Forum de FilmDeCulte

La taille des couilles de ce film n'a d'égal que celle des couilles de Dieu himself.

A plusieurs reprises, durant le film, je n'en croyais pas mes yeux. L'audace du truc.

Concrétisant son projet de rêve, avec le genre de budget dont il ne bénéficiait pas sur The Fountain, Darren Aronofsky, pourtant non-croyant, propose une épopée biblique comme on en jamais vu, tout autant une adaptation littérale du texte qu'une interrogation sur celui-ci, dans un film à la structure atypique, mêlant les genres avec une cohérence impressionnante sans jamais nuire à son propos qui parvient à éviter tout prosélytisme.

L'ambition de Noah est presque sans pareil. Le metteur en scène aurait pu se contenter de s'inspirer de l'histoire de Noé, afin de brusquer personne, ni les fanatiques ni les athées (comme bibi), mais embrasse l'Ancien Testament avec un aplomb qui force le respect et sans jamais tomber dans l'illustration vulgaire. L'approche lorgne délibérément du côté du blockbuster mais on n'est pas dans de la propagande grossière façon La Passion du Christ. A l'instar de son récit, qui commence avec une séquence tout droit sortie de Conan le Barbare, Aronofsky (et son chef op Matthew Libatique) compose parmi les plans les plus iconiques de sa filmographie, retrouvant l'imagerie onirico-spirituelle de The Fountain, les soucis de symétrie en moins, tout en optant pour une lumière plus naturelle le reste du temps - enfin c'est pas The Wrestler non plus - magnifiant les paysages islandais décidément chers aux cinéastes ces derniers temps lorsqu'il s'agit d'évoquer le monde préhistorique (Prometheus) ou post-apocalyptique (Oblivion).

Ce potentiel double est d'autant plus pertinent ici que Noah est presque autant un film post-apocalyptique qu'un film pré-apocalyptique.
L'action commence évidemment avant le Déluge mais la Terre nous est présentée comme déjà ravagée, dominée par une humanité en perdition. De Conan le Barbare, on passe à Mad Max 2.
Déjà dans Black Swan, le réalisateur unissait les influences et les références, des Chaussons rouges au body horror en passant par Polanski dans un tout homogène qui servait au mieux l'intrigue et le parcours de son héroïne. Rebelote dans Noah qui, en plus des deux films susmentionnés, épouse à 4600% les aspects heroic fantasy de la Bible (attendez de voir les Watchers) tout en donnant dans le drame humain, avec un récit qui rappelle autant Take Shelter dans sa première moitié que Shining dans sa deuxième.

La construction en deux temps du film pourra en faire décrocher certains mais elle m'a parue plutôt intelligente en fin de compte. Toute la première partie est conçue comme un récit héroïque classique, avec nul autre que Maximus en protagoniste, autrement dit un personnage qui invoque davantage l'empathie que, pour continuer la comparaison, celui de Michael Shannon dans le film de Jeff Nichols. Dans le fond, c'est le même. Un mec qui a des visions de l'apocalypse à venir et prépare la survie. Sauf qu'ici, il passe pas pour un fou. Aronofsky sait très bien que le public connaît l'histoire de Noé et ne remet jamais en question ses prémonitions (ça participe d'ailleurs à l'acceptation/réinterprétation du texte biblique comme un récit mythologique à la Lord of the Rings). Par conséquent, on est à fond de son côté quand...tout bascule.

Aucune image de la deuxième moitié du film n'a filtré dans la promo, peut-être parce que, passé le spectaculaire climax à mi-film, Aronofsky troque le blockbuster pour du huis clos où il vient se faire abattre toutes ses questions sur son protagoniste...qu'il transforme presque en antagoniste. Soudain, notre héros qui n'a cessé d’avoir raison sur tout, et surtout, qui n'a cessé d'avoir raison d'écouter la parole de Dieu, adopte une position des plus discutable. On en viendrait presque à rallier le discours du "méchant" du film, discours littéralement énoncé lors d'un speech pour galvaniser ses troupes, comme on a pu voir mille héros de films de heroic fantasy en faire...sauf que là c'est pas le héros qui tient ce discours sensé.

