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MessagePosté: 11 Mar 2020, 11:34 
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Comme à son habitude, Eastwood ne fait vraiment pas dans la subtilité, surtout, comme on a déjà pu le faire remarquer, pour tout ce qui a trait à la critique des médias sensationnalistes.
Sauf que l'interprétation de Paul Walter Hauser est elle d'une remarquable subtilité.

Il semble tout droit sorti d'abord de Observe and Report de Jody Hill (ce qui rejoint un peu la remarque de QGJ concernant Mall Rats) : le vigilante qui a un peu perdu le sens de la mesure mais qui contrairement au personnage de Seth Rogen conserve un aspect naïf, tendre et modeste.

Il apparaît progressivement comme un type un peu autiste, réservé, avec une espèce de self-control que finalement même son avocat n'est pas en mesure de comprendre. Furtif mais précieux exemple de l'excellence du jeu de Hauser, son coup d'oeil en coin lorsqu'il quitte la salle du FBI, raffermi dans son honneur, partagé entre l'incrédulité et l'amusement.

Je constate qu'en évoquant la relation avec sa mère, beaucoup de critiques tombent dans le même écueil que la presse de l'époque : la condescendance et le jugement fondé sur la convention sociale, car bien sûr il n'est pas normal d'habiter chez sa mère à 33 ans et d'éprouver une grande affection pour elle. Curieux de voir cette propension au jugement méprisant, normalisateur se prolonger de la sorte.

Le portrait de la journaliste est franchement honteux (elle ne se souvient même pas des mouvements de la Macarena quoi)! mais son travail de l'époque ne devait pas l'être moins, quoi qu'on en dise. Il a bien fallu que la recherche du scoop absolu prime sur la présomption d'innocence et le coût humain. Mais nous y sommes tellement habitués, comme à la violation du secret de l'enquête, que ça n'a plus rien de vraiment scandaleux. Le film a quand même le mérite de le rappeler.
Le scénariste a une dent contre le journalisme visiblement puisqu'il est l'auteur de Shattered Glass, excellent film assez glaçant sur un précurseur de Claas Relotius qui inventait ses articles - vous me direz Joe Biden et quantité de politiques américains s'inventent une vie, parfois militaire, ponctuée d'anecdotes plus ou moins héroïques. Il est possible qu'ils y croient. Rien de bien nouveau sous le soleil.

Au point de vue de la forme, c'est franchement nul donc ça m'a remis en mémoire les critiques sur Million Dollar Baby ou Gran Torino, où il est question de "classicisme", peut-être serein ou altier, ou du visage taillé à la serpe de Eastwood. Ici c'est clairement filmé à la truelle, purement fonctionnel, ce qui va bien avec la philosophie populiste du film finalement et contribue à le rendre attachant.
Finalement c'est une assez belle idée de suggérer que le véritable acte d'héroïsme de Jewell, qui semble relever plus du hasard, n'est pas d'avoir découvert l'existence de la bombe, ce qui en aurait fait un héros de carton pâte avec contrats d'édition et tutti quanti, mais celle d'avoir résisté au rouleau-compresseur que constituent l'alliance des médias et de la police d'état.

Héroïsme qui n'est pas payé de retour : le film ne mentionne pas en effet que Richard Jewell a pu obtenir de nombreux dédommagements après avoir engagé plusieurs procès. A quoi bon en effet, parce qu'il est mort un ou deux ans après avoir entrevu une forme de réhabilitation.

De circonstance : je tombais sur ce tweet ce matin.



La réponse du type, pour muffle qu'elle soit (et encore, c'est une blague), ne manque pas d'une certaine logique.

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MessagePosté: 11 Mar 2020, 11:53 
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bmntmp a écrit:
Je constate qu'en évoquant la relation avec sa mère, beaucoup de critiques tombent dans le même écueil que la presse de l'époque : la condescendance et le jugement fondé sur la convention sociale, car bien sûr il n'est pas normal d'habiter chez sa mère à 33 ans et d'éprouver une grande affection pour elle. Curieux de voir cette propension au jugement méprisant, normalisateur se prolonger de la sorte.


Ouais enfin bon la manière dont le personnage et donc le film insistent bien sur le fait qu'il n'en est pas pour autant homosexuel est pour le moins très gênante et pas très excentrique également, comme si la réhabilitation du personnage devait aussi passer par là...


