Sur Joly :
"L’accord PS-Verts a provoqué un tremblement de terre chez les Verts. Eva Joly a un cran d’enfer. Non seulement parce qu’elle n’a pas accepté de renier ses convictions et déclarations. Mais surtout parce qu’elle n’a pas eu peur de le faire publiquement. Aussitôt la meute s’est déchaînée. Non seulement les pitbulls socialistes ont été lâchés mais les tireurs dans le dos se sont déployés. Record de perversité atteint par le pétulant Daniel Cohn-Bendit qui injurie tout le monde à la fois en exigeant d’Eva Joly qu’elle ne « fasse pas du Mélenchon, super Mélenchon ou du sous Mélenchon ». Puis la menue piétaille des écorcheurs s’est déployée. Selon l’inimitable tactique classique de la nomenclature socialiste, on envoie les clients devant. Les prochains députés du « prochain président » ont donc été priés d’aller défendre leurs prochaines picorées. Les socialistes n’ont eu qu’à attendre la fin de la battue qu’ont organisée ses propres « amis » pour tirer le gibier à découvert. Pourtant Joly ne cédera pas, je crois. Dorénavant elle est bien prévenue de ce que sont tous ces gens. Cet épisode est entièrement imputable à la méthode nombriliste et arrogante des dirigeants socialistes."
"A moins qu’il s’agisse d’un sabotage délibéré. Car comment imaginer qu’un tel accord passe sans provoquer de dégâts ? Il n’y avait pas besoin d’être très grand politique pour le prévoir. Dès lors, le premier devoir de gens préoccupés de réussir n’était-il pas de lisser et border les plus grandes rugosités de l’opération au moins sur le plan humain ? Mais tous ces nomenclaturistes vivent dans le cynisme le plus complet. Pour eux, ce que disait Eva Joly n’était qu’une posture, juste un moyen de « faire monter les enchères » comme ils disent. Personne ne s’est donné le mal d’en tenir compte d’aucune façon. Ils comptaient sur ses « amis » pour la ramener à la raison, leur raison. Arrogance totale, mépris des gens, intimidation injurieuse, voila les nouvelles méthodes avec lesquelles se construit le « rassemblement » que veut « le prochain président ».
"Dans tout cela elle n’a qu’un tort. Accepter d’aller dans la matinale de RTL avec Jean-Michel Aphatie. Un vrai traquenard, comme d’habitude. Celui-là n’était là une fois de plus que pour faire de la provocation et mettre son invité dans l’embarras. Avis aux amateurs ! Il a donc réussi à lui créer un problème qui n’existe pas pour elle ni pour aucune personne de gauche, à savoir : quel sera son vote au deuxième tour. Aphatie sait parfaitement quelle est la difficulté pour répondre à cette question. Il se garde bien de la poser à François Hollande ou à l'un de ses compères. Car celui qui répond est immédiatement placé dans la situation du perdant d’avance et qui le reconnaît. Pour Eva Joly ce matin-là, cela revenait à déclarer l’inutilité de sa candidature. Le rêve des repentis du PS du genre d’un Aphatie : un militant politique s’humiliant devant un « journaliste », le premier tour réduit à une comédie convenue, la gauche rabougrie sur la veille branche vermoulue du social-libéralisme et lui, pérorant et jubilant : « Est-ce que vous ne faites pas le jeu de la droite en maintenant votre candidature ? ».
