L'étonnante aventure d’un Programme hautement sophistiqué du nom de Ares, envoyé du monde numérique au monde réel pour une mission dangereuse qui marquera la première rencontre de l'humanité avec des êtres dotés d'une intelligence artificielle…Il est quand même fascinant de voir Disney s'échiner à vouloir faire de
Tron une franchise alors qu'aucun de ses épisodes ne cartonne au box-office. Quand ils produisent
Legacy en 2010, ils étaient encore dans leur période post-Bruckheimer et pré-rachat de Marvel et Lucasfilm où ils peinaient à reproduire le succès de
Pirates des Caraïbes et manquaient donc de blockbusters pour jeunes mâles, prêt à exploiter le moindre film culte des années 80, mais ce troisième chapitre également tardif qui remplace le visionnaire Kosinski par un
yes man qui s'est spécialisé dans les restes des autres pour la même firme (
Pirates des Caraïbes 5,
Maléfique 2) m'apparaît relativement inexplicable même d'un point de vue financier.
Parce que d'un point de vue artistique, il était couru d'avance que le film n'aurait rien à proposer d'autre que de surfer sur l'esthétique imaginée par son prédécesseur avec la simili-valeur ajoutée de confronter cet univers au monde réel et s'il y a une chose à sauver du film, ce sont effectivement ces quelques images vaguement grisantes ou l'imagerie techno-néon du précédent parasite les décors urbains ou bien la surenchère dans les rubans de lumière laissés dans l'air par les différents objets provenant de "la Grille".
Mais d'un point de vue narratif ou thématique, c'est d'une pauvreté effarante. Le film coûte près de 200M$ et paraît tout petit, limité à trois décors et pas beaucoup plus de personnages, et là où les deux autres films charriaient leur lot d'allégories bibliques, ce nouvel opus réussit l'exploit de rendre insignifiantes ses références : un personnage nommé Eve a pour but de créer un arbre fruitier pour nourrir le monde mais c'est un simple McGuffin et l'origine mythologique du nom du protagoniste qui donne son titre au film demeure cosmétique (le Dieu de la guerre pour un système de défense surpuissant).
A trop vouloir aller plus vite que le rythme des films de 1982 et 2010, l'incarnation 2025 se précipite, ne faisant jamais exister ses personnages dont les traumas ou revirements sont expédiés, tout comme ce que le synopsis ci-dessus évoque et qui n'étonne absolument personne (d'ailleurs, c'est un monde absolument vide d'êtres humains que nous montre le film). Résultat, l'ensemble ressemble à un gloubi-boulga de films évoquant les êtres synthétiques et l'émotion menant à aller contre sa fonction comme
Blade Runner,
Terminator 2 (dont il est une sorte de remake foireux) ou
A.I.. D'ailleurs, à l'ère où l'IA et le Metaverse sont au cœur des interrogations éthiques, il aurait été bienvenu de concevoir un récit qui va au-delà du simple
"what if Skynet was gentil et le vrai méchant c'est l'humain?" Si je voulais pousser le bouchon, je pourrais limite qualifier le film de dangereux dans sa manière de montrer l'IA comme finalement inoffensive en mode "ChatGPT ne peut pas être nocif, la preuve, il aime Depeche Mode".
Alors le film est très loin d'être honteux, il demeure "compétent", jamais insultant, moins moche que beaucoup de grosses machines, mais ça reste du vent.
Et une BO cool (mais moins que celle de Daft Punk). Comme film de
release party d'un album, c'est peut-être meilleur que
The Life of a Showgirl.