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MessagePosté: 26 Juil 2010, 21:15 
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Mais LOL ! Chaucin descend encore un peu plus dans mon estime. Encore une marche de moins et il va trouver de l'eau.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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MessagePosté: 26 Juil 2010, 23:12 
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Marlo a écrit:
The Scythe-Meister a écrit:
Mr Chow a écrit:
Par contre le film aime les mouvements filés (le beau travellings sur les soldats en haut du rempart) et les chorégraphies sans surdécoupage, c'est très théatral et scénique en plus d'être poétique (le film finit par se foutre royalement des développements narratifs et c'est tant mieux). Les trente dernières minutes sont un morceau vraiment énorme, et la musique de JNH y est assez démentielle. Les 4,5/5 des blockbusters peuvent y prendre de la graine.

Héééééé on l'avait dit, bientôt les discours sur l'émouvante fragilité du film.


"La fragilité du film, sa beauté un peu malhabile et presque surannée, tiennent en partie à ce décalage entre ces destinées, les gigantesques décors où elles se déroulent (beauté des paysages réels de la première séquence, qui évoquent Les Dents du Diable de Nicholas Ray), et l'inachèvement de ces corps novices. "

http://chronicart.com/cinema/chronique.php?id=11805

Honteux.

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MessagePosté: 27 Juil 2010, 11:39 
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Je ne connais pas les goûts de ce critique, mais il cherche sans doute à défendre un réalisateur qu'il vénère. Sinon je vois pas trop comment il oserait dire une chose pareille.

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- George Orwell


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MessagePosté: 29 Juil 2010, 16:47 
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Sans Nom a écrit:
.. Mais au final, il laisse un bon goût en bouche...

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MessagePosté: 29 Juil 2010, 23:11 
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Légers Spoilers

Et ben… J’ai vraiment du mal à comprendre pourquoi le film a tellement déchaîné les passions. C’est absolument pas honteux, c’est clairement pas exceptionnel non plus, y a de très bonnes choses et pas mal de rien.


Il y a en fait un gros problème : le film est très peu incarné. Le récit tourne autour d’un trio principal sans intérêt, notamment le duo frère-sœur absolument creux (à tous les niveaux : caractère, rôle, dialogues, casting, direction d’acteurs… C’est pas que c’est spécialement ridicule, c’est juste qu’ils n’ont qu’un rôle purement fonctionnel de trimballage du jeune d’un bout à l’autre de la carte). Identification et intérêt zéro, vraiment ce qui s’appelle un gouffre…

Le jeune Avatar est un cas un peu plus curieux par sa "normalité". Shyamalan ne l’utilise ni de façon hiératique (il est ni silencieux, ni sérieux, ni grave, ni profond, ni mystérieux, ni quoi que ce soit) sans pour autant un instant s’intéresser à ce qui fait son potentiel humain (la peur de la charge, la fuite, la responsabilité du génocide) : on ne joue jamais sur son imagerie, on ne le filme jamais d’une façon qui fait mine d’avoir conscience de l’importance de son background (le résultat d’un long cycle de réincarnation, quand même !) ; bref, on le suit juste de point en point, comme on tournerait machinalement les pages d’un bouquin.
C’est curieux, donc, pour deux raisons : déjà parce que, chargé de ce sens et de cette émotion, le final aurait eu mille fois plus d’ampleur et de force, et qu’on se demande bien l’intérêt de se refuser un tel cadeau quand il est là, disponible, sur le papier ; et ensuite parce que Shyamalan a déjà montré une capacité à faire des enfants de certains de ses films des figures passionnantes et charismatiques (martyre et fragile dans Sixième sens, ouatée et décalée dans Signes…), il me semblait que c’était là un de ses points forts. Entre la maîtrise mature de ses pouvoirs, sa candeur enfantine quelquefois appuyée, l’air de pas savoir ce qu’il fout là, et surtout cette "normalité" presque choquante, le personnage a le cul entre 36 chaises qui s’annulent les unes les autres (difficile de t’amener à être ému par les doutes du gamin quand on te l’a montré sûr de lui 2 secondes plus tôt, inconscient de la situation 4 secondes plus tôt, etc.)

