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MessagePosté: 27 Fév 2018, 21:03 
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MessagePosté: 27 Fév 2018, 21:21 
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Baptiste a écrit:
J'ai l'impression qu'on faisait le même genre de reproches à Kubrick (car sur ce point la comparaison a lieu d'être).


Tu penses à quel Kubrick ? Dans ses films il montre la vanité. PTA, dans celui ci, montre un petit problème œdipien (dont le personnage ne s'extirpe pas vraiment d'ailleurs).


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MessagePosté: 01 Mar 2018, 13:45 
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Je ne parle pas du sujet ou de l'intention, je parle de la méthode.

J'ai commandé la bande originale, ce qui ne m'arrive jamais. Elle est exceptionnelle.


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MessagePosté: 01 Mar 2018, 13:53 
Pour ma part la musique m'a fait un effet Radiohead goes Franck Pourcel (surtout au début il est vrai).

Par contre celle de Giuseppe Rosati sur Ossessione, ça c'est de la BO !


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MessagePosté: 03 Mar 2018, 12:10 
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J'ai adoré la musique également, et je me réécoute la BO à l'instant même alors que ça ne m'arrive jamais moi non plus.

Sinon je dois avouer avoir trouvé le temps parfois long, mais j'ai malgré tout constamment été charmé par la classe folle du film et j'en adore sa conclusion: a posteriori, je ne pourrais finalement pas dire quelles parties il faudrait retirer. Ce côté ouaté qui semble par moments figer le film en fait aussi son essence.

Je ne sais plus qui en parlait mais effectivement le personnage de la soeur est remarquable est tout à fait à l'image du film (dans son côté déstabilisant, insondable, à distance, etc.): tout nous porte à la détester au début, on pense l'avoir cernée en deux-trois scènes et puis finalement on apprend à la voir sous d'autres lumières, elle apparait plus sympathique que ce qu'on l'on pourrait instinctivement penser.

Sur le moment de la vision, le film m'a parfois laissé en plan donc, mais plusieurs minutes après le film, en rentrant chez moi, j'étais encore totalement dans son atmosphère, comme si j'étais toujours devant mon écran, au cinéma... J'adore quand ça me fait ça, c'est de plus en plus rare !

5/6

PS: Gontrand a raison, le début de la BO était un peu anecdotique, mais là je viens de passer "Never Cursed" et "Barbara Rose" qui sont vraiment biens.


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MessagePosté: 04 Mar 2018, 22:28 
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Abyssin a écrit:
Gontrand a écrit:
Malheureusement après avoir vu Ossessione de Visconti le lendemain (qui possède à peu près la même durée, déjà longue pour aujourd'hui, encore plus en 1942), ..

The Phantom Thread
m'a fait finalement la même impression que "the Lost City of Z." de Gray (même si j'ai mieux aimé le PTA, alors que pourtant James Gray me touche plus que Paul Thomas Anderson)
Sans jouer la provoc, je trouve même que le film aurait dû avoir 20 minutes de plus dans sa seconde partie.
Je suis d'accord pour dire que le film aurait dû être plus long, à partir du moment où le couple se forme vraiment (lorsqu'il vient lui baiser le pied au matin), la construction se fait hyper-elliptique et on arrive sur la séquence de l'omelette beaucoup trop vite. On a pas le temps de ressentir la crise du couple, ça m'a paru totalement fabriqué. Après je suis globalement de l'avis de Gontrand et le rapprochement avec le Gray est bien choisi, ce sont deux mêmes films savamment construits et auxquels je reconnais une vraie maîtrise dans la mise en scène, mais qui sont tous les deux pareillement lisses et je n'aurais probablement aucune envie de les revoir. Pour celui-ci je reconnaîtrais peut-être que le virage que prend le film dans sa dernière partie n'était probablement pas ce à quoi je m'attendais et ne m'a pas intéressé plus que cela (d'autant plus que ça n'est pas vraiment original).

4/6 miséricordieux, sans avoir encore vu The Master et Inherent vice Phantom Thread est à ce jour le film qui m'aura le moins intéressé de PTA.


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MessagePosté: 05 Mar 2018, 12:39 
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Moi c'est l'inverse, il rentre dans mon panthéon de mes PTA préférés alors que je partais moyennement confiant. Je vais répéter un peu ce que tout le monde dit mais le film fonctionne vraiment sur le mode du maléfice, il envoûte dans son atmosphère ouatée d'intérieurs bourgeois où flotte une odeur mortifère et une absence de vie étouffante. Vient infuser ici ce que j'ai sans doute préféré, un humour à froid assez délicat pour nous décrire ce personnage principal de grand artiste ridicule obnubilé par ses pathétiques manies de vieux célibataire dans lesquelles vient s'insérer un grain de sable qui fait dérailler la machine en la personne d'Alma, jeune femme simple d'une fraîcheur absolue. J'aime comme nous livre ce portrait un peu acide en négatif ou le personnage de Woodcock se révèle peu à peu en grattant le vernis dans un écrin de vieux conte pervers et méchant. Le coup du sort jeté à Woodcock par les champignons (c'est un peu con ça m'a trop rappelé le récent Lady McBeth qui avait une scène similaire) ça fait un peu basculer le film vers une inspiration presque fantastique (avec l'intervention du fantôme de la mère). A partir de là le film me semble décoller vraiment pour atteindre des sommets. J'adore cette histoire d'amour malade qui contient en elle les germes de sa propre perversité. Qu'est-ce que c'est beau en plus, cette scène de Saint Sylvestre avec DDL qui cherche Alma dans la foule, c'est extraordinaire, soudain le chaos remplit l'écran et bien vite les deux personnages ne peuvent s'y soumettre. J'ai eu un peu de mal avec la fin qui m'a semblé précipité et à laquelle je n'ai pas vraiment cru. J'ai même imaginé que c'était
le récit d'Alma au médecin qui se faisait fiction et elle qui inventait cette fin heureuse.
Mais peu importe au final parce que le film emporte dans ce tourbillon paradoxal d'élégance et de perversion douce dans lequel j'ai vraiment adoré me laisser sombrer. Fait très rare si j'avais le temps je retournerais le voir avec grand plaisir.