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MessagePosté: 11 Mar 2020, 12:06 
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Je ne vois pas en quoi c'est gênant. Si ça ennuie le personnage, qui reste un type assez traditionnel et pas du tout excentrique au sens favorisé par la société, et que cette suggestion a pu offenser, c'est malhonnête de s'en passer. Et ça reste vrai même si le personnage avait été inventé ou ce passage fictionnel. Tu aurais voulu en faire un héros malgré lui de la cause homosexuelle ?

Citation:
Jewell at times was too detailed for Martin’s taste. In describing the park, Jewell repeatedly pointed out that his spot at the tower allowed him to see plenty of attractive young women, which was one reason he didn’t want to be reassigned. “I mean there were women everywhere,” Jewell exclaimed. “I mean, God, it was unreal.” On a break, Martin urged, “Richard, cool it on the girls.” Jewell pointed out that the press had highlighted his living with his mother so many times that some questioned his sexual preferences. Jewell said he had nothing against homosexuals, but he had enough trouble getting dates without women thinking he was gay.


tiré de The Suspect An Olympic Bombing, the FBI, the Media, and Richard Jewell, the Man Caught in the Middle de Kent Alexander, Kevin Salwen


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MessagePosté: 11 Mar 2020, 12:19 
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bmntmp a écrit:
Je ne vois pas en quoi c'est gênant. Si ça ennuie le personnage, qui reste un type assez traditionnel et pas du tout excentrique au sens favorisé par la société, et que cette suggestion a pu offenser, c'est malhonnête de s'en passer. Et ça reste vrai même si le personnage avait été inventé ou ce passage fictionnel. Tu aurais voulu en faire un héros malgré lui de la cause homosexuelle ?


C'est un détail qui me parait tout à fait dispensable, d'autant plus qu'il me semble que le personnage se contente de dire qu'il n'est pas homosexuel de façon insistante dans le film comme s'il y avait eu offense (contrairement à ta citation dans laquelle il en dit effectivement plus).


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MessagePosté: 11 Mar 2020, 12:29 
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Je ne vois pas trop ce qui te gêne, je ne pense pas que ce soit un élément suffisant pour prêter un discours même vaguement homophobe au film. Par contre je suis d'accord avec toi, sur ce point, le film au lieu d'être suggestif met les pieds dans le plat, comme pour le personnage de la journaliste.
Dans les journaux de l'époque, il semble bien qu'il y ait eu la suggestion qu'il était homosexuel à des fins calomniatrices. Pardonne à un américain moyen du sud des Etats-Unis de s'en formaliser un peu bêtement (car oui, il s'en offense), en 1996-1997 de surcroît ou à Eastwood de ne pas juger ce détail si dispensable.
L'ironie est que le véritable poseur de bombes s'est révélé être anti-avortement et anti-homosexuels sinon.
Pour Lohmann, c'est ce qui lui sert de béquille pour entamer son espèce de discours final - ce qui risque de te faire camper sur ta position.


Pas grand-chose à voir mais l'anecdote est étrange : le frère du véritable poseur de bombe, persuadé de son innocence, s'est coupé une main avec une scie pour marquer sa conviction. Elle a lui a été remise en place par des chirurgiens.


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MessagePosté: 11 Mar 2020, 12:53 
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bmntmp a écrit:
Par contre je suis d'accord avec toi, sur ce point, le film au lieu d'être suggestif met les pieds dans le plat, comme pour le personnage de la journaliste.


voilà

Citation:
Pas grand-chose à voir mais l'anecdote est étrange : le frère du véritable poseur de bombe, persuadé de son innocence, s'est coupé une main avec une scie pour marquer sa conviction. Elle a lui a été remise en place par des chirurgiens.


il y a sûrement un film à faire, peut-être une suite hardcore du Eastwood ?


Dernière édition par scienezma le 11 Mar 2020, 12:55, édité 1 fois.

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MessagePosté: 11 Mar 2020, 12:55 
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bmntmp a écrit:
Pour Lohmann, c'est ce qui lui sert de béquille pour entamer son espèce de discours final - ce qui risque de te faire camper sur ta position.
J'ai pas compris ce que tu voulais me dire.

Jewell se défendant d'être homosexuel ça me semble au contraire fondamental dans la description du personnage, il ne supporte pas que l'on puisse mettre en doute sa masculinité, membre de la NRA, lorsqu'on lui demande s'il connait des personnes du KKK il ne l'exclue pas totalement, c'est bien l'opposition entre ce républicain sudiste pur jus et la manière dont il est maltraité par l'opinion qui intéresse Eastwood.


