Forum de FilmDeCulte

Revision hier donc du meilleur film du monde (ok, l'UN des meilleurs films du monde) à la Cinémathèque qui, même dans une copie dégueulasse, même projeté par un blaireau, s'impose encore et toujours, 10 ans après, comme une oeuvre cinématographique monumentale.

Pour moi, ça reste le meilleur film de Michael Mann, sa première excursion hors du film de genre, son essai le plus engagé, lorsqu'il commençait à expérimenter davantage avec un filmage à l'épaule, proche du reportage, avant de partir en couille numérique, et encore ancré dans une certaine tradition du scénario aux personnages super fouillés.

A ce niveau-là, Mann et Roth font preuve d'une écriture absolument sans gras, incroyablement efficace, tant dans la caractérisation (j'adore comment les personnages sont cernés : Bergman qui vient interviewer le boss du Hezbollah, avec Wallace aussi, troisième protagoniste du film que l'on oublie trop souvent face aux deux autres et qui est juste aussi bon, n'importe quel autre film n'aurait pas montré cette scène vers la fin où il vient évoquer ses craintes à Bergman ; et puis Wigand, son licenciement, ses explications scientifiques à ses filles, etc.) que dans le récit d'une histoire vraie, limitée à juste un épisode, pas un biopic, pas un sujet qui s'étale sur plusieurs années.
En cela, il renoue avec la formule des réussites telles que Les Hommes du Président et JFK dont il se fait le digne héritier, thriller d'investigation à tendance paranoïaque.

Et quel meilleur art que le cinéma pour représenter la paranoïa?
Art du montage, de l'alternance dans un champ-contre-champ, du gros plan qui s'insère, art de la création du sens à partir d'images isolées...ainsi n'importe quel regard que Wigand croise se voit tout de suite transformé par le personnage, et donc la mise en scène, en regard lourd de sens, espion, accusateur...
Il faut voir Mann créer de la tension à partir de RIEN...comment il te fout du stress dans la moindre porte battante, comment il fait monter la tension dans une séquence d'échanges de fax!!!! Et puis évidemment, la scène du golf...avec ce premier plan dans la séquence, initialement inidentifiable (ciel étoilé? non, green couvert de balles, plan flou, filtre bleu) ou cet insert a priori gratuit de la balle qui cogne au ralenti dans le filet, avec la mise au point.

Les rares ralentis de ce film, quand l'image PASSE ua ralenti à mi-plan, sont d'ailleurs absolument fabuleux...évidemment, je parle de Wigand qui quitte l'immeuble de Brown & Williamson au début du film, et du dernier plan du film qui y fait directement écho, avec Bergman quittant CBS, étant devenu à son tour "l'insider", le mec qui a dû tout balancer, qui casse un truc qui sera jamais recollé (et la perfection du ralenti qui s'enclenche au moment où l'un des revers de la porte tournante vient se fermer rahalalaaaaaaa).
On retrouve ce portrait de deux hommes comme les affectionne Mann, où l'un se confond avec l'autre, où les lignes se floutent...

Contrairement à ce beaucoup de gens reprochent au film, et à Mann en général, je ne trouve pas le film froid du tout. Il y a un net refus du pathos plus classique, mais je trouve le film TELLEMENT humain...
Le récit de la chute de Wigand me saisit le coeur, vraiment. Le limogeage, l'annonce à sa femme, Sandefur qui le piège, Bergman qui le manipule, sa parano, le FBI qui envahit sa maison, sa chute dans le jardin, les scènes avec ses filles, pfoooo...Crowe y est évidemment pour beaucoup.
Je sais pas s'il trouvera un jour meilleur rôle...ici il est tout bonnement sidérant...la nervosité, les hésitations, le côté pataud, les énevrements, le calme, la résignation, la honte et même le rire putain, le nombre d'émotions qu'il traverse fouuaaaaaa...et dire que le film ne se termine même pas réellement sur une victoire joyeuse, qui éclate...le salut est trouvé dans la diffusion finale de l'interview, et ces plans judicieux sur le public, les Monsieur et Madame Tout-le-monde qui regardent l'émission à l'aéroport...mais le tout paraît presque anti-climactique, le prix à payer tellement énorme. Mais la vérité a prévalu...

Formellement, je trouve déjà le film sublime (la photo de Spinotti, les choix musicaux, de Santaollala à Gerrard) mais dans le fond aussi, je l'estime d'une beauté...rare. Les valeurs qu'ils véhiculent n'en finissent pas de me foutre par terre, comme le film de Stone cité plus haut.