Et le pire, c’est qu’à côté, il y a un plutôt beau personnage, le Prince du feu, qui remplit tout à fait chacune de ces conditions : il a un sens, une évolution, une raison d’agir comme il le fait, un passé plutôt classe, une imagerie, un certain charisme, et (je croyais avoir lu que c’était l’horreur, pourtant) il est plutôt bien campé par l’acteur. Bref, un personnage simple et pas révolutionnaire mais qui fonctionne très bien, ce qui fait qu’au bout du compte les scènes l’impliquant sont mille fois plus concernées et efficaces que les autres. Pourquoi lui et pas le reste de la galerie ? C’est zarb.



Autre chose qui empêche au film d’avoir du bide, une structure complètement à l’ouest, qui empile un peu les lieux et les évènements façon somnambule sans donner de sens à chacune des étapes, faisant entrer et sortir des personnages à l’improviste (la princesse !), utilisant ou pas une voix-off quand ça l’arrange… Le tout est à l’image de ces fondus enchaînés à répétition, qui semblent passer à la scène suivante comme on va faire les courses, à tel point que je me demande si le film s’est pas fait violemment remonté la gueule. Il faut attendre le final et le lieu fermé de la cité (la pénétration des murailles, surtout), pour que le récit s’ancre un peu plus (Shyamalan a toujours été plus à l’aise dans les lieux clos et statiques, en fait), mais dans l’ensemble les notions de géographie, de temporalité, sont complètement hasardeuses. L’univers qui va avec est du coup au diapason, blougi-boulga narniesque brodé à vide par une énième équipe déco qui comme d’hab s’est éclatée de manière stérile, alors que dans les rares scènes où le décor implique vraiment ce qui fait la particularité du film, à savoir les jeux d’éléments (dans la prison aux bougies, par exemple, pourtant minimaliste), l’univers entier reprend tout de suite du coffre.

Voilà, le film souffre d’abord de ça : sans être ridicule (ça me semble jamais vraiment foiresque ou boiteux), il est surtout très peu concerné et touchant.



Passons à ce qui intéresse visiblement d’abord Shyamalan, et qui constitue avec évidence la qualité du film : le côté calligraphique / chorégraphique. Les scènes "dansées" à vide manquant malheureusement de précision (cassant un peu l’énergie des plans-séquence qui vont avec, même si je vois l’idée, qui est bonne), cela concerne donc surtout les combats.

Et là faut pas déconner, c’est vraiment excellent. Dès que ca se bat (ou plus simplement que ca se retrouve dans une situation d’affrontement), la mise en scène retourne instantanément sur les rails, sait soudain très bien où elle va, ce qu’elle a à faire, et montre que le mec derrière la caméra est pas le premier venu : il suffit de voir la première fugue du gamin, 5 secondes épatantes faisant flash au milieu d’un scène amorphe, pour comprendre comment fonctionnera le film. Et je parle pas d’une logique de virtuosité qui voudrait te clouer à ton siège (ca reste souvent très calme, très construit sur la longueur en fait), mais simplement du fait que dans ces moments-là le film montre très clairement ce qui l’intéresse dans ce monde, dans ce pitch. Et là je vois vraiment pas trop ce qui peut décevoir là-dedans, je bois du petit lait d’un bout à l’autre : quitte à passer pour un gros lyrique, c’est juste TROP BIEN découpé (les longs plans, la théâtralisation discrète, sur ce point je rejoint Mr. Chow). Une scène très simple et très conne comme
la mise à mort du général sur le pont
, je ne touche pas à un seul des plans, c’est du pur plaisir.

Je trouve notamment au film une capacité à filmer la déferlante de cire des SFX d’une manière enfin correcte : je pense à la vague, par exemple, qui est réglée en une affaire de 4/5 cadres juste excellemment choisis. Bref, dans l’action, le film a une mesure, une intelligence, une précision, et une ambition de mise en scène qui fait vraiment du bien, dépassant l’étalage graphico-stylé habituel et la logique de prouesse pour simplement y donner à voir le potentiel dramaturgique, de pourquoi l’affrontement commence et de comment il finit, de la poésie des enchaînements dansés de mouvements… Sur ce dernier point, j’adore aussi comment le film aborde les jeux d’éléments comme dans la plus candide imagerie du merveilleux, de manière très simple et évidente en fait, comme on célèbrerait la beauté graphique de la magie. Dès qu’on fait rentrer les éléments dans le plan, le film fonctionne du tonnerre.