(mouahaha le même réflexe que j'ai eu)
"C’est une affaire entendue : l’accord Verts-PS a soulevé de nombreux débats sur la toile entre les divers points de vue chez les adhérents de ces deux partis. Tout le monde analyse la signature de ce document comme une concession des Verts au PS. D’où notre surprise en découvrant l’interprétation de la situation que fait un grand titre du journal « le Monde ». Pour lui , ce sont les écologistes qui ont réussi à « décrocher » les socialistes du nucléaire. Ce titre étonnant barre toute la page au-dessus d’un long papier consacré à cette mutation du PS. Si c’est le cas, alors il faut bien reconnaître que rien n’est plus curieux. Comment ! Il suffit de fermer les centrales en fin de vie qu’EDF a déjà décidé de fermer, de continuer à produire du carburant nucléaire recomposé et enfin de continuer le chantier du réacteur le plus controversé pour « décrocher du nucléaire » ! Je ne le crois pas. Fermer 24 réacteur d’ici 2025, c’est suivre la pente d’âge des centrales. Cela n’implique d’ailleurs concrètement qu’une seule fermeture d’ici 2017, fin du prochain quinquennat, comme l’a déclaré Michel Sapin lui-même, le bras droit de François Hollande. Et en bout de course, dans quatorze ans, la moitié du parc nucléaire serait encore en activité. Cela n’a pas de sens. En ce qui concerne le nucléaire on ne peut pas couper la poire en deux. Ou bien le nucléaire est un problème ou bien il ne l’est pas. Et dans les deux cas, une fois la question tranchée il y a encore deux manières de répondre à la gestion de la situation qui correspond à ces choix. Une logique marchande et une logique publique. On imagine que tout cela sera traité dans la « loi-cadre sur la transition énergétique soumise à la discussion parlementaire avant l’été 2013 » que mentionne l’accord. Le tout précédé d’un « grand débat public ». Un débat public ? Mais alors si c’est un débat sérieux, et s’il y a une loi sur la transition énergétique, pourquoi ne pas le conclure par un vote de tous ? C’est-à-dire par un référendum ?
A mon avis Eva Joly va manger bon pour son insolence. On se souvient que c’est dans Le Monde qu’elle a prononcé une appréciation d’une exceptionnelle gravité. « Le Monde : « N'est-il pas normal, dans une démocratie qui fonctionne, qu'Areva fasse connaître son point de vue, et ce publiquement ? » Eva Joly : « Faire connaître un point de vue est une chose. S'immiscer dans la vie démocratique pour réécrire un paragraphe d'un accord entre partis en est une autre. Au moins, agissent-ils désormais à visage découvert. Pour moi, il y a là une arrogance qui témoigne d'un certain sentiment d'impunité. Que les commentateurs n'aient pas davantage été choqués en dit long sur l'accoutumance à ces mœurs délétères. Mesurons la gravité de ce qui s'est passé. Il pèse désormais sur les socialistes le soupçon d'être du bois dont on fait les marionnettes, et on ne me fera pas croire que c'est bon pour la politique. ». Après de telles paroles, on a vu les molosses « en bois dont on fait les marionnettes » se déchaîner. Mais le registre est resté étroit. Du Vichinsky première manière. Un procès politique baclé. Les dirigeants socialistes ont plus de mépris que de répartie.
L'accord PS / Verts
"C’est donc avec prudence que j’ose vous faire connaître une nouvelle qui pourrait vous intéresser en vue de la présidentielle. Si je dis « j’ose » c’est parce qu’il s’agit de François Hollande. Tout ce qui pourrait être vécu comme une critique du « prochain président », comme il s’est lui-même nommé à la une du journal « Libération », est, vous le savez, la preuve d’une « convergence avec le cabinet noir de Sarkozy et Marine Le Pen », ainsi que l’a très bien asséné Jack Lang. Ce qui suit est donc juste une information tirée d’une dépêche de l’agence Reuter. Elle nous permet de savoir de quelle faveur nous gratifiera notre « prochain président » en matière de finances publiques. Vous ne pouviez pas le savoir puisque malheureusement il n’a pas eu le temps d’en parler avant son investiture aux primaires. Ce sera merveilleux. Jugez-en vous-même en préparant votre bulletin de « vote utile ». François Hollande envisage, pour 2012 et 2013, les deux premières années de son « prochain » quinquennat, un « effort » de 50 milliards d'euros de redressement budgétaire. Cette coupe claire s’ajoute aux saignées déjà réalisée par les plans d’austérité de Fillon. Elles ne seront donc pas remises en cause. François hollande approuvera donc rétrospectivement le moment venu la politique qui s’applique sous la droite et son cabinet noir. A quoi bon alors les critiquer ? Le but annoncé est de « réduire le déficit public à 3%, en 2013 a déclaré, à l’agence Reuters, Karine Berger. Cette personne est économiste, conseillère du prochain « prochain président bien aimé » comme dirait Jack Lang, ancien délégué spécial de Nicolas Sarkozy pour la Corée du Nord et actuel « représentant spécial » de François Hollande. Ne plaisantons pas. C’est du sérieux et le prochain président est déterminé. "Quand François Hollande dit 3% du PIB en 2013 et tendre vers zéro déficit à la fin de son quinquennat, c'est un élément intangible", déclare son économiste.
