Je ne sais pas si c'est le fait de le voir en IMAX, et du coup sans sous-titres, mais je l'ai trouvé pas mal ce film, plutôt mieux que Man of Steel, sur lequel j'ai d'énormes réserves, et ce malgré tous les défauts déjà relevés par chacun - en ce qui me concerne, c'est surtout
la nullité Doomsday et l'inutilité totale de Wonder Woman
qui m'ont gêné.
J'attends maintenant le director's cut, pour m'enchaîner les deux films et me faire une idée plus précise.
_________________ There is no such thing in life as normal
Poua Poua Poua. Quel film ! Je suis sorti à la fois illuminé et paralysé. Illumination à la dixième minutes pour
la destruction de Metropolis, dans un style bien différent à Man of Steel et inné aux humains. Le visuel est bluffant et rappelle, comme il a été indiqué antérieurement, la scène chaotique du 11 septembre 2001, avec respect et profondeur, tout en référençant le film World Trade Center avec Nicolas Cage en un rapide coup d'éclair. Cette scène est sans doute celle qui permet le mieux au spectateur de comprendre l'impact de la civilisation Kryptonienne sur la planète Terre et la magnitude ahurissante des événements.
Dans Man of Steel, le réal' avait adopté son angle habituel en suivant au plus proche, plan par plan, le combat entre le Général Zod et Superman, tout en situant l'apocalypse en arrière-plan. Cette fois, cette destruction massive s'illustre sous le regard des habitants sidérés, principalement de Bruce Wayne. L'impuissance est de tout instant et donne un ton concret et immédiat à l'univers. C'est le ressentiment, la haine, la peur, l'effroi, la pusillanimité qui émergent sur une seule séquence et qui permettront de cristalliser les prémices de l'affrontement. C'est aussi le travail des regards chez Bruce Wayne.
Lorsqu'il sauve la jeune fille, il exprime un visage sombre et complètement haineux à la lutte fratricide, cosmique même, des deux "dieux". Il transmet aussi une vision opposée au bienfait des actions de Superman. Cette vision vient en fait nuancer la bienveillance du personnage en posant le pour et le contre des actes. Certes, Superman sauve la planète, mais au prix de milliers de morts, que des innocents... Et cette représentation lugubre transparaît clairement dans cette scène.
Illumination en ce qui concerne Bruce Wayne, dans une attitude qui rejette rigoureusement le personnage de Nolan. On a l'impression, -très transparente-, que les valeurs posées par Nolan ont muté chez Zack Snyder. Le bon Batman est devenu mauvais, et si ce n'est pas mauvais, on peut dire qu'il est très agressif, brutal et hyper-déterminé à rendre justice lui-même au dieu. Cette brutalité donne à l'acteur une identité propre et distincte. C'est un esprit qui respire la rage à chaque minute (on constate une jolie dentition...). Rage parce que Wayne est clairement en désavantage, sur tout, à tout moment. Il est obligé d'user d'artifices, de stratagèmes, comme pourrait le souligner Bane. L'exemple phare concerne
évidemment la rencontre finale entre Batman et Superman.
L'homme contre dieu, la souris contre le chat, le requin contre le mégalodon, Spartacus contre Crassus. Cette guerre, comme l'admet de bonne foi Alfred (superbe !), est évidemment perdue. C'est confronter David contre Goliath, et cela n'a pas vraiment d'intérêt parce que les deux personnages sont radicalement opposés, si on ne songe, ne serait ce, simplement à la résistance organique. L'un, est immortel, l'autre exploite une armure solide pour s'en rapprocher. La réplique du "dieu peut-il saigner" laisse un goût impure et remet en question la conception religieuse et philosophique de l'Homme à l'égard de l'être suprême. Si dieu saigne, il ne peut pas vraiment être considéré ainsi car dieu est au paroxysme, sacré, immuable, il est l'alpha et l’oméga. Faire saigner dieu reviendrait à dire qu'on peut bouleverser l'ordre céleste.
Ce message qui tend à s'épanouir durant tout le film notamment avec la folie inextricable de Lex Luthor reste à relativiser car ça en devient rébarbatif. Le concept qui vise à trouver un adversaire enfin à la taille de Superman au nom de Doomsday est d'un esclandre sans pareil. On a l'impression d'un violent et moche Deus ex Machina pour revigorer l'intérêt et l'évolution de certains personnages (mettre en relief Wonder Worman, placer le Bat' dans des difficultés titanesques, animer une séquence type Apocalypse qui va au-delà du simple combat de Gladiateurs etc.). Même si la chose immonde qu'elle est censée représenter; Diable réincarné, jugement dernier, châtiment aux actes de Superman; permet au film de catapulter tout ses acteurs dans une autre dimension, cela reste d'un vulgaire alarmant. Le corps, la figure de Doomsday etc. c'est tout sauf esthétique. C'est excessivement moche, simplement.
