Forum de FilmDeCulte

Magnifique film sur la difficulté de vivre au sein des conventions. Le thème est loin d'être nouveau mais le traitement est très beau et touchant et je m'y suis personnellement beucoup reconnu (ça coïncidait un peu avec mon entrée dans la vie active il faut bien le dire). Un film très émouvant, déchirant même dans sa fatalité sociétale. Une des plus belles fin de l'année.

Petit film sorti de nul part par des cinéastes que je ne connaissais pas et qui pourtant m'a laissé une très forte impression. Après un début qui pourrait faire croire a du Kusturica dans son humour rural hystérique, le film dévie vers une poésie très touchante et un optimisme à toute épreuve. Le titre original "Les Noces Silencieuse" est beaucoup plus joli et fidèle à ce qu'est réellement le film. Très belle découverte.

Kurosawa lâche le fantastique pour réaliser un drame familial qui fait d'abord penser à l'Emploi du Temps de Cantet pour finalement dériver vers une description tragico-comique de la société japonaise actuelle. Mais ce qui est fascinant c'est comment le fantastique fait irruption au travers de quelques scènes presque malgré le film. Je retiendrais l'image de cette femme au foyer allongée sur un canapé qui lève les mains au ciel en demandant de l'aide. Superbe. La scène de fin est d'une plénitude et d'une sagesse qui laisse pantelant.

He did it again ! Un dessin animé à priori plus simple que ses précédentes sagas mais qui m'aura pourtant tout autant touché. Le mot qui me revient le plus en tête quand je pense à Miyazaki c'est universalité. Universalité des thèmes qu'il aborde bien sûr (la tolérance, la famille, l'amitié etc...) mais bien au delà de ça l'universalité des sentiments qu'inspirent ses films. Cette sensation d'être devant une merveille de candeur et d'innocence, jamais forcée ni hypocrite mais juste parfaite qui fait tendrement sourire devant quelque chose de "mignon". Je m'y retrouve totalement dans cet univers là, je le trouve réconfortant et profondément humain. Le genre de films que je montrerais aux extra terrestres pour qu'ils aiment la race humaine.

Superbe documentaire sur les relations amoureuses de personnes aveugles. Ca paraît tout bête comme ça mais le cinéaste le traite avec énormément d'humour et de respect pour ses personnages et c'est extrêmement touchant. En plus j'adore comment le film envahit différents genres au fil de ses acteurs. De la comédie nordique froide au teen movie en passant par le délire onirique. Un très très très beau film.

Lui non plus ne m'aura pas déçu. J'en attendais pas forcément grand chose. Les premiers visuels ne me disaient rien du tout, les 15 minutes vues en avant première étaient sympa mais je craignais la niaiserie de l'histoire. Mais au final j'ai quand même été bluffé. Pourtant rien n'est nouveau dans ce film, que ce soit son histoire archétypale en diable ou même son univers (Pandora n'est pas un "univers" original). Mais c'est bien par le décalque par rapport à notre domaine connu que fonctionne sa parabole écologique et belliqueuse qui replace l'humain au sein de son monde, un humain qui doit se détacher de beaucoup de choses (jusqu'à son enveloppe corporelle) pour parvenir à préserver sa nature nourricière. Au delà de ça le film est superbement spectaculaire et beau. Pas un chef-d'oeuvre certainement, pas au niveau de Titanic c'est évident (mais était-ce possible ?), mais tout de même un grand film.

Un film minuscule mais d'une limpidité magnifique porté par une actrice superbe. Michelle Williams est cette jeune fille qui veut être indépendante et qui quitte tout. On la suit alors que son voyage est stoppé par une panne de voiture et par son portefeuille vide. Elle erre dans la ville avec son chien, elle rencontre un vieil homme sympa, elle perd son chien. Elle est paumée. On veut l'aider, on veut l'aimer, on veut qu'elle y arrive parce que son personnage est d'une humanité transparente et que l'on se reflète dedans. Du néo-néo-réalisme parfaitement réussi.

LE blockbuster de l'année. Du pur fun durant 1h30, c'est drôle, c'est rythmé, c'est plein de références geeks pour les geeks, c'est de la SF énervé et ça faisait longtemps qu'on n'avait pas vu ça au cinéma. C'est un peu écrit avec les pieds (tiens les humains et les Aliens parlent pas la même langue mais se comprennent quand même) et le film n'assume pas totalement toutes ses possibilités (le pendant documentaire du début un peu accessoire que le réalisateur abandonne bien vite, ne sachant visiblement pas quoi en faire) mais on lui pardonne tout à District 9 parce qu'on s'éclate ! Le film qui a mis minable Transformers 2.

C'était un projet que Fincher traînait derrière lui depuis des années alors la déception n'était pas permise. Et il n'en fut rien. Ce qui m'a d'abord surpris dans ce film c'est son humilité. C'est un film qui traverse le siècle dans un souffle, sans ostentation, sans bruit presque, avec une douceur tout mélancolique. J'aime par dessus tout l'attitude générale de Benjamin Button spectateur de sa propre vie, qui passe le film à regarder froidement le temps remonter contre lui. Il en devient bouleversant. C'est un peu l'anti Forrest Gump (film que j'adore également) où un personnage ordinaire avait un destin extraordinaire. Là c'est un personnage extraordinaire qui a une vie (presque) ordinaire. Un film magnifique. La fin m'a tué.

Film d'animation à tomber à la renverse de beauté. A l'heure où l'on est en permanence dans la performance (wah t'as vu ils ont même animé les poils de culs de Ratatouille !) Brendan et le Secret de Kells débarque avec son animation des personnages sommaires et ses décors sans perspectives dans un projet cinématographique absolument passionnant et cohérent. Film sur l'enluminure, il est lui-même le sujet de son film, une enluminure. Superbement réalisé, magnifique de bout en bout, le film m'a absolument enchanté. Il fourmille de détails tous plus beau et qui répondent toujours à un questionnement de cinéma (représentation du mal par exemple). De plus ce qu'il dit sur la transmission de la connaissance et sur l'importance du Livre en tant que vecteur de la civilisation est très juste. Un petit chef-d'oeuvre passé à la trappe. Pendant ce temps là L'Age de Glace 3 fait trois millions d'entrées...

Tarantino est un génie. Alors que vu de loin son film ne me branche pas plus que ça il parvient quand même à me bluffer. Scène après scène il me surprend, me fascine, parvient à m'accrocher à des dialogues pourtant foutrement longs, il m'amuse, il me choque, il m'énerve aussi des fois mais quand le générique apparaît, je me rends compte que j'ai juste adoré et que j'ai envie d'en parler. Ce mec il respire, il vit cinéma et il possède ce don incroyable de transmettre très facilement (en apparence) le plaisir qu'il a à faire des films. Tout paraît facile, coulant de source aussi bien pour le spectateur que pour l'auteur et les acteurs à l'écran. C'est agaçant presque. En tout cas là il m'a bien eu. Superbe film où il se permet tout et où il part dans cinquante direction différentes pour mieux retomber sur ses pieds.

D'Arnaud des Pallières, je ne connaissais que Disneyland, mon pays natal, documentaire fascinant sur le parc d'attractions de Mickey et par curiosité j'ai voulu aller voir son nouveau film. Bien m'en a pris parce que ce fut une sacrée découverte. Du cinéma français comme on aimerait en voir beaucoup plus souvent. La mise-en-scène est d'une préciosité absolument somptueuse, elle est engoncée dans une élégance de chaque instant, c'est un bonheur à voir. C'est envoûtant, mystérieux et singulier. On ne sait pas exactement ce que raconte le film (je veux dire en profondeur) mais on accepte volontiers de plonger avec lui. Et j'ai particulièrement apprécié cette science savante de la narration où la myhtologie du récit vient perpetuellement rentrer en contradiction, en complément, en parallèle du film en court. Quelque chose de presque borgesien. Un très grand film français.

Ma relation avec ce film a été assez étrange je dois dire. J'en suis sorti absolument charmé, j'avais adoré, c'était magnifique. Et puis je n'y ai plus pensé. Et quand il a fallu définir quels étaient les plus beaux films de l'année, il était là comme une évidence sans que je sache vraiment pourquoi. Et bien je m'y suis mis à le penser ce film. A voir ce qui m'avait tant attiré (outre le fait que je suis un grand admirateur de Haneke). Sa mise en scène est parfaite, carrée, dans son systématisme hanekien sans jamais dévier un instant, perdre pied. Elle est inébranlable et inaltérable et ça me touche beaucoup cette intégrité là. Mais le film est froid, distant, il parle d'un village où tout un chacun brille de sa propre médiocrité. C'est un film misanthrope. De la part d'Haneke je ne suis pas surpris. Mais ce n'est pas ça qui m'a tant envouté. Je commençais à mettre le doigt dessus. C'était ce voile fantastique qui plane au dessus de lui. C'était cette malaisante fatalité qui frappait les habitants du village voués à s'autodétruire. Dans cette noirceur d'une communauté qui va vers son autoextinction. Et je fus frappé de la portée absolument terrible du film. De sa métonymique signification. Immense film.

Bruno Dumont est sans conteste le plus grand cinéaste français en activité. Son nouveau film, un peu sorti dans l'anonymat (pourtant son sujet est une véritable bombe) vient largement le confirmer. Drôle de film sur une illuminée de Jésus qui se donne corps et âme pour lui. C'est un personnage magnifique, toujours sur la brèche, sa voix se brise, son corps n'est pas à sa place dans le cadre, il est mal à l'aise, se replie sur lui-même, le regard fuit, ne reste pas en place, ne sait où se poser. Et c'est dans toutes ces fluctuations délicates, dans cette permanente timidité de l'étre que Dumont m'a le plus touché. Parce que derrière tout ça (ou plutôt devant tout ça), il ne s'agit que d'une chose très simple : l'amour. La recherche de l'amour. Un amour qui passe avant tout par le corps avant d'être spirituel. Un amour nécessairement athée. La scène de fin où enfin les deux corps se retrouvent m'a bouleversé. Mais au delà de ça le film forcément antipathique par moment va scanner le fondamentalisme religieux dans un rapport complexe à la ville et au monde qui se conclue dans une catharsis explosive terrifiante, inacceptable mais paradoxalement libératrice. Un très grand film.

Petite frustration d'avoir découvert mon numéro 1 2009 en mai 2008 à Cannes mais force est de constater que rien cette année n'est venu détrôner ce film hongrois parrainé par Bela Tarr et dans lequel on retrouve la même grandeur solennelle de la mise en scène. J'ai également pensé à Kim-Ki Duk dans l'approche qu'avait le cinéaste des choses de la nature. C'est une histoire d'amour presque muette dans un village de Hongrie où le bonheur dérange. Les amants vivent à l'écart, dans la nature et construisent une maison sur pilotis au bord de la rivière. Une fois de plus le sujet est limpide, mais ce qui est raconté ce sont les corps et les sentiments qui passent à travers les gestes, les regards, la langueur d'une aprés midi d'été. Un film sur l'amour contre la société, un amour qui ne peut s'épanouir qu'au coeur du monde, au plus près de sa séminal essence et de sa musique céleste. Des films qui atteignent une telle grâce avec une telle pureté de moyens il y en a très peu (Tarr donc, Angelopoulos également) et Delta rentre aisément dans cette catégorie.