5/6

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MessagePosté: 05 Mar 2018, 12:55 
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Art Core a écrit:
ce personnage principal de grand artiste ridicule obnubilé par ses pathétiques manies de vieux célibataire
Je ne le trouve ni ridicule ni pathétique Day Lewis, au contraire toutes ces manies renforcent l'image de sa fragilité et me le rend plutôt sympathique


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MessagePosté: 05 Mar 2018, 13:17 
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Je crois sincèrement qu'il y a beaucoup d'ironie dans le regard de PTA, que ce soit le truc du petit-dej ou le voir péter un câble parce qu'il revient de sa ballade et que tout le monde est parti. La scène où il vient se plaindre d'Alma à sa sœur (personnage génial en effet) alors qu'elle arrive derrière est presque un dispositif de comédie ou encore quand il regarde Alma manger et qu'elle fait beaucoup de bruit... Sans cesse ce personnage est redescendu de son piédestal de génie pour être ramené à celui de créature à la vanité totale et absolue. C'est ça qui rend pour moi le film si fort, la délicatesse de ce ton à l'étrange légèreté.

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MessagePosté: 05 Mar 2018, 13:25 
J'ai trouvé le dernier Ridley Scott, peu vu ici, finalement plus fort, et plus attachant (avec un côté "film malade" pas déplaisant). Les personnages des deux films se ressemblent, le couturier demiurgique ressemble un peu à celui du vieux Getty en esthète fatigué, tout comme celui d'Alma à celui que jouait Michelle Williams (leur féminisme est lié à la prise de conscience d'un décalage de classe entre elles et leur entourage affectif) , tout comme les procédés pour recréer l'époque. Scott prenait plus de risques que PTA, en assumant le mauvais goût et le cliché pour montrer quelque-chose de plus complexe et foisonnnant (ce sont les mêmes personnages, les mêmes psychologies, mais dans le PTA ils s'enferment dans le monde qu'ils ont créé et dans le Scott au contraire assument le monde extérieur et l'épuisement de leur désir).


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MessagePosté: 05 Mar 2018, 13:57 
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Lohmann a écrit:
Art Core a écrit:
ce personnage principal de grand artiste ridicule obnubilé par ses pathétiques manies de vieux célibataire
Je ne le trouve ni ridicule ni pathétique Day Lewis, au contraire toutes ces manies renforcent l'image de sa fragilité et me le rend plutôt sympathique


+1

Justement je redoutais que PTA porte un regard méprisant sur le personnage et j'ai été heureux de découvrir l'inverse. Je ne vois pas en quoi c'est un portrait négatif. Je trouve le portrait mesuré, Woodcock ne commet pas d'actions qui pourraient le rendre détestable. Ses moments de ridicule font son charme et n'occultent pas son intelligence et son charisme.
PTA a peu l'habitude de faire des portraits à charge en plus, au contraire à chaque fois l'univers qu'il filme, que ce soit San Francisco dans les 70s ou le Nouveau Mexique fin XIXe, le fait tomber en pamoison et il s'attache à ses personnages principaux.
Ici, jamais il ne remet en question la magnificence de l'époque, il n'essaie pas de le dynamiter de l'intérieur, de montrer ses failles. Tout resplendit du début jusqu'à la fin, des notes de musique de Jonny Greenwood aux costumes en passant par sa voiture.
C'est un cinéma très premier degré qui le rend finalement plus proche du cinéma classique que du cinéma des autres grands auteurs apparus à la fin du siècle dernier comme les Coen ou Tarantino. On n'est pas obligé de verser dans la déconstruction ou dans l'ironie pour proposer une complexité dramaturgique et des personnages ambigus.


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MessagePosté: 05 Mar 2018, 15:05 
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Complètement d'accord, certes il tourne les manies du personnage en dérision, mais cela l'humanise. Et finalement le perso apparaît très lucide et intelligent sur le diagnostic, et laisse Alma l'empoisonner.


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MessagePosté: 05 Mar 2018, 15:10 
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Au contraire pour moi cette ironie est évidente je vois même pas comment on peut la nier. C'est justement ce qui fait le sel du film et qui le rend très différent du cinéma classique. Ce n'est pas le portrait d'un génie tourmenté. C'est d'abord le portrait d'un grand bourgeois un peu ridicule dont l'humanité se fait jour peu à peu. La preuve d'ailleurs c'est l'intérêt quasi nul de PTA pour la mode en elle-même. Finalement on ne saura rien de ce qui a rendu Woodcock si célèbre. Les robes que l'on voit sont très belles mais assez simples et PTA ne s'appesantit pas dessus.

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MessagePosté: 05 Mar 2018, 15:13 
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Mais l'ironie n'empêche pas l'empathie pour la totalité du personnage, c'est ce qu'on dit.


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MessagePosté: 05 Mar 2018, 15:20 
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Ah mais ça je suis totalement d'accord. Mais ça n'empêche pas que le personnage de Woodcock a quelque chose de ridicule, d'ailleurs même son nom je le soupçonne d'être un pied de nez comique de PTA.

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