Cosmo a écrit:
Film Freak Returns a écrit:
Mon 3e texte pour Excessif (le moins bon, enfin le plus basique, des trois) :
http://www.dvdrama.com/excessif/news.php?16394Y a moy que tu fasses un copié collé sur le forum, je peux pas afficher excessif depuis mon boulot.
Ouaaaah ça vaut pas le coup mais bon :
LES ADAPTATIONS DE SERIES TV
Bien avant Mission : Impossible (1996), le cinéma avait déjà connu les aventures de personnages de séries télévisées adaptées sur grand écran, mais c’est véritablement le film de Brian De Palma qui vient lancer une nouvelle vague, comme c’est souvent le cas à Hollywood, qui donnera à naissances à bien des films, dans bien des genres différents, avec autant de réussites que d’échecs et dont le dernier exemple en date, Miami Vice, nous offre l’occasion de porter un regard rétrospectif sur les diverses approches adoptées par les scénaristes, réalisateurs et producteurs dans ces multiples transpositions.
On oubliera donc les innombrables adaptations antérieures aux années 90, ainsi que les quelques essais isolés tels que Les Incorruptibles (1987), Le Fugitif (1993) et Maverick (1994), illustres ancêtres à avoir pavé le chemin pour une nouvelle ère d’adaptations, celle qui nous intéresse, à savoir celle des franchises potentielles. Jusque là, à l’exception de la saga Star Trek (cas d’autant plus particulier que les acteurs restent les mêmes), les adaptations se limitaient généralement à un épisode, remake grandeur nature de l’intrigue générale de la série. Avec Mission : Impossible, les scénaristes et le réalisateur ont su transcender le postulat original au-delà de la simple réinterprétation pour en faire le premier épisode idéal d’une nouvelle histoire, celle d’Ethan Hunt, jeune agent IMF capable de rivaliser avec James Bond.
Ainsi, ce chapitre premier débute de manière similaire à un épisode des aventures de 007, par la fin de la mission précédente durant laquelle on ne voit même pas Jim Phelps, leader original dans la série. Le film prend alors plus ou moins la structure de la série avec une mission, une équipe, un masque, etc. Mais la mission tourne mal, des membres de l’équipe se font tuer, dont Jim Phelps. Dès lors, Hunt, accusé de trahison, est pourchassé et doit alors fonder sa propre équipe et le film se permet deux énormes morceaux de bravoure : le piratage au sein de la CIA et le climax dans le tunnel sous la Manche, un monument de suspense et un monument d’action, exploitant tout le potentiel offert par la série ET le cinéma. En réinventant ainsi le concept (avec quelques grosses infidélités à la série, concernant notamment l’identité du méchant), l’adaptation se démarque assez de son modèle sans le dénaturer et s’impose comme une base propice à la création d’une série (de films cette fois) adéquate au grand écran et à ce que les spectateurs en attendent.
Rien d’étonnant à voir alors Tom Cruise, plus star que jamais, s’adjoindre le talent d’auteurs plutôt que de faiseurs (à l’inverse de la saga 007), afin de signer des blockbusters avec une patte nettement discernable tout en gardant une cohérence générale (à l’instar de la tétralogie Alien par exemple). Le second chapitre, signé John Woo, témoigne donc des principales qualités de son cinéaste, à savoir un don pour l’action héroïque. Beaucoup y voit injustement une simple pub L’Oréal de deux heures avec Cruise en demi-Dieu. Aidant à leur jugement, un scénario inexistant bâti autour de scènes d’action prévues à l’avance. L’adrénaline est bel et bien au rendez-vous et de ce point de vue-là, les aficionados du divertissement pur sont servis, mais le reste ne suit pas.