Voilà, de manière générale j’y vois de très belles scènes, mais un film qui ne portera pas, vu l’inconsistance émotionnelle dont il fait : on ne rentre pas dedans, ou très peu, et deux bons tiers de l’ensemble sont limite anonymes. Je suis un peu fâché, parce que ça aurait vraiment pu péter la baraque et remettre les points sur les i sur ce que c’est un film de fantasy vraiment mis en scène, porté, réfléchi. Parce qu’aussi absent soit-il, Shyamalan rappelle régulièrement qu’il a quand même une conscience basique de ce que pourrait être une scène un peu ambitieuse : la façon dont il filme l’esprit, tiens, par exemple – juste un œil, un flanc, une silhouette, un personnage surtout défini par la brume qui l’entoure… la scène a beau être littéralement endormie du désintérêt total qu’on lui porte, il y a quand même, comme un réflexe de base entre deux ronflements léthargique, l’idée de base qu’on est pas obligé d’exhiber la créature SFX qui a été crée pour l’occasion sous toutes ses coutures. C’est pas grand-chose, ca révolutionnera rien, mais c’est le genre de petits détails qui font du bien entre de vraies scènes.

Ah, et enfin, puisque c’est là qu’on est attendu au tournant : je ne vois rien, de près ou de loin, qui joue ici avec l’idée de fragilité du film. Je trouve ça très vrai dans La jeune fille de l’eau, plutôt dans Phénomènes, ici c’est absolument pas le cas. Voilà.


3-4/6




Oh, et j’allais oubliez : allez le voir en 2D. Le passage en 3D est mal foutu, y a beaucoup de plans (notamment tout ce qui joue sur le point) foutus en l’air par la spatialisation, le film a clairement pas été pensé pour. J’ai passé la moitié du film un œil fermé tellement ca a fini par me gonfler.


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MessagePosté: 29 Juil 2010, 23:21 
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Tom a écrit:
Et là faut pas déconner, c’est vraiment excellent. (...) Et là je vois vraiment pas trop ce qui peut décevoir là-dedans

Bah le principal concept des scènes d'action est une pâle copie de celui de 300. En moins bien.

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MessagePosté: 29 Juil 2010, 23:26 
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Film Freak a écrit:
Bah le principal concept des scènes d'action est une pâle copie de celui de 300. En moins bien.

Bah je trouve pas, justement. Enfin que l'idée des ralentis et pauses lui aient été inspirées de ça, pourquoi pas, sans doute même, mais perso je préfère vraiment la façon dont c'est géré ici (ca me semble assez différent, mine de rien, dans l'effet : 300 me semblait toujours s'arrêter au moment de montrer un bout qui étale la prouesse, comme on montre les muscles, d'une façon pas si éloignée du bullet time de Matrix ; ici ça m'apparaît beaucoup plus coulé et dansé, comme pour mettre en avant la fluidité du mouvement). Je dis pas ça pour faire chier, hein, j'étais d'ailleurs parti voir 300 avec une grosse envie d'aimer les combats, mais je trouve que le système fonctionne beaucoup mieux ici.

Après on pinaille un peu de toute façon, parce que les ralentis en question (je veux dire les plans normaux avec inserts de ralentis), si je me souviens bien y a deux ? (le long travelling avec zooms avant/arrière, et je sais plus quel autre, non ?)


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MessagePosté: 29 Juil 2010, 23:28 
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Tom a écrit:
Film Freak a écrit:
Bah le principal concept des scènes d'action est une pâle copie de celui de 300. En moins bien.

Bah je trouve pas, justement. Enfin que l'idée des ralentis et pauses lui aient été inspirées de ça, pourquoi pas, sans doute même, mais perso je préfère vraiment la façon dont c'est géré ici (ca me semble assez différent, mine de rien, dans l'effet : 300 me semblait toujours s'arrêter au moment de montrer un bout qui étale la prouesse, comme on montre les muscles, d'une façon pas si éloignée du bullet time de Matrix ; ici ça m'apparaît beaucoup plus fluide et coulé, dansé).

