyés dans une action qui finit par phagocyter leurs propres vies. La force du film de Mann est l'utilisation de la caméra HD pour esquisser une peinture sans fard, réaliste, voire quasi-documentaire des méthodes policières, en n'oubliant pas d'épouser le mouvement de l'humain. La relation entre Colin Farell et Gong Li s'impose en cela comme une parenthèse ô combien sensitive, qui jure avec la froideur des rapports liés au cartel de la drogue. De même, la relation entre Jamie Foxx et sa fiancée est une occasion pour Mann de travailler en amont une émotion qui surgira plus tard dans le film.
Paré de trouvailles visuelles géniales (la fusillade à l'intérieur même de l'habitacle, l'explosion en arrière-plan...), Miami Vice s'impose comme un grand film expérimental, dont l'ambition n'est pas tant de renouveler les codes du film d'action (même s'il y arrive souvent magnifiquement, malgré le côté plutôt basique de son scénario) que de livrer au spectateur une nouvelle proposition de cinéma, faite d'épure et d'atmosphère, une succession d'images singulièrement belles qui marquent les yeux et l'esprit. Il y a chez Mann un tel sens du cadre qu'il peut transcender n'importe quel scène de dialogue en un monument hypnotique.
Un mot aussi sur la musique, qui joue comme à chaque fois le rôle d'écrin sublimée par le montage. La musique, ou son absence également : l'embuscade du bungalow est un moment qui fera date en matière de tension et de réalisme vu que seul le son d'ambiance régit l'action.
Bref, une nouvelle fois Michael Mann livre un film ô combien ambitieux, mais qui prend à contrepied les attentes : moins un film très écrit qu'un trip sensoriel, viscéral et romanesque, à mi chemin entre l'asphalte et le volant, le ciel et la mer.
5.5/6