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MessagePosté: 18 Mai 2011, 15:00 
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Art Core a écrit:
Ah oui bien vu. Maintenant cherchons ensemble le sens de tout ça...


Je ne suis pas sûr qu'il faille chercher. Enfin, le plan sous le toit doit avoir un sens, j'imagine. Mais toutes les scènes "familiales" me semblent être des petites bulles de vie, qui fonctionnent comme des souvenirs, avec tout ce que cela comporte de flou, d'oubli, etc. Je ne dis pas que ça n'a pas de sens, mais il ne me semble pas impératif d'en trouver.

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MessagePosté: 18 Mai 2011, 15:06 
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Non bien sûr, mais ce plan là en particulier est suffisamment frappant (car onirique) pour qu'il interroge.

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MessagePosté: 18 Mai 2011, 15:10 
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Art Core a écrit:
Non bien sûr, mais ce plan là en particulier est suffisamment frappant (car onirique) pour qu'il interroge.


Non, je te dis !

:mrgreen:
Plus sérieusement, il y a un tas de trucs que je ne pige pas dans le film (ne serait-ce que le coup des dinosaures). Pourtant c'est assez surprenant de voir à quel point Malick parvient à faire des films qui ne soient pas "prise de tête". Le film berce, sans qu'on n'y comprenne rien.
Mais bon, si d'autres peuvent répondre ?...
Perso, je compte retourner le voir vite.

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MessagePosté: 18 Mai 2011, 15:39 
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Lyrique ça veut un peu dire tout et n'importe quoi donc c'est difficile de répondre.
Il est certainement plus lyrique dans le sens où le film est une vision entièrement personnelle de ce qu'il raconte et de la manière de le faire mais il est certainement moins lyrique dans le sens d'une poésie gracieuse et romantique.

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MessagePosté: 18 Mai 2011, 15:41 
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Enorme déception pour ma part.
J'y allais chaud comme la braise avec un 6/6 au bout des doigts, prêt à dégainer, trouvant chacun des films de Malick meilleur que le précédent, chialant devant la bande-annonce, etc.

Et je me suis retrouvé face à un film qui, à l'exception de certaines scènes, n'a jamais la maîtrise des deux précédents.

S'il ne l'avait déjà fait, j'aurai écrit presque mot pour la mot le même avis qu'Art Core.
Je suis assez intrigué par l'intro, très elliptique, presque abstraite, où chaque plan semble être une image-cristal sortie de L'Année dernière à Marienbad, et je m'avoue envoûté par la séquence de la création du monde, d'un courage et d'une majestuosité sans égal, mais le reste m'a très vite laissé sur le carreau avec ce récit redondant et décousu.

La dynamique de la famille O'Brien est claire dès les premières séquences et l'auteur perd un temps fou à nous montrer le jeune Jack vivre et revivre sempiternellement les mêmes choses, l'éducation sévère par son père, la jalousie de son frère, l'union des deux l'amenant au Mal, etc.
J'ai trouvé ça super répétitif et rarement émouvant (alors que c'est thématiquement taillé sur mesure pour me toucher).

L'universalité à laquelle tend le réalisateur évolue maladroitement entre cliché et justesse, trop évident pour m'atteindre.
Je suis davantage séduit par les visions oniriques qui se glissent ça et là, comme la mère dans les airs ou l'homme dans le grenier, ouvertes à l'interprétation par le biais d'images mystérieuses quo restent en tête à la slrtie de la salle, alors que le reste glisse sur moi et tombe déjà dans l'oubli.
A ce titre, j'ai donc plutôt été réceptif à la dernière séquence mais elle finit par trop s'étirer, se montrer, transformant la poésie d'une rêverie fugace en conclusion trop démonstrative.
Je remets pas en cause la nécessité des scènes avec Sean Penn mais, à l'instar du de la séquence de la création du monde, j'aurai aimé qu'elles soient plus habilement liées au reste.

Ça reste une belle oeuvre, ambitieuse, tant thématiquement, en liant la création de la Vie avec le fait de donner vie à un enfant, et formellement dans son poème d'images saisies comme sur le vif, avec une photographie, une caméra portée et surtout un montage exemplaire, mais je trouve ça presque désincarné dans l'ensemble tant la sauce ne prend pas.

Et je sais pas si je surinterprète mais le propos, lié à la citation du livre de Job dans la Bible, qui semble être en gros "te plains pas, je suis le Père, je suis dur mais je sais ce que je fais" (ce qui vaut donc pour Dieu et M. O'Brien), je cautionne pas.

4/6

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MessagePosté: 18 Mai 2011, 15:45 
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Sur la question religieuse, je pense qu'on peut le prendre comme un film agnostique. Il interroge tout le long Dieu mais celui-ci ne répond pas, laisse les personnages vivre leur vie et leur erreurs eux mêmes.
A ce titre la séquence Création de l'Univers, je l'ai prise comme étant "on est rien du tout, Dieu a plus grand à faire que de s'occuper de nos petits problèmes"

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MessagePosté: 18 Mai 2011, 15:55 
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SPOILERS

Bah le truc c'est que cette séquence semble intervenir en réponse à la question de la mère "où étais-tu?" (sous-entendu "quand mon fils est mort") et la réponse c'est la création du monde, autrement dit le film répond de la même manière que Dieu répond à Job (dans la citation de la Bible qui ouvre le film), à savoir "où étais-tu quand j'ai crée le monde?".