C'est pourtant pareil : la progression filmée de profil, le ralenti/zoom au moment où le héros fait un truc/nique un ennemi...

Citation:
Je dis pas ça pour faire chier, hein, j'étais d'ailleurs parti voir 300 avec une grosse envie d'aimer, mais je trouve que le système fonctionne beaucoup mieux ici.

Les goûts et les couleurs on va dire...

Citation:
Après on pinaille un peu de toute façon, parce que les ralentis en question, si je me souviens bien y a deux ? (le long travelling avec zooms avant/arrière, et je sais plus quel autre, non ?)

Alors là, si tu crois que je me rappelle de ce film...

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MessagePosté: 29 Juil 2010, 23:33 
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Citation:
C'est pourtant pareil : la progression filmée de profil, le ralenti/zoom au moment où le héros fait un truc/nique un ennemi...

Oui, je sais pas d'où me viens vraiment l'impression différente... Peut-être le côté vraiment juste d'un profil net (façon ombre chinoises, presque) qui amène le côté théâtral dont parlait Mr. Chow, et le fait que ça mette moins en valeur les ruptures de rythme mais plutôt la fluidité de la glissade... Faudrait que je me revoie les deux plans.

Citation:
Alors là, si tu crois que je me rappelle de ce film...

:D


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MessagePosté: 30 Juil 2010, 09:54 
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Tom a écrit:
Légers Spoilers

Le jeune Avatar est un cas un peu plus curieux par sa "normalité". Shyamalan ne l’utilise ni de façon hiératique (il est ni silencieux, ni sérieux, ni grave, ni profond, ni mystérieux, ni quoi que ce soit) sans pour autant un instant s’intéresser à ce qui fait son potentiel humain (la peur de la charge, la fuite, la responsabilité du génocide) : on ne joue jamais sur son imagerie, on ne le filme jamais d’une façon qui fait mine d’avoir conscience de l’importance de son background (le résultat d’un long cycle de réincarnation, quand même !) ; bref, on le suit juste de point en point, comme on tournerait machinalement les pages d’un bouquin.


J'ai un peu l'impression que le condensé du dessin animé a sans doute son effet dessus, une construction en flash-back façon personnage "à la Bourne" qui ici passe un peu à la trappe... Mais il y a aussi une dualité entre esprit adulte et corps d'enfant qui n'est pas aisé à retranscrire; mais si tant est que l'on accepte cette psychologie un peu différente je pense qu'il y a quand même une émotion, dans le sens où tu es mis en face de la lâcheté du personnage à certaines époque quand il a tout abandonné, son attachement paradoxal au prince du feu, etc... C'est aussi un personnage qui doit accueillir beaucoup de choses venant du regard des autres, qui ne pousse pas à l'identification du spectateur ni à son attachement. J'ai aimé ce fonctionnement mine de rien. Je crois qu'émotionnellement le film fonctionne comme la vague finale, c'est un film qui emmagasine beaucoup pour livrer quelque chose de très puissant. D'autres personnages se libèrent aussi même si c'est l'espace d'un court moment, comme la princesse ou l'Oncle Iroh. Dans le dessin animé Aang fait plus de blagues, ça le rend sans doute plus vivant...

Citation:
Autre chose qui empêche au film d’avoir du bide, une structure complètement à l’ouest, qui empile un peu les lieux et les évènements façon somnambule sans donner de sens à chacune des étapes, faisant entrer et sortir des personnages à l’improviste (la princesse !), utilisant ou pas une voix-off quand ça l’arrange… Le tout est à l’image de ces fondus enchaînés à répétition, qui semblent passer à la scène suivante comme on va faire les courses, à tel point que je me demande si le film s’est pas fait violemment remonté la gueule.


Je remarquerai juste que c'est très proche de Dune de Lynch encore à ce niveau là, il y a une tentative de condensation en grandes scènes en survolant d'autres éléments avec de la voix off ou des fondus. Mine de rien les scènes qui ont du "coffre" comme tu dis en ont peut-être aussi à cause de ça, parce qu'elles existent comme des points de rencontres; Lynch aussi avait trouvé ce qu'il avait de meilleur dans certaines scènes "fermées" de son film, dans des grottes... Pour le manque de géographie, je pense qu'il y a comme dans "Dune" également une immersion directement dans cet univers sans passer nécessairement par la description excessive, le spectateur se reconstruit un peu tout ça par lui même... Le film de Shyamalan me semble quand même moins canard boiteux en fin de compte parce qu'il semble avoir plus d'unité et de cohérence dans ce qu'il délivre, il a beaucoup plus d'amour pour ce qu'il traite aussi. Je crois que ça participe à un film de Fantasy qui justement n'est pas prisonnier de la littéralité ou du descriptif outrancier comme beaucoup dans son genre, où tout, personnages comme décors, sont souvent bien excessivement mis à plat.

