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MessagePosté: 19 Jan 2010, 10:30 
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Suis-je insensible ?
Je l'ai vu sans avoir été amoureux de ma vie et amoureux, même effet : ennui.

:oops:

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On a frôlé la fissure anale...

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MessagePosté: 04 Nov 2011, 22:17 
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The Bridges of Madison County en VO

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A la mort de Francesca, ses deux enfants découvrent le journal intime que celle-ci leur a laissé. Elle y raconte quatre jours de l'été 1965, durant lesquels son mari et ses enfants étaient partis à une foire dans l'Illinois, et où un photographe de passage, Robert Kincaid, lui demanda sa route.


A la fois soufflé par l'équilibre parfait, et un peu déçu de le voir faillir le temps d'une ou deux scènes - principalement les discussions sur le futur du couple (au petit déjeuner, le soir au chandelles), qui demandent un peu trop au spectateur sans prendre assez en charge en retour (on frôle la niaiserie, et la musique surprésente comme le jeu toujours très maniéré de Meryl Streep n'aident pas forcément dans ces passages). Pour le reste, malgré une simplicité totale et dénuée de tout effet qui terroriseraient beaucoup de cinéastes, Eastwood fait preuve d'une assurance impériale. Doux sans être mou, ultra-sobre sans être désinvesti. Je trouve Eastwood particulièrement doué pour bâtir la force des séquences sur la longueur, et faire exploser ce qu'elles ont noué sans qu'on ait pu voir le coup venir (je pense notamment au fameux passage sous la pluie, qui renoue ensemble tout les fils du film avec une rigueur assez admirable).

Le meilleur du film (et sa personnalité, en fin de compte) c'est sa pudeur, sa capacité à nous peindre l'intimité du couple sans donner l'impression de la déflorer. Le film a une grande habilité à nous manier délicatement en tant que spectateur, comme une chose fragile. Des choses toutes simples : le premier contact physique qu'on attend assez tendus, et qui se fait dans le naturel salvateur d'un coup de téléphone agaçant ; le retour régulier aux enfants pour nous laisser reprendre notre respiration avant de repartir, comme on sortirait la tête de l'eau ; cette façon, enfin, de ne pas condamner la famille et la vie qu'elle va ré-imposer à son retour (je trouve la dernière petite scène avec le mari très belle)...

Curieux, aussi, comme Eastwood reprend tout la beauté et la chaleur de l'americana sans en garder la communauté sympathique, qui me semblait en être une condition sine qua none. C'est finalement en se focalisant presque uniquement sur l'histoire intime qu'il parle pour toute l'Amérique rurale. Je suis quand même déçu que ce ne soit pas un sans faute, et que le classicisme total du film flirte parfois avec un soupçon de transparence (soupçon que d'autres projets contemporains comme Impitoyable, certes plus "faciles" car sombres et plus complexes, ne laissaient pas planer une seconde).


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MessagePosté: 04 Nov 2011, 22:47 
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Ce film a de trèèèèèèèèèèès légers défauts, qui en réalité n'en sont pas. Des facilités, tout au plus, et encore... La simplicité étouffe de trop, tellement qu'il faut parfois recourir à des facilités pour relâcher un peu... Ces moments ressortent aussi et surtout parce que le reste est proprement exceptionnel. De simplicité, d'évidence, d'humanisme. La temporisation, la narration, la direction d'acteurs... Et le texte !

Je suis loin d'aimer tous les Eastwood, mais la fragilité de celui-ci me va à la perfection. Pour moi, c'est son chef d'oeuvre.

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I think we're gonna need a helmet.


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MessagePosté: 04 Nov 2011, 22:52 
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Z a écrit:
La simplicité étouffe de trop, tellement qu'il faut parfois recourir à des facilités pour relâcher un peu...

Rhaaaaa comment tu trouves des excuses ! C'est dur d'argumenter sur ce point, parce que le film a un caractère tellement "évident" que la plupart du temps je suis pas vraiment capable d'expliquer comment il fonctionne. Pourquoi telle scène n'est pas juste académique et transparente, quel est le travail qui la sous-tend pour que ce soit fin et ultra-narratif... Je ne remarque le geste de mise en scène (et encore...) que dans les moments-climax, comme la voiture sous la pluie, où là on commence à sentir la rigueur totale, le jeu avec l'espace, les points de vues, etc. Mais du coup je saurais pas trop comment "attaquer" les scènes que je citais en comparaison du reste. Peut-être le souci vient du fait que dans ces passages, le perso d'Eastwood devient presque plus sensible qu'elle, et que ça enlève un peu de la rudesse dont aurait besoin ces séquences (cela dit, la scène aux chandelles se termine sur une fuite sublime)

Z a écrit:
Ces moments ressortent aussi et surtout parce que le reste est proprement exceptionnel.

Oui voilà, c'est aussi un peu ça. Impression d'une perfection continuelle un peu brisée par endroits.

Me reste à voir Un monde parfait dans ses gros morceaux (le reste, je sais pas trop où aller voir).


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MessagePosté: 05 Nov 2011, 12:25 
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L'impertinent pertinent
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Tom a écrit:
Je ne remarque le geste de mise en scène (et encore...) que dans les moments-climax, comme la voiture sous la pluie, où là on commence à sentir la rigueur totale, le jeu avec l'espace, les points de vues, etc.


Pareil. Et la musique bien sûr, difficile à ne pas remarquer... parfois bienvenue, parfois too much selon les sensibilités de chacun. Je la vois comme une pente boueuse, dégoulinante, mais qui finit fatalement par t'emporter lorsque tu as oublié de te tenir.

Mise en scène discrète, sans doute parce qu'il place la caméra toujours au bon endroit (ou plutôt dans ce film, à la bonne distance des corps - incroyable travail d'ailleurs, ce qui m'impressionne le plus probablement).

Et j'aime les scènes longues au cinéma, de vraies discussions argumentées, charpentées, contradictoires... ça change des scénettes informatives et utiles auxquelles nous sommes sur-habitués. Il y a relativement peu de films où deux personnages se parlent avec une telle simplicité. Je sais qu'un autre exemple de ce type, c'est Jackie Brown.

Citation:
Me reste à voir Un monde parfait dans ses gros morceaux (le reste, je sais pas trop où aller voir).


Un 6/6 aussi, mais j'ai assez peur de le revoir. Ça doit faire 10 ans. Il faut.

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MessagePosté: 05 Nov 2011, 22:21 
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Je revois "un monde parfait" deux ou trois fois par an. Mon film préféré d'Eastwood.


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