Et on peut le rapprocher du père de Jack qui lui dit en gros qu'il l'éduque à la dure pour son bien.

D'où mon "te plains pas, je suis le Père, je sais ce que je fais".

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MessagePosté: 18 Mai 2011, 15:57 
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Y a même la mère de la mère qui lui dit le bon vieux "The Lord gives, the Lord taketh away".

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MessagePosté: 18 Mai 2011, 16:04 
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Je suis totalement avec sponge (mais faut que je revoie la film absolument).

Dans tout le film, les personnages parlent à Dieu, lui posent des questions, et à aucun moment il n'y a de réponse, la nature suit son chemin, n'a que faire de l'homme. L'être humain est seul avec ses questionnements et sa douleur.


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MessagePosté: 18 Mai 2011, 16:12 
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D'où mon emploi du terme agnostique. Dieu est présent mais pas sous la forme de la religion stricte. Malick y met des références catholiques qui sont les siennes mais ça relève de la spiritualité en général, pas du catéchisme. A ce titre la séquence Univers justement, qui se base sur la compréhension scientifique des origines (tout y est pensé au moindre détail, physique, biologique, c'est limite un documentaire de la BBC, si je la revois j'en ferai un commentaire image par image :) ), est quand même un pied-de-nez, ou tout du moins une relativisation, du dogme catholique.

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MessagePosté: 18 Mai 2011, 16:19 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Oui je l'ai vu comme ça aussi la confrontation directe science/religion sans que l'un ne nie l'autre sans que la foi religieuse (mais étendue dans le film à la foi) ne soit annihilée par la prégnance de la science. Mais effectivement la deuxième partie du film avec la scène de la messe et la voix-off incessante qui fait référence à Dieu rendent le film un peu touchy...

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MessagePosté: 18 Mai 2011, 16:52 
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Film Freak a écrit:
Et je sais pas si je surinterprète mais le propos, lié à la citation du livre de Job dans la Bible, qui semble être en gros "te plains pas, je suis le Père, je suis dur mais je sais ce que je fais" (ce qui vaut donc pour Dieu et M. O'Brien), je cautionne pas.


Je vais surinterpréter encore plus que toi mais dans le livre de Job le dieu punisseur est un faux dieu, les dieu des hommes. Job clame son innocence et ne cède jamais à la résignation dans les premiers manuscrits (je me souviens plus des références exactes). Justement comme le père O'brien est faillible et indigne de foi. Jack trouve Dieu après avoir crucifié son père, le faux dieu.
Enfin tout ça pour dire que ce que tu cautionnes pas n'est pas dans le film. Je pense que la citation du début a entre autres sens une dimension très cruelle, ironique.


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MessagePosté: 18 Mai 2011, 17:48 
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Y'a pas non plus à chercher midi à quatorze. Comme le rappelle le début de Tree of life, les films de Mallick reposent sur une opposition entre un pôle grâce/émerveillement/paix/femme/mère/innocence et un pôle nature/exploitation/guerre/homme/père/culpabilité, et sur le basculement entre ces deux pôles, ie la perte de l'innocence, thème américain et chrétien s'il en est, que ce basculement s'effectue par le biais de meurtres (Badlands), de la manipulation sexuelle (Days of heaven), de la guerre (La ligne rouge), de la colonisation de "gentils sauvages" (Le nouveau monde) ou de la mort symbolique d'un enfant à l'adolescence ici. A cette perte d'innocence qui bouleverse les hommes, Mallick apporte toujours la même réponse : l'amour (d'une femme, de son prochain, des troncs d'arbres filmés en contre-plongée). Il n'y a pas grand-chose au-delà, de la part de Mallick du moins - après, chacun est libre d'y plaquer sa petite métaphysique personnelle. A mon avis, il n'y a pas grand-chose de plus à voir dans l'excroissance du big-bang au milieu de Tree of life : tout cela, tous les mouvements de planètes et de cellules, n'aboutit pour Mallick qu'à une chose notable : un dinosaure qui épargne un autre dinosaure, pour lui cette grâce est la seule chose qui soutienne le monde, et qui vaille la peine d'être filmée.
Mon soucis, à moi, c'est qu'ici Mallick met tout le film au service de cette ritournelle, alors que dans les précédents elle ne sert qu'à les éclairer de l'intérieur, en filigrane, sans les écraser (d'où l'impression de froideur de Tree of life notée par certains).


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MessagePosté: 18 Mai 2011, 18:00 
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boultan a écrit:
Mon soucis, à moi, c'est qu'ici Mallick met tout le film au service de cette ritournelle, alors que dans les précédents elle ne sert qu'à les éclairer de l'intérieur, en filigrane, sans les écraser (d'où l'impression de froideur de Tree of life notée par certains).


Voilà, c'est exactement ce que je pense.

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MessagePosté: 18 Mai 2011, 18:25 
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Bonne réponse collégiale.

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