Citation:
Après on pinaille un peu de toute façon, parce que les ralentis en question, si je me souviens bien y a deux ? (le long travelling avec zooms avant/arrière, et je sais plus quel autre, non ?)


Moi il n'y en a qu'un qui me reste vraiment en mémoire, que j'aime bien, mais je vais le revoir. Mais c'était le petit plaisir de Freak de citer Snyder pour faire chier les futurs palucheurs :)


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MessagePosté: 30 Juil 2010, 10:08 
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C'est pas un petit plaisir, c'est juste un constat.

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MessagePosté: 30 Juil 2010, 11:55 
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Mr Chow a écrit:
Mais il y a aussi une dualité entre esprit adulte et corps d'enfant qui n'est pas aisé à retranscrire; mais si tant est que l'on accepte cette psychologie un peu différente je pense qu'il y a quand même une émotion, dans le sens où tu es mis en face de la lâcheté du personnage à certaines époque quand il a tout abandonné
(...)
C'est aussi un personnage qui doit accueillir beaucoup de choses venant du regard des autres, qui ne pousse pas à l'identification du spectateur ni à son attachement. J'ai aimé ce fonctionnement mine de rien.

Bah je suis pas vraiment d'accord là dessus, parce qu'à aucun moment c'est construit ou réellement exploité. C'est juste posé là, mais après il faut quand même en faire quelque chose. Je vois rien, dans la mise en scène, qui travaille une tension entre des corps jeunes (ils ne sont jamais filmés comme ça) et des enjeux matures (puisque rien ne vient les rendre charismatiques - cf tout ce qui à rapport aux deux poissons, par exemple, et dont on sent violent que la mise en scène ne sait pas comment les prendre). Idem, rien ne met en valeur cette disponibilité dont tu parles : en état traité très "normalement", sans aucune part d'opacité, le gamin bloque un peu l'entrée aux projections qu'on pourrait y faire. Après, que par la force des choses ce soit là (un gamin avec des décors immenses, un flash-back tout atone qui t'explique juste les faits), disponible, je dis pas non, mais pour que ca ait un effet il faudrait juste que ca fasse partie du projet de mise en scène - à mon sens c'est pas le cas.

Citation:
son attachement paradoxal au prince du feu

Ah ca je suis d'accord par exemple, et y avait d'ailleurs pas besoin du "on pourrait être ami" qui surligne : les combats impliquant les deux parviennent très bien à le faire comprendre, c'est l'exemple typique qui me fait dire que la mise en scène sait où elle va dès qu'il y a un potentiel d'affrontement ou de chorégraphie.

Citation:
Pour le manque de géographie, je pense qu'il y a comme dans "Dune" également une immersion directement dans cet univers sans passer nécessairement par la description excessive, le spectateur se reconstruit un peu tout ça par lui même...

J'ai pas vu Dune, mais c'est pas ce que j'entends par plus de géographie : simplement que quand les personnages disent "on remonte vers le nord", il y ait quelque chose dans la mise en scène qui te fasse sentir la distance, la longueur, le gros morceau que représente ce voyage, et le caractère mythologique que peut avoir ce "Nord". Mais ca c'est un problème que j'ai avec pas mal de films depuis des années : je trouve qu'on était beaucoup plus immergé dans les univers fantastiques quand la caméra était au niveau des persos, au sol, et pas à décrire par 36 panos tournants le joli décor trouvé par l'équipe repérages...


