Jerónimo a écrit:
En fait je ne comprends même pas comment tu passes du transhumanisme (et je te rejoins là-dessus, j'espère que le suites creuseront ccet aspect) aux produits de beauté pour femmes
Le rapport entre les deux est exactement du même ordre que celui entre l'invention de la roue et l'avènement de l'automobile.
Les rides ne sont pas une maladie mais un marqueur naturel de vieillissement. L'usage de crèmes anti-rides relève donc d'une lutte contre un signe extérieur de passage du temps, c'est un indicateur très fort que le rapport au corps vieillissant et à sa propre mortalité devient un complexe, et donc une crainte (de ce que précisément le vieillissement, donc le cours normal d'une vie, implique à terme). Procédé sommaire qui peut être une porte d'entrée vers les pratiques de chirurgie esthétique, plus radicales, et toujours défigurantes (cf. l'aspect insoutenable du visage de Madonna récemment) mais qui ont la même origine.
Le projet transhumaniste nécessite un degré de sophistication technique qui n'est encore, dans les grandes lignes, qu'en projet, donc on est sur le même niveau de décalage qu'entre les premières roues des Sumériens et l'Alfa Roméo 164 blanche d'occase de Castorp. Les transhumanistes ont néanmoins le même projet, et se nourrissent des mêmes craintes, que Clarins mais en plus poussé : non plus une simple crème de nuit pour paraître un peu moins vieille, mais carrément modifier la biologie pour prolonger la longévité... Ou plutôt prolonger la jeunesse, parce que prolonger la longévité c'est surtout prolonger la vieillesse, ce qui est inacceptable et ce pour quoi on aura bien heureusement bientôt droit à l'euthanasie.
Donc le rapport il est là, pour moi. Et le rapport avec les femmes, c'est qu'elles sont les consommatrices principales de ces crèmes, les plus impactées par la crainte, incroyablement narcissique, du vieillissement.
Alors libre à chacun de suivre le miroir aux alouettes du "oui mais c'est de la faute du patriarcat", mais c'est globalement du même niveau que "c'est la faute au capitalisme", c'est une déclaration toute faite qui n'explique strictement rien du phénomène et qui sert surtout à signifier son rattachement à une certaine interprétation du monde.
Que le monde de la tech soit dominé par des hommes, peu importe. Il y en a d'autres qui sont dominés par des femmes, notamment ceux de la prise en charge des personnes les plus vulnérables de nos sociétés, y compris les personnages âgées. Pas sûr que si l'on épluche un par un les cas de maltraitances les plus monstrueux dans les maisons de retraite du monde occidental on tombera sur une majorité de bourreaux hommes. Donc en terme de folie furieuse inhumaine, si on est vraiment équitable dans la comparaison de quel milieu est dominé par qui (et je parle pas en termes de pouvoir hiérarchique, mais en terme de
pouvoir d'agir directement sur les personnes), le comptage de points s'annonce corsé.
Pour revenir au film, et plus sérieusement que dans mon message initial : le personnage joué par Edie Falco, en miroir, comme le notait Déjà-vu, de Quaritch sur la dégustation de café dans la cabine de l'engin volant, illustre très bien ce phénomène de féminisation souhaitée de carrières traditionnellement masculines... Et son absence de conséquences structurelles pourtant attendues : ces professions ne sont en rien humanisées par l'afflux de femmes. L'entreprise qu'elle mène sur Pandora est encore plus destructrice que la première. Elle est donc pire encore que Quaritch, qui au moins mettait les mains dans le cambouis et dont la "masculinité toxique" (je fais des efforts aussi, tu vois ?) permettait l'enjeu du corps à corps avec le héros, et le confort d'une formule bien connue.
Après, peut-être qu'on découvrira dans les suites que ses supérieurs hiérarchiques sont des hommes.
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