Ni l'un ni l'autre n'est tout blanc ou tout noir et l'arc de Noé est très intéressant de ce point de vue-là, comme il passe du protecteur au fanatique au coupable. C'est dans ce développement qu'Aronofsky parvient à apporter son regard sur le texte original, sans le dénaturer mais en le réinterprétant - tout comme lorsqu'il concilie religion et science dans une incroyable séquence relatant la Genèse - en trouvant l'ambiguïté comme pouvait le faire Kazantzakis (et Scorsese) sur La Dernière Tentation du Christ, allant jusqu'à remettre en question la parole divine. Pour Aronofsky, le Péché Originel n'est pas tant l'accès à la Connaissance mais la perte de l'innocence qui a mené au meurtre d'Abel par Caïn. Un geste qu'il faut défaire pour renaître.
Noah fonctionne également comme une parabole sur le monde actuel où, je caricature, l'industrialisation détruit le monde et l'Homme détruit son prochain. Noah est donc aussi un message sain dans ce sens, pas un prêchi-prêcha alarmiste, mais un constat. Et un regard optimiste. Après tout, c'est l'histoire d'une Apocalypse, et le film n'hésite pas à aller dans la noirceur, mais surtout d'une renaissance.

_________________

as tu lu la bande dessinée qu'il a scénarisé sur le même sujet?

Si oui, c'est fidèle?

Nope.


Ça, oui.


Plus ou moins.

_________________

C'est totalement cela dans la bd. Le film est donc beaucoup moins bourrin et béni oui oui que ne laissait penser la bande annonce.

Merde par contre je n'aurai plus la surprise. C'est chiant tous ses projets qu'il met du temps à financer pour le ciné de sorte qu'il les adapte en bd par désespoir. J'avais déjà eu le même truc avec the foutain

Faut juste pas les lire

_________________

Comment tu me chauffes, là.

Tu avais aimé The Fountain ?

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Oui, même si j'en étais pas fou la première fois. Je sentais un peu les limites de la chose et ça ne m'émouvait pas assez.
Une deuxième vision récente m'a davantage plu.

Je préfère toutefois Noah.

En classement Aronofsky, ça donnerait :
1. Black Swan
2. Noah
3. The Fountain
4. Requiem for a Dream
5. Pi
6. The Wrestler

_________________

Au rayon des bémols : la musique (bien mais pas du niveau de Requiem ou Fountain) est parfois trop présente et certains CGI (les animaux notamment) sont trop voyants alors que d'autres non (les Watchers, avec un côté stop-motion qui les rend "tangibles").

D'ailleurs, j'adore que les animaux ne soient pas des espèces existantes. #Darwin

_________________

Presque tout pareil, j'en sors et juste WOAW
C'est assez logique qu'il est reçu des critiques des fanatique religieux (même si je ne connais pas vraiment la bible).
Il y a des images magnifiques.

Pour les animaux personnellement ça m'a beaucoup dérangé pour le premier que l'on voit, mais après, ils sont plus réalistes et on s'y habitue, donc pas un gros problème.
Dire que j'ai failli partir en plein milieu ben plutôt au début lorsqu'on
Et puis y a Jennifer Connely qui demande à ce qu'on la punisse.
6/6

_________________

...

_________________

Et j'en rajoute, je serais pas sorti pour ça

_________________

C'est LE film où j'arrive pas à me décider si je dois y aller ou pas...
Je surkiffe les premiers films du réal mais j'ai sur-détesté The Fountain et Black Swan (pas vu The Wrestler)... C'est chaud pour se faire une idée.

_________________
Netflix les gars, Netflix.

Détesté black swan aussi, mais ca veut pas dire non plus que j'ai perdu le real. J'irai clairement voir. Moi c'est les bondieuseries qui risquent de me saouler.

Tu as vu The Fountain ?

_________________
Netflix les gars, Netflix.

Oui. Pas trop aimé la premiere fois, mais ya eu un truc a la seconde. Une fois que je m'étais résigné a rien piger, j'ai ete ému par les deux persos. Mais j'ose pas trop le revoir.

Je t'imagine bien detester ce genre de film, gros veau.