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MessagePosté: 30 Juil 2010, 13:10 
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Tom a écrit:
Je vois rien, dans la mise en scène, qui travaille une tension entre des corps jeunes (ils ne sont jamais filmés comme ça) et des enjeux matures (puisque rien ne vient les rendre charismatiques - cf tout ce qui à rapport aux deux poissons, par exemple, et dont on sent violent que la mise en scène ne sait pas comment les prendre). Idem, rien ne met en valeur cette disponibilité dont tu parles : en état traité très "normalement", sans aucune part d'opacité, le gamin bloque un peu l'entrée aux projections qu'on pourrait y faire. Après, que par la force des choses ce soit là (un gamin avec des décors immenses, un flash-back tout atone qui t'explique juste les faits), disponible, je dis pas non, mais pour que ca ait un effet il faudrait juste que ca fasse partie du projet de mise en scène - à mon sens c'est pas le cas.


Ah mais je ne vois pas que les projections du spectateur, mais celle des autres personnages en grande partie, qui sont assez anonymes dans leur état de dominants/dominés, même s'ils peuvent déceler de vrais secrets enfouis: c'est un univers qui existe dans la nostalgie d'une harmonie qui n'existe plus entre les éléments, où les singularités de chacun sont écrasées, ce n'est pas anodin à prendre en compte. L'avatar lui-même est sensé au final être l'incarnation de cette harmonie perdue, ce que l'espace du film ne lui laisse pas redevenir puisqu'il n'adapte que la première saison du dessin animé. Tu vas me dire c'est du scénario et pas de la mise en scène de toute façon, mais là Shyamalan adapte et de toute manière il doit s'y plier sans en refaire tout ce qu'il veut de zéro.

Traiter le personnage comme ayant une part de neutralité, et même de banalité ne me dérange pas, dans la mesure où avant le dernier tiers il est très rarement conscient de ce qu'il représente et de ce dont il est possible, il ne fait que digérer des bouts de mémoires et sa propre lâcheté. C'est peut-être peu impliquant pour en faire un héros, mais je lui trouve quelque chose de vrai à ce Aang, et je crois qu'il peut représenter quelque chose qui est mine de rien très proche de l'enfance actuellement. C'est tout le contraire d'un personnage entier et totalement premier degrés comme Ivy, et il n'a pas le côté cartoonesque très stylisé de ceux de "Phénomènes" qui ne sont là que pour servir la forme, des idées et des émotions. Quand au gosse de "Sixième sens" je ne suis pas super fana mais il faudra que je le revois, pour moi c'est un pur personnage de cinéma qui ne me parle pas. En tout cas ils sont construit de A à Z par Shy, ici il les reprend, adapte... Le film est aussi un univers autre que le sien à dompter, c'est la première fois dans sa carrière.

Alors on suit en effet ici un personnage peu charismatique, un peu chewing-gum même, qui n'a pas l'humour et le côté fun qu'il a dans la série ni sa construction feuilletonesque... Mais Shyamalan fait quelque chose des dimensions fantastiques qu'il ne saisit pas entièrement, il a des bouts de mémoires, une maturité et des pouvoir qu'il ne comprend pas vraiment mais dont il essaye de refaire quelque chose. Il y a pour celà partage et tâtonnement, la première scène de combat qui est aussi une très belle scène de communion entre les personnages et montre la beauté des mouvements reprendre forme d'un peu de nulle-part, exprime tout cet aspect par la mise en scène justement.

Je crois que le film exprime mieux la tension entre le corps d'enfant et ce qu'il se passe avec les adultes qui le traquent que ce que tu en dis, que ce soit quand il est fait prisonnier, part méditer au milieu d'une scène d'action ou par ces images très belles comme lorsqu'il s'échappe du bateau par les airs... Zuco partage avec lui tout ça d'une certaine manière, ils se sont rebellés contre ce qu'on a voulu faire d'eux, ils se comprennent dans leur difficulté à faire partie de cet univers, ce sont des adolescents qui ont une certaine profondeur en gros... mais ils évoluent dans des perspectives complètement différentes, l'un s'ouvre, l'autre se ferme et vie de drames qui je te le concède sont peut-être plus directement en accord avec le caractère émotif de la fiction cinématographique. Kanaka au contraire fonctionne typiquement comme une héroïne enfant qui se décalque sur une psychologie vaguement adulte, son personnage est très plat et n'invite à rien, il est de ceux que l'on voit par centaines dans les téléfilms et gros films de fantasy...