Revenons sur Bruce Wayne. Le personnage est aussi en quête de réponses, incertain, revanchard de la cause humaine, haineux et détestable. Bruce Wayne joue énormément sur les impulsions, principalement l'heure passée. Par contre, celles-ci
sont d'une inanité parfois flagrante. Le personnage qui fait de la musculation, qui dégouline, qui se donne physiquement. On est un peu en mode *rien à foutre*. Zack Snyder voulait mettre son protagoniste dans une position de No Pain No Gain, bah, ça passe vraiment ridiculement et ça sert juste à rien.
Il convient de réaliser un rapide tour d'horizon sur les autres protagonistes. Henry Cavill, dans son rôle vertigineux de Superman, m'a davantage séduit, peut-être parce que l'intrigue lui offrait un champ d'évolution plus intéressant et curieux. Cette curiosité est facilitée par la controverse religieuse. Les traits sont plus marqués, on sent un petit quelque chose se dessiner tout le long. Dans Man of Steel, les rétrospectives entre enfance et âge adulte me laçaient généralement.
Gal Gadot, alias Wonder Woman, a un rôle trop énigmatique, on se demande ce qu'elle fout là et son intervention à la fin illustre ce à quoi je m'attendais; entre eclipse et dégagement insolite. Un coup elle apparaît, puis hop elle disparaît, et elle refait surface de façon libérée uniquement pour combattre Doomsday. C'est brouillon tout ça. Mais le plus étrange dans Batman v Superman est l'apparition
de celle-ci sur l'ordinateur de Bruce Wayne lorsqu'il réussit à craquer certains fichiers dévoilant les méta-humains. Cette scène, courte, trouve une liaison avec une autre qui apparaît un peu plus tard, lorsque Wonder Woman reçoit un message sur son PC et "constate" l'existence des autres méta-humains. Ce n'est pas du tout percutant et sur le coup on demeure complètement indifférent, insensible, en mode "et alors ça change quoi".
Jesse Eisenberg, Lex Luthor, est plutôt prenant. On se demande ou est-ce qu'il va nous orienter avec sa croyance méphistophélique débordante. Amusant
la scène ou Doomsday éclot, regarde son créateur pendant un instant, là on envisage la possible soumission, avant de songer autrement, car celui-ci se résout finalement à lui mettre un gros coup-de-poing. Superman s'interpose.
D'ailleurs, une séquence me revient à l'instant, un peu mystérieuse pour sa manifestation dans le film, est la facilité de Lex Luthor à entrer dans le vaisseau, à parler avec et à en comprendre les aspects les plus sombres. Je veux bien admettre qu'il est scientifique surdoué, mais de là à accéder sans obstacle à la technologie des Kryptoniens, c'est abusé, on peut même dire que c'est un raccourci de langage adopté par le réalisateur.
Amy Adams, Lois Lane, ne m'a pas du tout emballé surtout à la fin ou cette
cruche jette la lance dans la flotte avant de se rendre compte cinq minutes plus tard qu'elle a fait la bêtise de sa vie...
Jeremy Irons, dans le rôle d'Alfred, est la seconde révélation derrière le Bruce Wayne/Batman. On en arrive même à se demander si les deux personnages n'ont pas plus de panache, -alors qu'ils n'apparaissent que maintenant-, que tous les autres... Alfred n'a guère davantage de présence que Lois Lane, cependant, il marque mieux le spectateur par son sens moralisateur et lucide.
Dans l'ensemble, Batman v Superman est un film déconcertant parce qu'on n'y peine vraiment à s'y retrouver, avec un amas d'informations et de scènes au temps généralement irrégulier, des choses torchées dans tous les sens du terme, un rythme comme il a été soutenu de "discontinu" et "d'incessant" sur toute la longueur du film. On constate des apparitions immondes à l'exemple titre de Doomsday, sorti des excréments du Kraken du Choc des Titans en y ajoutant une infime dose de Doom. Malgré cela, toutes ces évocations se marient à de très belles parties comme la scène d'introduction suivie par la destruction de Metropolis, les apparitions d'Alfred, le regard et le comportement travaillés de Bruce Wayne, un visuel sur mesure qui déchire, des putains d'effets spéciaux qui cristallisent un budget de taré, la manifestation démentielle des pouvoirs de chaque héro etc. Bref, je suis partagé mais tellement enthousiaste quand je regarde la gueule finale du film.
