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Un vrai miracle. Les précédents films de Dumont étaient puissants mais très secs et violents ; ce nouveau film est au contraire, malgré les apparences, lumineux, humain, et même parfois drôle.
Plutôt que d'aborder la foi de façon purement catho, Dumont choisit de la représenter comme un amour parmi tant d'autres. Céline est amoureuse de Jésus, de ce qu'il représente mais aussi de son corps. Elle vit le parfait amour avec lui, puis connait une rupture et cherche ensuite à se réconcilier avec, etc. Son parcours est assez original, peut être démonstratif pour certains, mais en ce qui me concerne j'ai trouvé l'évolution du personnage presque évidente. Pure et limpide.
Je ne suis absolument pas croyant mais cette approche, admirable, fait que j'ai été très touché par le parcours de Céline.
Il faut dire aussi que Céline semble être une fille normale une fois hors du couvent, une fille à qui on n'a pas forcément envie de jeter des pierres, même en tant que fervent athée, et puis il faut surtout dire que Julie Sokolowski est, pour son premier rôle, fabuleuse. Dumont semble être tombé amoureux de son actrice, tant elle est dirigée de façon parfaite, et tant sa grâce irradie l'écran. C'est du niveau de la relation Robert Bresson / Anne Wiazemsky (fallait bien que je cite Bresson quelque part dans cette critique, ce n'est plus une critique d'un film de Dumont sinon).. Les autres acteurs, tous inconnus également, ne sont pas en reste et délivrent des performances d'une justesse rare.
Et puis il y la forme du film. J'ai sincèrement eu envie de chialer (j'ai eu les larmes aux yeux pendant 10mn non stop parfois) pendant tout le film tant la plupart des plans dépassent l'entendement. Le sublime est atteint toutes les minutes. La photographie est sidérante et les cadrages semblent faire ressortir des choses auxquelles on n'avait plus fait attention au cinéma. Au début du film, un plan sur le visage de Céline, qui baisse les yeux. De temps en temps, elle les lève. Un plan ultra-classique, vu des millions de fois ? Sauf qu'ici ce plan m'a cassé en quatre. Il y a une symbiose parfaite entre le cadrage, le jeu de l'actrice, la photographie. Le montage n'est pas en reste, certains enchaînements sont à tomber par terre et les ellipses sont bouleversantes.
"Inglourious Basterds" est selon moi le film le plus stimulant, le plus impressionnant (au sens presque forain du terme), le plus inventif, de l'année ; mais "Hadewijch" est le plus beau film de l'année. C'est somptueux et c'est un très grand film.
6/6
A se demander pourquoi le film a été refusé à Cannes ; peut être parce qu'il aurait créé la polémique ? (car il y a de quoi à ce sujet, le film prend une direction surprenante à ses deux tiers, je n'en dis pas plus ... mais bon ça aurait été une polémique créée par les neuneus et les connards).
Enfin de toute façon, il n'aurait rien gagné de plus qu'un prix technique et un prix d'interprétation féminine.
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