Sinon j'aime en particulier que le film retourne la dimension mythologique de l'initiation, il n'y a pas de vrai mentor mais juste une médiocrité de comportements à la fois de l'élève à une certaine période, et de ses maîtres. C'est très relatif à Shyamalan d'ailleurs, l'expérience et le lâcher prise valent plus que la doctrine pour se dépasser et s'assumer.


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MessagePosté: 30 Juil 2010, 16:37 
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Je suis quand même super surpris du nombre choses que tu reçois du film - est-ce que cela ne vient pas du fait que tu as visiblement une connaissance de la série, et que cela te permet de mieux combler les trous ? Par exemple, pour les choses suivantes que tu cites :
Mr Chow a écrit:
autres personnages en grande partie, qui (...) peuvent déceler de vrais secrets enfouis
Citation:
c'est un univers qui existe dans la nostalgie d'une harmonie qui n'existe plus entre les éléments, où les singularités de chacun sont écrasées
Citation:
il ne fait que digérer des bouts de mémoires et sa propre lâcheté.
Citation:
il a des bouts de mémoires, une maturité et des pouvoir qu'il ne comprend pas vraiment
Citation:
une médiocrité de comportements à la fois de l'élève à une certaine période, et de ses maîtres.

... j'entends bien qu'en fouillant le film on puisse tomber dessus, mais je ne vois pas vraiment où et quand Shyamalan les met en valeur, sinon accidentellement : quand on pose pêle-mêle une galerie de persos et d'événements, d'autant plus s'ils proviennent d'un canevas plus solide (celui de la série), ça crée naturellement des croisements et des rencontres d'idées qui peuvent produire du sens, mais encore faut-il attraper ce potentiel au vol. Là le film semble presque vouloir ne s'investir dans rien, dans une logique de désintéressement qui ne m'inspire pas beaucoup de sympathie.

Le côté chewing-gum de Aang, comme tu dis (c'est exactement ça, effectivement), je ne suis pas contre l'idée, Shyamalan fait ce qu'il veut, mais encore faut-il le travailler, faire ressortir cet aspect bizarrement normal comme une particularité à saisir, à comprendre, à expérimenter en tant que spectateur. Or c'est juste posé là, comme le résultat d'une série d'accidents de direction d'acteur, ou du moins de façon beaucoup trop molle et incertaine pour que je puisse, devant le film, recevoir ça comme une proposition et en être ému. En fait je saisis bien tout ce dont tu parles (ce que les adultes font subir aux enfants, la maîtrise progressive de gestes d'abord maladroits, le personnage mythologique qui se reconstruit...), mais concrètement dans le film je n'en vois que des traces éparses qui sont là comme à l'état de projet, disponible et prêtes à être prises en charges, et laissées sur le bas côté par un réalisateur qui s'en fiche un peu. Du coup, quand la fin arrive, pour moi il n'y aucune catharsis, il n'y a rien eu (ou presque) de clairement dessiné auparavant pour que ce final puisse impliquer quoi que ce soit.


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MessagePosté: 31 Juil 2010, 12:05 
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Tom a écrit:
mais je ne vois pas vraiment où et quand Shyamalan les met en valeur, sinon accidentellement : quand on pose pêle-mêle une galerie de persos et d'événements, d'autant plus s'ils proviennent d'un canevas plus solide (celui de la série), ça crée naturellement des croisements et des rencontres d'idées qui peuvent produire du sens, mais encore faut-il attraper ce potentiel au vol. Là le film semble presque vouloir ne s'investir dans rien, dans une logique de désintéressement qui ne m'inspire pas beaucoup de sympathie.



Oui je connaissais un chouille la série avant et je m'en était revu quelques bouts avant de le voir, mais honnêtement tout cela est quand même complètement exposé dans le film... Après est-ce que ça captive ou pas, c'est une autre question, c'est vrai que la première demi-heure en particulier est un peu pénible à suivre. Mais des enjeux sont clairement montrés, comme le fait que
Aang ait renoncé à son statut, et que la caste de ses maîtres le lui fait d'ailleurs payer son abandon d'une manière peu élégante en le vendant à la nation du feu.
Je trouve que ce moment est quand même très bien mis en valeur dans le film et instaure des personnages qui sont loin d'être unidimensionnels.


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