Il y a aura donc un très grand changement avec le gouvernement actuel. Qu’on en juge : "Notre ligne est qu'il faut évidemment continuer un contrôle des dépenses extrêmement strict." Comment ? « Pour ramener le déficit à 3%, l'évolution des dépenses sera fortement contrainte. » Fortement, vous avez bien lu. « Le nombre de fonctionnaires n'augmentera pas », donc toutes les suppressions de l’ère Sarkozy sont validées. « Les 60.000 emplois supplémentaires prévus dans l'Education Nationale étant compensés par des départs en retraite ailleurs. » Cela signifie donc soixante mille postes de moins dans le reste de la fonction publique. Une vraie révolution, comme dirait Jack Lang, également un temps délégué de Nicolas Sarkozy pour Cuba. "On fera tout pour conserver la note 'triple A' et si, par malheur, on devait la perdre, on s'engage à tout faire pour la rétablir", a précisé l’économiste de François Hollande. Elle reproche donc au gouvernement d’avoir une austérité saccadée au lieu du bon coup sur la tête qui rassurerait les marchés : "Avoir deux plans d'austérité de moins de 10 milliards d'euros à deux mois d'intervalle n'est pas la bonne solution pour faire comprendre ce qu'on veut faire aux marchés financiers." Voyons le détail. Deux tiers du plan Hollande viendraient de mesures fiscales. Parmi elles l'annulation du "paquet fiscal" de 2007. Un tiers viendrait d'économies, la répartition définitive pouvant aller jusqu'à moitié-moitié, a précisé l'économiste. « On parle de 50 milliards", a-t-elle déclaré. « L'accent sera mis sur le redressement des comptes de santé, avec un objectif de progression des dépenses d'assurance maladie nettement inférieur au 2,5% par an désormais prévu par le gouvernement, en mettant notamment les consultations médicales à contribution » précise Reuter. Pour prévenir un emballement des comptes sociaux, " il y a aura des propositions fortes sur la façon de limiter l'évolution des dépenses de santé » a dit Karine Berger. Mais, bien sûr, comme c’est le gouvernement Hollande, ce sera « de manière socialement juste". Evidemment !
Michel Sapin, l’homme du programme du prochain président, décrit la méthode générale du gouvernement Hollande: « Lorsque la gauche arrivera au pouvoir, ce ne sera pas pour donner pendant deux ans pour ensuite reprendre pendant trois ans ». « Cela peut être l'inverse : être extrêmement sérieux pendant deux ans pour pouvoir distribuer un peu plus pendant les trois ans qui suivront. » Fascinante, n’est-ce pas cette gauche-là. Non ? « Une fois le déficit ramené à 3% du PIB fin 2013, le PS mènera une politique de croissance et équilibrera les comptes publics d'ici 2017, consolidant la note "triple A" de la France auprès des agences de notation, ou permettant de la retrouver si elle est dégradée », a ajouté Karine Berger à Reuter. Vous êtes prévenu. Le vote utile est servi.