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MessagePosté: 11 Mar 2020, 13:03 
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Citation:
intelligent (ce qu'il démontre en particulier lorsqu'il arrive à mener la discussion dans le sens où lui le dicte afin de démontrer sa non-homosexualité)

C'est cet apparent détail qui le turlupine et sur lequel son avocat lui a dit de ne pas s'appesantir qui sert de tremplin à son discours sur l'autorité.

Il a une réplique amusante sur la NRA par ailleurs, quand son avocat lui demande s'il a des amis affiliés à un groupuscule quelconque, le questionne sur la NRA et qu'il répond "Is the NRA a fringe group?", réponse assez finalement assez ambigüe. (pour le KKK il dit :"If I did, it wouldn't have been on purpose".)


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MessagePosté: 11 Mar 2020, 13:29 
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J'ai l'impression d'en apprendre plus sur le personnage par vos posts (qui sont en partie contradictoires d'ailleurs mais c'est ça qui est intéressant) que par le film, c'est qd mm un pb il me semble. Il manque des choses et cela donne une image très simplifiée du personnage en particulier sur cette question de l'homosexualité. Eastwood expédie le truc à la truelle.


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MessagePosté: 15 Juin 2020, 10:01 
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Comme on avait parlé de l'homosexualité dans le dernier Eastwood, j'ai regardé "Minuit ds le jardin du Bien et du Mal" que je n'avais pas revu depuis sa sortie en salle.

La sympathie d'Eastwood me semble clairement du côté de Lady Chablis (dont le nom d'acteur n'est même pas crédité sur Allociné, soit dit en passant, alors qu'elle est absolument admirable, notamment dans la scène où elle témoigne au tribunal, ou la scène lors du bal...), la Drag Queen, le personnage extraverti qui est fier de ses orientations sexuelles, qui ne s'en cache pas de façon hypocrite (contrairement à Jim Williams, un peu répugnant et mielleux, qui baigne dans son nouveau confort petit-bourgeois et ne veut pas le déranger) et qui provoque (le trouble). Lady Chablis, le journaliste et Mandy (je crois jouée par la fille d'Eastwood) se retrouvent à la fin pour former une petite communauté d'égaux et d'iconoclastes comme les affectionne Eastwood. Quant aux deux homos aux relations torturées entre autres car elles sont cachées et souterraines (rampantes), ils y passent tous les deux ! Mais la question de l'homophobie ne semble pas vraiment se poser pour Eastwood, en revanche, comme en toutes choses, il paraît important pour lui que l'on soit sincère et fier de ce que l'on est ou ce que l'on pense, que l'on "annonce la couleur" ouvertement, quitte à déranger.

Sinon ça n'a qu'un très lointain rapport mais j'ai regardé hier "Moffie" un film sud-africain de Oliver Hermanus passé à Venise l'an dernier (mais pas encore en salles en France). Une histoire d'homosexualité dans les rangs de l'armée sud-africaine d'Apartheid en 81, lors de la lutte contre l'Angola communiste. C'est un bon exemple de films gay friendly et en même temps complètement de droite, voire d'extrême-droite. il y a d'autres exemples...


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MessagePosté: 18 Juin 2020, 07:40 
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scienezma a écrit:
Sinon ça n'a qu'un très lointain rapport mais j'ai regardé hier "Moffie" un film sud-africain de Oliver Hermanus passé à Venise l'an dernier (mais pas encore en salles en France). Une histoire d'homosexualité dans les rangs de l'armée sud-africaine d'Apartheid en 81, lors de la lutte contre l'Angola communiste. C'est un bon exemple de films gay friendly et en même temps complètement de droite, voire d'extrême-droite. il y a d'autres exemples...


Du reste, Spike Lee dans son dernier navet Netflix utilise également la guerre pour véhiculer sa promotion de la minorité noire-américaine. Son discours oscille entre un très vague "la guerre du Vietnam était une erreur, il ne fallait pas la faire" et "mais nous aussi on a participé, il ne faut pas nous oublier !". Comme dans n'importe quel film réalisé par un usien blanc sur cette guerre, les vietnamiens n'existent tout simplement pas, la "problématique" de Lee n'étant pas là. Pire même, les vétérans vont avoir l'occasion de tuer encore quelques "jaunes" belliqueux de plus lors de leur retour au Vietnam - ces derniers étant toutefois dirigés par un méchant Reno blanc sorti tout droit d'une production Besson. Le plus dégueulasse est sûrement la fin du film, où il fait très ouvertement référence au mvt contemporain Black Live Matters en le prenant en otage de son discours ("si vous êtes avec BLM vous devez forcément aimer mon film" ou dans l'autre sens, c'est tout aussi malvenu, "vous devez aimer mon film pour être BLM").


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