Müller a écrit:
Vieux-Gontrand a écrit:
Quant a dire que les statuts de commerçant ou de fonctionnaire sont enviables en Afrique (le premier est difficilement accessible aux africains eux-mêmes dès que l'on s'approche des villes et passe souvent par les diasporas libanaise, indienne, et européennes), cela trahit une connaissance sommaire du continent.
Très peu d'impôts, aucun code du travail, société qui tourne autour des liquidités 99% du temps : les commerçants peuvent très bien s'en sortir là-bas, bien mieux qu'en France d'ailleurs, parce que pour le coup c'est entièrement dérégulé ce qui favorise aussi le succès. Les libanais et les syriens se tirent la part du lion, évidemment, dans le sens où c'est eux qui ont les plus grosses boutiques et construisent les immeubles les plus hauts (essentiellement pour vider leurs comptes débordants d'ailleurs, une sorte de blanchiment d'argent légal : les immeubles sont vides, aucunes lumières dedans la nuit). D'ailleurs ce n'est pas pour rien que de plus en plus de membres des diasporas en France font affaire là-bas, en achetant des produits chez Primark et autres magasins pas chers pour les revendre là-bas dans un commerce familial à 5 fois le prix. Il y a un phénomène encore discret mais qui gagne en ampleur de "retour au pays" de la part de jeunes nés ici qui ont compris que les opportunités sont plus nombreuses et plus alléchantes là-bas.
Vous êtes même pas en désaccord, c'est marrant. Les cadres africains ou diplômés africains ne veulent plus s'expatrier à tout prix, se rendant compte des opportunités qui existent dans leur pays peut-être, les plus désespérés prennent une barque pneumatique pour l'Europe, après un dangereux périple. Quoi d'étonnant ?
Perso, je constate un autre mouvement, des jeunes d'origine africaine que j'ai pu rencontrer et qui font un retour en Afrique sont des espèces de digital nomad, français, intégrés, comme le font des gens venus de pays développés, qui font la navette entre l'Europe et l'Afrique, mais avec cette histoire de retour aux racines. Ils sont sans doute paradoxalement plus à même que leurs concitoyens d'il y a vingt ans de s'accommoder des contraintes locales, plus agiles, grâce à internet, et la facilité de transit que leur procure un passeport européen, et leurs origines. Reste à savoir s'ils vont créer de la valeur, ou juste travailler à distance et quelle liberté leur gouvernement sur place, leur acceptation du climat (c'est pourquoi ils font la navette), leur entreprise japonaise, allemande ou française, leur accorderont-ils ?