C’est certainement le plus pénible de ce qu’il faut subir dans une campagne nationale. L’injure. Celle à laquelle on ne peut répondre. La pire, l’insidieuse, celle qui ne dit pas son nom et cherche à passer pour de la bonne blague entre gens de bonne compagnie. Ainsi quand « les guignols de l’info », qui jusque-là me brocardaient sans méchanceté, me montrent en pochard qui s’enivre au bistrot. Révolutionnaire de comptoir, toujours entre deux vins, c’est la grande tradition des caricatures des journaux de droite de l’avant-guerre. Au début du mouvement ouvrier, les journaux de droite, c’est-à-dire tous les journaux, représentaient toujours l’ouvrier syndiqué comme un alcoolique paresseux et vociférant. Jaurès aussi, à son tour, était dessiné avec une bouteille de vin dans la poche par la presse qui le pourchassait. Comme je ne bois aucun alcool, c’est donc une invention davantage qu’une caricature. Mais c’est pour rire, bien sûr. Entre Le Pen et Mélenchon il faut savoir choisir son populisme. Même état d’esprit quand le journal « le Parisien », qui a fait depuis longtemps son choix entre Le Pen et moi, commente en direct le duel avec Copé. S’agissant de lui, « il s’amuse », il «plaisante ». Moi, dans ce compte-rendu, « j’éructe ». Ce mot signifie roter. Vous comprenez ? Moi, je rote mes arguments. C’est délicat, non ? Rien à voir avec mon style de brute pas vrai ? Protester ce serait une nouvelle fois « s’en prendre à la presse ». Il faut donc se taire. D’ailleurs, au premier mot de réplique la horde des conseillers spontanés en communication qui pullulent à gauche vous mettent en garde contre la « politique des petites phrases » et « l’agressivité ». Ainsi va toute cette société. Sous le fouet des injonctions comportementales des dominants chacun est poussé à être conforme. Nous passons donc à côté de gens qui mendient et couchent dehors mais nous ne faisons rien car « sinon on n’en finirait pas », nous nous faisons cracher au visage mais « il vaut mieux laisser dire, sinon on en finit plus ». Tous nos reflexes normaux, les plus humains et les plus sains, sont ainsi bridés, reformatés, défigurés par l’odieuse règle du jeu de cet ordre « globalitaire » qui enjoint en toute chose les comportements individuels qui le protège. La « force banale du mal », celle qui laisse passer les trains, est déjà à l’œuvre.
Ce qui m’amuse, par contre, ce sont les boucles d’informations bidons. Comme celle sur les « recadrages » que m’auraient fait subir mes « alliés du PCF ». Lesquels ne sont pas mes alliés puisque je suis leur candidat ce qui ne produit pas le même genre de rapport. Evidemment ce sont les communistes les premiers embarrassés. Le rôle de gardien des bonnes manières à l’égard du PS n’est pas un rôle très goûté au PCF. Qui choisirait cet habit serait bien mal vu. En toute hypothèse, qui me connait ou me devine sait de quelle portée seraient de tels « recadrages ». J’ai tenu tête à François Mitterrand et à Lionel Jospin. Lesquels ne se mêlèrent jamais de vouloir me recadrer. Donc depuis que cette « information » tourne, je ne manque pas de demander ici et là si quelqu’un à quelque chose à me dire. Personne ! La vérité est que la division au Front de Gauche donnerait un formidable point d’appui à nos adversaires. Il suffit de voir leur gourmandise et leur excitation dès que court une rumeur sur le thème. Martine Aubry a d’ailleurs été très claire en bureau national du PS en réponse à une question de Marie-Noëlle Lienemann qui s’inquiétait de la place du Front de Gauche dans la stratégie « unitaire » du PS. Elle a dit : « Le Front de Gauche et le PG, jamais. Mais ma porte est toujours ouverte au PC ». C’est clair. Leur rêve c’est le retour de la gauche plurielle et la domestication de toute la gauche sur le modèle du PRG et, dorénavant, des Verts. Au point d’un sectarisme sans bornes. Ainsi quand elle déclare que nous n’avons pas à « demander des circonscriptions » après avoir si mal parlé de François Hollande. Pour quelqu’un qui l’a traité de « gauche molle » et même « d’homme du système » cela ne manque pas de sel. Mais le plus fort est que nous n’avons jamais rien demandé. Les seules discussions commencées portaient sur les circonscriptions où la gauche serait menacée d’être expulsée par la droite et le Front National. Même là, la discussion n’avait pas lieu d’être. Après quoi les chiens de garde viendront expliquer que je fais le jeu de l’extrême-droite."