Il faudra d’ailleurs attendre six ans (quatre années séparaient déjà les deux premiers tomes) pour voir Mission : Impossible III, entre les mains de J.J. Abrams, couronné de succès pour deux séries TV justement, Alias et Lost. Une fois de plus, le metteur en scène à la barre marque de son empreinte le film et y impose nombre de récurrences thématiques déjà exposées au préalable dans Alias, également situé dans l’univers de l’espionnage et des agence gouvernementales. Si les films ne partagent pas une structure similaire (par exemple, le pré-générique à la James Bond est conservé mais il ne s’agit plus d’une fin de mission dans les films de Woo et Abrams), ils proposent néanmoins une réelle évolution de leur protagoniste principal, qui passe d’agent à leader pour finir à la retraite.
Dès 1997, la vague fait des émules et sort Le Saint de Philip Noyce. Si le film ne présente rien de franchement honteux, il s’avère néanmoins loin d’être un film solide à partir duquel créer une franchise. Le film apportait pourtant quelques idées, fournissant un background au protagoniste, mais jouait peut-être un peu trop la carte Mission : Impossible avec tous ces déguisements pour Val Kilmer. C’est à partir de 1998 que l’on commence à voir de plus en plus d’adaptations mais dont la qualité demeure largement variable. Malgré un bon casting, Chapeau melon et bottes de cuir (de Jeremiah Chechik) essaie désespérément de recapturer l’esprit de la série originale sans jamais y parvenir et laisse dans les esprits le souvenir d’un blockbuster inutilement boursouflé et massacré (la durée initiale de 2h30 ayant été ramené à 89 minutes). En ce qui concerne Lost in Space de Stephen Hopkins, il restera certainement dans les annales comme étant le film qui a détrôné Titanic de sa place de premier du box office de chaque week-end…pour aussitôt tomber dans l’oubli. Il faut dire que la série était loin d’être culte ailleurs qu’aux Etats-Unis et que son scénario foutraque signé Akiva Goldsman (grand spécialiste du n’importe quoi comme en témoigne par exemple Batman & Robin) annihilait toute chance de rivaliser avec la mécanique huilée d’un Mission : Impossible, décidément le modèle pour un bon bout de temps.
La même année, on remarque un cas quelque peu particulier à savoir The X Files. Particulier car il ne s’agit non pas d’une adaptation (même si le film résume personnages, intrigues et univers assez bien pour quiconque n’a jamais vu la série) mais tout simplement de la suite de la série, pourtant pas encore terminée. Et c’est là que réside la principale erreur de l’entreprise. Si la transition s’avère plutôt réussie (visuellement, l’histoire profite de son format), les auteurs n’ont pas su en faire autre chose qu’un long épisode classieux sur grand écran. Le scénario demeure très proche de ceux que l’on pouvait apprécier sur le tube cathodique et ne pas en faire la conclusion d’une série atteignant déjà les cinq saisons condamnait le film à n’être qu’un chapitre parmi tant d’autres. Qui plus est un chapitre venant compliquer davantage une série qui aura lassé à force de s’empêtrer dans sa propre mythologie. L’année suivante, South Park suivra le même chemin mais de manière plus concluante avec probablement le meilleur épisode de la série (sur grand écran donc).
En 1999 toujours, Mod Squad (de Scott Silver) est l’adaptation d’une série méconnue des années 70, avec notamment Claire Danes. Le film n’a aucune réelle prétention et un certain esprit ‘70s s’en dégage. Avec 13 millions de dollars de recettes, toujours pas de franchises en vue. Mais ce constat est d’autant plus effrayant pour les studios lorsqu’il s’agit de tentatives comme Wild Wild West de Barry Sonnenfeld. L’aventure commence mal dès le début lorsque Sonnenfeld embauche son partenaire de Men in Black, Will Smith, pour incarner Jim West, déchaînant ainsi la colère des geeks pour qui le choix d’un acteur noir pour un personnage blanc (surtout à l’époque du Far West) est une trahison du matériau de base en plus d’être juste pas crédible. Avec 170 millions de dollars de budget, le film se permet de recréer en grand large l’univers steampunk de la série mais souffre du coup du syndrome « trop d’argent = n’importe quoi » (comme en souffrent également à des degrés divers des films tels que La Menace Fantôme ou Van Helsing). Si le film n’est pas pour autant un nanar (malgré ses 5 Razzies), il témoigne une fois de plus de la maladresse des producteurs, incapable d’imaginer une adaptation autrement que comme un spectacle de surenchère virant dans la débauche d’effets.
