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Ce qui est rageant à chaque fois que je vois un Judd Apatow, c'est cette sensation mixte de satisfaction et de frustration en même temps.
Satisfaction et frustration qui proviennent d'une même cause : ce mec filme ma life.
Alors non, je suis pas puceau et j'ai mis personne en cloque et j'ai pas une maladie incurable mais impossible de ne pas m'identifier aux divers protagonistes d'Apatow, ces geeks immatures maladroits en société.
Ce qui est d'autant plus parlant, c'est qu'Apatow devient de plus en plus sérieux et réaliste de film en film...là où The 40 Year Old Virgin avait un côté un peu gimmick dans son pitch et même Knocked Up tenait pas mal sur un concept, Funny People fait figure de "vrai film" à côté.
En fait, Funny People semble être un film à mi-chemin entre la sensibilité d'Apatow et celle d'un Cameron Crowe. Je n'étais donc pas surpris de voir qu'Apatow avait choisi Janusz Kaminski (chef op de Spielberg comme chacun sait mais AUSSI de Jerry Maguire) pour la photo et qu'il s'octroyait pour cette comédie dramatique une durée de 2h20 (comme Jerry Maguire).
On pense aussi au James L. Brooks de As Good As It Gets, producteur de Jerry Maguire et réalisateur de Spanglish avec déjà Adam Sandler.
Tout se tient.
Et donc comme Brooks avant lui, Apatow entreprend de réhabiliter l'acteur, forçant le parallèle entre Sandler et son personnage (exploitation de vieilles vidéos maisons, d'extraits de vieux spectacles, pastiches à peine voilés de ses comédies habituelles) et poussant la véracité de l'oeuvre encore plus loin.
Parce qu'une fois de plus, l'écriture de l'auteur sonne juste. Incroyablement juste. Dans son portrait de ce petit monde, dont il se permet d'étendre l'univers, les personnages, les sous-intrigues et les thématiques sur plus de deux heures, je trouve ça très vrai.
Après c'est peut-être moi et évidemment je ne peux que me reconnaître dans cette histoire de "gens drôles" qui flippent de n'être aimé, de ne valoir que pour leur humour, et qu'advient-il quand ils n'ont plus coeur à rire, qui angoissent sur tout, de la taille de leur bite à la célébrité, la reconnaissance, et comment réagir quand tes meilleurs potes réussissent avant toi, et niquent les meufs que tu veux niquer, et quand un mec connu te tend la main, comment il te perçoit, comme tu le perçois, comment tu perces dans le métier, et la meuf que tu voulais qui t'a glissé entre les doigts, etc.
De ses trois films, il va sans dire que Funny People est le plus sérieux donc, le plus riche aussi et surtout le plus personnel de Judd Apatow.
Son magnum opus très probablement. A Los Angeles Comedian Saga.
Malgré sa longueur (déjà le défauts de ses précédents mais ceux-ci duraient tout juste 2h), je trouve que le film alterne étonnament bien les séquences comiques, révélant les coulisses du monde du stand up, et dramatiques, évoquant le côté humain de touuuuus ces personnages (j'aime comme le personnage de Daisy EXISTE par exemple et même celui de Clarke, tous deux pourtant très secondaires), épousant même dans son dernier tiers une structure peu conventionnelle, se permettant un virage dans le drame presque pur, amplifiant une fois de plus l'aspect "véridique" du récit.
Pour le dire bêtement, la vie c'est ça, c'est pas une succession équilibrée de rires et de larmes. Parfois c'est juste triste.
Bref, ça devient très con ce que je dis.
Tout ça pour dire que c'est encore une franche réussite, et sans doute le meilleur de ses trois films, le plus touchant et par moments peut-être même le plus drôle, moins geek, plus trash, blindé de cameos énormissimes, et porté par des acteurs au top de leur forme et presque à contre-emploi, de Sandler à Rogen évidemment mais en passant aussi par un Eric Bana génial, enfin de retour dans un registre comique.
Faut que je me dépêche avant que ce mec ait fait tous les films que j'ai envie de faire.
Un gros 5/6.
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