Dernière édition par Thomas M. le 16 Mai 2016, 18:28, édité 4 fois.
Inscription: 25 Nov 2005, 00:46 Messages: 86816 Localisation: Fortress of Précarité
On va pas y aller par quatre chemins, malgré les 30 minutes supplémentaires, je trouve les critiques de la version longue qui parlent d'un "changement radical" ou d'un film "complètement différent" tout simplement mensongères.
Peut-être est-ce parce que je fais partie de ceux qui avaient apprécié la version sortie en salles mais je n'ai pas eu l'impression d'être face à un montage qui me fasse dire "ok, je materai plus jamais la version courte" comme cela avait pu être le cas avec Kingdom of Heaven ou même Watchmen pour citer un film de Snyder.
La nouvelle version est marginalement meilleure parce qu'elle rend le plan général de Luthor plus logique, en le détaillant grandement. On nous montre que la villageoise africaine qui témoigne au sénat a été payée par Luthor, tout comme le taulard qui tue le proxénète marqué au fer rouge par Batman (scène que l'on voit, du coup). On nous explique que Superman n'a pas vu la bombe au sénat parce que la chaise roulante où elle était dissimulée était en plomb, etc. Mais toutes ces explications étaient-elles indispensables? Ça rend le tout plus précis et moins tiré par les cheveux peut-être aux yeux des plus gros pinailleurs.
Ainsi, la version intégrale de la séquence en Afrique règle une des grosses incohérences du film (pourquoi Superman est-il accusé d'avoir tué les autochtones alors qu'ils ont tous été tués par balle?) avec un petit rajout de moins d'une minute où l'homme de main de Luthor crame tout le monde avec un lance-flammes (laissant croire qu'il s'agit de la heat vision de Superman). C'est à se demander pourquoi ils l'avaient pas gardé dans la version salles.
Et en même temps, je me demande pourquoi ils ont décidé de remettre le début original de la scène, avec l'arrivée de Jimmy Olsen (nommé ici donc) tant on est dans l'exemple-type du bout de scène que tu coupes parce qu'il est superflu. Et il y a quelques autres ajouts de ce style, comme une scène montrant les flics de Gotham mater un match de foot avant de répondre à l'appel qui les mène dans l'immeuble où Batman a sauvé les prostituées asiatiques là. Ça sert à quoi?
D'autres incohérences demeurent toujours (les crimes de Luthor sont aisément traçables vu qu'il utilise un métal spécial ; comment Lois sait-elle qu'elle doit récupérer la lance à la fin?), d'autres raccourcis grossiers également (le twist Martha bénéficie d'une scène en plus entre Clark et sa mère mais aucune entre Bruce et sa mère ; Lois qui jette la lance dans l'eau ; la session YouTube avec les futurs membres de la Justice League), Wonder Woman fait toujours autant pièce rajoutée et Doomsday fait toujours aussi tache, qu'il s'agisse de son incursion dans le récit ou de sa représentation visuelle.
Après, il y a quelques scènes de Clark exerçant son métier de journaliste, de Lois enquêtant et quelques moments furtifs de plus entre Clark et Lois qui rendent leur relation plus tangible ainsi qu'une ou deux répliques en plus d'Alfred et deux allusions supplémentaires de Lex à son père et tout ça est évidemment le bienvenu mais...en fait, on se doutait que cette version longue n'allait pas convertir les haters et allait davantage combler les fans mais j'ai l'impression que c'est l'inverse.
J'ai l'impression que ceux qui n'avaient pas saisi tout ce que les amateurs du film avaient saisi ont enfin perçu les qualités thématiques du film ici. L'aspect politique et déconstructif est appuyé ici (l'interventionnisme américain est critiqué sur plusieurs fronts dans la scène en Afrique : par des soldats US, par le général africain et avec Superman qui défonce même des drones avec tout ce que ça a d'hypocrite vu qu'il est coupable du même péché), on voit davantage Clark/Superman aider des gens (après l'attentat par exemple) avant sa crise de conscience et donc on le voit davantage, tout court, comme Lois et donc les persos ressemblent davantage à ceux que les fans de la BD attendaient peut-être...je sais pas.
Moi j'aime toujours autant l'aspect "deux athées cherchent à tuer un dieu qui doute" et je suis toujours autant gonflé par le dernier acte "BLEUAAARGH POOOOW BZZZZZT MEEEUUUUH GNÉÉÉÉÉ".
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