Film Freak a écrit:
Jme demandais si la troisième fois serait la bonne...Et ben non.
Fin 2001, le film que j'attendais comme le Messie, c'était Ali de Michael Mann.
J'adorais Heat, je suradorais The Insider, donc à peine arrivé à Los Angeles en décembre de cette année-là, je me suis précipité sur le film, quitte à le voir à la dernière séance, malade et fatigué.
Et j'ai pas accroché. Plein de bonnes choses hein, mais un tout décousu qui m'a pas parlé.
Je me suis dit qu'il fallait réessayer, alors quand il est sorti en France deux mois plus tard, j'ai rententé le coup.
Et ça passait toujours pas. Quelque chose me laissait en dehors.
Plus de sept ans après, je lui enfin redonné une chance, comme il se doit, ce soir, à la Cinémathèque, sur grand écran et tout et tout...
Et toujours pas.
Je trouve le film évidemment bourré de qualités, à commencer bien sûr par sa mise en scène, sans doute la plus impressionnante de Mann avec The Insider (faut que je revoie Heat, en tout cas, c'était son trio gagnant à ce niveau-là), qu'il s'agisse de l'incroyable introduction juxtaposant les époques dans un crescendo de tension et d'exposition avant le premier combat, lui aussi sublime formellement, montré dans toute sa longueur, et sa force, la caméra embarquée, subjective, pfoooooooo, ou bien de la séquence suivant Ali qui court dans les rues de Kinshasa, entouré du peuple, sur "Tomorrow" de Salif Keita (ah l'éternel talent de Mann à marier THE morceau avec THE séquence), thème qui revient sur la fin du dernier combat...
Et sur 2h37, le film est parcouru de ce genre de morceaux de bravoure, où la caméra de Mann filme au mieux un Will Smith à la performance surpuissante, la gueule, le corps, la voix, la diction...
Le problème vient du scénario, je trouve. Malgré de très beaux efforts, le film n'évite pas, à mon goût, certains pièges du genre, le biopic.
J'ai parfois l'impression que le récit cherche trop à être exhaustif autant que possible et s'impose de passer par des étapes obligées, de tout montrer de l'homme, la boxe, la famille, les femmes, la religion...c'est évidemment une intention on ne peut plus louable pour une figure aussi riche mais du coup, je trouve qu'on s'y perd, qu'aucun aspect n'est servi avec suffisamment d'attention (surtout toutes les scènes avec les femmes - et les embrouilles - souvent le point faible chez Mann).
Ce qui fait que je sors du film avec certes un bon portrait du mec mais avec la question "what's the point?". L'illustration est très bonne et le film semble être abouti en ce qui concerne Ali, le mec qui s'est forgé une identité en se rebellant contre son "nom d'esclave", puis contre le gouvernement américain, puis contre Nation of Islam, etc. Mais j'aurai préféré que le film se concentre exclusivement sur cette qualité politique et sur la boxe, plutôt que de perdre du temps sur des histoires de couples mal fagotées : la première femme aussitôt arrivée, aussitôt disparu, la seconde qui avait 11 ans quand ils se sont rencontrés la première fois - dans une ellipse cependant située quelque part au début du film - mais qui est adulte à présent, la dernière qui paraît fonctionnelle...ya un problème de temporalité je trouve, pour une fois j'aurai bien eu besoin de cartons avec les années, histoire de situer davantage le déroulement des différents événements de la vie d'Ali.
C'est dommage. C'est vraiment frustrant pour moi. Parce que du coup, à cause de ces bémols récurrents, tout au long du film, je décroche. Alors que je suis admiratif le reste du temps et à peu de choses près, le film serait dans mon palmarès de tête avec les deux qui précèdent dans la filmo.
4/6
PS : reviens à des films comme ça Michael, des épopées qui s'étalent, des trucs politiques...même si je trouve Ali imparfait, j'ai envie de baisser ma note de Public Enemies quand je vois tout ce qui est accompli ici sur un film tellement plus ambitieux...refais-nous ça Mike, et si possible en pellicule.
Film Freak a écrit:
After the theatrical version (157 min.) was released on DVD, Mann revisited his film again with a new cut (165 min.). He took out approximately 20 minutes of footage and put 30 minutes of previously unseen footage back in. The director claimed that the politics of the times are more the focus.
Bah merde, je croyais que c'était juste quelques minutes en plus et non un remplacement de 20 minutes par 30 minutes de politique, faudrait que je le voie alors.
Film Freak a écrit:
Liste exhaustive des changements sur le Director's Cut :
http://www.ecranlarge.com/dvd_review-list-774.phpPas sûr que ça changerait mon avis.
Je confirme.
Je lui ai donc redonné une chance aujourd'hui, quatre ans après la 3e vision, et en Director's Cut donc, et si effectivement la première heure semble se concentrer davantage sur la politique (on voit davantage l'implication de Nation of Islam, le clash avec le père, la CIA qui surveille) et, ce faisant, donne un récit plus focalisé, je persiste à trouver ce qui suit (en gros, à partir de la suspension de sa licence de boxeur) plus dispersé, plus décousu.
J'ai un peu l'impression que le film ne sait plus trop quoi raconter passée sa première heure. Jusque là, j'aime beaucoup l'angle choisi par Mann (Clay, cet homme qui s'est affranchi de son nom, de sa famille, de sa religion, pour exister mais dont la célébrité l'amène à être manipulé, discriminé) mais ça bascule par la suite dans une success-story plus classique (oublié, Ali va renaître, dans le continent de ses origines) et donc moins intéressant.
Formellement, ça reste toujours aussi classe (malgré l'incursion de quelques plans numériques qui préfigurent déjà ce que la vidéo pourra apporter d'intéressant mais aussi de MOCHE au cinéma de Mann par la suite), Lubezki faisant des merveilles, mais je trouve le doublé Heat/The Insider TEEEELLLLLEMENT plus abouti, plus enivrant, plus envoûtant, plus touchant…
Anyway, c'était la dernière tentative, je pense.
Ali va donc rejoindre ces autres films décevants que j'ai revu plusieurs fois avec espoir tels que Contact et les suites de Matrix.