Film Freak a écrit:
Je savais plus trop comment appréhender ce film...le sujet pourquoi pas, les acteurs ouais, le numérique hmmm et puis quelque part, t'attends forcément Heat alors qu'il faut pas et c'est déjà comme ça que j'avais été quelque peu déçu par Miami Vice, visuellement très classe, sensoriel, mais quelque part froid et bien trop trop épuré au niveau du scénar pour réellement m'impliquer.
Et y a toujours un peu de ça ici.
Après une excellente ouverture où une nouvelle fois le choix du numérique est justifié (extraordinaires vistas de l'Amérique cambrousse), le récit prend un chemin linéaire plutôt fonctionnel mais va en se bonifiant...en gros, je trouve ça inégal dans la première partie mais à partir de la fusillade en forêt, ça ne fait que grimper, en bien, et la fin est juste sublime.
Les fusillades et braquages n'ont pas le niveau de Heat ou même Miami Vice mais j'adore toujours autant comment chez Mann, les flingues front du bruit, les balles font mal, les morts sont cash. Ca rappelle justement les deux films pré-cités. Et une fois de plus, dans ses moments-là, la propreté de l'image numérique, la photo de Dante Spinotti, le flash des coups de feu qui éclaire la nuit...magnifique.
Pareil pour l'arrivée de Dillinger en avion dans l'Indiana...Et la fin, toujours la fin.
L'effet vidéo clairement visible, décidément un parti-pris assumé chez Mann depuis Miami Vice (là où dans Collateral, l'image hybride était homogène et le numérique ne se différenciait presque pas de la pellicule), m'a moins gêné ici que sur Miami Vice sur lequel c'était pourtant plus cohérent (parce que contemporain) mais me bloque parfois un peu (surtout dans la première partie, quand le scénario n'offre pas grand chose encore).
A ce niveau-là, je trouve que l'épure fonctionne davantage ici que sur le précédent et même si, évidemment, le parcours des deux personnages ne se mesure en rien à celui de Heat, j'ai aimé voir Depp revenir à un rôle moins loufoque et Bale nuancer un chouïa (mais juste un chouille) son jeu de mec droit et juste.
L'ensemble, tant dans la caractérisation que les performances, se fait plus subtil que pour Heat ou The Insider.
Je regrette évidemment un peu ça vu que je considère qu'il s'agit là de ses deux chefs-d'oeuvres, où t'es vraiment plongé dans la vie de ces mecs, mais je me suis davantage identifié aux persos ici qu'au duo de Miami Vice.
Alors ça fait beaucoup de comparaisons pour juger du film, je sais pas...la mise en scène est indéniablement classe (la poursuite dans le verger au début, l'évasion, la fin, putain, la fin), la musique éthérée fait bien son taf comme d'hab...c'est pas parfait mais c'est quand même plein de qualités.
Maintenant, Miami Vice m'avait fait un peu le même effet et j'étais sorti à 5/6 alors qu'aujourd'hui ce serait plutôt 4/6 et là c'est un peu pareil.
Faudra voir comment il vieillit.
En l'état, je vais mettre un 4,5-5/6.
Et beh ça vieillit mal.
J'ai rien écrit quand j'ai vu le film une 2e fois il y a quelques temps et je me le suis rematé une 3e fois aujourd'hui et je crois qu'à l'inverse de
Miami Vice, avec lequel j'ai fini par plus ou moins me réconcilier au fil des visions,
Public Enemies perd un peu à chaque fois.
J'aime beaucoup l'intro
in media res - on n'est pas dans un biopic en mode
rise and fall - avec cette première mort d'un acolyte de Dillinger qui donne le ton et, en quelque sorte, le fond du film, peignant la vie du criminel comme animée par un désir de mort et surtout condamnée à se terminer tôt. Le souci, c'est que le traitement de ce thème, au même titre que la toile de fond "Naissance du FBI" qui se tisse en parallèle, demeure relativement superficiel, se contentant un peu de faire crever les complices du bandit un à un, lors de fusillades certes formellement puissantes mais, comme beaucoup l'ont remarqué dans ce topic, désincarnées.
La faute à un scénario qui, à l'instar de cette image numérique (des images magnifiques côtoient des images qui semblent sortir d'un making of), peine à conférer du poids à tous ces événements, qu'il s'agisse de la romance entre Billie et Dillinger ou de la perdition de Purvis dans sa quête de Dillinger.
À propos de son personnage, Cotillard dit
"At a young age, she was sent to a boarding school, and it was a very difficult place where they tried to erase everything that was Indian in her. And I think that she encountered there a great injustice, and she shared with Dillinger a suspicion of authority. I think the two of them saw that in each other and they fell in love immediately, and there was a very strong connection between them". Pourquoi ne pas l'évoquer, ça, par exemple? Parce que ce
"very strong connection", on ne le ressent jamais là...
À propos de son personnage, Bale dit
"I never viewed Purvis as having a real personal zeal for taking down Dillinger. I think that he was somebody who was very understanding in acknowledging why the public felt Dillinger to be almost a hero. He wasn't unaware of the problems of the day and the terrible deprivation of the majority of the population. His driving motivation was that he truly believed in Hoover and had a great desire to realize Hoover's brilliant vision. That's really what I played with in my mind throughout this movie was the conflict between wanting to achieve that vision but recognizing Hoover's own compromises which Purvis wasn't entirely happy with making. In fact, very unhappy with making."Ça on le voit dans UNE scène, lorsque Purvis fait la gueule quand des agents torturent un bandit blessé. Et on comprend quelque chose quand on lit le carton final nous expliquant que Purvis a quitté le FBI et s'est suicidé (mais ça fait un peu plouf tant le film n'a pas creusé ce personnage).
Bale n'a quasiment rien à jouer. C'est vraiment dommage.
Depp a plus de choses, évidemment, mais je trouve qu'il sous-joue souvent un Dillinger qui aurait dû être plus charismatique, plus charmeur, plus flamboyant. Plus comme Clark Gable dans le film que Dillinger voie au cinéma avant de mourir quoi.
À ce titre, ce climax, avec ce qui précède dans le commissariat et même ce qui suit avec l'agent joué par Stephen Lang et Cotillard, est parfait. Là, c'est magique. Là, y a du poids. Là, je retrouve le Michael Mann de
Heat. Parce que bon, c'est nul de comparer mais là, ça s'y prête tellement et ça souffre terriblement de la comparaison. J'ai vraiment eu par moments l'impression de voir un remake en plus fade. Un an avant,
The Dark Knight était un meilleur
Heat-like que ce film du réalisateur de
Heat. C'est triste. À l'époque, j'avais trouvé l'épure ici plus convaincante que celle de
Miami Vice mais aujourd'hui, ce serait plutôt l'inverse. Ça marche davantage avec l'expérience sensorielle qu'est
Miami Vice. Ici, ça fait torché.
J'ai vraiment peur pour
Blackhat.