Forum de FilmDeCulte

Il semblerait que le développement de Scott ait largement été freiné depuis le décès de son père pompier, quand il avait 7 ans. Il en a aujourd’hui 24 et entretient le doux rêve d’ouvrir un restaurant/salon de tatouage. Alors que sa jeune soeur Claire, sociable et bonne élève, part étudier à l’université, Scott vit toujours au crochet de sa mère infirmière, Margie, et passe le plus clair de son temps à fumer de l’herbe, à traîner avec ses potes Oscar, Igor et Richie et à coucher en cachette avec son amie d’enfance Kelsey. Mais quand, après 17 ans de veuvage, sa mère commence à fréquenter Ray, lui aussi pompier, Scott va voir sa vie chamboulée et ses angoisses exacerbées. L’adolescent attardé qu’il est resté va enfin devoir faire face à ses responsabilités et au deuil de son père.

Judd Appatow qui n'a pas eu l'honneur de sortir en salles aux US, à cause du coronavirus j'imagine, et qui est pourtant dans ses meilleurs. On est ici plus du côté d'un Funny people, le film se concentre pas mal sur le deuil du père, ça dure 2H17 et on ne va pas se le cacher ça pourrait être plus direct mais Appatow décide de prendre du temps pour camper Scott, sa famille et ses potes. Choix délibéré qui opte pour l'immersion dans sa vie et on est au final un peu comme chez nous au sein de la bande de Scott. On est son ami. D'ailleurs le film joue pas mal sur cet esprit avec pas mal de punchlines et de réparties de potes qui font mouche.

2H17 donc mais qui passent très vite tellement on s'attache à la galerie de personnages rendus attachants par Appatow. Le talent qu'il a pour brosser des personnages complexes et profonds est admirable. Tout cela servi par l'écriture du personnage principal qui sent le vécu puisqu'elle reprend l'histoire personnelle de l'acteur. Tout cela reste doux-amer, à travers l'humour le script raconte le difficile passage à l'adulte de l'héros. C'est à la fin qu'on ressent la réussite du film et son talent de portraitiste. On ne peut s'empêcher de lâcher une larme dans ce magnifique plan final. Vraiment un chouette film de losers magnifiques et un de mes préférés de l'auteur.

4,5/6

Après deux comédies à pitch, pour ne pas dire high concept (un mec toujours puceau à 40 ans et une grossesse imprévue suite à un one night stand entre un foncedé et une jeune active), Apatow s'est orienté vers des récits plus character-driven, plus lâches dans la structure, parfois trop épisodiques (40 ans mode d'emploi et sa collection de vignettes). Ses films (et même ceux qu'il a produit) sont toujours trop longs, notamment quand ses comédies laissent les acteurs improviser au détriment du rythme. Toutefois, pour ses comédies dramatiques, la durée et la nature moins focalisée de l'écriture naissent davantage d'un désir d'immersion dans un réel.

En renouant avec la dramédie, The King of Staten Island est son meilleur depuis l'indétrônable Funny People. Une fois de plus, Apatow choisit un protagoniste difficile et parvient à créer l'empathie. Le caractère semi-autobiographique du script et la patine formelle plus indé (Robert Elswit à la photo!) ancrent le film dans une véracité touchante qui n'oublie pas d'être drôle mais jamais de manière artificielle comme pouvait le faire le sympathique mais oubliable Crazy Amy. Faut que je check les stand up de Pete Davidson maintenant.

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Très bonne surprise, j'ai aimé beaucoup plus que ce que je prévoyais. C'est évidemment beaucoup trop long mais en même temps je ne me suis pas ennuyé, son rythme de chronique indolente très lâche fonctionne bien et le film est vraiment touchant dans son regard sur ce personnage de mec paumé qui se cherche. Je trouve que la deuxième heure tombe un peu dans le conformisme avec ses passages obligés (notamment une sempiternelle séquence "montage" dans la caserne de pompiers) mais heureusement le film évite d'être pontifiant ou démago et la fin est à l'image du reste, d'une rare justesse. J'aime beaucoup comment Apatow tisse les relations entre les persos, on finit par tous les aimer et on a vraiment envie qu'ils s'en sortent. Chouette film, le meilleur d'Apatow même.

4.5/6

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CroqAnimement votre

Je rejoins le consensus sur ce film où l'on rit et sourit beaucoup, ce qui est déjà énorme, mais qui convainc aussi par sa galerie de personnages exposée de manière très fluide.

J'ai un peu plus de mal sur les séquences à la caserne qui sont certes marrantes mais rendues peu crédibles. La galerie de perso retombe aussi un peu trop bien sur ses pattes et le happy end total rompt avec l'acidité jouissive du début. C'est un peu le lot des comédies dramatiques classiques et Apatow n'arrive pas ou n'a pas envie de sortir de ce carcan.

Tout a été dit. Au début j'ai eu peur, l'immersion d'Apatow dans la lose de VRAIS losers horribles à la Jesse Pinkman et pas des nounours à la Seth Rogen m'a paru abrasive, mais au fur et à mesure je suis rentré dedans, m'attachant réellement à eux. C'est beaucoup trop long, comme toujours, mais la contrepartie c'est cette finesse, ces personnages qu'on a le temps de découvrir sous toutes leurs facettes, le tout avec un bon équilibre entre non-structure et gestion des payoffs.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste