Forum de FilmDeCulte

L'interview des Cahiers laisse entendre que c'est un scénario "complet" dont on peu à peu retiré les scènes, notamment les plus fonctionnelles. Ca se ressent beaucoup à la vision je trouve, notamment parce que c'est un film dont on ne sait pas exactement de quoi il parle, mais qui se définit avant tout parce qu'il n'est pas (= un portait de l'église de scientologie, une relation esclave-maître étudiée sous tous ses angles). Cette modestie est agréable, elle est aussi logique dans le parcours de PTA qui essaie d'éviter les pièges du "grand film", mais je la trouve assez insatisfaisante à la vision (à la première, en tout cas).

Le seul bon côté qui en ressort est ce côté mental, psychanalytique, l'impression de recomposer une histoire en rassemblant ses bribes (alors que le scénar reste pourtant linéaire). L'impression d'un récit troué d'ellipse, mais d'une façon qui permet peu de les apprécier. Je n'avais par exemple pas vraiment saisi à la vision

Oui dans le scenar que j'avais lu il y avait une histoire de meurtre à la fin où Freddie allait trop loin (on voit un plan de Phoenix avec un flingue dans le trailer d'ailleurs).

Moi non plus j'avais pas saisi que l'ellipse était si longue.

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CroqAnimement votre

Je me trompe peut-être, après. Y a une ellipse de 6 ans, mais je pige pas si elle est juste avant la scène de la visite à la maison, où si elle est éparpillée par petits bouts entre les scènes avec la communauté.

Par contre j'avais pas pigé que avant la scène du cinéma et du coup de téléphone.

Enfin bref, film bordélique.

Film bordélique indeed. On a un peu l'impression de voir un patchwork, l'action est découpée, éparpillée, alors qu'effectivement le film est linéaire.

Finalement, c'est sans doute voulu, que l'on se sente perdu dans un récit décousu où finalement la chronologie n'a pas vraiment d'importance, où seule l'évolution des personnages compte.
Grosse performance de Phoenix même s'il en fait effectivement un peu trop (posture affreuse, tics de lèvre) face à un Philip Seymour Hoffman beaucoup plus égal et finalement meilleur. Mais là encore, peut-être est-ce voulu pour appuyer la relation des personnages (fascinante, d'ailleurs).

Effectivement, film filmé bizarrement, monté bizarrement, enchaînement de scènes très sombre et très claires (motif récurrent du sillage ultra-brillant).

Mais c'est quand même brillant. Pas sûr de la fin toutefois.

Film qui laisse perplexe. 4.5/6, mais je sais pas encore exactement. Peut-être une re-vision s'impose-t-elle.

@Tom : quand même ! C'est assez obvious ça !

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I am the constant. You were always a variable.

Bah je sais pas, j'avais pris ça comme "une connerie de plus", surtout avec le plan suivant où ils semblent aller le rechercher à la marche, un peu las... Comme l'habitude du film est de ne pas forcément conclure toutes ses scènes, et que le film n'avait pas dessiné d'envie de fuir chez le personnage, ça m'avait pas fait spécialement tiquer.

En effet, c'est assez obvious pourtant. Le film joue constamment sur l'espace pour créer l'impression d'un type piégé dans un univers mental suffoquant (bien que libérateur en apparence). Cette séquence dans cet espace vaste désertique marque plutôt bien l'opposition entre cet univers mental restreint et balisé (entre une fenêtre et un mur), et cet horizon infini. J'ai trouvé magnifique qu'on attende tous le retour du perso de Joaquin au-delà de cet horizon, mais qu'il ne revienne finalement pas.

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"marre du retour infini de ce topic"

... et la douleur du perso de Hoffman n'en est que plus forte. Car ce n'est pas tant un film sur la Scientologie que sur la solitude. Le perso d'Hoffman, bien qu'entourés de fidèles, est probablement le plus seul du film. Sa propre secte, sa propre femme, tous dépendant, l'utilise comme écran protecteur contre le monde. Le seul personnage solitaire du film est celui de Joaquin (à qui Hoffman fait croire qu'il a besoin des autres), alors que c'est le seul qui peut s'en passer (malgré son inadaptation social). Selon moi, c'est la clef importante de cette passion entre les deux personnages principaux.

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Que veux-tu dire par là?

J'ai plutôt eu l'impression qu'il était soulagé à la toute fin

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SPOILERS.

En gros, l'impression que cette relation avec Hoffman, que ce dernier essaie de lui vendre comme sa seule possibilité d'exister ("je suis le seul qui t'aime / qui me soucie de toi"), s'avère n'être qu'un ersatz de relation affective. La scène finale au lit, où il retourne et parodie la séance d'hypnose pour finalement l'envoyer paître, semble tracer un parallèle. Il y a un sentiment de paix, et on finit sur cette dernière image de lui couché près d'une femme (celle sculptée dans le sable).

Je n'essaie pas de sous-entendre un lien homo sous-jacent entre Hoffman et Phoenix, mais simplement une affection un peu perverse (travaillée par des rapports de domination, de fascination), qui ne font pas le poids face à la possibilité d'une femme contre qui il peut s'allonger.


Après, comme je l'ai dit, j'ai pas pigé la moitié du film, donc j'ai peut-être tout compris de travers. Il me semble tout de même que ce dernier plan n'est pas anodin.

Tu me chauffes bien David. Anderson est mon cinéaste (vivant) favori et l'un de mes préférés. Je le vois ce week-end, comment vous (ceux qui l'ont vu) le situeriez par rapport à ses autres films? D'un point de vue qualitatif et thématique. Quelle est la continuité de ce dernier opus par rapport à son oeuvre? Aux réactions de la presse, ça me rappelle un peu la réception de Magnolia. En dehors de TWBB et Boogie nights, la presse française a quand-même toujours été partagée à son sujet.

Ok, je vois ce que tu veux dire Tom. J'avoue ne pas me souvenir très bien de cette scène. Mais en effet, il me semble qu'elle proposait un parallèle avec sa relation avec Hoffman. Cette manière acquise de poser une domination sur autrui. La possibilité de se trouver putain qui posséderait un "savoir" inférieur. J'sais pas. Faudrait que je le revois.

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Moi, je le situe en continuité parfaite avec There Will Be Blood, autre film sur deux solitudes.

Dans mon top, ça donne ça.

1-There Will Be Blood - 5/6
2-Punch Drunk Love - 4.5/6
3-Boogie Night - 4/6
4-The Master - 4/6
5-Magnolia - 3.5/6

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Euuuh je crois que c'est une fille normale.

Soit, mais qui n'aurait pas sa compréhension de la vie. "Inférieur" n'était peut-être pas le bon mot. Mais dans une relation subordonné-maître, on fait croire à la personne subordonné qu'elle lui manque des connaissances, qu'elle ne pense pas (ou qu'elle ne le fait pas de la bonne façon), et qu'elle doit s'abandonner au maître pour s’élever. Peut-être cette scène à la fin symbolise une tentative (raté ou pas) pour lui de devenir le maître. Après, faudrait que je revois la scène. Je ne me rappelle plus du tout de la fille. Elle était moche il me semble.

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Une superbe scène coupée qui avait servie de teaser :
http://www.youtube.com/watch?v=CcIkRhMTQE0

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