Le traitement n'en finit pas de m'impressionner, cette absence d'une structure classique, cette capacité à jongler entre les séquences et les sous-intrigues (cf. toutes les enquêtes "annexes" de Bergman, sur la police montée canadienne ou le Unabomber), ce défilé d'acteurs tous géniaux (Crowe, Pacino et Plummer donc, mais aussi Philip Baker Hall et dans leurs mini-rôles Tobolowsky et Gershon par exemple), c'est aussi tous ces détails (Pacino qui retient ses lunettes de tomber, Crowe et son flingue et la manière de le cacher ou de ne pas le cacher plus tard, le petit semi-chauve à lunettes dans l'équipe de Pacino qui s'enflamme quand il parle de l'industrie du tabac, Bruce McGill qui s'énerve contre l'avocat adverse : "WIPE THAT SMIRK OFF YOUR FACE!") qui font la richesse d'un film qui se glisse sans peine dans mon Top 5 de tous les temps.

Qu'est-ce que j'aimerai voir Mann revenir à ce genre d'histoires (et à ce genre de pellicule ).
Parce que ça c'est chef-d'oeuvre. Pur et simple.
Et j'ai beau adorer American Beauty, j'aurai tout donné à The Insider moi cette année-là aux Oscars.

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J'ai envie d'approuver chaque mot.

Je me souviens encore de ma première vision en salle, déconcerté, un peu dépassé par l'ampleur du truc. Il a pris la forme du chef-d'oeuvre insubmersible après une ou deux revisions.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Pareil que toi Arnotte, la première fois, c'était limite l'humiliation, le sentiment d'être tout petit par rapport au film, il s'est révélé à la revision, 10 ans plus tard.

Pareil pour moi, sauf que ya toujours pas eu de deuxième vision. Je m'y atèle dans les prochains jours, j'ai hate.

Y a t-il une différence, au niveau des bonus ou de l'image, entre l'édition belge et l'édition française ? J'hésite (pas le même prix).

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

et le regard de la gamine de Wigand à la fin...quelle émotion.
Le meilleur rôle,la meilleure prestation de Russell Crowe,je suis d'accord.

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Le regard de la gamine, le plan qui m'a fait chialé d'une violence terrible. Ca tient à rien, mais voilà!

Sinon, je cautionne l'avis de Film Freak, que je partage à 100%. Aimé dès la première vision, souvenir de cette époque incroyable cinématographiquement, où s'enchaînaient des Any Given Sunday, des Bringing out the dead, des Magnolias, des Man on the moon, des Toy Story 2, des Sleepy Hollow, des American Beauty, des Talented Mr Ripley...Le cinéma c'était la fête du slip en 2000 (même si j'évoquerais plus la fin d'année US 1999 pour y rajouter Three Kings et Fight Club)

Crowe a eu l'oscar l'année suivante pour Gladiator, mais oui, c'est son meilleur rôle. Et Spacey était là, et c'est dans les grandes années que le choix est plus difficile.

Pour UN HOMME D'EXCEPTION tu veux dire... Mais oui sinon je suis d'accord sur cette époque bénie. C'était la fête.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Non non.

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Hallucinant... en effet...

J'étais persuadé.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Chais pas si c'est le mot qui convient...

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Si... C'est comme si tout ce que je croyais être vrai était faux.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Demande à l'homme que jadis j'appelai père.

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C'est bon, jlai revu. 6/6 hein. Les ralentis, la scène du golf, le morphing du mur, le show de Bruce McGill, le carton final qui continue dans la thématique du film en te disant que certains éléments ont été "dramatisés", pfiuuuu. C'est immense. Putain Michael, j'aime bien Miami Vice et Public Ennemies, mais QUESTU BRANLES LA ???

Juste un regret/question/incompréhension : l'enquête sur les bouseux faux géologues vers la fin, elle sert à quoi ? Et je comprends même pas comment ça commence cette histoire, on voit Pacino débarquer dans la neige et puis pouf. Si quelqu'un peut m'éclairer ?

C'est juste de la caractérisation supplémentaire pour le perso, montrer le journaliste multitasker, toujours sur le qui-vive, qui gère l'affaire Wigand en même temps qu'un reportage sur la police montée canadienne en même temps que l'affaire du Unabomber.
En gros, là, il grille deux agents du FBI et appelle son pote pour avoir le scoop quand ils chopperont le Unabomber (qui est donc dans le coin).

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