L’échec relatif du film vient ralentir la vague mais pas pour longtemps. Qui aurait cru que la solution serait apportée par la retranscription de Drôles de dames ? En 2000, McG, réalisateur issu du clip et de la pub, signe une adaptation assumant à fond son second degré ce qui permet de prendre du recul par rapport à une série culte, flirtant déjà avec la comédie, mais complètement kitsch aujourd’hui. De plus, en prenant un metteur en scène jeune et non un vieux de la vieille, le studio se garantit de rafraîchir le style à grands renforts d’effets spéciaux et de plans numériques (surtout dans la suite, Charlie’s Angels : Les Anges se déchaînent, 2003). Ainsi, le film devient le nouveau modèle à suivre et influence notamment d’autres adaptations, avec plus ou moins de succès telles que Espion et demi (de Betty Thomas, 2002), Shérif, fais-moi peur (de Jay Chandrasekhar, 2005) mais surtout Starsky et Hutch (Todd Philips, 2004), série pourtant sérieuse. Une approche intéressante pour les producteurs, satisfaits des résultats au box office, mais loin d’être pertinente pour les fans qui auraient de loin préféré une adaptation fidèle et non comique, voire même située dans les années 70, histoire de renouer avec le polar à la Serpico. Un manque d’ambition et surtout de courage flagrant auquel viendra justement répondre Michael Mann avec Miami Vice. A l’instar de Drôles de dames et de Starsky & Hutch, Deux flics à Miami est culte mais globalement considéré comme ringard aujourd’hui. L’esprit ‘80s, les costards Armani sur des T-shirt, les manches retroussées, les Ray-Ban et la musique au synthétiseur, de nos jours, ça ne passe plus. Pourtant Mann ne désespère pas et compte bel et bien réaliser une adaptation sérieuse.
Lorsque l’on sait ce dont le bonhomme est capable dans le genre (Le Solitaire, Le Sixième sens, Heat), on ne doute pas un instant qu’il saura comment remettre au goût du jour une série qu’il a aidé à créer. En effet, producteur sur le matériau original, Mann avait donné au feuilleton son style général (esthétique et look, musique, etc.) mais il décide d’abandonner beaucoup de ces oripeaux (la lumière et les chansons) tout en gardant les marques de fabrique de la série (les personnages et les thèmes). Un des éléments ayant inspiré la série originale fut le décret selon lequel il était alors à présent possible pour la police d’utiliser des biens criminels saisis par les agents, dans le cadre d'enquêtes, en couverture notamment. Cette information vient alors expliquer ainsi l’aspect « poseur » de la série et du film (fringues classes, voitures de luxe) tout en s’inscrivant dans la thématique de la « confusion » entre l’agent des forces de l’ordre et le truand qu’il incarne. La série originale se voulait également plus réaliste que les polars télévisuels qui l’avaient précédé. Le film reprend cette idée en poussant la démarche plus loin, l’actualisant. La violence graphique du film, qui crée un équilibre avec les aspects plus "poseurs", sert un véritable but. En plus de participer à l’expérience sensorielle qu’est ce nouveau film de Michael Mann, elle apporte également un côté cru, brut, dégueulasse, réaliste, à la vie de flic. A mi-chemin entre la série originale et des séries plus récentes comme NYPD Blue (caméra à l’épaule, dureté de la réalité du métier).
On aimerait que l’exemple respectable de Mann devienne le nouveau modèle dans le registre des adaptations de séries télévisées mais l’échec récent du film au box office semble condamner le genre à ne voir que des parodies pulluler l’écran. Il était question un temps d’adapter L’Homme qui valait trois milliards en comédie avec Jim Carrey. Même l’essai (cependant raté) de Ma sorcière bien aimée (Nora Ephron, 2005), qui tentait une mise en abyme de la série originale dans le film, est plus intéressant qu’une transformation en comédie d’une source que l’on se sent incapable de traiter autrement. L’avenir nous le dira.